Hélas, il a parlé !

Bien sûr je ne me suis pas branché pour écouter France Inter et subir les deux heures de purge annoncées. À l’image de Paul Valéry, j’ai attendu que les nouvelles viennent à moi. Du peu qui a survécu au naufrage, j’ai retenu deux types de débris. Premièrement François Hollande prend l’obstination pour une vertu. Rien à dire. On ne peut rien pour lui. Discours inchangé, à la virgule près pour une politique traduite de l’allemand sans une nuance d’interprétation. Deuxièmement François Hollande commence l’année avec un nouveau plan de communication. Je suppose que c’est là-dessus que nous devons porter un jugement. Les communiquants se sont surpassés. Après « infléchir la courbe du chômage » c’est dorénavant « faire plus de un pour cent de croissance ». Et n’oublions pas « le coup de jeune » que va être le travail du dimanche. Le rêve français est en marche.

Pour la géopolitique c’est zéro pointé. Il affirme que Poutine ne veut pas annexer l’Ukraine. La preuve : Poutine le lui aurait dit. Nul. Ce n’est pas parce que Poutine le dit que c’est vrai. C’est parce que c’est un fait avéré que Poutine le dit. C’est-à-dire qu’il faut partir de l’analyse de la situation pour forger une conviction et une stratégie et non des déclarations des protagonistes. La question de l’annexion de l’Ukraine n’a jamais été posée. Notez au passage comment l’indépendance de la Crimée n’est plus en débat… Cela est suave, non ? Le réalisme doit l’emporter pour le reste aussi. En quoi consiste-t-il ? Il s’agit de la question des frontières de l’OTAN, et celle de la nature du partenariat à construire avec les Russes. Depuis la fin du bloc soviétique, cette question n’a pas de réponse. Pour la France, la Russie est un partenaire naturel et un allié nécessaire. Je n’en dis pas davantage à présent. 

Quant à la Grèce, le propos de François Hollande est en dessous de la ligne de flottaison. « Les Grecs sont libres de décider souverainement de leurs gouvernants », pérore-t-il, sans se rendre compte comment il insinue ainsi que le contraire serait possible. Et d’ailleurs la suite sonne déjà comme une menace : les gouvernements grecs « auront à respecter les engagements qui ont été pris par leur pays ». Et JLM-Tsiprasdans le cas contraire ? Aucun journaliste n’ayant pas pensé à le lui demander. Ce détail n’a donc pas été commenté. D’ailleurs qu’aurait-il pu dire ? Tout a été fait déjà, rappelons-le : destitution de gouvernement en 48 heures parce qu’il voulait organiser un référendum, grande coalition et ainsi de suite. Tout sauf le coup d’état militaire ou la guerre avec la Turquie. Personne n’a pensé non plus à lui demander ce qu’il pensait de l’échec absolu de la politique appliquée dans ce pays sur ordre de madame Merkel et avec son appui. Personne n’ayant non plus songé à lui demander si la France continuerait à toucher des dividendes sur la Grèce, cet autre détail a donc également été laissé de côté. Bref un bavardage sans intérêt. « Quant à l'appartenance de la Grèce à la zone euro, c'est à la Grèce seule d'en décider » conclut notre bonnet de nuit présidentiel. Madame Merkel va faire les gros yeux ! Mais comme c’est une évidence, la brouille ne durera pas. Personne ne peut exclure personne. On l’a assez répété ! Une autre chose qui mérite d’être répétée : il n’existe aucun mécanisme de sortie de l’euro dans les traités, non plus. Tenir tête à madame Merkel ne comporte qu’un risque : pour les Allemands. Bonne année !

Lire aussi

DERNIERS ARTICLES