Discours de clôture du
Congrès du Parti de Gauche
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- L'agression contre la Grèce
- C'est peut-être la fin de l'Europe
- 90 000 partisans de la 6e République : on vote sur m6r.fr
- Discours prononcé par Alexis Tsipras, Premier ministre grec, à la télévision, le 26 juin 2015.
- Discours en hommage à François Delapierre
- Guerre de civilisation : ma réponse en 2008
- Couverture médiatique du référendum en Grèce : le meilleur du pire
- Signez pour la 6e République
Il est vrai, cette fois ci, que les heures qui viennent seront décisives pour l’avenir de l’Union Européenne et pas seulement pour la zone euro. L’ultimatum prononcé contre le gouvernement grec et la réplique décidée par Alexis Tsipras constituent un seuil franchi dans la brève histoire de l’Union européenne. Dorénavant, la suite à venir de cette Union européenne sera à l’image du vainqueur de ce bas de fer. Soit « la règle d’or » et l’ordo-libéralisme en général, soit la démocratie tout simplement.
Le gouvernement allemand est à l’évidence le chef de file du coup d’État financier en cours contre la Grèce, comme il l’a été contre Chypre et le sera demain contre chacun des pays de l’Europe du sud. Où est passée la France ?
Je viens donc sur le cas grec une fois de plus, à l’heure où ce pauvre pays est agressé par une faillite planifiée depuis Bruxelles et Berlin de son système bancaire. La Grèce réplique par un vote de son peuple. Une fois de plus, la caste médiatico-politique n’avait rien vu venir et aucun de ses plans de marche ne prévoyait autre chose que la capitulation des Grecs. Sa rage est décuplée. La Grèce doit s’attendre à une élévation croissante du niveau des violences contre elle ! Ceux qui ont déjà exclu son ministre des Affaires étrangères de la réunion où se décidait le plan de guerre financière contre la Grèce vont redoubler d’esprit de vengeance et de punition. Où est la France ? Ses chefs n’ont toujours pas compris que sa frontière se défend sur celle des grecs !
Sans Tsipras, il n’y aurait aucune résistance gouvernementale en Europe face à l’absurde étranglement de tous décidé à Bruxelles et Berlin. Pour autant, la Grèce ne dispose d’aucun des moyens matériels du choc qu’elle doit subir sinon sa volonté de ne pas se laisser faire. Ici se signale le courage dont elle fait preuve. Et cela nous apprend aussi la pente que prendront les évènements à venir.
La Grèce ne peut se défendre que par l’intervention de son peuple. C’est ce que signifie le recours au référendum. Pour contrer ce mouvement, si les Grecs choisissent la résistance, alors leurs ennemis devront recourir à la force non par goût mais parce que c’est le seul moyen que l’on connaisse, depuis que l’Histoire s’écrit, pour briser la volonté collective d’un peuple. La logique de situation est si forte ! C’est pourquoi Arnaud Leparmentier dans le journal « Le Monde », qui n’a rien d’un violent en temps normal et qui a l’habitude d’argumenter ses passions, a pu préconiser un putsch en Grèce pour trouver « peu importe qui » capable de signer le mémorandum de l’Eurogroupe.
Car les « mémorandum », les « plans d’ajustements structurels », et autres variantes de l’annexion économique au nouvel ordre européen, c’est l’Europe actuelle, celle qui existe réellement, celle du traité de Lisbonne et du traité budgétaire. Il n’y a aucune autre Europe en dehors de ce cadre. Et la preuve devait en être administrée aux yeux de tous. C’est ce que signifie l’agression contre la Grèce depuis le premier jour ! Je le répète : après la Grèce, la totalité des moyens de force employés contre elle seront légitimés pour être appliqués à n’importe quel récalcitrant. Donc aux pays de l’Europe du sud dont les dettes publiques sont insoutenables, donc à la France.
Dans ce contexte, on mesure quel crime est l’absence politique de la France sur la scène européenne et le prix qu’il faut payer du fait du lamentable alignement de ses dirigeants sur la politique du gouvernement allemand. Ma conviction est que le gouvernement français est tout simplement en état de sidération. Dans la bonne logique traditionnelle de la présidence actuelle chacun espérait que « ça finisse par s’arranger ». Et si l’intransigeance allemande était bien perçue, l’idée que les grecs et Tsipras ne céderaient pas n’était même pas envisagée.
D’ailleurs chacun se souvient comment les médias n’ont cessé d’annoncer la « capitulation » de Tsipras à chacun de ses voyages à Bruxelles. Cette jubilation morbide a même atteint une bonne partie de la mouvance d’extrême gauche. D’ailleurs, sur place, le parti communiste grec a même voté contre le référendum sous le prétexte que cela ouvrait la voie à une possible acceptation du mémorandum !
Quoiqu’il en soit, une fois de plus, l’aveuglement médiatique et son incapacité à penser autrement que par et dans le conformisme est aveuglant. Ils n’avaient pas vu venir la victoire de Syriza. Ils n’ont pas vu arriver le refus grec, quoique nous l’ayons annoncé des dizaines de fois ! En temps de lutte, il faut admettre que c’est pour nous un précieux atout car ces gens croient à leur propre propagande. Dans ces conditions, il est possible encore de nombreuse fois de les prendre par surprise et d’effondrer leurs plans les plus certains.
Je ne me lance pas ici dans l’appréciation de cette propension de toute la caste à prendre ses désirs pour des réalités. J’en reste à la face sombre de la situation. Les soi-disant défenseurs de l’Europe, les faiseurs de discours sur « l’Europe qui protège », sont les accoucheurs d’un monstre : l’Europe qui exclut, l’Europe qui frappe les faibles, l’Europe qui pille les pauvres, l’Europe de la CDU/CSU, l’Europe Merkel. Rien de tout cela n’est viable. Le scénario grec est la fin d’un monde. Pour assumer les conséquences de ce crime, les dirigeants européens rangés derrière le gouvernement allemand vont faire de la surenchère de violences et de contraintes. Il faut qu’ils déchaînent le chaos pour faire très peur, et dissuader les imitateurs de la résistance grecque.
C’est peut-être la fin de l'Europe
Le dernier épisode des sommets de l’Eurogroupe et le contenu de « l’accord » proposé à la Grèce est stupéfiant de clarté politique. C’est caricatural. C’est à tout point de vue extraordinaire de violence et d’irresponsabilité. Tout le système « d’aide proposé à la Grèce » consiste à lui prêter 15 milliards au compte-goutte mensuel pour qu’elle rembourse… les mêmes qui lui ont prêté les sommes précédentes ! Pas un euro n’irait dans l’économie réelle du pays ! Le FMI, la BCE prêtent lundi l’argent pour être remboursé mardi de la somme qu’ils ont prêté dimanche !
En échange de ce jeu d’écriture, le peuple grec serait soumis à une série de mesures cruelles dans un pays déjà dévasté et en état de catastrophe humanitaire : augmentation de la TVA, baisse des retraites, « déréglementation du marché du travail ».
Tsipras convoque le peuple grec pour qu’il décide s’il doit ou non accepter ce plan. Ça c’est la démocratie. Aussitôt, l’Eurogroupe a décidé d’exclure le ministre grec Varoufakis de sa réunion ! De quel droit ? Aucun règlement ne prévoit une telle possibilité ! D’ailleurs, la Grèce est toujours membre de la zone euro ! Là-dessus, la Banque centrale européenne accentue l'étranglement : elle refuse de relever le plafond des liquidités d'urgence et peut couper le robinet à tout moment ! Elle sait parfaitement ce qu’elle fait ! Elle sait qu’elle provoque immanquablement l’effondrement du système bancaire de la Grèce. C’est ici le retour du précédent impuni du sort réservé à Chypre ! D’aucuns pensent que les peuples cèdent sous les coups. La France ayant approuvé ces mauvais traitements du temps où Moscovici était ministre de l’économie, elle a de nouveau applaudi avec Michel Sapin ce nouveau coup de force.
De fait, le référendum va avoir lieu dans un pays en état de choc à cause de l’effondrement du système bancaire, délibérément provoqué. Mais ce ne sera pas le seul. Si la Grèce est mise en banqueroute le mécanisme européen de stabilité financière se retournera vers ses bailleurs de fonds : la France devra payer 40 milliards et l’Allemagne 60 ! Comme c’est intelligent ! Ce n’est pas tout. Tous ceux qui ont des avoirs en Grèce perdent tout. C’est le cas d’un certain nombre de banques en Europe…
On ne peut exclure donc un effet domino sur tout le système bancaire européen. Quelle habileté ! Quant au reste du monde, tous ceux qui détiennent des avoirs en euros vont sans doute vouloir se réfugier sur une monnaie moins exposée. On peut donc là aussi envisager un effet de contagion des paniques car si on est certain qu’il y aura beaucoup de vendeurs d’euros jusqu’à dimanche, il est moins sûr qu’il y ait des acheteurs. Et parmi les vendeurs, on peut penser qu’il doit déjà y avoir un certain nombre d’entités qui n’allaient pas si bien avant cette aventure qui dégrade leur bilan.
Bref, le « modèle allemand » de décision égoïste est en train de démontrer sa stupidité et son irresponsabilité. Et le modèle du suivisme des Français derrière les gouvernements allemands inauguré par Sarkozy et prolongé par Hollande montre sa dangerosité totale : quand la France et ses intérêts sont absents, l’Europe va très mal.
La planète financière pourrait bien recevoir un très gros coup de grisou. Les finances de la France aussi. Les dirigeants allemands espèrent-ils que les gros détenteurs d’euros se précipiteront pour acheter de la monnaie européenne dans le but d’empêcher son effondrement ? Les Chinois et la planche à billet des USA viendraient à la rescousse ? Encore faudrait-il que le monde marche sans panique ni autre chose que des calculs rationnels. Encore faudrait-il que les USA soient réellement embarrassés des difficultés de l’Europe.
Naïfs, alors, ces gouvernants allemands ? Ou juste des cyniques qui ont trouvé le moyen de recomposer l’ordre des choses à leur main avec la Grèce? Tous ceux qui ont brocardé la prétendue germanophobie de mon livre sur le « poison allemand » se regardent-ils tranquillement dans leur glace désormais ?
En toute hypothèse, une chose meurt cette semaine : l’idéal européen. Cette chose qui dévaste la Grèce, met le monde en péril après avoir provoqué autant de catastrophes humanitaires par ses politiques commerciales qui remplissent la Méditerranée de cadavres, cette chose est à l’évidence une chose nuisible. De toute façon, ce n’est plus la même que celle du début. Depuis le traité budgétaire l’ordo-libéralisme allemand est la nouvelle constitution européenne, aggravant le pourtant déjà très libéral traité de Lisbonne. Mais une nouvelle Union européenne, sous la direction de la CDU-CSU allemande, est officiellement née de la guerre financière actuelle contre le peuple grec. Elle n’est pas davantage viable qu’aucune autre formule d’Europe de la violence tentée dans le passé.
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90 000 partisans de la 6e République : on vote sur m6r.fr
Le sujet peut vous paraitre très déconnecté mais il ne l’est nullement à mes yeux. La préparation d’un bouleversement de la donne politique en France est une affaire de méthode qui doit se préparer de longue main. Qui serions-nous si nous en restions à acclamer l’effort de mobilisation des Grec, à faire des gargarismes sur Podemos, la tarte à la crème du bla-bla ordinaire, tout en restant muets et inactifs sur ce que nous devons faire !
Le mouvement pour la 6e République veut répondre depuis son origine à la question de savoir qui décide et d’après quels principes. C’est la grande question de l’actualité européenne. Sa mobilisation pour rendre majoritaire l’idée d’une refondation de la démocratie française vole de ses propres ailes. Après la réussite de son assemblée représentative le 6 juin dernier au Palais de la Découverte, les 90 000 signataires (mais oui, vérifiés et certifiés) sont appelés à voter pour construire collectivement le M6R tel qu'ils le souhaitent. Tout se passe sur vote.m6r.fr !
Ce vote clôt une étape importante de son auto-organisation : ce procédé est absolument inouï et sans précèdent pour organiser un mouvement politique. Une assemblée représentative a été désignée grâce aux outils numériques construits par les bénévoles eux-mêmes. Elle a été mandatée par les signataires qui avaient voté sur l'ordre du jour. Elle a ensuite délibéré des meilleurs moyens d'organisation (vous pouvez ainsi écouter l'ensemble des travaux au bas de cette page).
L'ensemble des travaux retourne maintenant devant les signataires pour qu'ils approuvent ou désapprouvent le résultat obtenu. La modernité démocratique repose sur la sollicitation de l'ensemble des citoyens. Cette logique est appliquée au sein du M6R, par l'expression de la souveraineté des signataires. Un texte, véritable carte d'identité du mouvement, est soumis au vote, dans son ensemble et paragraphe par paragraphe. Intitulé « Pour la 6ème République », il définit des objectifs politiques et stratégiques ainsi que les moyens que choisit de se doter le mouvement.
Ce texte est la synthèse de multiples étapes de contributions et d'amendements des signataires et des membres de l'assemblée représentative. Il contient des avancées majeures concernant les droits nouveaux que contiendra la 6e République que nous défendons : les notions de biens communs ou de République sociale chères à Jaurès y sont ainsi présentes. Sa démarche s'appuie sur le respect de la souveraineté du peuple et du refus des diktats des traités internationaux illégitimes comme l'OTAN ou le traité de Lisbonne.
Rien n’est vain dans l’activité pour changer le monde. Ce travail patient c’est le levain d’autres initiatives à venir. C’est la démonstration qu’un mouvement citoyen est techniquement possible en plus d’être politiquement nécessaire. Croyez-moi, vous qui me suivez sur ce blog et qui des fois choisissez de m’aider. Ceci prépare l’avenir tel que je le crois possible. Chers lecteurs, si vous voulez aussi faire avancer notre objectif de la révolution citoyenne, c'est le moment de participer au mouvement sur vote.m6r.fr ! D'autres votes portent également sur l'organisation du M6R et sur ses futures actions. Fourmillant d'idées, l'assemblée a proposé par exemple de mener une campagne de cahiers de doléances dans tout le pays. À nous de voter et d'agir !