Dire « blanc » à la tribune des Nations-Unies le lundi et faire noir à Paris le mercredi. C’est ce que fait François Hollande. Sous son égide, la préparation de la Conférence sur le Climat de début décembre n’est qu’un sujet de communication cynique. Elle doit se tenir à Paris du 30 novembre au 11 décembre et vous en avez sans doute entendu parler sous le nom de « COP21 ». Mais François Hollande ne cesse de reculer sur le contenu de cette conférence. Cette fois, c’est la réalité de sa politique d’austérité qui s’est rappelée à ses promesses budgétaires. François Hollande a promis une hausse de l’aide publique au développement versée par la France. Mais au même moment, son gouvernement a prévu une baisse de ces crédits l’an prochain !
A la tribune de l’assemblée générale de l’ONU, lundi 28 septembre, François Hollande a promis d’augmenter l’aide publique au développement versée par la France de 50% d’ici 2020. Il annonçait le passage de 8 à 12 milliards d’euros. Bien sûr, cette promesse n’engageait déjà que ceux qui y croyaient puisque la hausse promise doit intervenir à partir de 2020. C’est-à-dire une fois que François Hollande ne sera plus là. Comme son nom l’indique, l’aide au développement est versée aux pays en développement. En l’occurrence, Hollande a promis cette augmentation pour alimenter le « fonds vert ». Qu’est-ce que c’est ? Ce « fonds vert » est censé recueillir de l’argent des différents États riches pour financer des projets de lutte contre le changement climatique ou d’adaptation à ses conséquences dans les pays en développement. L’objectif affiché est de rassembler 100 milliards d’euros par an à partir de 2020. François Hollande a donc en particulier promis d’augmenter les financements annuels de la France pour le climat de 3 milliards d’euros aujourd’hui à plus de 5 milliards d’euros « à partir de 2020 ».
François Hollande a fait de cet enjeu financier sa bouée de sauvetage à l’approche de la Conférence Climat. Souvenez-vous, c’était dans sa conférence de presse du 7 septembre. Il déclarait alors : « bien sûr qu’il y a l’accord contraignant, il y a les contributions, il y a tout ce qui peut mobiliser l’ensemble des acteurs économiques, locaux, grandes organisations non gouvernementales, oui, mais il n’y aura pas d’accord et notamment parce que des pays s’y refuseront, des pays émergents, on les connait, des pays du Sud, et on les comprend, s’il n’y a pas d’engagement ferme sur les financements. […] Donc il y a trois mois, à peine trois mois, il y a un sujet qui va s’imposer, le financement et c’est là-dessus que la France va maintenant mener son offensive ».
Pourquoi ce changement de pied ? Jusqu’ici on avait compris que l’objectif central était d’obtenir un accord international contraignant à propos des engagements de réductions des émissions de gaz à effet de serre. Le but est de limiter le réchauffement climatique. Mais sous l’égide de François Hollande, cet aspect-là est en train de tourner au fiasco. L’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degré d’ici 2100 a été abandonné très vite. La bataille s’est alors concentré sur l’objectif de limiter le réchauffement à 2 degrés. Au-delà de ce seuil, les scientifiques estiment que les conséquences du réchauffement climatique seront irréversibles et immaîtrisables. Mais les promesses de réduction annoncées jusqu’ici ne permettraient que de limiter le réchauffement à 2,7 degrés selon les experts de l’ONU !
Voyant poindre cet échec, François Hollande a donc choisi de changer son fusil d’épaule et de tout miser sur les promesses financières et le fameux « fonds vert ». On le comprend. Dans ce genre de conférence, tous les pays promettent des sommes importantes, si bien que l’objectif affiché peut être atteint. C’est d’autant plus facile que les États peuvent contribuer sous forme de dons mais aussi de prêts que les bénéficiaires devront rembourser. Et aussi que les 100 milliards cumulent des fonds publics et privés. Il sera donc toujours temps de se rendre compte, quelques temps après, que les versements effectifs n’atteignent pas le montant des promesses. Mais au moins, François Hollande aura pu clamer son succès d’avoir recueilli 100 milliards d’euros de promesses d’argent à la veille du deuxième tour des élections régionales.
Sauf que le pot aux roses est déjà découvert ! Par la faute de François Hollande lui-même. En effet, son gouvernement s’est chargé de dégonfler la bulle des promesses dès le surlendemain des promesses du président ! Le copain de promotion de Hollande, Michel Sapin, a ainsi présenté le projet de budget pour 2016. Et là où on nous promettait une hausse de l’aide au développement, il y a en fait… une baisse ! Les crédits de la mission « aide publique au développement » vont baisser de 170 millions d’euros. Ils passeront de 2,77 milliards d’euros en 2015 à 2,6 milliards d’euros en 2016. Une baisse de 6% donc. La baisse de l’an prochain sera même deux fois plus forte que la coupe de l’an dernier. En langage Hollande cela doit se dire « une augmentation de la baisse de l’augmentation »
Après quoi voici le bilan. Le montant de l’aide au développement a baissé chaque année depuis l’élection de François Hollande ! Ça avait commencé avant lui, c’est vrai. Mais là encore, la continuité avec Nicolas Sarkozy est édifiante. À ce sujet, je m’étonne que bien peu aient noté la baisse du budget de l’aide au développement quand le ministre en charge du sujet était membre d’Europe Écologie-Les Verts. Voilà qui devrait faire réfléchir les donneurs de leçons sur l’amitié entre les peuples et la coopération internationale.
La France ne respecte pas ses promesses en matière d’aide au développement. Ceux qui rêvent de voir la France en « bon élève » de Mme Merkel devraient y réfléchir. Car en la matière, la France ne donne pas l’exemple du tout. La France a promis, comme les autres pays riches, de porter l’aide au développement à 0,7% de sa richesse annuelle. Mais elle en est très loin. Notre pays consacre actuellement 0,37% de sa richesse annuelle à l’aide au développement ! Moitié moins que ce qu’il s’est engagé faire !
Dans l’urgence et sous la pression, Manuel Valls a promis de rectifier le tir en déposant un amendement devant l’Assemblée. Mais il n’a rien dit des montants. Pour rattraper la baisse des cinq dernières années, il faudrait 700 millions d’euros de plus. Le gouvernement a été capable de trouver 41 milliards d’euros pour le MEDEF. Sera-t-il capable de trouver 700 millions d’euros pour l’aide au développement ?
D’ailleurs, ce n’est pas le seul mauvais signe qu’envoie François Hollande avant la Conférence Climat. Pour la quatrième année consécutive, il va aussi baisser le budget du ministère de l’Écologie ! Moins 100 millions d’euros en 2016 par rapport à 2015. Cette baisse va venir s’ajouter à celle intervenue en 2013, 2014 et 2015. Au total, le budget du ministère de l’écologie a déjà baissé de 16% depuis l’élection de François Hollande. Et les coupes vont donc se poursuivre. On se demande si Sarkozy aurait fait pire, lui pour qui « l’écologie, ça commence à bien faire ». Comme l’écrit la fondation Nicolas Hulot « la COP21 est oubliée le temps de la discussion budgétaire ». On pourrait même le dire de l’écologie en général.