scene turbulence jean luc melenchon

Une scène en totale turbulence

La crise des réfugiés s’ajoute au tableau d’une Europe en pleine décomposition politique. Incapable de répondre de manière sensée à quoi que ce soit, dirigée par des personnalités épuisées et vidées comme Jean-Claude Junker, Angela Merkel ou François Hollande, elle est encore surplombée par des technocrates aux abois. La Commission fait des moulinets, menace et fulmine mais son programme « d’austérité » n’est plus tenable nulle part. Le banquier central lui-même est aux abois : les milliards déversés sous des noms exotiques n’ont laissés aucune trace dans l’économie réelle. La désinflation s’avance, l’activité s’étouffe. Ce ne sont plus seulement les pays européens qui sont pris au piège allemand mais une part de l’économie mondiale qui dépend du commerce avec l’Europe, premier acheteur du monde.

Les solutions les plus folles entrent donc désormais dans le panel des moyens d’actions envisagés. À la fin, pour relancer la machine économique sans passer par l’action des États, selon le dogme monétariste, peut-être faudra-t-il distribuer directement l’argent de la Banque centrale aux passants dans la rue pour obliger à la consommation et à l’investissement et créer un peu d’inflation, puisque les banques sont incapables de faire le travail d’activation de l’économie par le crédit. On verra si ce que je viens de dire restera seulement une image dans un raisonnement !

C’est là le cœur de l’épuisement du modèle de construction européenne contenu dans les traités signés, surtout depuis celui de Lisbonne. Les mises à jour de ces traités telles qu’elles sont préparées par les institutions européennes actuelles prolongent cette méthode désastreuse et l’amplifient avec la perspective du projet TAFTA à conclure lui aussi en 2017. Dans ces conditions, le choc « contre-européen » va s’étendre et se durcir dans les populations à mesure que les mesures qui correspondent à cette orientation vont-elles mêmes s’approfondir.

Dans ce contexte, la France ne compte plus. La façon avec laquelle Angela Merkel s’est dispensée de François Hollande pour négocier directement avec les Turcs montre l’état d’abaissement de notre pays face aux prétentions hégémonistes de l’Allemagne actuelle (mais non, Cécile, « l’Allemagne n’est pas notre ennemie », c’est juste ton chef !). J’y trouve la confirmation de ce que j’ai toujours écrit sur le danger d’effacement que contenait l’habitude prise de céder au gouvernement allemand sur des engagements pourtant pris avec le peuple français par les deux présidents français successifs. Pour ne rien dire de la naïveté bêlante de ceux qui sont incapables de voir le durcissement outre-Rhin depuis lors, ni l’impact de vieillissement de la population allemande sur le durcissement de la politique économique de Berlin !

C’est dans ce contexte d’effritement que surgit l’absurde bras de fer de la loi El Khomri, cette provocation contre une population déjà martyrisée par la précarité et la peur du lendemain. Et cette manœuvre venant après celle, non moins tordue, de la déchéance de la nationalité, aujourd’hui totalement encalminée, fait penser qu’une révolution de palais est en cours ! Dans tous les cas, l’ambiance est celle d’une fin de règne crépusculaire. D’ici au 31 mars prochain, par la mobilisation hebdomadaire, nous construisons une conscience sociale qui est notre premier rebond psychologique possible face à l’enfoncement du pays dans les eaux glauques de la lutte « contre le terrorisme ».

Pour autant, il ne faut pas se cacher le risque que court la population salariée si les manœuvres de couloirs et le pilonnage médiatique parvenaient d’une façon ou d’une autre à faire passer cette loi scélérate. C’est pourquoi les tâches de mobilisation sont si importantes et doivent rester le premier objectif de la quinzaine à venir de notre côté. Le 31 mars doit être une démonstration de force qui cloue la tentative de l’équipe Valls au sol. Le reste nous sera donné par surcroît.

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