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15.04.2016

L’atlantisme, maladie sénile de la vieille Europe

Coup sur coup, on a appris que le Parlement français acceptait les conditions nécessaires au retour des troupes nord-américaines sur le sol d’où le général De Gaulle les avait expulsées, et vu arriver au Parlement de Strasbourg un rapport visant au renforcement de la « défense européenne intégrée à l’OTAN ». À l’arrière-plan de cette agitation, une poussée de la volonté des USA d’augmenter la pression sur la Russie comme prétexte de son propre leadership. Dès lors, l’OTAN et les États-Unis passent « de la réassurance à la force de dissuasion » en Europe de l’Est, a indiqué le 31 mars dernier le général Philip Breedlove, chef des forces américaines en Europe. Concrètement, le Pentagone entend lancer, à partir de 2017, des rotations continues d’une brigade blindée. Elle comptera environ 4200 soldats, 250 chars et 1750 véhicules dans un ou plusieurs pays en Europe de l’Est qui ne sont pas encore précisés. Le général Breedlove prétend ainsi « rassurer » les « alliés et partenaires de l’OTAN dans le sillage d’une Russie agressive en Europe et ailleurs ». Bien sûr !

Cette décision remet en question les annonces ces dernières années de réduction des effectifs US en Europe. Les États-Unis développent de nouveau, avec leurs alliés dans la zone, le fantasme d’une invasion russe en Europe ! Comme à l’époque de la guerre froide et du fantasme de la prétendue écrasante supériorité militaire russe en Europe, et sa légende des « chars soviétiques à Paris en 48h ». Cette vision poussée à l’absurde a pu amener en octobre 2014, lors d’une conférence de presse, un responsable américain (John Kirby, contre-amiral et attaché de presse du Pentagone à l’époque) à déclarer que l’armée Russe se « rapprochait dangereusement des frontières de l’OTAN ». Grimaçante mauvaise foi qui a donné lieu à un échange serré avec le journaliste lui faisant remarquer que ce rapprochement était avant tout dû au rapprochement des frontières de l’Otan de la Russie… Autre exemple : le 23 février 2015, des chars américains défilaient à 300m de la frontière Russe.

Dans cette ambiance dangereuse, il faut rappeler que chaque élargissement de l’Union Européenne a été précédée d’une adhésion à l’OTAN, élargissant la présence de l’organisation militaire à l’Est, sans aucune précaution diplomatique envers la Russie ! Du coup, la tension devenant palpable, la France et l’Allemagne ont empêché à plusieurs reprises l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance Atlantique. Car cela aurait été une véritable provocation à l’égard de la Russie. Les deux pays ne se retrouvent pas moins en accord pour considérer que le seul horizon de l’improbable « défense européenne » est de s’inscrire dans l’OTAN…

En définitive, la présence étasunienne sur le continent européen, mise en scène dans les exercices multinationaux de l’opération Atlantic Resolve, s’élève à 62 000 hommes (cf. cartographie). Les États-Unis se sont toujours préoccupés d’empêcher que la CEE, puis l’Union européenne, considérée par eux comme un débouché commercial et une ligne de défense face à l’URSS, puisse devenir une puissance alternative. Ils ont pu compter sur la complicité d’élites dirigeantes européennes partageant une vision et des intérêts communs  avec leurs homologues étasuniennes. On retrouve les mêmes à l’œuvre dans les négociations sur le Grand Marché Transatlantique. Cette osmose n’a fait que se renforcer à la fin de la Guerre froide. Un document l’a résumé : le Defense Planning Guideline 1994-1999. C’est un document d’orientation stratégique rédigé au lendemain de la guerre froide à la demande de Dick Cheney, alors secrétaire à la Défense, pour élaborer une « stratégie de suprématie militaire ». Il recommandait que les États-Unis préviennent « l’émergence d’accords de sécurité intra-européens qui saperaient l’OTAN, et surtout la structure de commandement intégré de l’alliance ». La recommandation n’a pas été oubliée. Le débat sur le rapport examiné à cette session de Strasbourg le montre.

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