Hollande tient la chandelle ! La France ne compte plus pour rien. Les gouvernements allemand et américain sont main dans la main pour boucler les négociations avant la fin de l’année. Ils ont réaffirmé cet objectif dimanche 24 avril lors d’un tête-à-tête. La veille, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté en Allemagne contre ce projet TAFTA. Le lendemain, Merkel et Obama avaient un rendez-vous élargi à François Hollande, et aux Premiers ministres italien et britannique. Rien n’y a fait, ils ont annoncé leur intention d’accélérer les négociations, rien que tous les deux, dès le dimanche. À quoi servait-il donc d’inviter les autres chefs d’État et de gouvernement ? À leur montrer qui commande. Déjà en 2013, c’est Merkel et Obama qui avaient forcé le passage pour lancer les négociations et faire entrer ce projet dans une phase active après des années de préparation en cachette. L’Europe germano-américaine se construit au profit des multinationales. Le lamentable François Hollande regarde ailleurs.
Le journal Le Parisien confirme que nos craintes concernant ce projet de traité TAFTA sont plus que jamais fondées. Les menaces évoquées dans la campagne des élections européennes de 2014 sont toujours là : arrivée en Europe du poulet lavé au chlore, du bœuf aux hormones, facilitation des OGM, privilèges juridiques hallucinants pour les multinationales contre les décisions des États… Le quotidien parisien révèle que les autorités américaines espèrent jusqu’à une hausse de 33 000 % des exportations de poulets états-uniens vers l’Union européenne ! Et tout cela se négocie dans l’opacité la plus totale. Les parlementaires ont seulement le droit de consulter les documents dans une salle fermée, sans téléphone et sans droit de divulguer les informations sous peine de poursuites judiciaires. Sans compter le pire. La négociation sur un mécanisme spécifique aux multinationales pour traiter leurs différends juridiques avec les États continue. Et cela alors même que le Parlement français a explicitement rejeté le principe d’un tel mécanisme ! Mais le gouvernement français accepte cette violation du vote parlementaire français sans broncher. Hollande le petit avale tout en gargouillant des borborygmes.
Il essaye de gagner du temps. Il sait qu’accepter ce projet avant la présidentielle le condamnerait encore un peu plus. Alors il roule des mécaniques comme l’autre soir France 2, le 14 avril. « La France a fixé ses conditions, a-t-il dit. S’il n’y a pas de réciprocité, s’il n’y a pas de transparence, si pour les agriculteurs il y a un danger, si on n’a pas accès aux marchés publics, et si en revanche les États-Unis peuvent avoir accès à tout ce que l’on fait ici, je ne l’accepterai pas ». Mais en 2013, il a accepté l’ouverture de négociations sans aucune garantie sur ces points et sans en avoir jamais parlé avant. Et depuis, il a validé chaque étape de la démarche : nous en sommes déjà à la treizième séance de négociation ! Que faisaient pendant ce temps ses petits bras et ses petits muscles de coq de village ?
Et quand Merkel et Obama décident tout seul d’appeler à boucler les négociations avant la fin 2016, François Hollande se tait. Il se cache. Selon le journal allemand Der Spiegel, il parait qu’il aurait même voulu ne pas aborder le sujet lors du sommet entre chefs d’État de lundi 25 avril ! Pourquoi ? Par peur de déplaire à Obama et Merkel ? Ou par peur de devoir assumer son soutien à ce projet ? Quel simulateur incroyable ! Quelle double face permanente ! Le 10 février 2014, au côté de Obama, il avait dit que ce projet était « une vraie opportunité » et qu’il fallait « aller vite » pour éviter « une accumulation de peurs, de menaces, de crispations ». Il disait même à l’époque, « aller vite n’est pas un problème, c’est une solution » ! Sarkozy « l’Américain » selon Besson n’en a jamais fait autant !
François Hollande rêve de nous refaire le coup du traité budgétaire européen ou le coup de Sarkozy avec le traité de Lisbonne : faire les gros yeux, promettre que ça ne se passera pas comme ça, etc. Avant de se coucher devant Merkel et de signer là où la dame lui demande. Mais nous avons les moyens de ne pas nous faire berner une fois de plus ! ne nous ferons pas avoir une nouvelle fois. Si jamais le traité est finalisé en 2016, il ne pourra pas être ratifié avant 2017. Donc la présidentielle peut fonctionner comme un référendum sur le sujet. A ce stade, on sait seulement que le Parlement européen devra le valider ainsi que les chefs d’État et de gouvernement.
Avec moi, c’est clair : je n’accepterai jamais ce traité. En 2009, j’ai publiquement alerté sur ce projet dangereux pour les droits sociaux et écologiques. J’ai été le seul alors à inscrire la condamnation du traité dans ma profession de foi aux élections européennes. Longtemps j’ai été seul. Je combats pour les mêmes raisons encore l’arrimage de la France à cet OTAN économique qui profitera uniquement aux multinationales, et d’abord aux multinationales états-uniennes. Lors de mon voyage au Canada ces derniers jours, j’ai également dénoncé le frère jumeau du TAFTA, l’accord CETA qui se conclut actuellement entre l’Union européenne et le Canada. C’est le laboratoire du TAFTA. Je suis opposé aux deux. Comme je l’écris dans mon livre l’Ère du Peuple, il faut mettre fin à ce libre-échange intégral qui détruit les économies. Il abaisse les normes sociales, environnementales ou sanitaires. Il donne tous les droits aux multinationales au détriment de toute autre considération. Enfin, il engendre un système de déménagement permanent du monde en faisant exploser le transport de marchandises d’un bout à l’autre de la planète.
Du temps de Lionel Jospin, le gouvernement français a déjà fait stopper un accord de ce type. C’était l’accord précurseur en matière d’avantage donné aux investisseurs contre les États : l’AMI. Il faut faire de même. Stopper les « négociations » et refuser ces deux traités transatlantiques. La logique du libre-échange est une vieillerie sans efficacité économique. Elle ne sert qu’à emballer avec de belles paroles une démolition de toutes les sociétés au motif du moins-disant social comme écologique. La coopération plutôt que le libre-échange ! Voilà pourquoi il faut mettre à l’ordre du jour le protectionnisme solidaire.