yanis varoufakis

Le versatile monsieur Varoufakis

C’est un drôle d’homme que celui-ci. Je l’ai connu et apprécié comme ministre de Tsípras refusant d’accepter le plan de « sauvetage » de la Grèce imposé par la Commission européenne. Puis quand il démissionna lorsque Tsípras a finalement signé la capitulation de la Grèce devant Schäuble en dépit du « non » du peuple grec consulté par référendum. On le voyait comme un héro en dépit des mises en garde que nous faisait Zoé Konstantopoúlou, la présidente de l’Assemblée nationale grecque, elle-même en rupture avec Tsípras. Je me donnais beaucoup de mal pour le rencontrer lors de son passage à Paris en août 2016. J’acceptais même l’horaire de sept heures du matin gare de Lyon pour un échange avant son départ avec Montebourg vers la fête de la Rose à Frangy. Avant cela, il était venu nous visiter au stand du Parti de Gauche à la fête de l’humanité en 2015 aux côtés de l’allemand Oskar Lafontaine et de l’italien Stefano Fassina. Ce fut notre dernier contact.

Je n’eus de nouvelles de lui ensuite que par une interview qu’il donna à Match. Stupeur : il prétendait m’avoir mis en garde à cette fête contre la germanophobie à propos de mon livre Le Hareng de Bismarck ! Une invention pure et simple. Et d’autant plus grotesque que Oskar Lafontaine était ce jour-là avec nous dans la conversation. Je me le tins pour dit. Je le classai aussitôt dans mon esprit au tiroir des mondains qui cotisent à mon bashing pour se caler dans l’air du temps. J’en connais plus d’un dans ce style. La suite a prouvé que je ne me trompais pas. Partout il est le même : désinvolte et quelque peu arrogant. À preuve comment il vient d’aller dernièrement en Espagne, sans crier gare aux gens du lieu, mettre en cause la politique de Pablo Iglesias dans un journal haineusement hostile à Podemos. Avant cela, il nous avait convoqué publiquement, Pablo, Caterina du Bloco et moi pour débattre avec lui de la liste qu’il compte présenter (jusqu’à nouvel ordre) aux prochaines élections européennes. Pablo et Caterina lui ont fait une fin de non-recevoir outrée du procédé de cette convocation.

Sachant qu’il vient à Paris bientôt pour promouvoir son petit réseau européen, je m’attends à une convocation de même nature. Et je sais qu’elle trouvera un public médiatique de mouches du coche bombinant de toutes leurs ailes. Mes amis et moi resterons bienveillants. Nous allons suivre avec intérêt ce qu’il dira ici où là. Peut-être même qu’Abel Mestre du Monde en parlera.  N’a-t-il pas su moquer nos supposées contradictions avec Podemos ? Et cela sur la base d’un texte qu’il n’avait pas en version finalisée ? Pris la main dans le sac ici même, il pourrait vouloir désormais travailler sur des faits mieux établis.

Dans ce cas il s’intéressera sans doute aux contradictions formellement et réellement constatées entre Varoufakis et son allié en France, Benoît Hamon. En effet Yannis Varoufakis a condamné les bombardements des États-Unis, de l’Angleterre et de la France en Syrie. Mais Benoit Hamon les a approuvés à l’image du conseil des gouvernements européens. Cela implique naturellement le rapport à l’OTAN et à la politique de « défense » de l’Union européenne. Peut-être considèrent-ils l’un et l’autre que ce n’est là rien de bien grave. Serait-ce sérieux ? Au passage, sans doute, Varoufakis approuvera-t-il les sanctions contre la Russie, comme son ami Benoît, afin de ne pas être « ambigu » avec Poutine comme ce dernier m’en accuse ?

Mais il y a plus lourd encore. Varoufakis propose dorénavant « un plan B et même un plan C » comme alternative à l’Europe actuelle. Comment Benoît Hamon peut-il accepter cet alphabet-là après avoir affirmé son opposition à de telles déclinaisons face à la « France insoumise » ? N’a-t-il pas justifié par cela même son opposition à notre ligne d’action ? Tout cela serait désormais sans importance. Mais serait-ce sérieux ?

Pour finir, Varoufakis affirme que l’alliance qu’il mène avec Hamon veut faire un groupe distinct au Parlement européen. Comment cela est-il compatible avec la volonté de Hamon de faire une liste commune avec EELV ? En effet ceux-ci non plus ne veulent pas non plus de « plan B ou C ».  Et ce n’est pas tout. Ils ne veulent pas non plus siéger dans un autre groupe que celui des Verts européens que préside avec un talent remarqué le belge Philippe Lambert ?  Donc, s’ils parviennent à avoir des élus, ils se répartiraient ensuite dans deux groupes parlementaires différents ? Encore faut-il que la coalition Varoufakis-Hamon parvienne à faire un groupe. Et s’ils n’y parviennent pas, où siègeront-ils ? Seraient-ils prêts à siéger dans le groupe que nous allons constituer ? Alors pourquoi nous combattre avant ? Ce n’est pas grave ? Mais est-ce sérieux ?

Si Hamon est prêt à condamner l’OTAN et à la quitter comme le dit Varoufakis, s’il est prêt à assumer ne serait-ce qu’un plan B, la visite de Varoufakis en France va être très intéressante, il faut bien le dire. En lisant ces lignes Varoufakis saura que je ne suis plus disponible à sept heures du matin et que je ne supporte pas les convocations du type de celle qu’il m’a déjà adressée pour Lisbonne ni les défis qu’il a lancés à Pablo Iglesias par presse interposée. Un peu de respect est la cotisation de base pour pouvoir nous rencontrer.

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