J’ai décidé de finir cette affaire là parce qu’elle prend un tour trop spécial pour nous. Il s’agit de la suite de la tentative d’assassinat contre Castaner et moi par un groupuscule d’extrême droite nommé OAS. J’ai demandé à mon avocat sur cette affaire, Juan Branco, de suspendre toute participation à la procédure judiciaire. Comme le savent les personnes qui ont suivi mon récit à ce sujet, j’étais partie civile dans la procédure. Position qui me permettait d’accéder au contenu du dossier et de demander des actions d’investigations. Chose incroyable : le parquet, c’est-à-dire le garde des Sceaux madame Beloulbet, a décidé de m’expulser de là. Cela lui a été refusé. Loin de se le tenir pour dit, le parquet fait appel de ce rejet.
On ne saurait mieux dire que je n’ai pas à savoir ce que je voulais savoir. Car toute cette manœuvre intervient sitôt que j’ai eu demandé à ce que monsieur Collomb soit entendu pour savoir pourquoi il avait refusé ma protection puis pourquoi il ne m’avait informé de rien alors que 9 complices étaient encore recherchés. Cela intervient après que j’ai demandé communication des éléments qui avaient conduit à l’arrestation du chef du commando et exigé qu’on précise ce que voulait dire le ministre de l’Intérieur quand il a déclaré à la radio que la DGSI m’avait « surveillé » pendant cette période. Voilà ce qu’on veut m’empêcher de savoir. L’appel du parquet est un signe de défiance inédit s’agissant d’un parlementaire confronté à une menace d’assassinat.
Cette obstruction est en rupture avec la promesse du gouvernement de faire toute la lumière sur cette affaire. Cette promesse, le Premier ministre l’avait faite devant l’Assemblée nationale en octobre dernier. Celle-ci avait salué unanimement l’intervention que je venais de faire sur le sujet à l’occasion des questions d’actualité au gouvernement.
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Près d’un an plus tard, rien n’a été fait. Les déclarations contradictoires du ministre d’État impliquant l’action de la DGSI ont ajouté à la confusion sur un sujet qui aurait dû être immédiatement éclairci. De plus, l’appel par le parquet, contre l’avis des juges d’instruction, démontre une volonté d’obstruction dont on devine qu’elle ne connaitra pas de limite.
Dans cette affaire, chacun sait où se trouve sa responsabilité. Je rappelle ce simple fait : malgré mes demandes, et alors que d’autres menaces étaient signalées, j’ai été laissé sans protection quatre mois durant, face à neuf terroristes en liberté, incités à passer à l’action par leur leader qui leur demandait d’agir selon le plan prévu.
Dans ce contexte, il ne saurait être question que l’affaire évolue comme si un conflit existait entre la DGSI et moi. Je ne demande pas de compte à la DGSI mais à monsieur Collomb, ministre de l’Intérieur. Le refus de répondre de ce dernier et l’obstruction qu’il organise de concert avec la ministre de la Justice pour bloquer l’information portent un message évident. Nous avons bien compris qu’ils cherchent à se défausser sur les services des responsabilités qu’ils refusent d’assumer. Accepter de participer à une querelle judiciaire n’ayant pour seul objet que de couvrir l’inconséquence de leur hiérarchie politique amènerait à inutilement exposer les services qui ont éventuellement agi et obéi aux ordres comme c’est leur devoir.
Nous n’entrerons pas dans ce jeu. Nous laissons donc le garde des Sceaux nous expulser de la partie civile et nous n’engagerons aucune action supplémentaire. Le commando OAS aura été bien protégé par ceux-là mêmes qui étaient censé le combattre. Le silence qui entoure cette manœuvre nous semblent révélateurs d’une ambiance et d’une période politique.
Je conclue en vous disant que je sais à quoi m’en tenir désormais et vous qui me lisez aussi, je le devine. Je me place sous la protection de la vigilance populaire. S’il m’advient quelque mauvais coup, je vous invite à en rechercher les responsabilités politiques et morales du côté du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb et de la garde des Sceaux Nicole Belloubet autant que du côté de leurs protégés d’extrême droite.
Pour le reste, je réaffirme respect et gratitude aux magistrats indépendants qui ont traité cette affaire et aux services tels que la DGSI qui défendent au quotidien notre pays.