Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale le 20 novembre 2018 :
« Monsieur le Premier ministre, vous le savez, en France, notre pays passionné d’égalité et de fraternité, il n’y a pas d’ordre public possible ni même souhaitable sans justice sociale. Et c’est de cette façon qu’il faut comprendre la puissance et l’étendue du mouvement dit « des gilets jaunes » que nous voyons se déployer dans tout notre pays, que ce soit dans l’hexagone, dans les DOM-TOM ou, à cette heure même, à La Réunion.
C’est donc la justice sociale qu’il faut rétablir si l’on veut que revienne l’ordre et que cessent les violences que provoquent ceux qui s’opposent à ce mouvement.
Il n’est pas juste, monsieur le Premier ministre, de prendre 4 milliards à des gens qui n’ont pas d’alternative au déplacement en voiture par une surtaxe sur les carburants quand, dans le même moment, vous donnez exactement la même somme en supprimant l’impôt sur la fortune à des familles de riches qui n’en ont pas besoin et qui ne vous l’ont jamais demandé.
Il n’est pas juste. Et, par conséquent, si vous voulez régler la crise actuelle, partez de l’idée qu’il y a une situation tellement exceptionnelle qu’elle justifie le rétablissement immédiat de l’ISF (puisque nous sommes encore en cours de débat budgétaire) et la suppression de la taxe carburants.
Il n’est pas juste d’arguer la transition écologique quand vous disposez de 40 milliards par le crédit d’impôt compétitivité-emploi que vous allez passer dans le droit commun alors que vous pourriez les affecter au budget de l’écologie où, immédiatement, ils rempliraient les carnets de commandes dans tout le pays, donneraient de l’emploi et du mieux-vivre pour tout le monde.
Si bien que je suis obligé de vous dire. Samedi, paraît-il, vous avez l’intention d’interdire la manifestation que les gilets jaunes ont appelée. Oh, beaucoup d’entre nous seront à la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles. Mais nous irons, je vous le dis, les insoumis iront dans ces manifestations.
Alors, monsieur le Premier ministre, permettez que la démocratie sociale et la démocratie parlementaire se retrouvent. Permettez la manifestation. »