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Théâtre noir au G20

À partir du 30 novembre, le G20 tient son sommet annuel à Buenos Aires. Macron arrivera sur place un jour avant afin de s’afficher avec son double argentin, le président Macri. Ce chantre de l’extrême libéralisme a plongé son pays dans une crise économique et sociale effrayante. Il l’a déclenchée par soumission au système financier international. En effet, en 2016, il a décidé que son pays honorerait la dette qu’il devait aux fonds vautours américains qui avaient refusé l’accord trouvé par Nestor Kirchner avec ses créanciers internationaux et auxquels Cristina Kirchner avait ensuite résisté. Depuis, l’inflation tourne autour de 40% par an, la monnaie nationale a été dévaluée de 100% et la dette a augmenté de 42%. Le peuple argentin a même dû subir l’humiliation de voir le FMI revenir dans son pays à partir de juin 2018. Les prêts accordés par le FMI s’accompagnent évidemment d’une criminelle austérité que Macri applique dans son budget pour 2019 qu’on appelle en Argentine le « budget de la faim ».

C’est donc tout un symbole que la G20 se tienne sous la présidence de l’Argentine au moment où ce pays fait l’objet d’une attaque de la part de la finance, consentie par ses dirigeants. Ce club a été créé en 2008, pendant la crise financière pour intégrer au G7 quelques pays émergents. Celui-ci était alors totalement décrédibilisé car il réunissait tous les gouvernements dont la politique avait contribué à faire advenir l’effondrement du système financier. Mais la version à 20 n’en change pas la nature. Il s’agit toujours d’un groupe minoritaire d’États qui, en raison de leur puissance, prétend imposer ses décisions à tous les autres. Puisqu’il existe un organe reconnu par tous les États, quel que soit le niveau de richesse de leur population, l’Organisation des Nations Unies, le G20 ne peut être qu’une tentative de contournement de cette institution légitime. On imagine que pour Macron, c’est le sommet du « multilatéralisme » qu’il défend. Mais le G20 n’est rien d’autre qu’un instrument de la compétition des puissances.

D’autant plus qu’après 10 ans, le bilan de cette entité n’est pas brillant. Ou du moins il ne l’est pas du point de vue de l’intérêt des peuples. En 2008-2009, ses dirigeants avaient promis de faire revenir à la raison le système financier. « Nous n’autoriserons pas un retour aux pratiques antérieures » clamait le communiqué final du sommet de 2009 à ce propos. Dix années plus tard, la bulle financière s’est alourdie de 72 000 milliards de dollars et les crédits subprimes aux États-Unis représentent une part grandissante des prêts accordés. Les rémunérations des traders devaient être encadrées. Les bonus de Wall Street ont battu l’an dernier un record depuis 2006. Les paradis fiscaux devaient être terrassés. La liste noire sans conséquences élaborée par le G20 s’est vidée de sa substance à tel point qu’il n’en reste rien aujourd’hui. Sur le fond climatique, le G20 promettait il y a 10 ans d’arrêter les subventions aux énergies fossiles. Elles sont passées de 75 milliards de dollars à 147 milliards de dollars. Sur les 20 pays, 15 ont une utilisation croissante des énergies fossiles. En ne prenant en compte que les trajectoires des États du G20, on s’oriente vers un réchauffement de 3,2° du climat.

Ce bilan devrait faire réfléchir sur la capacité de cette instance à produire de l’ordre international. Cette année, la question du commerce sera sur le devant de la scène. Mais, abordée d’une manière totalement caricaturale, enfermée entre d’un côté la fuite en avant libre-échangiste sans fin de l’Union européenne et un protectionnisme sauvage et agressif défendu par Trump de l’autre côté. Tel est le multilatéralisme des grandes puissances : deux approches concurrentes qui mènent toutes les deux au chaos. Et pendant ce temps, nous délaissons l’ONU. Sur le commerce par exemple, l’Équateur et l’Afrique du Sud ont lancé en 2014 un groupe de travail pour élaborer un nouveau traité international sur le respect des droits humains par les multinationales. Il s’agit de créer des normes en termes de droits sociaux et environnementaux qui s’imposeraient aux traités commerciaux. Cette initiative est légitime car elle se fait dans le cadre des Nations Unies. Elle contribuerait à aboutir à un monde plus ordonné. Mais elle est boycottée par les États-Unis et l’Union européenne qui préfèrent les clubs oligarchiques du type du G20.

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