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Début de la désintégration

Comment peuvent-ils croire que cela suffira ? La macronie est dans les brumes incertaines qui évoquent les fins de règne ! Quatre mesures et un débat national pour juguler le mouvement « gilets jaunes » ? Le débat national est d’ores et déjà entaché de toutes les façons si en croit la suspicion de la personne qui préside cette instance, madame Chantal Jouanno. Au demeurant « les marcheurs » ne veulent pas que l’on « transforme en meeting » ces réunions. C’est-à-dire qu’on y parle de politique. Parler d’écologie de démocratie et de salaires… sans parler de politique… Incroyable. De plus, interdiction, selon le porte-parole du gouvernement, de revenir sur les programmes de la présidentielle ni sur le bilan des 18 mois de pouvoir et les questions qu’il soulève.

Au demeurant, le souvenir du « grand débat » sur l’Europe est encore là pour savoir à quoi s’en tenir. Un bide total, confidentiel, auto satisfait, cher et sans effet. Cette fois-ci, il est vraisemblable que ce sera plus chaud. Mais encore faut-il que cette trouvaille se fasse. Le seul bienfait qui en résultera sera de faire reporter le projet de réforme constitutionnelle déjà bloqué une première fois par les soubresauts de l’affaire Benala.

Quant aux quatre mesures macronistes adoptées en 48 heures, la discussion parlementaire aura désintégré en vol tout leur vernis. Le plus grotesque sera la fameuse augmentation du Smic de 100 euros. Ce n’est pas le Smic. Ce n’est pas 100 euros. Et ainsi de suite. Je n’y reviens pas ici puisque ce blog contient un post précis sur le sujet. Je ne m’y arrête pas parce que l’échec du projet est déjà consommé. Les gilets jaunes ne se sentent pas satisfaits. Le mouvement continue sur les ronds-points. Secoué jusqu’au fondement le pouvoir s’affole. Ses médias de poche ne parviennent plus à faire la police dans les têtes. Le JDD et Le Parisien, les deux gazettes du mouvement macroniste, patinent lamentablement, sans effet sur une population qui est pourtant censée être son cœur de lectorat.

L’ordre ne repose plus que sur les forces matérielles qui le maintiennent avec un usage chaque fois plus disproportionné, à la demande du pouvoir politique. Ses personnels ont menacé de rébellion, à leur tour. Ils ont donc reçu du pouvoir, en une nuit, davantage qu’en dix ans de revendication syndicale. 300 euros de prime et jusqu’à 120 euros d’augmentation en début de carrière. C’est le salaire de la peur, celle du pouvoir devant la situation. Et même cela… peine perdue. Les « forces de l’ordre » organisent aussitôt leur propre part du désordre. Car dès le lendemain soir de cette soirée de négociations miraculeuses, les CRS devaient réprimer leurs collègues policiers en colère qui tentaient de remonter les Champs-Élysées et qui étaient allés manifester devant le ministère de l’Intérieur. Ainsi, la faille est ouverte au cœur de l’ultime ligne de défense du système.

La pente des évènements politiques reste du côté de la désintégration du pouvoir. Cet épisode marque un seuil dans ce domaine. Les gens chargés de contenir le mouvement et de réprimer ses expressions ne veulent plus le faire de bon gré. Mais aucune parole, aucune mesure, ne produit le reflux du mouvement. Alors, quelle perspective en vue ? La pagaille sans fin ? Le blocage spasmodique permanent ? En fait le pouvoir ne peut plus croire que le pourrissement fasse son effet. D’autant que le mois de janvier se présente chargé de nouvelles tensions. La mise en œuvre du prélèvement de l’impôt à la source fera baisser le salaire net payé. Il est peu probable que dans l’ambiance « gilets jaunes » cela passe sans réaction. Une fois de plus, l’impôt sera au cœur des tourbillons sociaux. Quel sujet ! Il remet dans le débat les raisons les plus profondes de l’organisation et de la légitimité des pouvoirs publics. Et quand ce débat est une action sur le terrain le monde peut changer.

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