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Le racket autoroutier augmente

De toutes les augmentations qui amputent les budgets des familles, celle-ci est sans doute la plus inique. À partir du 1er février, les tarifs des péages autoroutiers vont encore augmenter. En moyenne entre 1,8 et 1,9%. Le réseau autoroutier français est entièrement géré par des entreprises privées depuis 2006. Pour les filiales des multinationales Vinci, Eiffage ou Albertis qui s’en partagent les plus grandes parties, c’est une poule aux œufs d’or : un monopole avec une clientèle captive pour lequel les investissements de départ ont déjà été réalisés et amortis par les contribuables. Pour les automobilistes, c’est un véritable racket : 20% d’augmentation en moyenne depuis la privatisation. Aujourd’hui, un trajet Paris-Bordeaux, Paris Strasbourg ou Paris-Nantes coûte presque aussi cher en péage qu’en carburant.

Le prix exorbitant des autoroutes françaises est uniquement justifié par la voracité des actionnaires qui les possèdent. Depuis 2007, les sociétés d’autoroutes ont reversé à leurs actionnaires 26 milliards d’euros de dividendes. En à peine 5 ans, les dividendes versés dépassaient leur investissement de départ. En 2016, année record, les actionnaires des autoroutes ont empoché 4,7 milliards d’euros de dividendes alors que les entreprises qu’ils possèdent n’avaient fait que 3,5 milliards d’euros de bénéfices. Les sociétés d’autoroute se sont donc endettées pour rémunérer les actionnaires. Mais elles y ont quand même gagné : au terme de leur contrats de concessions, la charge de leur dette est déductible de leurs impôts.

Et l’État dans tout ça ? Certes il ne gère plus directement le réseau mais il est tout de même censé réguler les activités des sociétés concessionnaires. Au lieu de cela, il a totalement capitulé devant ces entreprises et s’est lui-même lié les mains. C’est le cas notamment d’un accord signé en 2015. À cette époque, la ministre des transports Ségolène Royal avait annoncé un gel des tarifs autoroutiers pendant un an. Dans le même temps, un accord était négocié en secret. Celui-ci prévoit que le gel de 2015 sera compensé par des hausses additionnelles tous les ans jusqu’en 2023. Le surcout pour les usagers est de 500 millions d’euros. L’accord définit aussi des hausses de tarifs jusqu’en 2031. Et l’État garantit aux sociétés concessionnaires d’autoroutes aucune hausse d’impôt pendant 16 ans ! Qui étaient les protagonistes de cet accord du côté de l’État ? Ségolène Royal donc, mais aussi sa directrice de cabinet, Élisabeth Borne, depuis devenue ministre des Transports, le ministre de l’Économie de l’époque, Emmanuel Macron et son directeur de cabinet, Alexis Kohler, devenu secrétaire général de l’Élysée. Ces gens ont négocié, dans le dos de tout monde, un accord très défavorable que payent aujourd’hui les Français.

Ça suffit. Cet accord doit être dénoncé et les autoroutes doivent être renationalisées. Le député insoumis Bastien Lachaud a lancé la semaine dernière la proposition d’une commission d’enquête parlementaire sur le sujet. La nationalisation des autoroutes permettrait de mettre fin au vol organisé que constituent les péages, d’utiliser l’argent d’une part pour les rendre aux usagers et d’autre part pour investir dans le développement des transports écologiques.

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