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10.04.2019

Emprunt et sondages : mathématiques et politique

Cette fois-ci, le problème est réglé. Notre campagne européenne est financée. Aux deux millions acquis par un prêt bancaire s’ajoutent deux millions collectés sous la forme de prêts individuels. Deux millions, c’est le maximum légalement autorisé. C’est pourquoi la campagne s’arrête avec la collecte effective de ce montant. Certains chèques seront d’ailleurs retournés à leurs expéditeurs pour respecter la loi. Nous avons donc surmonté l’écueil qui se trouvait en travers de notre route. Et pour cela, comme d’habitude, nous avons compté sur nous-mêmes. Sans tenir compte des étonnements sur commande, comme celui lu dans un papier de « France culture » se demandant si c’est bien le rôle d’un mouvement politique de se transformer en banque, en institut de sondage ou en média. Prototype des petits bourgeois lunaires à qui les cailles tombent rôties dans le bec, le même ne s’est naturellement pas demandé pourquoi nous sommes obligés de le faire. Il faut dire que les médias de l’État se déchaînent.  

En tous cas, la campagne mise au point par Médiascop a permis aux insoumis de tout le pays de comprendre l’enjeu dans un délai extrêmement bref. La campagne de dénigrement médiatique contre certains des candidats de notre liste n’a donc pas eu le temps de produire ses effets et ses organisateurs en sont pour leur frais. « Est-il vrai que le gendre, le chauffeur, le garde du corps de Mélenchon et la maman de Manon Aubry sont sur la liste ? ». Car telle était la campagne de dénigrement médiatique de cette semaine-ci.

Sur France-Info, c’est un exercice quasi quotidien contre nous avec des pratiques professionnelles à la hauteur des habitudes de harcèlements que certains y pratiquaient entre eux et elles. Cette campagne faisait suite à celle de la semaine précédente sur le thème « Mélenchon reprend la campagne en main » cousue de pur sexisme misogyne à l’endroit de Manon Aubry. Cette fois-ci, celle-ci a commencé sous un mode prétendument plaisant dans Libération. Elle a aussitôt été imitée en tournante par les harceleurs professionnels de « Quotidien », les fournisseurs d’images pour la police. Sans oublier les Pravda micro régionales du type La Dépêche, le journal du radical Jean-Michel Baylet (« Mélenchon a-t-il « placé » son chauffeur dans la liste ») et les autres pâles imitateurs de la presse parisienne.

Ni cela, ni les gros redressements des entreprises de sondages ne sont venus à bout de la détermination des Insoumis. Leur mobilisation est d’autant plus remarquable que le prêt n’est pas rémunéré. Chacun le fait sans recevoir aucun intérêt pour en être payé. La mobilisation est remarquable par sa rapidité. La somme a été couverte en moins d’une semaine et confirmée, tous les chèques en main, en dix jours. Au passage, certains ont préféré aussi nous adresser des dons. Et certains les deux à la fois. En tous cas nous avons reçu ainsi au total dans ce délai 199 287 euros de dons. Le prêt lui-même a permis de collecter 2 210 734 euros. Ce qui signifie que nous devrons refuser une partie de la somme qui nous aura été adressée. 

Puisque nous en sommes aux données chiffrées et à leur rapport avec la politique, passons à un petit coup d’œil, certes ironique mais bienveillant, sur les sondages. Ceux qui sont rendus publics par d’honorables sociétés qui commencent leur travail avec des statistiques et les finissent avec des pattes de lapins, des viscères de crabes et des onguents de clairvoyance. Par exemple ce sondage Harris paru le 7 avril 2019. Il attribue 8,5% d’intentions de vote pour la France Insoumise. En hausse. Cela ne désarme pas notre vigilance toute mathématique.

Nous avons reconstitué la matrice de report des voix de la présidentielle 2017 de cet institut lui-même. Pour lui, nos votes retrouveraient 54% des électeurs de L’Avenir en commun en 2017, 8% des électeurs de Hamon, 1% des électeurs de Le Pen et 1% des électeurs de Fillon. Pourquoi pas ? Mais alors cette matrice devrait théoriquement attribuer un score de 11,5% pour la France Insoumise. Or, l’institut nous attribue 8,5 ! Soit 3 points de moins… L’explication « évidente » qui nous est donnée, c’est que nos électeurs voteraient moins que la moyenne. Beaucoup moins. En fait nous serions les moins mobilisés de tous !  De là à nous retirer trois points à la fin du compte… Tout de même…

Cet écart est d’autant plus étonnant, à l’intérieur même de la matrice de l’institut, qu’il ne cesse de croitre au fil des semaines. Mais seulement pour nous, la France Insoumise : -1,4% en mai 2018, -1,9% en février 2019, -2,3% en mars 2019 et -3% début avril. Car aucune formation n’atteint de telles proportions de décalage par rapport au score « théorique ». Hors France Insoumise, le maximum étant +1,5 pour LREM et RN et le minimum -0,6 pour le PCF. Un mystère qui se voudrait démoralisant : plus les gens s’intéressent à l’élection, plus nous faisons campagne, plus nous remplissons de salle et réussissons nos mobilisations, même après les prestations très réussies de Manon Aubry dans les débats et le succès révélateur de notre emprunt… moins nos électeurs votent pour nous. Cela parait d’une évidence scientifique. Comme s’il fallait un redressement toujours plus violent pour nous maintenir au même niveau et pouvoir broder sur nos sondages « en berne ». Malins les petits chimistes !

Ce même sondage indique que 6% des « électeurs de Mélenchon » souhaitent voter pour une liste Gilets jaunes, dans l’hypothèse où celle-ci serait présente. Certes, il n’y en pas. Mais l’art c’est l’art. Toutefois, dans l’hypothèse sans liste Gilets jaunes de ce même sondage, « La France insoumise » fait exactement le même score. Où sont passés ces 6% d’électeurs de Mélenchon ? Que l’intégralité des 6% ne vienne pas à la liste « France Insoumise », c’est concevable, mais 0% d’entre eux ! C’est difficilement crédible. Ça ne gêne pourtant pas les grands scientifiques de service. Bref, voilà un rapport très créatif aux mathématiques.

Le 9 mars dernier, le sondage Harris indiquait que 51% de « l’électorat Mélenchon 2017 » déclarait son intention de voter « France Insoumise » aux européennes. De même que 5% de Hamon et 2% de Macron. Pourquoi pas, encore une fois. Mais cela représente alors un score théorique de 10,8%. L’institut indiquait pourtant alors un score de 9% pour la France Insoumise. Le 7 avril, même magie : 54% (+3) de l’électorat Mélenchon 2017 déclarait selon l’institut son intention de voter « France Insoumise » aux européennes. De même que 8% (+3) de Hamon, 1% (+1) de Le Pen, 1% de Fillon (+1). Pourquoi pas, encore une fois. À l’évidence c’est une amélioration donc. Le score théorique est alors de 11,5%… Et pourtant l’Institut n’affiche que 8,5%. Moins que dans le cas précédent.  Ce n’est pas très logique. Ni cohérent avec les autres divinations. Ni surtout très mathématiquement correct. 

Ça ne nous dérange pas. Nous avons notre propre outil pour nous faire une idée mieux établie de la vérité probable. Nous gardons cette information pour nous. Nous ne publions rien, ne sommes en concurrence avec personne sur ce sujet et ne réfutons aucune aptitude à qui que ce soit. Mais tant qu’à faire des sondages, autant le faire sérieusement et avec une méthode mathématique crédible et stable.  

Mais je suppose que les clients de ce type d’entreprises n’ont pas tous le temps d’aller vérifier comme nous le sens des résultats et que pour eux ils sont d’une importance commerciale plus grande que pour de modestes artisans politiques comme nous. 

Je ne voudrai pas que l’on nous croie spécialement hostile à l’entreprise Harris qui est bien sympathique à de nombreux égards. Aussi, pour faire bonne mesure, faut-il qu’une autre entreprise de sondage mathématiquement créatrice soit évoquée. 

Voyons donc ce sondage du 3 avril dernier donné par l’IFOP. La participation globale y était estimée à 41 %. Ceux- là étaient fait de 49% de l’électorat Macron et Le Pen, 44% de l’électorat Fillon et Dupont Aignan, 38% de l’électorat Hamon mais seulement 33% de notre l’électorat. 67% d’abstention, donc, auprès de « l’électorat Mélenchon » ? Soit 4,7 millions d’abstentionnistes sur 7 millions d’ex-électeurs. Vraiment ? La proportion est si énorme, si décalée que cela vaudrait commentaire. L’institut n’en fait pas davantage que les autres sur ce thème qu’ils ont en commun.

Pourtant, admettons ces chiffres pour être aussi bienveillants que nous voulons l’être avec les instituts de sondages de l’officialité. Cela ferait donc 4,2 millions d’électeurs Macron de la présidentielle qui s’exprimeraient aux européennes, 3,8 Millions de Le Pen, 3,2 Millions de Fillon, 750 000 de Dupont-Aignan, 870 000 de Hamon et 2,3 Millions de Mélenchon. On sait compter. Nos rangs comptent plusieurs mathématiciens d’assez haut niveau comme on le sait. Soit un total de : 15,12 Millions pour les six premiers candidats de la présidentielle. À supposer (quoique ce ne soit pas évident intellectuellement ni politiquement) que les 5 candidats suivants qui n’apparaissent dans cette notice, et nous le comprenons, du fait de la faiblesse de l’échantillon, soient pourtant à la moyenne de participation de 41%. Certes, c’est peu plausible, mais admettons-le pour être aimable. Leur total de voix à la présidentielle était de 1,5 Millions environ. Avec 41% de participation, donc, cela donnerait 615 000 voix supplémentaires.

Nous avons donc un total en tout de : 15,73 millions issus des électeurs exprimés de la présidentielle. Tout le monde est d’accord ? Le corps électoral français est de 48 millions environ. Avec un taux de participation à 41%, cela supposerait 19,7 millions d’électeurs exprimés aux européennes. Bigre ! D’où viendraient alors ces 4 Millions d’électeurs supplémentaires qui apparaissent sitôt qu’on fait cette vérification ? Personne ne parlera de bidouillage, cela va de soi. Une seule source reste donc possible : des abstentionnistes et non exprimés de la présidentielle se précipiteraient pour aller voter a l’election européennes. Ils seraient 4 millions d’abstentionnistes et non exprimés soudain passionnés par cette élection après avoir méprisé l’autre. Cette catégorie de passionnés soudain connaitrait donc une participation soudaine de près de 40% auprès des 11,4 Millions d’abstentionnistes / Nuls / Blancs du premier tour de la présidentielle ! Mieux que nos électeurs de 2017. Oui :  7 points de plus en enthousiasme électoral chez les abstentionnistes de la présidentielle que dans notre électorat à la présidentielle !! Mazette ! Fin de la démonstration par l’absurde.

Encore une fois, cela n’est pas grave pour notre travail, même si cela peut paraitre déprimant pour ceux qui se repèrent sur les sondages. Mais comment les clients de ces instituts peuvent-ils travailler sur de telles bases ? C’est un sujet sur lequel nous reviendrons car il nous semble important de donner les meilleures évaluations possibles sur la solidité mathématique de ceux qui prétendent avoir l’appui des maths pour faire leurs démonstrations politiques. En attendant, nous avons encore voulu vérifier les conséquences de la sous-évaluation de la participation de nos électeurs de l’élection présidentielle. Et si « l’électorat Mélenchon » de la présidentielle votait comme la moyenne des autres électorats ? C’est-à-dire à 41% ? Cela ajouterait 700 000 électeurs en plus. Et cela ferait un total de 2,4 Millions de suffrages pour la liste « France Insoumise ». En partant de la matrice de report de voix affichée par IFOP et avec la participation au vote annoncée par cet institut, cela donnerait  un score de 12%… 

12% c’est 3,5 points de plus que les 8,5% qu’ils annoncent. Les mathématiques sont cruelles pour les bidouillages. La loi fait obligation de publier les notices techniques de chaque sondage. Nous savons les lire, nos équipes savent compter, nos ordinateurs fonctionnent normalement. Nous n’avons aucun autre moyen de réplique que de refaire les comptes autant de fois que cela sera nécessaire. Nous avons parfaitement compris ce qui se passe et pourquoi. Nous nous souvenons trop bien comment les mêmes devins nous annonçaient 5 députés élus alors que nous en avons finalement eu 17 et même 23, puisque 6 députés du PCF ont été soutenus dès le premier tour par LFI.  

Aujourd’hui, la vérité est que nous ne sommes pas visés directement. Il s’agit pour les bidouilleurs d’arriver à 100% en bout de total. Et cela avec la contrainte de devoir gonfler le résultat de LREM et de sa piteuse tête de liste. Or, LREM se vide sur LR en ce moment. Et ainsi de suite. Il faut donc reprendre partout de quoi remplumer et ensuite rétablir les équilibres. Ainsi, tel institut annonce dans un recoin de sa notice que 5% des électeurs qui ont voté pour nous a la présidentielle voteraient désormais pour LREM et Macron à  présent… Comme c’est crédible !

En tous cas, c’est sans rancune. Tout le monde doit gagner sa vie et dans certains domaines où règnent les commandes d’État, ce n’est pas simple. Nous compatissons. Mais les maths ne font pas de sentiments.

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