Alors c’était juste ça le syndicat Alliance ? Un groupuscule de 40 personnes recroquevillées sur un trottoir au bord du boulevard Magenta. Des mines piteuses surveillées par autant de gendarmes et même de CRS un peu plus loin. Pour la manif des policiers contre le siège des insoumis, il y avait davantage de journalistes et davantage encore de gilets jaunes. Ces derniers les ont vigoureusement (mais pacifiquement) nargués et même raccompagnés à la Gare du Nord en chantant « ce n’est qu’un au revoir barbare… ». Dès que la nouvelle du décès du président Chirac est arrivée le prétexte à plier bagage fut saisi avec soulagement. Car la débande pure et simple menaçait. « Alliance », les fiers à bras qui menaçaient les juges, traitait de « sous-êtres humain » les manifestants, j’en passe et des meilleures, n’est même pas suivi par ses propres adhérents. Sans doute parce que la police est davantage républicaine que ses dirigeants syndicaux.
Et moi ? Puis-je encore sortir et participer à une manif ou quoi que ce soit de public ? Parler avec des gens ? Je crois que c’est non. Cette fois là on avait pourtant fait un cordon pour empêcher que les caméras m’approchent. Mais il restait les téléphones. Et d’un mot, hors contexte, hors cadre, présenté comme une « déclaration », la caste médiatique a montré qu’elle pouvait faire encore un de ces buzz de dénigrement que nos pensions éviter en les tenant à distance. Saint-Cricq, la toupie PS de France 2, a résumé l’objectif sur je ne sais plus quel plateau : « est-ce que le problème ce n’est pas Mélenchon ? » C’est la conclusion à laquelle tout ce réseau voudrait conduire l’opinion.
En vain. Le jour ou les influents bavards annoncent que je m’effondre dans leur sondage, celui-ci me crédite pourtant de huit point de progression en deux mois. Comme le procès a tourné au ridicule des accusateurs, il y avait urgence à me ramener dans l’égout médiatique. Une autre hypothèse est qu’il s’agit pour ces bavards surpayés, haïs de la base de la profession, méprisés par une majorité de Français, de meubler l’espace médiatique sans faire d’efforts, le cul dans sa chaise bien au chaud.
Car le bavardage occupe de plus en plus de place sur ces plateaux. Et il y a une raison : ça coûte moins cher que le terrain. Et comme de plus en plus de sujets sont interdits d’antenne parce que trop risqués face aux contrôleurs politiques du prince, le bavardage est une occupation moins risquée. Avec un nouveau samedi d’omerta sur les violences policières et sur l’incendie de Rouen, le niveau d’estime pour ce système médiatique va faire un bond dans le pays. Et la suite est annoncée : la manif contre la poubelle nucléaire de Bures va subir une violence judiciaire annoncée avant même l’évènement. Mais, dans ce pays, selon la télé d’État, « le problème c’est Mélenchon ».