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Belloubet, la honte sans gêne

Nicole Belloubet est la ministre de la Justice. Son action n’est pas seulement, comme celle de tous ses collègues, un mensonge permanent sur les moyens réels en baisse tandis que ses annonces les disent en hausse. Son bilan est un sujet de honte pour notre pays. Elle est responsable d’un glissement désastreux pour la vie publique. Jamais l’instrumentalisation politique de la justice n’a été aussi grand. Jamais les lois n’ont été aussi hostiles aux libertés individuelles. Jamais les tribunaux n’ont été autant pressionnés pour faire preuve de férocité contre les leaders du peuple, qu’ils soient syndicalistes, écologistes ou politiques. Jamais les réseaux d’affinités politiques n’ont autant gouverné les désignations et les décisions de poursuites.

Mais ce n’est peut-être pas le pire. Après tout, qu’une personne qui a changé de camp comme cet ex « gâtée-pourrie » des promotions éclairs du temps du PS soit aussi un caméléon actif dans un gouvernement de dérive autoritaire, c’est dans l’ordre des choses chez une telle opportuniste. Le pire ce n’est pas ce qu’elle fait mais ce qu’elle ne fait pas. Elle ne dit mot quand un syndicat d’extrême-droite dans la police menace les juges. Elle ne dit rien quand ses services laissent faire des fuites illégales innombrables et elle ne déclenche aucune enquête quand les plaintes sont déposées. Elle laisse impunis les pires errements de violence policières. Elle ferme les yeux quand des actes abominables sont commis dans ce domaine. Par exemple dans le sort infligé aux Tchadiens de Montreuil à l’occasion de leur expulsion. Mais à qui elle inflige pourtant des poursuites pour rébellion et incitation à la rébellion après qu’ils ont été roués de coups. Elle couvre de son silence la lenteur du procureur qui a laissé passer des jours à refuser l’ouverture de l’enquête sur la mort du jeune Ibrahima que j’ai déjà raconté dans un précèdent post.

Plus récemment, Manon Aubry a découvert de drôles de centres de rétention de réfugiés. Ils ressemblent en effet bien fort à des structures d’enfermement et de privation de liberté. Mais ils sont pudiquement rebaptisés « centre de mise à l’abri ». Une totale violation du droit des étrangers qui ne peut exister ni durer sans son accord. On avait vu avec le procès de Bobigny contre six insoumis comment elle avait instrumentalisé la justice pour organiser sa guerre judiciaire contre nous (lawfare), un procès traquenard avant de chercher à le faire trainer avec un demande de report qui fut finalement rejetée. Et pour finir, le parquet, qui avait pourtant mandaté deux procureurs à l’audience, battit en retraite avec des peines d’amendes et une demande de prison réservée à moi seul sur les six présents. Mais il y a eu pire depuis : Le Canard enchaîné a affirmé que Belloubet s’apprêtait à faire la carte des tribunaux où seraient maintenus des juges d’instruction en fonction des résultats électoraux favorables ou non au parti de son protecteur, le président Macron, et à son nouveau parti, « La République en marche ».

Il ne s’agissait pas de croire Le Canard enchainé sur parole, cela va de soi. Mais Belloubet a avoué devant l’hémicycle rempli à l’Assemblée nationale. Pire, elle a aggravé son cas en expliquant que le document cité par Le Canard n’était pas une note (ce que personne n’avait prétendu) mais « un courrier de cabinet a cabinet ». Terrible aveu. Le cabinet de Belloubet cherche à s’accorder avec un autre cabinet ministériel extérieur à celui de la Justice pour organiser la répartition des juges d’instruction sur le terrain. Jamais une telle manipulation de la Justice ni les pressions sur son personnel n’avaient été aussi cyniquement assumés. « L’État RPR » que nous dénoncions dans le passé n’était rien à côté de l’État macronisé, et c’est certainement dans la justice que c’est le plus visible, le plus grossier et le plus brutal. Cela constitue une dérive d’une importance qui ne peut pas être sous-estimée quand on la met en rapport avec la dérive autoritaire globale du pouvoir macroniste dans le contexte global du moment social en France.

Belloubet devient une figure essentielle du système répressif macroniste et certainement son élément le plus important puisque c’est elle qui orchestre les manipulations judiciaires contre les dirigeants politiques de l’opposition et même ceux de la majorité qu’elle a dans son viseur. C’est elle qui pousse à la « fermeté » des juges contre les gilets jaunes, et ainsi de suite. Nous envisageons donc de la faire connaître au niveau international parce que les campagnes contre le lawfare ont besoin d’être rendu lisibles pour l’opinion. Le cas de Lula s’est popularisé aussi à partir du moment où le nom du juge Moro a été capté comme celui de l’homme responsable de cette manipulation judiciaire. Un visage humain est ainsi donné à l’exécution d’une politique qui a tant besoin d’invisibilisation de ses responsables. Dire Belloubet = 1000 condamnations à de la prison, c’est a la fois plus juste, plus humain et donc plus vrai que de mettre en cause des abstractions comme « la Justice ». D’ailleurs ce n’est pas de la Justice. À la veille d’évènements comme ceux qui se dessinent, Nicole Belloubet fait partie des personnes qui doivent être tenues pour responsable de la violence du régime avec Castaner et cette partie du réseau du PS rallié a Macron.

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