jeremy corbyn labour

13.12.2019

Corbyn : la synthèse mène au désastre

J’avoue que je ne suis pas étonné par le terrible revers électoral du parti travailliste et de Jeremy Corbyn. Il doit servir de leçon.

Première leçon : l’avant-gardisme bien-pensant ne mène nulle part. Ils ont fait du Tsípras avant même d’être élu. Annoncer qu’il voulait un nouveau référendum sur le Brexit, c’était inviter ceux qui veulent le Brexit à voter directement pour ceux qui le mettent en œuvre. Surtout que Corbyn a précisé qu’en cas de vote, il ne s’en mêlerait pas. On ne pouvait faire pire. À quoi bon des leaders qui ne s’engagent pas à propos de l’avenir de leur pays ? Les bastions ouvriers du nord qui votaient PS ont basculé dans le vote conservateur parce que ceux-ci leur garantissaient le Brexit. C’était toujours ça de pris !

Deuxième leçon. Pourquoi ont-ils fait une aussi grossière faute ? C’est le résultat des jeux d’appareils internes au Labour. Le Labour, c’est le PS anglais. Corbyn aurait du le refondre totalement au lieu de composer avec lui. Ou bien le quitter. Les vieux appareils bureaucratiques comme le Labour Party produisent des jeux d’appareils et rien de plus. Construire son raisonnement politique en fonction des points d’équilibre interne, c’est se tromper à coup sûr. Les problèmes comme les solutions sont dans les masses populaires, leurs attentes, leur volonté, leurs besoins. C’est là que Corbyn aurait du aller chercher ses consignes. Il a voulu plaire aux importants. En vain.

Corbyn a passé son temps à se faire insulter et tirer dans le dos par une poignée de députés blairistes. Au lieu de riposter, il a composé. Il a du subir sans secours la grossière accusation d’antisémitisme à travers le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud (parti d’extrême droite de Netanyahou en Israël). Au lieu de riposter, il a passé son temps à s’excuser et à donner des gages. Dans les deux cas il a affiché une faiblesse qui a inquiété les secteurs populaires.

Cette envie de bonne réputation, je l’ai vue de près. Quand je lui ai rendu visite, nous avons parlé en espagnol de ce qui se passait dans le monde. Il a publié un communiqué à ma sortie se félicitant de notre intérêt commun pour l’investissement public dans les entreprises. Ce genre de façon, je l’ai connu souvent. À l’étranger et en France. Ça ne mène nulle part ceux qui les adoptent. Au contraire. Les gens sérieux regardent en coin et comprennent qu’il y a anguille sous roche. Comment croire que nous ayons discuté d’investissement public alors que reposait sur nous l’espoir d’une bascule de notre famille dans le camp du changement des règles du jeu du monde ?

Tel est le prix pour les « synthèses » sous toutes les latitudes. Ceux qui voudraient nous y ramener en France perdent leur temps. En tous cas je n’y céderai jamais pour ma part. Retraite à point, Europe allemande et néolibérale, capitalisme vert, génuflexion devant les ukases arrogante des communautaristes du CRIF : c’est non. Et non c’est non.

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