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Changement climatique : l’heure de la contrainte est venue

Ce jour là, la pluie tombait. Je devrais écrire : les nuages s’effondraient sur l’Espagne. C’est la tempête Gloria. Un « épisode de dépression » comme ils le nomment. Des gens sont morts de froid. D’autres ont reçu des tuiles mortelles que détachaient des rafales de vent à plus de cent kilomètres/heure. Des immeubles se sont effondrés sous le poids de l’eau qui s’était accumulée sur le toit. Le toit-terrasse, cette configuration classique des constructions méditerranéennes, est devenu une menace pour les immeubles. Un mur d’eau s’est mis à courir sur les rivières et ruisseaux. En mer, une vague de 14 mètres est apparue. Ce n’est pas la pire qu’on ait vu. Les vagues exceptionnelles, avant c’était 20 mètres. Dorénavant c’est 30 mètres. Mais quand même. C’est la hauteur d’un immeuble de quatre étages…

Puis la tourment atteint l’Aude et les Pyrénées orientales. Même situation : le ciel s’effondre en pluies d’une incroyable densité qui lessivent les sols imperméabilisés par les constructions humaines et sur un environnement naturel incapable d’accueillir de telles quantité d’eau. Comment oublier le précédent épisode de cette nature en 2018 : 14 morts, six mille sinistrés. Il était tombé autant d’eau en quelques heures qu’en trois mois de pluie ordinaire. Cette fois-ci encore, 1500 personnes déplacées, des milliers de gens privés d’électricité, des millions de dégâts à réparer.

L’épisode de pluie du grand sud est il y a une quinzaine est dorénavant dépassé en intensité. Tout cela est signé : le changement climatique est commencé. Les trombes d’eau dans le ciel viennent du réchauffement de la mer. L’évaporation s’accentue et des nuages surchargés se déchirent en libérant des trombes d’eau et de grêlons. Ceux-ci déclenchent à leur tour des vents terribles. Et ainsi de suite. Ce qui est en cause désormais : de quelle capacité de mobilisation disposent nos sociétés pour faire face ? Cela veut dire à la fois trouver les moyens d’en disposer sur le plan humain et financier. Mais aussi mettre en place tout ce qui permet de s’adapter à la nouvelle situation. Cela veut dire changer les facons de construire, de stocker, de faire circuler. Rien de tout cela n’est possible dans le modèle néolibéral. Dans son cadre en effet, la réparation et les secours sont marchandisés, l’État et les services publics sont réduits à la portion congrue. On a vu le résultat en Australie avec les feux impossibles à éteindre parce que l’eau a été vendue à des fonds de pension et que les unités de pompiers réduits au minimum pour que la puissance publique puisse faire des économies. Et quand enfin la la pluie arrive, à son tour elle tue.

Ce contexte change la nature des politiques à mettre en œuvre. Non seulement dans leurs contenus mais aussi dans leurs méthodes. La politique de l’intérêt général ne peut plus être seulement « incitative ». Elle doit devenir astreignante et contraignante face aux résistances des interêts particuliers.

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