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D’accord avec Olivier Faure pour dissoudre le PS

Bien sûr, ce titre est destiné à vous tirer l’œil. Car je voudrais faire bien connaître l’interview d’Olivier Faure publiée par Libération. C’est vraiment un texte intéressant. En effet, il propose des choses tout à fait étonnantes. Pourtant aucun commentateur ni politologue n’a réagi. Dommage. Car il envisage sans problème qu’il n’y ait pas de candidat du PS à l’élection présidentielle. Et aussi qu’il recommande un congrès d’unification générale sur le mode de celui qui a fondé le PS en 1905.

La preuve dans le texte. Une candidature hors du PS ? Oui, dit Faure si c’est celle d’un bloc et d’un projet commun. « Libé : Ça veut dire que lors de la prochaine présidentielle, il n’est pas certain de voir un candidat PS ?  « Il faut penser en termes de bloc et de projet. Si nous nous regardons comme des concurrents, comment un socialiste, un écologiste, un communiste ou un radical pourrait accepter un candidat qui n’a pas le même pedigree que lui ? Le bon candidat, c’est celui qui porte le projet commun, incarne une autre façon de gouverner et qui peut nous amener à la victoire. » Dissoudre le PS pour créer un nouveau parti commun ? Oui dit Faure, si c’est celui d’un projet et d’un bloc. Du coup la question suivante de Libé est moins sidérante qu’il y parait. « Olivier Faure : Quelle est l’histoire du mouvement ouvrier ? Divisé au XIXe siècle, il s’est unifié au début du XXe dans le bien nommé “congrès du Globe”. Jaurès, Guesde, Vaillant ont dépassé leurs fortes divergences pour créer la SFIO devenue ensuite le Parti socialiste. Sans ce geste initial, sans leur vision et leur sens des responsabilités, nous n’aurions pas construit le modèle social français et européen. A nous aujourd’hui de bâtir l’offre politique du XXIe siècle en créant un bloc social, écologique, féministe et démocratique ! Libération : Est-ce que vous êtes le dernier premier secrétaire du PS ? »

Un bloc, un bloc. Le « Blok et le projééé ». Voilà donc le bloc prôné par EELV adopté par Olivier Faure. Pour ce bloc et ce projet il va de soi qu’il y a une exclusive : les Insoumis non évoqués dans la liste des heureux bénéficiaires de la candidature commune du « bloc ». Et de même pour ce qui est du projet. Sur ce point, l’arrogance du PS n’a pas pris une ride. « Jusqu’à présent, Jean-Luc Mélenchon brandit son programme baptisé “L’Avenir en commun”, mais qui est commun à ses seuls amis. Je fais confiance à son sens politique pour percevoir vite où sont les dynamiques. » Elégant, non ? Clairement, notre contribution n’est pas la bienvenue. Pourquoi ne le dit-il pas ouvertement ? Pourquoi ne dit-il pas ce qui lui semble inacceptable dans notre programme ? Car tout de même, « L’Avenir en commun » et son candidat ont regroupé 7 millions « d’amis » électeurs qui ont voté pour lui en 2017. Est-ce raisonnable de les mépriser aussi ouvertement ? Mais Faure raye d’un trait de plume ce qui l’embarrasse. Qu’est- ce qui lui pose des problèmes dans « L’Avenir en commun » ? Juste qu’il convient à mes « amis » ? Il ne veut pas de leur voix ? On n’en parlera pas. À quoi bon ? Faure sait ce qui est bon, Faure a toutes les bonnes idées, même celles des autres. « J’ai proposé une université d’été commune de la gauche et des écologistes à Julien Bayou [le secrétaire national d’Europe Ecologie-les Verts, ndlr] pour entrer dans une première concrétisation. Il s’est saisi de l’idée et l’a fait fructifier avec talent. Il faut maintenant avancer. » Hue cocotte ! hue ! Ce n’est pas la première fois que ses bonnes idées nous sont infligées par d’autres. Ainsi est-ce lui qui a proposé dans une question d’actualité ces réunions traquenards autour du Premier ministre. Lequel l’en remercia dès la première réunion.

Puisqu’il a confiance en moi pour « voir où sont les dynamiques politiques », il devrait avoir confiance pour l’inverse. Je sais où la dynamique ne sera jamais plus. Personne ne veut plus du PS ayant à sa tête l’ancien président de groupe parlementaire du PS, olivier Faure, qui organisa la discipline pour faire voter les lois liberticides de Valls, le crédit impôt recherche, le CICE et la loi El Khomri, pour ne citer que cela. Et pendant que j’y suis, je demanderais volontiers quel est le programme du PS à présent ? Car un programme commun avec EELV existe aujourd’hui. C’est celui qui fut conclu entre Hamon et Jadot pour soutenir la candidature déjà commune de Hamon. En fait tous ces gens font le même calcul : tout le monde a tout oublié, aucun engagement passé n’a d’importance, aucun texte ne dure davantage que le temps de le signer sans le lire. Cette forme de mépris pour les idées atteint les sommets du cocasse. Ainsi quand Faure oublie – sapristi ! – que le programme de 2012 dont j’étais le candidat commun pour le PC et le PG s’intitulait « L’Humain d’abord ». Alors il peut pérorer : « Être lucide, c’est aujourd’hui être radical dans ses approches. Si l’humain n’est pas remis au cœur de nos sociétés, elles exploseront. » Radical, lucide, l’humain d’abord. Bref, Faure nous a fait perdre 8 ans car à l’époque il préférait faire croire aux mensonges délibérés de François Hollande à propos de son ennemi « la finance ». Je ne voudrai pas finir sur une note aussi négative et faire avancer le débat. Pour faire un effort, sans nostalgie pour ce passé profond auquel j’appartenais, je pourrai bien être d’accord pour que le PS s’autodissolve.

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