re confinement

27.01.2021

La semaine où on ne sait pas si…

Jour après jour, la pandémie étouffe tout autre sujet de discussion sur les plateaux de télévision et de radio. Ce que l’on appelait le « court-termisme », c’est-à-dire la gestion à courte vue, sans aucune perspective de long terme, est devenu la norme désormais dans la vie quotidienne de tout un chacun. On ne sait pas si on sera confinée demain, on ne sait pas qui sera vacciné ou pas. En fait on ne sait rien. Et il faut vivre dans l’incertitude absolue pour sa vie quotidienne.

Aucun d’entre nous insoumis, ne croit que cela soit possible. Il est exact qu’il s’agit là d’un dressage de masse à une obéissance aveugle. Le prix à payer en cas de refus d’obtempérer est soit des amendes de toutes sortes, soit la maladie ou avec elle la mort. Tel est l’ambiance à présent. À notre sens, une telle société n’est pas viable. Il faut donc s’attendre à ce que dans un plus ou moins long terme, la discipline craque d’une manière imprévue et dans des formes imprévisibles. Les premières émeutes contre des décisions de confinement que l’on a pu observer ici ou là dans le monde en attestent. Il est frappant d’observer comment aux Pays-Bas, les émeutes ont donné lieu aussi à des pillages de magasins d’alimentation. Quel révélateur de la profondeur de la crise sociale ! On voit réapparaître dans tous les pays des famines. Elles sont évidemment socialement situées.

Je me lasserais à reprendre ici tous les avertissements et les propositions dont nous avons, nous groupe parlementaire des insoumis, émaillé toute la période depuis le premier confinement. Je n’y reviens pas : cinq plans d’action, onze propositions de loi. Mais on continue à entendre de la part des lamentables députés LREM des « vous refusez tout, vous ne proposez rien ». Bien sûr cela signale avant toute chose à quel point ces gens sont incapables d’écouter quoi que ce soit d’autre qu’eux-mêmes.

Il est important de le dire et de le répéter : la France ne peut pas vivre de confinement en déconfinement et reconfinement. Pas seulement pour des raisons économiques, pas seulement pour des raisons d’organisation de la vie quotidienne. Elle ne le peut pas tout simplement parce qu’il est impossible de vivre en société de cette manière. Et les êtres humains ont besoin de vivre en société. L’incapacité du gouvernement à imaginer des alternatives au confinement exprime l’impasse sur laquelle débouche ses a priori idéologiques. Les néolibéraux croient que les êtres humains sont d’abord des producteurs ensuite des consommateurs, un point c’est tout. Ce que nous voyons c’est non seulement la limite d’une illusion idéologique mais c’est surtout le désastre qu’elle provoque.

Aucune des causes de la pandémie n’a été maîtrisée. Les élevages ultra intensifs par lesquels se propagent des zoonoses de masse sont toujours là. De même que les longues chaînes d’approvisionnement et d’interdépendance de l’alimentation et sa distribution. L’Organisation mondiale de la santé, et d’innombrables observateurs, ont dit et répété qu’il fallait s’attendre à une multiplication des pandémies. Il est donc essentiel de bien comprendre que nous devons apprendre à vivre avec. Et vivre, ce n’est pas mettre entre parenthèses la vie sociale et tout ce qui va avec. Souvenons-nous sur ce point que les pays d’Afrique vivent depuis des décennies au milieu des pandémies ou des maladies récurrentes. Ainsi le paludisme reste aujourd’hui la première maladie mortelle du monde. Vivre avec le risque de pandémie cela signifie : vivre autrement. Il va falloir orienter autrement les services de santé qui n’ont pas eu pour premier objectif la prévention et le traitement des pandémies comme d’autres systèmes sanitaires, notamment ceux d’Afrique.

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Dans l’immédiat, plutôt que le confinement, nous croyons au roulement. C’est-à-dire utiliser par rotation les transports en commun, les salles de classe, les chaînes de production, les locaux dont on a l’usage quel qu’il soit. La logique de la rotation doit remplacer celle du confinement. Le confinement doit être réservé à ceux qui sont malades. Il faut donc se donner les moyens de les accueillir pour les isoler. Je crois que tout cela est « de la politique », au sens noble que l’on peut et que l’on doit donner à ce mot. Il est important d’accepter de parler politique. Le faire, c’est commencer à ne plus être un pion dans la situation mais l’auteur de sa propre vie. Nous, les insoumis, nous en avons davantage besoin que d’autres. D’abord sur le plan psychologique car nous ne savons pas vivre sans discuter et disputer. Ensuite sur le plan politique. Le dernier sondage paru sur les élections présidentielles nous en informe assez crûment. En regardant de près le résultat nous notons qu’il nous est appliqué un taux d’abstention supérieure à celui des autres électorats tels que les socialistes ou les écologistes. Le résultat nous donne alors deux à trois points de moins que nous aurions si nous avions le même taux d’abstention. C’est clair : l’électorat jeune et populaire n’a pas la tête aujourd’hui dans le débat politique ni dans les alternatives à trouver face à la situation qu’il subit. Occupé à survivre, les nôtres sont naturellement indifférents au reste. C’est bien ce que nous pensions quand nous avons décidé de commencer tôt notre campagne présidentielle. On connait nos milieux sociaux. Il nous faudra y travailler plus dur, plus profondément, plus longtemps, plus méthodiquement. De leur côté, les milieux des classes moyennes supérieures qui vivent au rythme des effets de mode disposent des moyens et du temps d’une réflexion plus tranquille.

Que cela n’empêche pas un moment de légèreté amusée à cet endroit de mes lignes. Avez-vous noté comment tous ceux qui m’avaient accablé de leur sarcasme à propos de mon démarrage «  trop tôt » (en campagne présidentielle) sont à leur tour entrés dans l’arène ? Leur calendrier a donc été avancé ? Certains effets de « candidature champignon » se sont donc aussitôt épuisés, notamment dans la gauche traditionnelle. Là, les désillusions sondagières succèdent désormais aux inflations médiatiques. Ce feuilleton anime le paysage et il ne faut pas s’en plaindre s’il permet d’attirer l’attention. Il est possible qu’il produise aussi l’effet inverse. On a vu comment la télé du gouvernement, France 2, a traité l’autre jour le thème de « présidentielle à gauche ». Taubira, Montebourg tenaient le haut de l’affiche de France 2. Puis on mentionna qu’il y avait déjà « d’autres candidatures » et tous les noms étaient mis bout à bout sans discerner les cas et en oubliant du monde. C’est naturellement la pire vision politicienne qui puisse être ! Son résultat est avant tout de démoraliser et de dégoûter. À la fin de ce « sujet », pas une seule fois avait été évoqué autre chose qu’une compétition de personnes. Il était impossible de savoir ce qui éventuellement pouvait distinguer les uns des autres quant aux idées proposées. Bien sûr c’est désolant. Mais c’est assez traditionnel. C’était déjà la même chose en 2016. C’est toujours pareil. Ces « analystes » n’ont aucune espèce d’idées. Ils croient que la compétition peut se réduire à des questions de personnes comme c’est le cas dans leur profession. Comme dirait ce bon Marx : « les idées dominantes sont celles de la classe dominantes ». Et naturellement, cela vaut pour toutes les castes également.

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