Défendre l’usine de Duppigheim contre les intérêts financiers d’Unilever

M. Jean-Luc Mélenchon interroge M. le ministre de l’économie, des finances et de la relance au sujet de la situation de l’usine Knorr Bestfoods France Industries de Duppigheim (Bas-Rhin). Les soupes Knorr sont fabriquées en Alsace depuis 1953. Elles le sont sur le site de Duppigheim depuis 1983. La marque Knorr a été rachetée en 2000 par le groupe Unilever. Depuis, Unilever semble avoir orchestré la chute de rentabilité du site de Duppigheim.

L’usine employait 500 personnes en 2009. Elle n’en emploie plus que 261. En effet, le groupe Unilever a délocalisé une partie de l’activité vers l’Europe de l’Est, l’Allemagne ou encore l’Italie. Mécaniquement, le coût de revient à la tonne produite augmente. Pourtant, selon les syndicats, le site est tout à fait rentable et souffre surtout d’un manque d’investissements. Cela permet aujourd’hui à Unilever d’annoncer la fermeture prochaine de l’usine, en prétextant une sous-utilisation des capacités de production.

En 2007, le service recherche et développement avait déjà quitté Duppigheim pour la Pologne. En 2014, le transfert des productions déshydratées vers l’Allemagne avait supprimé 41 postes. Aujourd’hui, il semblerait que l’opération soit une pure et simple délocalisation vers d’autres sites européens. Unilever évoque dans un communiqué le « déclin structurel des ventes de soupes industrielles depuis 10 ans ». Si tel est vraiment le cas, une reconversion du site aurait pu être planifiée. Au lieu de cela, il semblerait que le groupe ait commencé à chercher un repreneur il y a plus de deux ans. L’objectif semble être la recherche de marges toujours plus grandes. Pourtant, le groupe est loin d’être en danger. Il a bénéficié ces dernières années de centaines de milliers d’euros de subventions publiques, à commencer par le crédit impôt compétitivité emploi. Il a réalisé un chiffre d’affaires de 12,3 milliards d’euros au premier semestre 2021 et table sur une croissance de 3 à 5 % pour l’année.

À juste titre, les syndicats évoquent un manque de loyauté et des « licenciements de confort » au profit des actionnaires. Pour les salariés, du moins seulement 70, la seule proposition d’Unilever est un transfert vers des usines situées à plusieurs centaines de kilomètres de celle de Duppigheim. Il aimerait savoir quand il compte prendre position pour défendre les salariés de l’usine de Duppigheim contre les intérêts financiers du groupe Unilever.

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