Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale le 3 novembre 2021 contre la prolongation du pass sanitaire. Voici la retranscription de cette intervention.
« Je voudrais apporter un soutien à l’idée de territorialisation dont peut-être je n’aurais pas été convaincu il y a quelques mois, mais c’est mon passage en Guyane qui m’a convaincu que sur les territoires, notamment ceux ci, la capacité d’évaluation de ce qui est juste ou ce qui est nécessaire et ce qui est efficace est plus fine sur le terrain. Voyez-vous, le territoire de la Guyane depuis mars 2020 est en situation d’urgence. Là, nous sommes sous couvre feu tous les jours à 19 h. Les gens n’en peuvent plus. Et lorsque vous discutez avec les responsables politiques de tout bord – je m’empresse de le dire – tous disent : « On ne peut pas continuer comme ça».
Bien sûr, on n’est pas arrivé à convaincre la population de se faire vacciner massivement – je mets de côté la discussion sur les vaccins, mais puisque c’est le repère… – et on en déduit que puisque il y a peu de vaccinés et qu’il y a des risques que tout le monde connaît, notamment la frontière commune avec le Brésil, extrêmement contaminé, ou avec le Surinam, par conséquent, il faut appliquer ce régime sévère.
Ce n’est pas ce que pensent les gens sur place. Ils pensent que pour convaincre, ils ont besoin de desserrer l’étau. Et je vous garantis que les personnes que j’ai rencontrées, dont notre collègue qui est maintenant le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville, ne sont pas du tout du genre à se laisser aller ou à être sans précaution à l’égard des dangers. Voilà leur position et je me fais un devoir de l’exprimer devant vous pour que vous compreniez que cette question se pose comme ça sur le terrain. Et je suis persuadé qu’en Martinique, la situation est très largement comparable dans la mesure où le président de l’Assemblée territoriale a lui aussi demandé pour finir à l’État de faire une médiation après qu’il se soit lui même très avancé en faveur du vaccin, sans convaincre non plus les populations locales. Donc, on a besoin de faire confiance aux décideurs locaux pour savoir quel est le chemin le plus adapté pour convaincre, parce que c’est ça le véritable enjeu. »