Cette campagne présidentielle manipulée n’en finit plus d’exposer ses conséquences. Car elle n’a mis aucun sujet de fond à l’ordre du jour en dépit de tous nos efforts. Je pense en particulier au problème de l’eau. Du coup vaine et creuse pour une bonne part la campagne n’a réglé aucune des grandes urgences de notre époque. Un président sans mandat a donc été élu. À présent, l’actualité n’en finit pas de nous donner raison. Et l’impréparation est complète.
Je ne compte plus mes alertes sur la crise de l’eau. Comment oublier l’air de surprise générale qui m’a accompagnée sur ce thème ? Je refais donc le tableau rapidement. L’eau est d’abord massivement polluée aux pesticides. 46 experts français ont compilé 4 000 études scientifiques. Leur conclusion rendue le 5 mai dernier est sans appel : les pesticides contaminent tout le vivant. Du DDT, interdit depuis 20 ans dans 158 pays, a même été retrouvé dans les glaces du pôle ! Les scientifiques s’accordent à présent sur une mauvaise nouvelle de plus. Une sixième limite planétaire (sur neuf) vient d’être franchie. Désormais, le bon fonctionnement du cycle global de l’eau douce est altéré. Ce sont les mots que nous avons employés il y a cinq mois, informés que nous étions par les alertes des nôtres, chercheurs dans ce domaine. La perturbation du cycle de l’eau est un des aspects du changement climatique déjà commencé.
Ses conséquences irréversibles mettent déjà en péril la vie de millions d’êtres humains. Ainsi, la capitale chilienne envisage un plan de rationnement de l’eau potable pour 1,5 million d’habitants. L’Inde et le Pakistan ont frôlé les 50°C pendant plusieurs jours. Cette chaleur extrême a entraîné pénuries d’eau, coupures d’électricité et embrasements instantanés de végétation et de décharges à ciel ouvert. Cette région, la plus peuplée du monde, pourrait devenir inhabitable dans les années à venir. En toute hypothèse, le déplacement forcé de millions d’individus devrait être une préoccupation mondiale de premier plan.
De son côté, l’ONU s’inquiète d’une « spirale d’autodestruction » : d’ici 2030, le monde pourrait subir plus d’une catastrophe par jour. On s’en approche déjà. L’année 2021 en Europe a été ponctuée de pics de chaleurs, d’inondations terribles et d’ouragans en Méditerranée. Cela risque de devenir la norme. En effet, le changement climatique est irréversible. Nous l’avons maintes fois répété : il faut s’adapter au système de la nature. C’est le sens de la planification écologique proposée par l’Avenir en Commun. Combien de rapports et d’alertes de scientifiques faudra-t-il encore ?
Nous voici donc entrés dans l’ère de l’incertitude écologique. On peut lire ma tribune postée depuis la Bolivie à ce sujet. Cette nouvelle ère prend des contours inattendus. Il faut désormais envisager la vie en état de pandémie permanente. En effet, le Covid-19 a mis au jour le lien entre destruction systématique de la nature et santé humaine. Dès le mois de mai 2020, j’ai pointé du doigt l’aggravation des facteurs constitutifs des épidémies. Au point de départ se trouve un fait social : l’obsession du moindre coût et de l’accumulation par l’agriculture industrielle. Cela se traduit d’abord par la déforestation. Dans son dernier rapport, le 27 avril 2022, l’ONU le confirme : 40 % des terres sont dégradées par l’agro-industrie. Ensuite, la multiplication des fermes-usines favorise la propagation des virus. Ce n’est pas faute d’avoir demandé leur interdiction tant de fois !
Résultat : la cinquième vague de grippe aviaire sévit en France depuis plusieurs mois. 20 millions de volatiles ont été abattus dans des conditions sordides. Encore une fois, nos alertes sont confirmées par l’actualité. Le 27 avril, le premier cas de transmission à l’Homme du variant H3N9 de la grippe aviaire a été observé en Chine. Ce ne sera ni la première ni la dernière fois. En effet, selon une étude publiée dans la revue scientifique Nature le 28 avril, le changement climatique va accélérer les transmissions de virus entre espèces.
Une autre pandémie menace. Je parle de la malbouffe. Plusieurs de mes discours ont porté sur les conditions sociales et les conséquences sanitaires de la concentration de sucre, de sel et d’additifs dans la nourriture industrielle. C’est au tour de l’Organisation Mondiale de la Santé de tirer la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié le 3 mai, elle s’inquiète de l’épidémie d’obésité dont souffre l’Europe. 1 adulte sur 4 est obèse. C’était 1 sur 10 il y a 50 ans. Au total, la malbouffe coûte 50 milliards à la Sécurité sociale.
S’il n’y avait que ça. La guerre en Ukraine dure depuis près de 3 mois. Avec elle, le risque nucléaire comporte un nouvel aspect : celui de se transformer en une cible militaire. Dès le mois de mars, j’ai proposé le concours des casques bleus pour les protéger. Cela a été ignoré. Désormais, le Président ukrainien le réclame aussi. Le moindre incident exposerait 500 millions de riverains de la Méditerranée. Va-t-on enfin prendre la mesure du danger ?
Je ne prétends pas succéder à Nostradamus et ses prophéties. L’avenir est structurellement imprévisible sinon par probabilités. Mais l’actualité démontre l’intérêt général du programme de la Nouvelle Union populaire. Le pire reste à craindre. Le seul moyen pour y faire face est d’être unis. Car les plus unis résisteront le mieux. Il y a donc un lien intrinsèque entre les questions sociales et l’écologie politique. Un lien entre les maltraitances écologiques et sociales à venir : interdire les pesticides et les fermes-usines, éradiquer la malbouffe, réparer les canalisations d’eau… Un autre monde reste nécessaire et il est possible dans cinq semaines !