15.05.2022

La semaine où mon prédécesseur va être désigné

Cette semaine, le Président va désigner mon prédécesseur. Lui sera nommé. Moi j’espère être désigné par le vote des législatives prochaines. Que va décider ce nouveau gouvernement intermédiaire ? Il appliquera la feuille de route sur laquelle s’est engagé le précédent devant la Commission européenne. L’austérité, le retour aux 3 % de déficit. Cela au moment où la BCE annonce une prochaine hausse de ses taux… Contraction de l’activité garantie. Hausse du chômage certaine. Erreur totale.

Au moment où je boucle mon post, je reçois un flot croisé de notes sur la situation économique. Un sujet qui me passionne comme on le sait peut-être. Je décide donc de bouleverser ma publication pour mettre noir sur blanc ce que je pense des questions sur les salaires et les prix. Avec l’espoir de ne pas être trop ennuyeux. Car je ne sais combien de temps j’aurai bientôt devant moi pour tenir le clavier de ce blog qui reste le vaisseau amiral de ma communication, même si ce n’est pas le plus fréquenté de mes instruments d’expression.

J’avais prévu une publication sur la façon dont je suis traité en média. J’avais sous la plume un papier du « Monde » spécialement bien glauque. Puis est arrivée la une du « Point » et ses pages grotesques. À la relecture, à quoi bon revenir là-dessus dans le moment ? Qui est concerné à échelle de masse ? Des convaincus. Ce sont donc deux journaux qui n’égarent au fond que leurs lecteurs. Certes, une partie d’entre eux votent pour nous. Ils savent donc déjà faire la part des choses puisqu’on leur a bien bourré le crâne, sans effet. « Le Monde » c’est « la bourgeoisie faites journal » comme disait Léon Trotsky. Quant au « Point », c’est un tract d’extrême droite depuis maintenant assez longtemps pour que je n’y perde pas mon temps ni le vôtre.

Donc l’urgence fait pertinence. L’activité économique ralentit sévèrement en France. Le chômage va donc croître sévèrement car la plupart des emplois « créés » récemment le sont à durée déterminée ou même sur « mission » et autres statuts précaires super sensibles à la conjoncture. Et dans 5 mois arrivent environ 750 000 jeunes sur le marché du travail, comme chaque année. Cela va aggraver le chômage de la jeune génération. Il ne sera pas toujours possible d’obtenir des médias macronistes qu’ils disent le contraire en masquant la réalité par la masse des contrats d’apprentissages qui se signent en raison des primes données pour cela. Contrats dont 25 % sont rompus au bout de trois mois… Dans le même temps, l’inflation monte à presque 5 %. Le prix actuel de l’argent emprunté fond d’autant. Tant que les taux d’intérêt ne rattrapent pas la marge, l’endettement continue à se faire à moins cher que jamais et même encore nettement à bilan négatif. Notez-le.

Le danger dans le modèle productif actuel de l’économie capitaliste est la conjonction d’une inflation dure conjuguée à une production en baisse. C’est contre cela qu’avait été lancé le grand plan de la BCE pour injecter de l’argent sans condition dans les banques pour qu’elles fassent du crédit. Retour à la case départ donc. Le schéma économique du programme « l’Avenir en Commun » était simple et clair face à ce sujet : relancer la consommation populaire par les salaires et les minimas sociaux, et l’abaissement des coûts des services collectifs. L’épure reste la même. Car la consommation populaire, c’est 53 % du PIB, et c’est à 80 % des produits locaux… Le programme de Macron, lui, c’est le retour aux 3 % de déficit donc la paralysie de l’investissement public et des salaires de la fonction publique ; la retraite à 65 ans donc 600 000 postes de travail bloqués et 4,5 milliards de dépenses supplémentaires au RSA et à l’indemnité chômage. Qui est le plus raisonnable ? Qu’est-ce qui est le plus payant : la vie plus douce ou la vie plus dure ?

La BCE va faire une grosse bêtise

La Banque centrale européenne est confrontée à une forte inflation dans la zone euro. Elle prévoit bientôt une hausse des taux d’intérêt auxquels elle prête aux banques qui elles-mêmes vendent du crédit ensuite. Commençons par dire que dans le contexte économique actuel, la hausse des taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation est inutile.

En effet l’inflation résulte principalement de la hausse des prix des matières premières. Principalement gaz et pétrole. Et donc de tous les produits dérivés de ces matières ou nécessaires à la production pour le chauffage, la transformation ou la réalisation d’une manière ou d’une autre d’une production. Dans ce contexte, une politique monétaire restrictive est inefficace. Pourquoi ? Déjà parce que les prix des matières premières sont mondiaux. Les hausses des taux d’intérêt n’auraient pas d’effet à cette échelle sur les prix concernés. D’autre part, en ralentissant l’activité, la hausse des taux d’intérêt ferait monter le taux de chômage. Et stagner ou diminuer les salaires. Mais la part des salaires dans le prix est secondaire quand les matières premières explosent. Total : toujours de l’inflation, mais moins d’activité. Risque de stagflation. Le piège absolu pour une économie capitaliste.

Alors pourquoi les Banques Centrales montent-elles les taux d’intérêt ? Pour faire passer aux financiers et rentiers le message qu’elles s’inquiètent de l’inflation. Mais cette solution n’est pas la bonne : elle affaiblit l’investissement, sans avoir d’effet significatif sur l’inflation et en freinant l’activité. Du coup, je dis que remonter les taux d’intérêt est donc non seulement inutile, mais dangereux.

La hausse des taux d’intérêt va en effet réduire très fortement l’activité́ et l’emploi dans un contexte déjà très dépressif. En France, au premier trimestre, on a eu 0 % de croissance et au second la prévision est de 0,25 %. La hausse des taux d’intérêt aura donc d’abord un impact négatif, direct et mécanique sur la hausse des taux sur la demande de consommation. Elle baissera. Le chômage augmentera donc la demande baissera encore. Sans effet sur les prix. Taux plus élevé, égale aussi difficultés à acheter et vendre des actifs. Pauvre rentier ! Son portefeuille va baisser de valeur.

Dernière calamité économique prévisible : pour garder des dettes publiques remboursables et compenser l’augmentation du service de la dette il faut baisser la dépense publique. Adieu la commande publique qui est pourtant le premier investisseur du pays. Et adieu les embauches et les créations d’emplois publics dans l’hôpital ou pour l’école. Donc adieu aux consommations qui en résulteraient. Le coût en perte d’activité́ et d’emplois de la lutte contre l’inflation par la hausse des taux sera donc très élevé.

Aujourd’hui, la BCE a un objectif d’inflation à 2 %. Mais la maintenir à ce niveau nécessiterait une hausse considérable des taux d’intérêt, qui déclencherait une récession et ne permettrait pas de réaliser les dépenses publiques nécessaires dont le coût de financement deviendrait trop élevé. Pour éviter ces effets d’une politique monétaire nettement plus restrictive, on peut imaginer plusieurs pistes. D’abord, de retirer de la masse monétaire à l’endroit où il devient spéculatif et de la verser là où elle devient socialement productive. On fait donc des impôts qui prélèvent sur les riches et leur capital. Autre idée plus simple : modifier l’objectif d’inflation des Banques Centrales. Car quel est l’inconvénient d’avoir une inflation à 5 % si elle ne dure pas ? Les Banques Centrales doivent accepter une inflation de 4 ou 5 % en 2023. Car l’année suivante est un autre jour.

Bloquer les prix : comment faire

Face à l’augmentation des prix, l’outil numéro un est le blocage des prix. Le code du Commerce rend cette mesure possible. Elle a déjà été appliquée pour les carburants en 1991 et en 2019 pour les masques anti-Covid et le gel hydroalcoolique.

Bloquer les prix, mais pas tous. Seulement ceux qui sont en tension ou dont l’augmentation révèle une spéculation. L’objectif est de contenir et d’encercler le problème quand il se pose. C’est la façon la plus directe de casser la spéculation. Car, pour le reste, le risque de pénurie n’existe pas : la quantité de la demande était satisfaite avant cette flambée, cela montre que la capacité productive était à bon niveau.

La pénurie est déjà là : ceux qui ne peuvent se payer un produit en manque, cela va de soi. Les pénuries sont donc socialement maitrisables. Pour réussir ce pilotage fin, nous avons besoin d’un outil. C’est-à-dire d’un observatoire des prix. L’INSEE peut fournir le personnel pour cela ainsi que les méthodes de travail.

Pour l’heure, nous n’avons un tel outil que pour l’agriculture. Rappelons au passage qu’il remonte d’étage en étage jusqu’à l’Union européenne dans son ensemble. Elle utilise ces données pour fixer le niveau des aides aux diverses productions agricoles. Cela prouve donc que c’est possible puisqu’il y a un précédent. Et cela prouve une fois de plus que la solution qui consiste à fixer un prix unique de l’essence en euros est la méthode directe pour casser l’inflation sur le point où elle se génère aujourd’hui : le pétrole !

Salaires : ce que nous proposons

L’inflation ronge dorénavant les salaires dans des proportions de nature à augmenter de façon spectaculaire la part des travailleurs pauvres dans la population active. Outre le malheur pour les gens eux-mêmes, c’est toute la mécanique économique qui sera impactée. C’est-à-dire ralentie au prix d’un chômage en expansion.

Car 53 % de la croissance dans notre pays résulte directement de la consommation populaire. La perte de pouvoir d’achat par l’inflation d’un côté réduisant la consommation. De l’autre, l’annonce de l’augmentation des taux d’intérêt qui réduira l’achat à crédit et d’éventuels investissements, tout cela est de très mauvais augure. Notre logique est à l’inverse : faire tourner la machine pour satisfaire les besoins exprimés. Mais aussi opérer la sélection des productions pour qu’elles soient écologiquement durables.

Au total, c’est augmenter l’activité ou répartir le temps de travail qui reste le moyen d’empêcher l’effondrement de l’économie. Nous avons pour cela une fusée à mettre à feu. Elle décolle à partir des salaires.

La part des salaires doit donc augmenter dans la répartition. J’ai annoncé le plan de marche. Augmentation du SMIC et convocation des conférences salariales annuelles obligatoire pour régler le problème des minimums conventionnel par branche puisque 85 % d’entre eux sont inférieurs au SMIC. Naturellement, c’est illégal. Mais pourquoi ne pas saisir au vol la possibilité de poser à plat toutes les questions qui s’y trouvent liées ?

Évidemment, les grilles de salaires seront mises en discussion pour s’adapter à la nouvelle donne du salaire minimum conventionnel dans chaque branche. Et alors on peut ajouter à la discussion trois points qui me semblent directement liés : l’écart maximum dans la grille des salaires (de 1 à 20 selon notre programme). Là arrive la question de l’égalité salariale femmes-hommes décidée depuis 1972 et jamais réalisée. Une question qui implique ensuite le niveau de cotisations sociales encaissées pour financer les retraites par exemple. Reste alors au total la question de la part respective des dividendes et des augmentations de salaire annuelles dans la distribution des bénéfices (interdiction de distribuer davantage en dividendes qu’en augmentation de salaire selon notre programme).

Macron déclare caducs les traités européens

Le 9 mai, Emmanuel Macron prononçait un discours au Parlement européen au prétexte de la fête de l’Europe. Souvenez-vous. À la fin de l’année dernière, on nous annonçait en grande pompe une présidence française de l’Union européenne très ambitieuse. Il devait, nous disait-on, multiplier les initiatives y compris pendant la campagne électorale présidentielle française. En fait, après une conférence de presse soporifique en décembre et un discours au Parlement européen en janvier, il n’y a rien eu de tel. Silence et absence de la Présidence française de l’Union européenne jusqu’à donc jusqu’à ce 9 mai, deux semaines après la fin de l’élection présidentielle.

Les agités de « la défense de l’Europe » qui essaient d’affoler tout le monde à propos de l’Union populaire sur le sujet se soucient comme d’une guigne de ce qui se passe réellement dans l’Europe réelle. Ils n’ont rien noté rien critiqué. Rien compris en fait. Mais nous qui réfléchissons et sommes des gens sérieux on peut déjà conclure deux choses de cet échec. Premièrement, Emmanuel Macron a gâché la présidence française par son entêtement à ne pas vouloir la décaler à après la séquence électorale. Deuxièmement, sur ce sujet non plus, il n’a pas reçu de mandat lors de son élection puisqu’il n’a pas exposé aux Français ce qu’il voulait faire en Europe en leur nom. Il n’y a pas eu, là non plus, de mandat donné ni de vote d’adhésion à son projet européen pour la raison qu’il n’en a jamais parlé.

Venons-en à son discours à Strasbourg. Il contient une information d’importance. Emmanuel Macron s’est prononcé pour la révision des traités actuels. Il considère donc ces traités comme obsolètes. C’est-à-dire périmés. « Il faudra réformer nos textes, c’est évident. L’une des voix de cette réforme est la convocation d’une convention de révision des traités. C’est une proposition du parlement européen et je l’approuve » a-t-il déclaré. Qu’en peu de mots ces choses-là sont dites. C’est un désaveu cinglant pour tous ses propagandistes qui viennent de passer des jours entiers à expliquer sur tous les tons qu’être contre les règles européennes actuelles était être « anti-européen ». Leur argument principal contre la Nouvelle Union populaire s’effondre sous l’effet d’une déclaration de leur propre chef. Trop comique.

Comment prendre au sérieux Clément Beaune qui, 3 jours avant le discours du Président, caractérisait dans une tribune au Monde nos critiques des traités européens comme des « slogans vides, intégralement négatifs » ? Quel crédit apporter désormais à l’eurodéputé Stéphane Séjourné qui le matin même, dans une lettre à Olivier Faure et Julien Bayou prétendait que notre programme ferait « de la France un paria en Europe » ? Et surtout que reste-t-il de l’accusation selon laquelle nous voudrions une « Europe a la carte » ingérable ? Car Emmanuel Macron lui-même a explicitement plaidé pour une Europe à la carte : «  Je suis frappé de voir comment la volonté de nous tenir à 27 nous empêche à être plus ambitieux. (…) Les cercles d’avant garde n’excluent pas. Cette différenciation ouverte à tous est une condition de cette efficacité et de cette ambition que j’ai évoquée. ». C’est précisément un angle débité en boucle par les macronistes pour déplorer notre ambition de désobéissance à certaines règles européennes. Clément Beaune et Stéphane Séjourné reprenaient tous les deux cette critique dans leurs textes respectifs. Raté ! Les voilà devenus, après le discours du Président, des défenseurs de cette Europe à la carte qu’ils nous reprochaient de vouloir instaurer. À moins que, fidèles à leurs arguments de la semaine dernière, ils soient devenus les opposants du Président cette semaine. À eux de clarifier leur position ambiguë. Non. Je blague. Ils n’ont aucune position. Ce sont des mercenaires de la parole qui débitent des « éléments de langage » sans comprendre eux-mêmes ce qu’ils disent.

Certes, ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron annonce une révision des traités. Il l’avait déjà fait lors son discours de la Sorbonne en septembre 2017. Les répondeurs automatiques des médias et de la REM n’ayant rien écouté ni rien noté n’en ont rien retenu ni hier ni aujourd’hui. On connait la suite. Rien ne s’est passé, notamment du fait d’un refus systématique du gouvernement allemand. Il faut néanmoins le prendre au sérieux et regarder ce qu’il propose. Dans son discours, il n’y avait pas grand chose du nouveau contenu proposé pour un nouveau traité. Il a parlé de généraliser la prise de décision à la majorité qualifiée au Conseil européen et d’ajouter de nouveaux objectifs à ceux déjà existants aux institutions. Mais cela reste assez flou. En fait, le point le plus remarquable est pour l’instant une absence. Le Président ne parle plus du tout de réviser les règles budgétaires. Pas un mot n’a été prononcé sur ce sujet crucial. Et pourtant…

Pourtant en décembre dernier, c’était encore le cas. Dans sa conférence de presse du 9 décembre 2021, Emmanuel Macron demandait de « repenser le cadre budgétaire » des traités. Celui qui impose le carcan des 3% de déficit public maximum notamment. Le 23 décembre, il cosignait avec Mario Draghi une tribune dans le Financial Times qui proposait de « sortir les investissements structurants » de ce carcan. Et depuis, plus rien. Qu’est-ce qui a changé ? Entre temps, le gouvernement allemand s’est exprimé sur cette proposition. Et il a opposé une fin de non-recevoir, notamment à travers une déclaration de son ministre des finances libéral, Christian Lindner. Le 17 janvier 2022, il a déclaré : « Il est temps de reconstruire des marges de manœuvre budgétaires, c’est pourquoi je défends fortement une réduction de la dette souveraine (…) Je ne pense pas qu’on puisse de façon réaliste s’attendre à des changements fondamentaux sur les critères de dette et de déficit ». Fermez le ban. Emmanuel Macron a renoncé à son ambition de desserrer un peu l’étau budgétaire. On sait depuis le discours du 9 mai que même dans le cas d’une révision des traités, la France ne compte pas le proposer.

Sur le plan du débat européen, les choses sont donc claires pour les élections législatives. Élire une majorité, et donc un gouvernement favorable à Macron, c’est le retour de l’austérité garanti. Car contrairement à ce que l’on entend souvent, les règles budgétaires n’ont pas disparu du droit européen. Elles ont certes été suspendues au moment de la crise sanitaire, ce qui prouve leur caractère néfaste. Mais, sauf décision contraire au cours de l’année 2022, il est bien prévu qu’elles entrent de nouveau en application en 2023. Emmanuel Macron a d’ailleurs acté et anticipé ce retour à l’austérité. Dans le « programme de stabilité 2022-2027 » que le gouvernement français a envoyé à la Commission européenne en avril 2021, il promet un retour sous les 3% de déficit d’ici l’année 2027. Cela correspondrait à une cure d’austérité plus importante que ce que la France a jamais connu, à la fois par sa durée et son intensité.

De son côté, la Nouvelle Union populaire a prévenu : elle appliquera d’abord son programme. Celui-ci entrera en contradiction avec les règles budgétaires de l’Union européenne. Celles-ci rendent impossibles par exemple les investissements massifs que nous avons prévus pour la bifurcation écologique et pour la reconstruction des services publics. C’est pourquoi nous défendons, sur ce point précis entre autres, (et non comme principe général), la désobéissance. Nous ne serons pas les premiers à le faire, loin de là. Sur les 20 dernières années, il y a eu dans l’Union européenne 171 infractions constatées à la règle des 3%. Aucune ne s’est jamais soldée par des sanctions financières. La France peut donc se le permettre. Peut-elle se permettre, au contraire, de ne rien faire pour faire face à la crise écologique et éradiquer la maltraitance sociale ? C’est tout simplement exclu pour nous.

Notre pote Nostradamus

Cette campagne présidentielle manipulée n’en finit plus d’exposer ses conséquences. Car elle n’a mis aucun sujet de fond à l’ordre du jour en dépit de tous nos efforts. Je pense en particulier au problème de l’eau. Du coup vaine et creuse pour une bonne part la campagne n’a réglé aucune des grandes urgences de notre époque. Un président sans mandat a donc été élu. À présent, l’actualité n’en finit pas de nous donner raison. Et l’impréparation est complète.

Je ne compte plus mes alertes sur la crise de l’eau. Comment oublier l’air de surprise générale qui m’a accompagnée sur ce thème ? Je refais donc le tableau rapidement. L’eau est d’abord massivement polluée aux pesticides. 46 experts français ont compilé 4 000 études scientifiques. Leur conclusion rendue le 5 mai dernier est sans appel : les pesticides contaminent tout le vivant. Du DDT, interdit depuis 20 ans dans 158 pays, a même été retrouvé dans les glaces du pôle ! Les scientifiques s’accordent à présent sur une mauvaise nouvelle de plus. Une sixième limite planétaire (sur neuf) vient d’être franchie. Désormais, le bon fonctionnement du cycle global de l’eau douce est altéré. Ce sont les mots que nous avons employés il y a cinq mois, informés que nous étions par les alertes des nôtres, chercheurs dans ce domaine. La perturbation du cycle de l’eau est un des aspects du changement climatique déjà commencé.

Ses conséquences irréversibles mettent déjà en péril la vie de millions d’êtres humains. Ainsi, la capitale chilienne envisage un plan de rationnement de l’eau potable pour 1,5 million d’habitants. L’Inde et le Pakistan ont frôlé les 50°C pendant plusieurs jours. Cette chaleur extrême a entraîné pénuries d’eau, coupures d’électricité et embrasements instantanés de végétation et de décharges à ciel ouvert. Cette région, la plus peuplée du monde, pourrait devenir inhabitable dans les années à venir. En toute hypothèse, le déplacement forcé de millions d’individus devrait être une préoccupation mondiale de premier plan.

De son côté, l’ONU s’inquiète d’une « spirale d’autodestruction » : d’ici 2030, le monde pourrait subir plus d’une catastrophe par jour. On s’en approche déjà. L’année 2021 en Europe a été ponctuée de pics de chaleurs, d’inondations terribles et d’ouragans en Méditerranée. Cela risque de devenir la norme. En effet, le changement climatique est irréversible. Nous l’avons maintes fois répété : il faut s’adapter au système de la nature. C’est le sens de la planification écologique proposée par l’Avenir en Commun. Combien de rapports et d’alertes de scientifiques faudra-t-il encore ?

Nous voici donc entrés dans l’ère de l’incertitude écologique. On peut lire ma tribune postée depuis la Bolivie à ce sujet. Cette nouvelle ère prend des contours inattendus. Il faut désormais envisager la vie en état de pandémie permanente. En effet, le Covid-19 a mis au jour le lien entre destruction systématique de la nature et santé humaine. Dès le mois de mai 2020, j’ai pointé du doigt l’aggravation des facteurs constitutifs des épidémies. Au point de départ se trouve un fait social : l’obsession du moindre coût et de l’accumulation par l’agriculture industrielle. Cela se traduit d’abord par la déforestation. Dans son dernier rapport, le 27 avril 2022, l’ONU le confirme : 40 % des terres sont dégradées par l’agro-industrie. Ensuite, la multiplication des fermes-usines favorise la propagation des virus. Ce n’est pas faute d’avoir demandé leur interdiction tant de fois !

Résultat : la cinquième vague de grippe aviaire sévit en France depuis plusieurs mois. 20 millions de volatiles ont été abattus dans des conditions sordides. Encore une fois, nos alertes sont confirmées par l’actualité. Le 27 avril, le premier cas de transmission à l’Homme du variant H3N9 de la grippe aviaire a été observé en Chine. Ce ne sera ni la première ni la dernière fois. En effet, selon une étude publiée dans la revue scientifique Nature le 28 avril, le changement climatique va accélérer les transmissions de virus entre espèces.

Une autre pandémie menace. Je parle de la malbouffe. Plusieurs de mes discours ont porté sur les conditions sociales et les conséquences sanitaires de la concentration de sucre, de sel et d’additifs dans la nourriture industrielle. C’est au tour de l’Organisation Mondiale de la Santé de tirer la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié le 3 mai, elle s’inquiète de l’épidémie d’obésité dont souffre l’Europe. 1 adulte sur 4 est obèse. C’était 1 sur 10 il y a 50 ans. Au total, la malbouffe coûte 50 milliards à la Sécurité sociale.

S’il n’y avait que ça. La guerre en Ukraine dure depuis près de 3 mois. Avec elle, le risque nucléaire comporte un nouvel aspect : celui de se transformer en une cible militaire. Dès le mois de mars, j’ai proposé le concours des casques bleus pour les protéger. Cela a été ignoré. Désormais, le Président ukrainien le réclame aussi. Le moindre incident exposerait 500 millions de riverains de la Méditerranée. Va-t-on enfin prendre la mesure du danger ?

Je ne prétends pas succéder à Nostradamus et ses prophéties. L’avenir est structurellement imprévisible sinon par probabilités. Mais l’actualité démontre l’intérêt général du programme de la Nouvelle Union populaire. Le pire reste à craindre. Le seul moyen pour y faire face est d’être unis. Car les plus unis résisteront le mieux. Il y a donc un lien intrinsèque entre les questions sociales et l’écologie politique. Un lien entre les maltraitances écologiques et sociales à venir : interdire les pesticides et les fermes-usines, éradiquer la malbouffe, réparer les canalisations d’eau… Un autre monde reste nécessaire et il est possible dans cinq semaines !

Août au mois de mai

J’ai commencé ma campagne ministérielle sur ce thème. J’avais prévenu. Dimanche encore j’y suis revenu en média. Nous avons fait de la crise de l’eau l’un des thèmes centraux de la campagne de l’Union populaire. Un meeting en « réalité augmenté » y a même été consacré. Pourquoi ? Car l’eau rend l’écologie politique concrète. Sans eau : plus de nourriture, plus d’énergie, plus d’industrie, plus de vie. J’avais répercuté l’alerte de l’ONU quand elle a déclaré il y a quelques mois : la sécheresse sera la prochaine pandémie mondiale. Concrètement, d’ici 2030, la moitié de l’humanité vivra dans des régions en stress hydrique. Peu ont pris cette alerte au sérieux.

Les habitants des Outre-mer savent bien ce que cela signifie. La Réunion a subi une sécheresse majeure en 2020. Aux Antilles, la moitié de l’eau part en fuites dans le réseau. Partout, les coupures d’eau sont devenues le quotidien, jusqu’à empêcher le bon fonctionnement des écoles et des hôpitaux. Trop souvent, on imagine que le sort des ultra-marins est un « cas à part » exotique en grand. Au contraire, cela préfigure sous forme de loupe grossissante le futur de l’hexagone.

Le futur nous y sommes. Une fois n’est pas coutume, les médias oublient les Outre-mer. Mais la question posée au micro d’une matinale bien connue n’est pas anodine : « Faut-il craindre en France des ruptures d’alimentation en eau potable ? » La réponse de l’hydrologue Emma Haziza est sans équivoque : « Ça paraissait il y a encore cinq ans un scénario de science-fiction. Mais avec les sécheresses, on a de plus en plus de territoires alimentés par des camions-citernes. »

Il y a de quoi s’inquiéter. Désormais, 15 départements de l’hexagone sont placés en alerte sécheresse. 2 d’entre eux sont déjà arrivés au niveau « Crise » : les Bouches-du-Rhône, mais aussi le Loiret, région peu connue pour être désertique. Les restrictions d’eau se multiplient. La sécurité civile affronte ses premiers incendies en Bretagne. Le cycle de l’eau perturbé par le changement climatique devient concret. C’est août au mois de mai.

Le pire reste à venir. En effet, on attend dans les prochains jours des pics de chaleurs supérieurs de 9°C aux normales de saison. Cela va assécher encore un peu plus des sols déjà arides. Depuis septembre dernier, il a plu 20% de moins que la moyenne des années passées. Mécaniquement, les deux-tiers des nappes phréatiques ont d’ores et déjà un niveau inférieur à la normale.

Le manque d’eau risque d’avoir des conséquences majeures dans des pans entiers de l’économie. En effet, la sécheresse frappe les bassins de production de blé, de maïs, mais aussi de fourrage pour les bêtes. Les experts sont pour l’heure incapables de faire une évaluation précise, mais ils ont une certitude : cela aura un impact sur la production.

Or, la guerre en Ukraine pèse déjà sur les approvisionnements en céréales de pays méditerranéens très dépendants et eux-mêmes frappés par la sécheresse. Si les prochaines récoltes françaises sont mauvaises, c’est en toute hypothèse de mauvais augure pour la région toute entière. Une conférence méditerranéenne sur la gestion des stocks et des approvisionnements devient urgente.

Un autre secteur risque de pâtir de la sécheresse. Je veux dire ici un mot du nucléaire. En effet, 27 réacteurs sont déjà à l’arrêt pour cause de maintenance ou de corrosion. C’est-à-dire la moitié du parc. Les fortes chaleurs et la baisse du débit des fleuves va nuire au bon fonctionnement des réacteurs restants. On ne refroidit pas une centrale avec de l’eau chaude. On réchauffe la rivière en pompant pour refroidir, en rejetant de l’eau plus chaude et en diminuant le débit. Il y a par exemple 4 centrales dans la vallée du Rhône. Or, plusieurs de ses départements sont déjà placés en alerte sécheresse. La sécurité d’approvisionnement est là aussi menacée. Le nucléaire est sensible à la détresse hydrique. Il est temps d’y penser.

Ce qui se déroule sous nos yeux n’est qu’un aperçu de la nouvelle donne climatique. Je le redis : nous devons nous adapter d’urgence. Cela suppose une bifurcation de nos modes de production et de consommation. L’inaction de Macron nous a mis au pied du mur de la crise de l’eau. Avec la Nouvelle Union populaire, les premiers mètres cubes d’eau seront gratuits, les gaspillages et mésusages empêchés et les canalisations rénovées. C’est clair ? C’est aussi le sens du bulletin de vote des 12 et 19 juin.

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