La suppression de 320 emplois chez Vallourec est une très mauvaise nouvelle pour la bifurcation écologique. Pourtant, Macron a annoncé avec fanfares et trompettes l’entrée dans l’ère de la planification écologique. Il a chargé Elisabeth Borne de la piloter. Elle est Première ministre depuis 3 jours. Et les premières annonces de licenciements tombent déjà.
Vallourec est numéro 1 mondial de la fabrication de tubes en acier sans soudures. Pour l’heure, le pétrole et le gaz représentent les deux-tiers du chiffre d’affaires. Mais ces tubes pourraient avoir d’autres applications, comme le transport de l’hydrogène et la géothermie. C’est donc une entreprise stratégique indispensable pour sortir des énergies fossiles et le développement des énergies renouvelables. D’autant qu’il n’y a aucune justification économique à cette amorce de délocalisation. En effet, le groupe a réalisé 916 millions d’euros de chiffre d’affaires au premier trimestre.
Une fois n’est pas coutume, les manœuvres financières préalables ont attiré mon attention. Ainsi, jusqu’à une date récente, l’État était le principal actionnaire de Vallourec via la Banque publique d’investissement. Mais, en juin 2021, la banque publique BpiFrance a vu sa participation tomber de 15 % à 2 %. Elle a été supplantée par les fonds américains SVP et Apollo. Ce dernier est bien connu pour avoir supprimé 10 % des effectifs français de Verallia, un autre fleuron industriel champion de l’emballage en verre.
J’ai donc alerté au sujet de Vallourec au mois de novembre 2021. Dans une question écrite adressée au ministère de l’Économie j’explique : « Le fabricant français a annoncé la vente de l’ensemble de ses activités industrielles en Allemagne. (…) Vallourec, c’est aussi 700 emplois sur les sites Français des Hauts-de-France. Or ils sont rattachés à la branche allemande. Les ouvriers d’Aulnoye-Aymeries et de Saint-Saulve, dans le Nord, craignent donc d’être les prochains sur la liste. »
Dans la réponse faite en janvier 2022, on m’assure : « Mme la ministre déléguée à l’industrie a rencontré le président directeur général de Vallourec (…) Vallourec a confirmé que cette annonce ne concerne pas les activités françaises du groupe. Toutefois, l’État restera vigilant (…) ». Qui a menti ?