Après huit jours de patience en répliques sous la pluie des soi-disant contre-chiffrages de notre programme, nous avons lancé la contre-offensive. Il est vrai que l’attaque initiale a été trop rustique et mal documentée. Ainsi, quand en cours d’assaut sur la base des chiffres de l’institut Montaigne celui-ci a corrigé à la baisse ses montants. L’intensité de l’argumentation a alors diminué car le résultat du premier tour a montré que la macronie était battue et n’avait donc convaincue personne. Sitôt que nous avons commencé nos questionnements il a été clair que, comme prévu, notre adversaire s’est pris dans ce qu’il croyait être son piège le mieux armé. Et comment en sortirait-il ? Puisqu’il a exigé de nous précisions et chiffrages, il doit accepter de s’y soumettre lui-même. Le niveau des insultes et dérobades attestent la panique à bord.
Notre alerte fonctionne. L’un après l’autre, les commentateurs s’emparent du thème. Ils sont eux-mêmes stupéfaits de la vacuité des réponses des gouvernementaux. C’est le meilleur pour nous que cette façon de ces derniers ont de se discréditer même auprès de gens qui ne leur veulent parfois aucun mal et même au contraire. L’arrogance des macronistes est à présent totale.
Une fois lancée leur propagande contre nous, ils attendent des médias qu’ils fassent leur propre travail de gouvernants : se battre et argumenter. Stupide erreur. Même quand ils sont de leurs bords, les gens de presse n’acceptent pas ce rôle dévalorisant. Doublement dévalorisant. D’abord du fait de l’inexistence d’arguments à reprendre, ensuite du fait de la grossièreté à laquelle ils sont appelés à s’associer.
En deux jours il est devenu évident que ce que nous avons appelé « le programme caché du gouvernement » est mal nommé. En réalité ce programme est à ce point impossible que personne ne s’y risque en macronie. Et du coup personne n’est prêt. Il n’y a ni argumentaire ni éléments de langage à part d’ineptes saillies à la Castaner.
Même Bruno Le Maire a dû reconnaitre entre deux insultes et dérobades le chiffre de 80 milliards. Donc le montant de la somme est accepté. Je crois que plus aucun journaliste ne va accepter de ne parler que d’autre chose face à un gouvernemental. Car, si ce qu’ils disent sur la réduction du déficit public et de la dette est vrai, ils s’apprêtent bien à retirer 80 milliards d’euros du budget de l’État pour respecter la promesse faite par Macron à la Commission européenne.
Cette somme représente la somme totale des budgets du ministère de l’Intérieur et du ministère de l’Éducation nationale. C’est pourquoi j’ai affirmé que la seule façon de tenir cet engagement pour Macron est de couper dans le budget. Mais comme c’est tout simplement monstrueux il doit prévoir une augmentation des recettes de l’État qui ne peut se faire que par l’augmentation de la TVA. Les services y travaillent sans doute déjà. C’est au nom de cet objectif déjà que dans le passé récent a été adopté la taxe carbone déclenchant le mouvement des Gilets jaunes.
Mon raisonnement mérite une réponse. C’est un raisonnement. Bruno Le Maire raconte que je recule. C’est faux. Je l’assume totalement. Il s’est contenté de pleurnicher un chapelet d’indignations surjouées et assez grotesques comme trouver notre critique « complotiste » avec le chapelet d’injures traditionnelles à mon sujet. Pour la macronie, toute question est insupportable, toute critique un complot. Tout opposant devient un ennemi de la République. Il faudrait se taire ou louanger. Je refuse d’obtempérer.
Je demande à Bruno Le Maire de nous dire clairement comment il compte s’y prendre pour revenir sous la barre de 3% de déficit d’ici 2027 et faire rentrer 80 milliards dans les caisses de l’État. C’est une question précise à la hauteur des exigences de précision et de chiffrage que nous présentent à longueur de journée la macronie et maints médias.
Comment peut-il dire qu’il obtiendra cette somme « par la croissance » et ses revenus ? Comment est-ce possible alors qu’elle est négative au premier trimestre ? Comment est-ce possible alors que ses propres prévisions sont à la baisse pour l’année ? C’est de l’argent magique. L’augmentation de la TVA au cours des 5 prochaines années ne peut être complètement exclue de leurs calculs ? Si non, quelles coupes prépare-t-il et dans quels budgets de l’État ? Ces questions doivent enfin trouver une réponse sérieuse et chiffrée avant la tenue du second tour des élections législatives.
Parce que l’enjeu de la politique économique n’est plus celui du débat tarte à la crème entre les « sérieux » et les « dépensiers ». Il est entre relance ou austérité face à une menace majeure de crash économique.
Dans un contexte comme celui-ci, le resserrage de la dépense publique est une absurdité. Elle asphyxiera l’activité, augmentera le chômage et les coûts sociaux de cette situation : baisse de la consommation, baisse de l’investissement, des cotisations sociales encaissées, explosion des coûts de solidarité.
Surtout qu’elle interviendra dans un moment de resserrement du crédit à cause de l’augmentation des taux de crédits des banques centrales dont celle de l’Europe. Seule la relance est une activité de sauvetage raisonnable. Ce que demandent Macron et ses amis c’est juste un blanc-seing. Les pleins pouvoirs pour effectuer la saignée à laquelle leur politique conduit. Cela mérite tout de même qu’on en parle.
PS : au moment de boucler mes lignes j’apprends les trois questions que me pose Bruno Le Maire. Je vais lui répondre dans la journée.