L’Assemblée représentative de la France Insoumise vient de se tenir. Comme on le sait, elle est constituée de membres des secteurs opérationnels et d’une majorité de membres tirés au sort. J’invite à aller voir sur le site ou la plateforme du mouvement qui veut connaitre le détail de ses travaux et des interventions qui l’ont marquée. Beaucoup de sujets ont été traités. L’objet essentiel de cette réunion était de clore le cycle de réorganisation du travail du mouvement après la saison de la présidentielle et des législatives.
Ce travail a commencé cet été aux AMFIS de Valence sous l’impulsion de Manuel Bompard. C’est la deuxième fois qu’un tel travail est entrepris. La précédente l’avait été après les élections européennes. On peut dire qu’il avait été assez efficace si l’on veut bien admettre que les résultats électoraux obtenus en 2022 ont sans doute un rapport avec notre manière de nous organiser. À l’époque, 100% des attributions avaient été remises à plat. Plus de 50% furent ensuite changées. L’environnement d’hostilité médiatique était rigoureusement le même, par les mêmes médias avec les mêmes titres de presse destructeurs et flétrissants, et la même part de commentaires fielleux « anonymes ».
La veille et le lendemain de notre évènement leur intérêt est seulement pour le dénigrement. La dernière fois déjà la même difficulté pour les anciens d’admettre les nouveaux et la même angoisse de perdre de la lumière médiatique à leur profit. Et il y avait en plus une scission organisée au profit d’un « bing bang » de plaisante mémoire. Les mêmes avaient déjà des comptes à régler avec Adrien Quatennens et avaient critiqué dans les mêmes journaux avec « des mots très durs » son élection comme coordinateur.
Jusque là, rien de nouveau sous le soleil : ni la musique, ni les paroles, ni les personnages. Pas nouvelle non plus la tendance flemmarde de certains commentateurs qui ne se sont pas davantage intéressés que dans le passé à notre fonctionnement réel, à ce que nous faisons en vrai. Ni aux trois notes d’analyses que j’ai publiées sur mon blog à propos de la forme « Mouvement » et de ses objectifs stratégiques. Ni aux travaux préparatoires sur trois mois avant cette Assemblée décisoire. Ceux-là rêveraient de nous voir dans l’état de fonctionnement du PS ou de EELV. Cinq ans avant l’heure, une mêlée confuse d’ambitions présidentielles. Ils font ce qu’il faut pour nous y réduire : jeter de l’huile sur le feu des jalousies, déclarer exclue d’une direction quelqu’un qui n’en a jamais été membre et qui appartient à un autre parti. Sans parler de la « purge » annoncée ailleurs. Non vraiment, rien de neuf là-dedans. Les mêmes là encore aux mêmes places, pour le même rôle. Quelle importance d’ailleurs ? En dix ans, nous sommes passés de 3,5% dans les sondages à 22% dans les urnes sans ces médias et même contre eux. Rien de nouveau.. Mais bien sûr il ne faut perdre de vue le but de cette volonté médiatique de destruction de la principale force de gauche actuelle. Le traitement au cours des élections présidentielles puis des législatives doit nous maintenir en alerte. La nouveauté est ailleurs. Et c’est elle qui compte.
La forme de la vie du Mouvement Insoumis est en évolution permanente. C’est notre règle de vie. Nous avons changé, nous changeons, nous changerons encore. Il faut changer ses méthodes pour que ça change la société. D’autant que la réorganisation de « la gauche » est loin d’être finie et par certains côtés elle ne fait que commencer. L’évolution récente du NPA en atteste. Nos évolutions futures y participeront j’en suis certain.
La « coordination des espaces » de la France Insoumise est une structure opérationnelle. Son objet est de fédérer l’activité de secteurs d’action. Ceux-ci ont par ailleurs un fonctionnement autonome. Son rôle est de coordonner, comme son nom l’indique. Rien à voir donc avec un « bureau politique » ou un salon de rencontres aigres entre courants et sous-courants. Le bilan des miasmes de l’époque des partis du 20ème siècle a été tiré de longue date. À présent, la nouveauté est évidemment sur les visages.
Le renouvellement des cadres s’opère. 62,9% des membres de la coordination des espaces opérationnels du mouvement y siègent pour la première fois. La parité femme/homme est parfaite. Pas de faveur du prince ni de neutralisation de pouvoir de nuisance dans cette composition. Les nommés le sont par les membres actifs des « espaces ». Tous ont gagné leurs galons dans l’action et leur participation à l’effort collectif depuis 2017. Bien sûr, tous ceux qui l’ont fait aussi ne sont pas tous là. Mais d’ailleurs, tous ne le demandent pas, car ils sont conscients qu’il faut être disponible, collectif et actif ce qui n’est pas toujours possible. D’autant que l’obligation de présence est rigoureuse pour que le travail soit vraiment coordonné et suivi. Comme il y a une obligation de discrétion absolue on peut aussi trouver ça peu gratifiant médiatiquement. Reste que cette discrétion seule rend le travail commun possible. Et puis tous les élus, notamment parlementaires, ne peuvent pas y être même s’il y en a déjà beaucoup entre le mouvement et la Fondation.
Mais la nouveauté est dans le déploiement aussi. 50% des « pôles d’activités » mis en place y sont nouveaux. L’organisation reste centrée sur des objectifs d’action et de conquête de secteurs nouveaux de la population et des territoires. L’apparition d’un secteur des « développeurs » par exemple est une innovation que je découvre avec intérêt. Évidemment c’est au travail que l’on verra ce qui doit être amélioré. En tous cas, il me paraissait utile de dire à ceux qui me lisent combien le mouvement ne se résume pas à l’image qui en est donnée par des commentateurs médiatiques engagés par leur hostilité de principe, depuis plus une décennie pour certains d’entre eux.
Pour ma part, je recommande l’entente. Face à la montée des dangers et alors que nous sommes bien menacés de tous côtés il faut savoir participer à un effort collectif. Pour se distinguer, autant briller dans l’action et la prise de parole sans se sentir obligé de dénigrer les autres ou de rendre la vie commune impossible par des confidences de presse qui rendent impraticable la discussion collective et les lieux où elle est censée avoir lieu sans problème.
Surtout, il faut savoir ménager le seul outil dont nous disposons. Notre mouvement appartient d’abord à la cause qu’il sert. À ce sujet, je note une disposition concrète qui a été adoptée. C’est la création d’un conseil politique consultatif. Ce qui me frappe, c’est la possibilité ainsi donnée à des partis aujourd’hui associés au groupe parlementaire insoumis d’y être représentés. Si l’affaire est simple avec l’allié de départ le Parti de gauche, comment s’adjoindre les autres composantes de notre arc de forces telles que REV le parti d’Aymeric Caron, le POI de Jérôme Legavre, « Gauche écologiste »,« Picardie Debout » de François Ruffin et peut-être d’autres. Et comment tout cela se combine-t-il avec le « Parlement de l’Union populaire » que coordonne Aurélie Trouvé et que la tenue des congrès du PS et de EELV a fait mettre en attente. Quels engagements mutuels cela implique ? Tout cela forme un tout.
C’est un travail délicat. Il va falloir en discuter. Mais il ne doit pas nous faire oublier nos tâches concrètes du présent dans l’action contre la Macronie et sa très prochaine réforme des retraites. Nous bouclons la série de nos meetings contre la vie chère pendant cette quinzaine. Pour ma part, je serai à Saint-Étienne le 16 décembre. Et toutes nos forces doivent se jeter dans la préparation de la marche à l’initiative des jeunes contre la réforme des retraites le 21 janvier prochain. Le travail engagé par Louis Boyard de fac en fac est remarquable. Tout le monde a sa place sur le pont de combat.