30.01.2023

Le jour de gloire est arrivé

Le savez-vous ? Il y a un soutien international à la grève des Français contre la retraite à 64 ans. Ça se passe au Bangladesh. Une coalition de syndicats a fait une marche de soutien. Ils avaient déjà fait de même face à la loi travail en 2016. Et en Catalogne aussi ! Les syndicats membres des CCO (commissions ouvrières) de la Catalogne espagnole appellent à un rassemblement de soutien aux grévistes ce 31 janvier devant le consulat de France. Ici et là, dans le monde, nombre de gens engagés comprennent quel appui se serait pour eux la défaite de Macron sur les retraites.

Les deuxièmes tours des élections législatives partielles de ce dimanche ont ouvert politiquement la nouvelle séquence qui commence avec la grève générale du 31 janvier. Deux sièges sur trois NUPES ! Le nouveau député insoumis René Pilato, élu en Charente, est un militant de longue date et un organisateur de terrain de l’action insoumise. Le contraire d’un champignon du hasard. Le signal est clair : les électeurs ont choisi un député politiquement très engagé pour voter contre la retraite à 64 ans.

Dans le Pas-de-Calais, un autre député Nupes est confirmé. Dans les deux cas, loin des tergiversations des sommets, la base électorale valide par ses votes l’alliance de la nouvelle union populaire Nupes. Et une députée sortante de Marine Le Pen est battue. La respectabilité, la bonne tenue vestimentaire et la stratégie de la connivence avec la droite macroniste à l’Assemblée, longuement louangée par la presse extra lucide dont nous sommes régalés dans ce pays a produit son fruit.

Après avoir voté contre l’augmentation du Smic et le rétablissement de l’ISF et tant d’autres choses, le peuple a tourné le dos à Le Pen et lui a retiré sa confiance dans ces circonscriptions. On voit ce que vaut le discours dominant depuis de mois sur l’inéluctable poussée du RN qui serait le grand bénéficiaire avant tout de toute la situation.

Il y a quelques jours encore, un illustre sondeur affirmait dans la presse que la réforme des retraites pouvait reconfigurer le champ politique au profit du RN tandis que la Nupes fragilisée et LFI tétanisée par des problèmes internes seraient promises au déclin. On voit ce qu’il en est. Cinq mois de bashing ininterrompu dans les registres les plus infamants et mensongers, de tous côtés, du dessus et d’en-dessous, du haut et du bas, complétés par la traditionnelle et ininterrompue campagne de dénigrement personnel contre moi, qu’est-il resté ? Par faveur spéciale de jour de fête, j’évite de recenser ici tous les diagnostics de la presse de « centre gauche » et la débilité de ses commentaires à la vue de résultats. Mais je note pourtant qui lui donnent une occasion de plus de se plaindre encore des insoumis. Mention spéciale tout de même pour Libération qui constate que « la diabolisation à outrance de LFI ne fonctionne plus », mais pourtant en reprend les refrains aussitôt contre moi. Touchant. Plus lucide, Marion Maréchal Le Pen déclarait il y a quelques jours, confirmant ma formule de 2012 : « la Nupes ? Ce se sera eux ou nous ». Pour l’instant, c’est clairement nous la NUPES. Et cela au moment où commence une séquence décisive. Encore faut-il admettre le sens des évènements. Toute la situation est celle d’un lendemain d’élection perdue par le pouvoir en place. Donc celui d’une crise politique ouverte qu’aucune propagande n’a pu effacer du réel.

Ce 31 janvier, nous franchissons un seuil. Le pays entre dans un moment distinct. Il y aura un avant et un après. Commencée à très haut niveau d’implication, la mobilisation populaire va être sans aucun doute un multiple en énergie et en nombre de participants par rapport à celle du 19 janvier dernier. La suite ne sera donc pas dans le même contexte. Le rapport de force ne sera pas celui de la veille. Nous serons une semaine avant l’arrivée dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale du texte de la réforme. À partir de là, l’attention se concentrera sur la conjonction du cycle parlementaire avec celui de la mobilisation dans les entreprises et les rues.

Il est certain que la stratégie des macronistes est en morceaux et que plus ses porte-paroles interviennent, plus les opinions hostiles augmentent. Leur but ne peut plus être de convaincre, mais de contraindre. On peut imaginer sans mal quel bénéfice ils attendent d’un vote accéléré qui permette d’opposer la légitimité d’un vote parlementaire à la voix de la démocratie sociale qui s’exprime dans l’action, la grève et la manifestation. C’est la ligne de résistance que les députés opposants doivent tenir.

Le démarrage de la discussion en commission et l’exaspération palpable des macronistes nous montrent un camp en panique prêt à se dédier à toutes les violences. De ce mélange peuvent surgir maints explosifs sociaux. Déjà, on se demande si l’élargissement du front de lutte dans la jeunesse va se produire ou non. Les assemblées générales de la semaine précédente ont été encourageantes. Sur le terrain local, plusieurs députés m’ont raconté comment ils ont réuni des comités de lutte contre la réforme unissant les militants des partis de la NUPES et les représentants des unions départementales de syndicats unis contre la retraite à 64 ans. C’est une nouveauté qui atteste la maturité politique du moment.

En effet, cette huitième bataille des retraites en France commence forte de sa mémoire des luttes. Ce n’est pas un détail que ce fait. Les souvenirs négatifs du passé semblent dépassés par le contexte positif du présent. L’union des syndicats est perçue comme un atout et cela favorise les initiatives. Beaucoup de gens ont à l’esprit les épisodes précédents et mesurent l’atout qu’est l’existence de groupes parlementaires unis eux aussi dans le refus de la réforme Macron. Tels sont à cette heure les condiments pimentés. Il n’est pas besoin d’être grand esprit pour deviner la suite.

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