Jean-Luc Mélenchon est intervenu sur les élections législatives le 7 juillet 2024.
Voici une retranscription de son discours :
Au terme d’une campagne électorale pourtant enfermée dans un délai trop contraint, notre peuple a voté en conscience. Je salue l’effort et la mobilisation des milliers de femmes et d’hommes qui se sont dévoués sans compter pour parvenir au résultat qui est acquis ce soir. Je salue celles et ceux qui ont accepté d’être candidat, celles et ceux qui ont accepté de retirer leur candidature, celles et ceux qui se sont mobilisés, porte à porte, tête à tête, pour convaincre partout et pour finir arracher un résultat que l’on nous disait impossible.
Un magnifique élan de mobilisation civique s’est affirmé. Et vous savez tous à quel point c’est remarquable car nous sommes déjà dans l’été et le temps des congés.
Notre peuple a clairement écarté la solution du pire pour lui. Ce soir, le RN est loin d’avoir la majorité absolue que les commentateurs lui prédisaient il y a une semaine à peine. C’est même tout le contraire.
C’est un immense soulagement pour une écrasante majorité de personnes dans notre pays, celles qui constituent la nouvelle France comme celles qui l’ont toujours aimée de passion républicaine. Ces personnes se sont senties menacées, terriblement désormais qu’elles se rassurent. Elles ont gagné.
Avec ses bulletins de vote une majorité a fait un autre choix pour le pays. La volonté du peuple doit être dorénavant strictement respectée.
Dès lors, aucun subterfuge, arrangement ou combinaison ne serait acceptable.
En effet, les leçons du vote sont sans appel :
1. La défaite du président de la République et de sa coalition est clairement confirmée. Le président doit s’incliner et admettre cette défaite sans tenter de la contourner de quelque façon que ce soit.
2. Le premier ministre doit s’en aller. En effet il n’a jamais reçu la confiance de l’assemblée nationale, il vient de diriger la campagne perdue par son camp et il a reçu un vote de défiance populaire massif.
3. Le président a le pouvoir, le président a le devoir d’appeler le nouveau front populaire à gouverner. Celui-ci y est prêt.
4. Le nouveau front populaire respectera le mandat que lui ont donné les votes pour ses candidats. La parole donnée sera tenue.
Le nouveau front populaire appliquera son programme, rien que son programme mais tout son programme.
En effet, celui-ci forme un tout dont on ne peut dissocier ni les différentes parties, les recettes et les dépenses, ni le déroulement de l’entrée en vigueur des mesures qu’il contient.
Dès cet été les mesures prévues dans ce programme peuvent être prises par décret sans vote :l’abrogation de la retraite à 64, le blocage des prix, l’augmentation du smic ; la convocation des conférences salariales par branche professionnelle, le plan de gestion de l’eau et les moratoires sur les grands travaux inutiles.
5. Nous l’avons déjà dit la semaine passée et nous le confirmons au président de la République nous refusons d’entrer dans des négociations avec son parti pour faire des combinaisons. Surtout après avoir combattu sans relâche depuis sept ans sa politique de maltraitance sociale et d’inaction écologique dont les votes du peuple français viennent de nous confirmer dans les bonnes raisons que nous avions de le faire. Surtout après que la voix des urnes l’a si largement désavoué. Surtout après que le nouveau front populaire, en dépit de tous les coups reçus, de toutes les diffamations, de toutes les insultes ait conquis la place éminente qui est annoncée.
Désormais, les urnes ont tranché entre les deux projets radicalement opposés qui étaient en lice. Le Nouveau Front Populaire est prêt à gouverner. Il est la seule alternative construite cohérente et solidaire muni d’un programme organisé. Ses composantes, la gauche unie se sont montrées à la hauteur de la circonstance historique et à sa manière, elle a déjoueé le piège tendu au pays. À sa manière, une fois de plus, elle a sauvé la République. Une fois de plus, elle peut commencer l’œuvre écologique et sociale dont notre peuple, notre époque, notre monde, notre Europe ont tant besoin. Écoutez, amis, camarades, femmes et hommes qui dans le pays tout entier attendiez dans l’émotion et l’angoisse cet instant qui a retourné tous les pronostics grâce à la ferveur de votre engagement, à votre fidélité, à votre loyauté aux consignes qui étaient données, écoutez le poète quand il chante la France.
Au grand soleil d’été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d’Ardèche
Quelque chose dans l’air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France