C’était fatal : Macron patale

En Guadeloupe, en Martinique gronde une colère désespérée contre un « pouvoir central » qui méprise tout ce qui n’est pas l’étroite catégorie de ses privilégiés continentaux. Paris regarde ailleurs. Voici des éleveurs de moutons qui entassent les carcasses de bêtes mortes. La maladie les tue. Paris regarde ailleurs. Voici une jeune maman bien secouée ce matin mardi. Dans un quartier pourtant huppé de Paris, son petit garçon n’a pas d’institutrice pour cette rentrée. Les gamins du CP vivent ça très mal sur le plan psychologique. Les parents aussi. Les équipes pédagogiques aussi. Que se passera-t-il ? Rien, comme d’habitude ? Un bon copain a vu son père attendre aux urgences 14 heures. Que se passera-t-il ? Rien ? Non : ce sera pire bientôt. Car le budget en préparation par les ministres « démissionnaires » le prévoit. Et bientôt la Commission européenne et le FMI vont venir nous punir d’avoir mis à la tête du pays des gens capables de faire à la fois 1000 milliards de dettes supplémentaires et d’avoir tout désorganisé ou détruit autour d’eux. Voilà à quoi il faut soumettre le débat qu’animent les politiciens et la classe médiatique sur l’apaisement soi-disant demandé par les Français. Quelqu’un propose l’apaisement comme remède à ces maux ? Qui juge que son sort n’est pas une radicale négation de ses attentes dans la vie ? Les gavés du système rêvent, encore une fois. Leur monde « apaisé » n’existe pas ailleurs que dans leur ghetto de riches. Comme si ce décalage-là ne suffisait pas, entre ceux qui jouissent sans trêve et ceux qui pâtissent de tout ! Surgit alors le plus efficace dynamiteur de tout recours démocratique contre la chienlit qu’il impose à tous : le président de la République, le grand mamamouchi faiseur de Premier ministre, la lampe d’Aladin faite homme.

Que Macron nomme qui il veut ou bien qui il peut. Mais, en toute hypothèse, il a armé lui-même son siège éjectable. L’annonce de candidature d’Édouard Philippe vient de le confirmer. Chaque jour qui passe dans la confusion que crée le président est autant de coups qu’il donne à la crédibilité de son mandat et de sa fonction. Il « patale » ! Dans l’argot franc-comtois cela veut dire, en quelque sorte : pédaler dans la semoule. La nomination qui viendra sera un sauve-qui-peut. Elle n’a aucun avenir. Tout le monde le sait. La classe médiatique fait semblant, les petits couteaux de la macronie voudraient une dernière tournée de rab à la cantine pour manger les restes du festin interrompu, le commun en rit ou bien enrage, les voisins nous regardent, sidérés. 

Il patale. Il patale encore et encore, pensant que la fin justifiera les moyens lents et tortueux qui l’occupent « nuit et jour » depuis trois mois. Il rêve en patalant : une nomination aussitôt encensée par toute la classe médiatique, une nomination sans censure immédiate, une nomination comme le soulagement d’une crampe, un nom qui intrigue, qui excite, qui disrupte, qui surprenne et enchante. Comme une main efface l’autre, dans une partie de cartes. Comme un coup chasse l’autre à la bourse. Le pouvoir politique comme un jeu de hasard, sans déterminisme, en libre accès pour tous les vrais démiurges. La pesanteur de l’histoire n’existe pas, ses brûlures et ses raideurs non plus. Il veut, donc il pense qu’il peut. Illusion enfantine de la toute-puissance. Dans l’air flotte un parfum de débâcle du pays.

Le sept (7) septembre, à l’appel des organisations de jeunesse, les Insoumis seront dans la rue pour lancer le moteur de la destitution. Le texte de la résolution est déjà signé et déposé sur le bureau de l’Assemblée comme l’avait annoncé Mathilde Panot il y a quinze jours. Manuel Bompard a annoncé à la coordination des espaces du mouvement insoumis 120 mobilisations prévues en région sur ce thème. Les affiches, les tracts partent à foison du siège du mouvement et par les canaux de « la poste rouge » (débrouille et astuces). Ici et là, on invente pour afficher mieux et plus gros. N’oubliez pas les casseroles ! Je recommande de goûter la recette du « cocktail destitution ».

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