Juin 2025. Le congrès du PS ? Vallaud votera Faure. J’ai plus important à cette heure.
2 juin 2025. Rima Hassan, députée européenne Insoumise, a embarqué dans la flottille humanitaire pour la défense de Gaza contre le génocide. Tous les Insoumis retiennent leur souffle. Admiration pour son courage, fierté d’être représenté par elle, espoir que la mission et tous ceux qui y participent atteignent leur but sain et sauf. Et aussi la certitude que l’action, la persévérance, l’engagement total est un choix de vie et de pensée complet, quelque part de sa vie qu’on puisse lui apporter. Il fait de chacun·e de nous un humain complet, parce qu’uni consciemment au sort de tous les autres.
1er juin 2025. Retailleau s’est bien planté. Son incompétence a explosé comme une grenade lacrymogène au visage du pays stupéfait. Avec ses commentaires provocateurs et insultants, le ministre a voulu transformer une victoire sportive qu’il n’aimait pas en une victimisation des beaux quartiers. Le résultat : une incroyable pagaille, un gâchis humain et festif total.
C’était donc juste ça Retailleau ! Compte tenu des circonstances, c’est pire que l’échec de Darmanin pour la Ligue des champions en 2022. Il n’avait pas ménagé ses critiques alors. Mais là il a fallu en plus supporter de le voir surjouer l’indignation, insulter les gens, ridiculiser la France aux yeux de l’Europe qui nous regardait. Et pour finir le refrain de ce genre d’aboyeurs automatiques : « ce n’est pas moi, c’est LFI ». Je vois autour de moi combien le pays ne croit plus ce que dit ce type de personnages, dont les poses politiciennes sont tellement surfaites. Ici, c’est du jamais vu, un ministre de l’Intérieur qui pleurniche après des incidents dont son incompétence porte une bonne part de la responsabilité.
31 mai 2025. Dans le Var, dans le même temps, un cinglé assassine son voisin et en blesse un autre en déversant des tombereaux de propos racistes antimusulmans. On voit encore que le pire reste possible en permanence avec Retailleau. Car ce meurtre, après celui d’Aboubakar Cissé, retentit dans les profondeurs de notre société. Les dominants s’en foutent. Ce n’est pas leur monde, ce n’est pas leur France. Nous sommes innombrables à être écœurés par le deux poids deux mesures des indignations. On se souvient comment, deux jours plus tard, ce Retailleau n’avait déjà rien à dire quand Aboubakar Cissé avait été assassiné dans une mosquée. Son silence est un message politique adressé à une clientèle électorale islamophobe. Ni attention ni compassion. Ce silence est le pire des discours. Celui d’un sommet de l’État qui assume à la fois d’être bon à rien dans la joie des uns et plein de morgue dans le malheur des autres. Le dégoût qui s’empare de nous tous est une souffrance. Non, la France, décidément, ce n’est pas ça. Ça ne peut pas être ça. Que de tels gouvernants s’en aillent tous et le plus vite sera le mieux.
30 mai 2025. Des ministres de Netanyahu insultent la France à la suite de leur chef de file. On a appris à mépriser ces suprématistes dégoulinants de haine raciste. Là où cela prend une autre tournure, c’est le moment où l’un d’entre eux, Ben Gvir, menace physiquement le président de la République française. Il l’appelle à craindre des représailles contre ce qui ne sera pas « seulement une gifle » et contre quoi « un casque ne lui suffira pas » pour se protéger. « Macron fait le jeu du terrorisme islamique. Sa flatterie envers le Hamas ne se terminera pas par une simple gifle à la sortie de l’avion, et même un casque ne l’aidera pas. Le terrorisme islamique explosera au visage de tous les citoyens français. Lorsque Macron comprendra cela, il sera trop tard. Citoyens de France, réveillez-vous ! ». Ce type de menaces doit faire réfléchir. Ces ministres sont des génocidaires assumés.
Pendant ce temps aucune des grandes consciences n’a exprimé sa honte de voir la France agressée de cette façon. Aucune n’a dit sa honte de recevoir le soutien de madame Le Pen. Aucune n’a dit sa honte d’une soirée d’amusement à propos de crimes de guerre ! Un abaissement complet où des prix de bonne conduite comme soldat de communication de Netanyahu ont été distribués, et un quizz sur le nombre de morts à Gaza organisé. Le prix de la place et les sommes versées sont-elles déductibles des impôts ? On vérifiera.
En Israël, au contraire, une opinion courageuse se reconstruit aussi. Des gens prennent tous les risques pour dire aussi leur refus du génocide face aux brutes suprématistes. Pourquoi est-ce devenu impensable à Paris ? Quel est ce naufrage ? Quel enfermement mental a pu produire une aussi stupéfiante évaporation du sens moral ? Car quatre jours après cette lamentable soirée, les seules reprises de presse sont dans « L’Humanité », « le Courrier de l’Atlas » et « l’Insoumission ». On voit ce que vaut le baratin médiatique moralisant ordinaire. On voit ce que sont vraiment les répondeurs automatiques capables de répéter leurs mantras du matin au soir et de se taire en bande organisée ensuite. Sur ordre ? On doit s’interroger sur le type de mainmise qui permet ce type d’invisibilisation. Le moment venu, un gouvernement insoumis devra vraiment régler ce problème.
29 mai 2025. En France, il y a vingt ans, en mai 2005, le monde politique a changé de base avec le référendum sur le traité constitutionnel européen. L’onde de choc n’en finit plus de se propager. Le « non » l’emporta par 55 % des suffrages exprimés. La campagne électorale avait été intense. Elle inaugura le système du tapis de bombes médiatiques jetées jour et nuit sur l’opposition de gauche. 71 % du temps médiatique avait été occupé par les partisans du « oui ». Toutes les élites du pays, médias, institutions, églises, et autres, sauf la CGT, s’étaient prononcées pour le « oui ».
Un clivage nouveau se montra. D’un côté, un peuple massivement engagé dans la réflexion et, de l’autre, une superstructure affichant imprudemment l’existence d’un système de contrôle médiatique de la société. La deuxième peau du système s’est laissé voir. Que l’on soit pour le « oui » ou pour le « non », tout le monde a vu. Personne n’a aimé. Mais le vote a aussi été la mise à nu des limites de ce pouvoir d’influence. Et à partir de là, une authentique vague dégagiste s’amorça pour la première fois depuis des décennies en France. Son irruption a fracassé le paysage politique et précipité dans le vide les organisations traditionnelles de la gauche et de la droite. Les enquêtes ont montré comment les deux tiers du « non » correspondent à des votes de gauche et un tiers du « non » à ceux de droite. Dans les bassins ouvriers du pays le « non » culminait. La séparation sera irrémédiable et définitive. Les directions du PS et des verts l’aggravèrent en récusant le résultat. Ils ne maîtrisèrent pas leur hargne publique contre les animateurs du « non » de gauche.
Ce fut là une première vague aussi de ce qui va devenir un phénomène d’effondrement du débat public dans les injures et la stigmatisation des opposants aux décisions des dominants. Par exemple, au PS, tous les partisans du « non » furent expulsés des instances dirigeantes de ce parti où ils siégeaient. Les électeurs du « non » furent traités comme un ramassis de personnes sans idéal ni rationalité, et comme des suppôts de l’extrême droite. François Hollande déjà tout en finesse déclara « Le Pen n’a pas besoin de faire campagne pour le non, Mélenchon s’en charge ». On retrouvera ensuite ces façons avec les railleries contre les « gilets jaunes » supposés fumer des cigarettes maïs en jouissant de conduire des voitures diesels !
Trois ans plus tard, le 4 février 2008, le « non » était converti en un « oui » par un vote du congrès du parlement français à Versailles. En effet, un nouveau texte était proposé. En fait, selon l’aveu de Giscard d’Estaing, auteur du texte repoussé, il était quasi exactement similaire au précédent, sauf l’ordre des paragraphes et des phrases. La majorité du Parti socialiste et de la droite votèrent donc en faveur du texte, assumant la rupture avec ceux qui avaient voté « non ». Le choc du « oui » et du « non » prenait alors une autre signification : celle du refus de la décision démocratique des votes populaires. Avoir voté « oui », ce n’était plus seulement adhérer aux principes du néolibéralisme, c’était renoncer à la souveraineté populaire comme arbitre des débats de la société. Elle retrouvera bientôt cette méthode dans le refus du président Macron de reconnaître le résultat des élections législatives anticipées qu’il avait lui-même convoquées en 2024.
Quelques mois après le coup de force du vote du traité de Lisbonne, une refondation de la gauche commence. Nous fondons aussitôt le « Parti de gauche » avec notamment Marc Dolez, député PS du nord, Éric Coquerel, puis Martine Billard, alors députée EELV, et diverses personnalités syndicales et associatives. Le projet était de réunir dans une coalition la gauche antilibérale refusant le cadre économique et politique du Traité de Lisbonne. Ce choix restera notre fil conducteur pendant vingt ans. Quasi aussitôt nous avons signé un accord d’alliance avec le Parti communiste français, le « Front de gauche ». Puis à l’issue d’un vote interne contradictoire des adhérents du PCF et du Parti de Gauche, une candidature commune à l’élection présidentielle de 2012 fut investie. Je fus ce candidat. Nous avons réuni alors 11,95 % des électeurs au premier tour. Mais ce Front de gauche se dissoudra en 2016 à partir de la décision du PCF de participer à une primaire de la gauche proposée par le PS. En réplique, la France insoumise fut créée et ma candidature pour la présidentielle de 2017 fut proposée de nouveau pour marquer la continuité du projet politique inauguré à la précédente présidentielle. Elle fut ensuite pourtant soutenue par un vote des adhérents du PCF après deux votes contradictoires. Dès 2017, cette candidature passe en tête de la gauche (19,58 %) et devance largement celle du PS (6,36 %). En 2022, même continuité de candidature pour porter la continuité de ligne encore une fois. Là, le PCF entreprend un bras de fer en présentant sa candidature Roussel. Elle croupira à 2 % mais réussira à nous barrer la route du deuxième tour. Toutefois la pente des évènements s’accentue fortement : je rassemble 22 % des voix, le PS 1,74 %, le PCF 2,28 %. Ainsi, dans les faits, l’espace politique traditionnel a été fracturé et marginalisé électoralement. Le PS et le PCF ont été largement doublés par les insoumis, et la droite « Les Républicains » par le RN d’une part et la macronie d’autre part. Une autre mappemonde politique s’est ainsi instaurée.
Au total, le fil conducteur de notre histoire politique commence et se poursuit comme conséquence du vote du référendum de 2005. « Le Front de gauche » puis la « France insoumise » ont assumé de prolonger le contenu politique du vote de 2005 comme base de leurs programmes. Les programmes de 2012 (« L’Humain d’abord ») et de 2017 (« L’Avenir en Commun ») affirment le refus des fondements du traité de Lisbonne : « la concurrence libre et non faussée » et le « libre-échangisme commercial », comme base de leurs propositions gouvernementales. Dans la suite, c’est la raison pour laquelle la France insoumise a toujours mis l’accent sur le contenu de son programme en exigeant la conclusion en bonne et due forme d’un accord de programme à la base de nos accords électoraux. Ce furent en 2022 les 640 mesures du programme partagé de l’accord NUPES pour les candidatures communes du premier tour des législatives, et les 340 mesures de l’accord du Nouveau Front Populaire en 2024. La question du contenu du programme reste l’arrière-plan non assumé de toutes les discussions avec le centre gauche PS et EELV dans les phases pré-électorales législatives et présidentielles.
Le PS comme EELV n’ont jamais rompu avec que signifiait le « oui » de 2005 et de 2008. Ils n’ont jamais rompu avec la politique que celui-ci a constitutionnalisée. Tel est le cœur de la contradiction qui nous oppose quant au programme de gouvernement. C’est pourquoi nous avons tant insisté pour obtenir leur signature sur un programme partagé dans les accords NUPES. Un programme conforme au non de « gauche ». Et ce programme est en contradiction avec le traité de Lisbonne. C’est pourquoi aussi ils furent chaque fois extrêmement « chatouilleux » sur ce chapitre de l’Europe dans la rédaction du compromis. Et c’est pourquoi encore, dès l’élection passée, ils jetèrent ce programme par-dessus bord. Le soutien inconditionnel à l’Europe de Lisbonne et à l’atlantisme dans tous ses aspects sont les piliers fondamentaux de ces deux partis. Les clous qui les tiennent en agonie sur la croix du néolibéralisme.
Avec nous, le « non de gauche » vise la formation d’un pôle politique capable de rassembler la société. Mais en face de nous, à l’inverse, c’est la mise en œuvre du traité de Lisbonne qui rend possibles les « grandes coalitions » à l’allemande. Donc, avec elles, la continuité du programme commun libéral européen est garantie. C’est le programme d’une reconstruction de tous nos pays sur des bases de la concurrence libre et non faussée et du libre-échange mondial sans retenue. Au fil du temps, le pouvoir, quels que soient les votes aux élections, reste aux mains des mêmes, les politiques restent les mêmes et la destruction des acquis des nations continue au seul profit des oligarchies mondialisées de chaque pays. Par conséquent, partout l’opposition ne peut se construire autrement qu’en opposition frontale avec cette orientation. Alors commence l’émergence de la droite « ethniciste » et celle d’une gauche radicale (si, comme en France, il s’en trouve les caractères). Et toute la dynamique de décomposition des sociétés conduit alors à leur confrontation en fin de parcours.
Le Monde et Libé salissent… plus sale
Comment croire alors que la campagne orchestrée par « Le Monde » et « Libération » avec la publication de « La Meute » soit autre chose qu’une campagne politique ayant un but politique. Le moyen est infâme, mais le but va au-delà de la nuisance personnelle dans la vie privée des gens visés par les vilenies colportées. En banalisant l’accusation d’antisémitisme, puis en reprenant jour après jour des comptes rendus flétrissants, ces deux journaux ont visé de longue main un but. Payer deux rubricards pendant deux ans et demi pour collecter des ragots flétrissants, puis payer une agence de pub pour planifier une tournée générale des plateaux télés montre une certaine détermination. Elle correspond à un objectif calculé et planifié. Le fin mot est avoué quand Bouchet-Petersen junior écrit dans l’édito de « Libération » : « le problème c’est Mélenchon ».
Il s’agit évidemment d’une appréciation politique et non personnelle. Quand Charlotte Belaïch fait parler un anonyme pour inventer qu’il n’y a « pas de dirigeant juif à LFI », on sait quel extrémisme elle veut rameuter. En réalité, leur problème, c’est la ligne de gauche. La ligne de la rupture avec la politique du traité de Lisbonne, non seulement dans ses aspects économiques mais aussi… géopolitiques. L’atlantisme est un virus qui nage dans un marécage d’accointances et de faveurs de toutes sortes.
L’article du « Monde » consacré au 29 mai 2005 interroge bien des gauches sociales-démocrates, mais ne contient ni un témoignage Insoumis, ni un mot de référence à l’analyse qui nous porte depuis vingt ans à ce sujet. Certes, aucun d’entre nous n’aurait accepté de parler avec quelqu’un qui nous traite de secte et piétine notre vie privée. Mais ce que nous incarnons dans ce moment ne va donc pas au-delà de nos personnes ? C’est leur rêve.
Ces deux journaux du « oui » ont fait campagne contre les insoumis tout au long de la campagne présidentielle de 2017 et de 2022. Mais les deux victoires de Macron n’ont hélas pas permis de réaliser le plan dont ils rêvaient. Après notre victoire législative de 2024, ils ont couvert le coup de force de Macron avec servilité. Puis ils se sont encore arc-boutés pour un « compromis » gouvernemental avec la macronie du front républicain. Tout cela, d’une façon ou d’une autre, c’est le cœur de leur affaire, la « grande coalition » à l’œuvre en Allemagne ou en Italie. Leur but, leur idéal, leur programme.
Il leur faut donc discréditer et détruire la France insoumise. C’est pour cela qu’ils ont l’audace de décrire LFI comme une secte dont ils souhaitent la dissolution. Une ligne très en phase avec la macronie. Yaël Braun-Pivet a vendu la mèche aux Quatre Vérités sur France 2 : « Une partie des socialistes aimerait s’engager dans une voie de dialogue avec la majorité. J’appelle à un large rassemblement. J’aspire à ce qu’il y ait un dialogue beaucoup plus nourri avec le PS ». C’est tellement mignon ! À noter : la présidente de l’Assemblée nationale parle de « la majorité » à propos de la cohorte confuse de partis du « socle commun » minoritaire. L’essentiel est dit : la ligne de tous ces partisans de la primaire est bien la grande coalition à l’allemande. L’envie vient de loin. De 2005.