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La semaine algérienne

La France et l’Algérie vivent ces temps-ci comme sous une loupe. La semaine écoulée a épuré les processus politiques en cours dans notre pays et chez nos voisins algériens. Les deux situations ont assez de points communs pour qu’on puisse déjà en tirer des leçons d’ordre plus général. Je donne donc aussi à ce post un contenu un peu théorique. Je travaille sur ce type de question ces temps-ci, à mesure que les évènements posent des questions auxquelles je veux répondre en cohérence avec l’analyse globale que j’ai déjà produit dans L’Ère du peuple. La matière première abonde. Je renvoie donc mes lecteurs au chapitre de ce post qui en traite.

En France, à l’approche des conclusions de la grande diversion dites « grand débat », le pouvoir mis en cause n’a rien débloqué. Pire : il est à présent victime de lui-même, pris au piège des frustrations qu’il va aggraver en faisant son compte rendu. Sans oublier la lassitude qu’il aura déclenchée et la démonétisation de la parole présidentielle totalement vidée d’autorité par des heures de bavardages. De notre côté, dans l’action populaire, l’effort fourni en 21 semaines a consommé beaucoup d’énergie. La jonction avec les classes moyennes salariées ne s’est pas faite dans la mesure où les syndicats sont restés pour l’essentiel en retrait du processus, pour ne pas dire plus. Les sondages très favorables au pouvoir pour la prochaine élection européenne semblent nier inexplicablement l’impact de l’action populaire et la débandade des cercles du pouvoir, pourtant visible. Pour autant, le mouvement « gilets jaunes » n’a pas épuisé sa dynamique propre. Des dates de rendez-vous sociaux jalonnent le calendrier des mobilisations populaires. En même temps, on observe une nouvelle vague d’implication corporative et associative. Sans oublier une certaine floraison d’initiatives visant à fédérer les mobilisations.

Pendant tout ce temps, nous, les Insoumis, nous avons multiplié les initiatives ouvertes ou discrètes, pour construire des fronts de réplique au pouvoir. Ces efforts commencent à porter leurs fruits. Cette semaine a été acquise la signature en commun de 40 organisations pour la défense des libertés. Une date de manifestation commune est fixée pour le 13 avril. En parallèle, des unions locales et fédérations syndicales, surmontant le blocage des sommets, cherchent à s’accorder sur un projet de « Front populaire » politico-social du type de celui que nous avons proposé depuis mai dernier. Elles convoquent, en accord avec plusieurs secteurs de gilets jaunes, une montée nationale sur Paris le 27 avril prochain. Ce sont des hirondelles bien menues. Mais elles annoncent à leur façon un printemps possible.

En Algérie, ce que l’on appelle « l’État profond » joue sa carte sous commandement unique. En France, le « système profond », celui-des ramifications infinies dont les fils finissent dans la main des 10 oligarques qui tiennent notre pays, est plus protéiforme. Il se sait sans alternative disponible. Pas d’homme providentiel en vue. Pas de botte secrète à disposition. L’unique passerelle de rétablissement d’une autorité populaire vouée à la protection du système est dans le RN. Celui-ci assume cet autoritarisme d’État dont Macron a déblayé toutes les voies de passage avec ses pratiques et ses lois liberticides. On notera que Le Pen semble l’avoir bien compris. Après la campagne médiatique de dédiabolisation, on voit se construire sous nos yeux une banalisation bien orchestrée. À présent, Le Pen ne sort plus de l’Euro, ni de la cinquième République, ni même des traités européens. Elle s’est prononcée contre la présence des militaires dans la rue et demande comme solution le retour aux urnes. Deux idées contraires à la pratique brutale du pouvoir en place. La pente générale des évènements débouche donc sur une extrême-droitisation des milieux dirigeants du pays, conforme à son histoire longue. Hollande, qui est le fidèle concierge des dominants du pays, sait ce qu’il dit quand il annonce l’imminence du pouvoir de l’extrême droite.

Il va de soi que nous sommes construits contre cette pente. Rien ne dit que nous ayons perdu la partie. Pour ma part, je crois l’inverse. La secousse qui fait trembler le système dans ses fondations sociales et institutionnelles est la meilleure occasion qui se soit présentée depuis longtemps pour la révolution citoyenne à laquelle nous aspirons. Nous sommes bien préparés et vigoureusement organisés. Certes, l’abominable campagne permanente de dénigrement qui nous suit de semaine en semaine joue contre nous. La mobilisation contre nous et le mouvement populaire est intense dans les médias d’État et de l’officialité. Elles nous coûtent sans aucun doute. Mais l’élection qui vient nous donne une occasion de premier choix d’avancer vers la remise en cause radicale du pouvoir et du système qui le porte. Depuis la victoire de Macron, c’est la première fois que les urnes sont là comme terrain de lutte central. Il faut encore quelques semaines pour que soit bien comprise l’opportunité. Le tout est d’être bien déployés sur le terrain pour chopper la marée ascendante si elle doit avoir lieu.

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