afghanistan aeroport

Afghanistan : 20 ans de guerre en travers de la gorge

La victoire des talibans en Afghanistan déclenche légitimement un flots de commentaires et l’angoisse y domine, à juste titre. Engagé dès la première heure contre cette intervention militaire des USA (soi-disant en réplique aux attentats du 11 septembre 2001), je suis d’autant plus révolté contre le résultat final de ces vingt ans de guerre. J’ai déjà dit que j’avais chaleureusement applaudi la défaite des USA au Vietnam. Leur défaite (cette fois-ci encore), par contre, ne me procure qu’affliction et colère contre eux et je ne veux pas m’en cacher. Elle me soulève de dégoût pour ceux qui ont conduit les évènements jusqu’à ce point. Car tout était hautement prévisible depuis le premier jour.

L’énormité des mensonges et des illusions répandues et entretenues sans aucun esprit critique, les moqueries et insultes dont ont fait l’objet tous ceux qui tentaient, comme nous, de mettre en alerte, de dénoncer les méthodes de guerre et d’exiger le retrait pendant tout ce temps, me remontent à l’esprit comme une écume amère ! Tous ces sujets sont dans mon intervention à l’Assemblée nationale en septembre 2019. Et dans combien de nos actions à l’Assemblée et dans la presse !

[mom_video type= »youtube » id= »MXg5Ld1geG0″ width= »560″ height= »315″]

Ceux qui ont décidé cette guerre, ceux qui l’ont soutenu savaient que la guerre tue, n’est-ce pas ! Raison pour laquelle il faut sérieusement y réfléchir avant d’en engager une où que ce soit. Ceux-là pourtant n’ont jamais exprimé le moindre regret sur leurs erreurs d’évaluation passées ou récentes. Au contraire, les mêmes refrains stupides leur servent encore pour justifier la guerre du Mali. Comme si aucune leçon ne serait jamais tirée de ce qu’est une guerre asymétrique, où l’électronique et tout le saint-frusquin des technocrates ne permettront jamais aucune victoire. La politique partout, tout le temps doit rester au poste de commande pour régler les problèmes. Et c’est une loi générale des relations internationales que « les peuples n’aiment pas les missionnaires armés ».

La guerre ne règle rien, mais la défaite change tout. Le rapport de force idéologique et politique populaire est du côté des « Talibans » à la sortie de cette déroute. Je suis certain que, de même qu’ils ont créés de toute pièce Al-Quaïda contre le régime communiste afghan, une nouvelle fois les grands stratèges des USA ont imaginé un nouveau plan qui tournera mal et même très mal à force de mettre les doigts dans les essaims de frelons. Rendez-vous désormais en Irak, au Yémen, et au Mali aussi pour observer le résultat du nouveau rapport de force. Il temps pour les Français de changer de pied dans ces aventures !

Je trouverai le moment d’écrire plus longuement sur la question très bientôt. Mais je m’afflige de voir circuler des infos de nouveau si mal contrôlées. Comme l’idée que la situation des femmes aurait été l’enjeu de cette guerre. Rien n’est plus faux. Leur sort a été scellé par la nouvelle Constitution du régime pro-américain. Elle a été établie par une assemblée coutumière (Majli) des chefs religieux du pays. Il est certain que les vainqueurs vont donner un cruel tour de vis supplémentaire. Mais il est totalement erroné de croire que le sort des femmes ait jamais été un sujet pour les armées d’occupation des USA et de leurs alliés. De même le grand public ne tardera pas à découvrir que la victoire des talibans a été assez bien précédée de nombreux contacts et discussions avec les USA. Et sans doute peut-on penser que ces « talibans » là conviennent mieux à certains stratèges que d’autres sur place, davantage liés à d’autres fractions de l’islamisme politique actuel dans la région. Un bon pouvoir à Kaboul pour les USA est celui qui lui donne des garanties par rapport à la Chine et à l’Iran. Et peu leur importe les femmes ou quoi ce soit d’autre dans ce secteur.

À présent s’exprime de la compassion pour les auxiliaire de l’armée français sur place. Car au plus fort de la participation de notre armée à cette aventure il y a eu 4000 Français sur place et 89 y ont laissé la vie pour obéir aux ordres. Une tribune d’un collectif d’avocats publiée dans Le Monde revendique : « Une protection immédiate doit être accordée aux anciens interprètes et auxiliaires afghans de l’armée française ». Mais dès le 1er juin dernier, un collectif de 17 associations a envoyé un courrier à l’OTAN et à 8 chefs d’États, dont Emmanuel Macron, pour réclamer la protection des anciens personnels locaux autrefois recrutés par les armées présentes sur place. La défaite était déjà suffisamment en cours ! Résultat : rien. Comme d’habitude.

Car les Insoumis ont tiré dix fois la sonnette d’alarme sur ce sujet. LREM et les hautes autorités du régime macroniste ont ricané et sont retourné à leur autosatisfaction permanente. Par exemple après notre demande d’une demande de commission d’enquête sur leur sort en 2019, dont les deux premiers signataires sont Bastien Lachaud et moi (février 2019). Et encore quand Bastien Lachaud et Alexis Corbière, députés insoumis membres de la commission de la défense ont publié une tribune dans Le Figaro en mars 2019. Pour ne rien dire des deux questions écrites de Bastien Lachaud et de Clémentine Autain. Le plus grave à mes yeux est que tous nos amendements portant spécifiquement sur la question des auxiliaires afghans déposés pour le débat sur la loi Asile Immigration en avril 2018 aient été tous rejetés ou déclarés irrecevables !

Du coup, on comprend que nous vivions mal le surgissement des engagés de la 25ème heure ! Il est insupportable de les voir se draper dans cette posture aussi grotesque que l’était auparavant leur indifférence ou leur assentiment à la politique tragiquement absurde qui a conduit au désastre. Les macronistes, comme on vient de le voir, battent dans ce domaine tous les records d’hypocrisie ! Macron lui-même a été spécialement inaudible depuis le début de son mandat sur le sujet. Quant au PS ! «  La liberté de l’Europe se joue en Afghanistan » récitaient les grands chefs en bureau national de ce parti quand il a voté son soutien à l’intervention puis toutes les mesures d’accompagnement de l’occupation.

J’en reste là pour ne citer que ceux qui ont eu a décider pour notre pays. les autres, de toutes façons, n’ont rien dit ni fait pendant 20 ans. Et aucun journaliste n’a jamais posé à qui que ce soit quelque questions que ce soit sur le sujet au cours des 15 dernières années.

À présent l’honneur commande que tous les auxiliaires des administrations françaises et des personnes sur place, et leur famille soient ramenés en France s’il le souhaitent. L’honneur !

DERNIERS ARTICLES

Rechercher