À peine le contrat de législature du Nouveau Front Populaire publié, le camp macroniste, déjà bien fébrile depuis l’annonce de l’union de toute la gauche traditionnelle et du parti vert avec les insoumis, a ressorti ses arguments de fond de tiroir. Avec une triste banalité, ils ont choisi l’angle classique de la droite du « combien ça cooooooûte ? ». Avec le refrain « c’est la ruine » beuglent ceux qui veulent continuer une politique qui a coûté déjà 3000 milliards de dette !
Augmenter les salaires, reconstruire les services publics, augmenter les minima sociaux, les retraites, donner aux jeunes une garantie d’autonomie : tout cela est pour eux de la dépense superflue ! Rien à voir avec les 140 à 220 milliards d’aides et baisses d’impôts dont ils gavent les grandes entreprises chaque année. Alors, pour faire peur, les fins limiers du Président ont sorti un chiffre bien gros et fantaisiste. Attention, roulements de tambour : le programme du Nouvel Front Populaire coûterait selon leurs savants calculs pas moins de 286 milliards d’euros ! Tremblez braves gens ! Problème, il ne faut pas plus d’un coup d’œil à qui connait son affaire pour se rendre compte de la grossièreté de l’arnaque. Deux exemples convaincront toutes les personnes de bonne foi. Dans la liste de nos mesures que le camp macroniste contribue à faire connaître à travers cette campagne de communication, il y a le fait de rendre la CSG progressive. Aujourd’hui, c’est un impôt injuste puisque, quelque soit le revenu, tous payent pareil. Nous souhaitons donc la rendre progressive avec des tranches pour que les petits payent petit et les gros payent gros. Mais pour la minorité présidentielle, cela coûte 39 milliards d’euros ! Pourquoi ? Peut-être n’ont-ils pas compris le principe du partage des richesses. Ceux qui payeront plus compenseront pour ceux qui payeront moins de cet impôt. Coût total pour les finances publiques : 0 euros. Caramba ! Première mauvaise blague. Voici la deuxième, et la meilleure. Le document du pouvoir évalue la sixième semaine de congés payés à un coût de 30 milliards d’euros. Problème : cette proposition n’est inscrite nulle part dans le programme du Nouveau Front Populaire. C’est vrai, elle est dans le programme des insoumis. Mais puisque notre contrat de législature est un programme qui vise à répondre aux urgences et, en quelque sorte, à s’ouvrir l’appétit, cette forme de réduction du temps de travail n’y figure pas. C’est le fruit d’un compromis avec les autres partis (ça veut dire qu’il y avait… des oppositions). Résultat des courses : deux lignes de leur prétendues liste de dépenses sont annulées et cela suffit à faire baisser d’un quart la somme affichée. Cette expertise de notre programme est donc un faux grossier…
Le plus drôle serait sûrement de rendre à César ce qui est à César. Car il n’est pas certain que la macronie soit la mieux placée pour fanfaronner sur un chiffrage sérieux du programme. On se souvient comment, pendant la présidentielle, les insoumis avaient mobilisé une cohorte d’économistes. Ils avaient passé 6h à présenter le chiffrage de leur programme. Emmanuel Macron s’était lui contenté des quelques lignes présentant des chiffres sans justification. Il disait alors qu’il allait dépenser 50 milliards d’euros pendant son quinquennat. Deux ans plus tard, ils en sont déjà 133 milliards d’euros. Emmanuel Macron a amené le pays à 3000 milliards d’euros de dette publique, soit la bagatelle de 1000 milliards d’euros de plus qu’à son arrivée ! Quel mozart du plantage budgétaire !
Pour lui, il s’agissait d’aspirer l’argent du bas vers le haut. La preuve : l’augmentation faramineuse de 85% des dividendes payés aux actionnaires depuis 2017. Le salaire horaire moyen des travailleurs, sur la même période, a baissé de 5% et tous les services publics se sont dégradés. Le gouvernement du Nouveau Front Populaire fera l’inverse. Il fera remonter l’argent des riches vers le peuple. Une politique vertueuse. Car c’est bien la consommation populaire qui tire 53% de l’activité de l’économie française, remplit les carnets de commandes, et au final, remplit les caisses de l’État. Depuis 7 ans, la France subit la théorie du « ruissellement ». La richesse accumulée au sommet finirait par ruisseler vers le bas de l’échelle des revenus. Mais dans les faits, rien n’a ruisselé. Au contraire, les monstrueux profits capitalistes se sont évaporés dans la sphère financière sans venir sur le plancher des vaches où sont les investissements ou les salaires. Et si nous changions de doctrine économique et budgétaire ? Celle dessinée par le programme écologique et social du Nouveau Front Populaire ne cache pas son objectif : gouverner par les besoins. Autrement dit, partir de la vie réelle et concrète du commun des mortels et répondre à leurs besoins vitaux. Simple. Efficace. Rend plus belle la vie.