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La France insoumise en mouvement

Les jours en cours sont ceux d’une active préparation de la première Convention du mouvement « la France insoumise ». Comme on le sait, le mouvement est en cours de construction et il en sera de même jusqu’au terme de la campagne. Notre Convention ne sera donc en rien un congrès, ni rien qui y ramène. Ceci pour trois raisons.

La première, c’est que ce n’est pas le sens du contrat qui est à l’origine du mouvement pour ceux qui l’ont rejoint en donnant leur appui à ma candidature. Pour chacun d’eux, les formes d’engagement sont totalement individualisées et à géométrie variable de l’un à l’autre et pour chacun au fil du temps. Des actions sont proposées soit par l’équipe nationale, soit sur le terrain par les groupes d’appui. Des gens s’y associent ou non. Rien de tout cela n’appelle de délibérations puisqu’il n’y a aucune obligation pour personne. Ces formes sont troublantes mais ce sont celles que les plateformes en ligne rendent possible. C’est l’heureuse conséquence d’un vrai progrès qui réduit à l’inutile toutes sortes de médiations qui autrefois généraient toutes sortes de blocages. Ici, ce qui fédère c’est l’action et la mise en mouvement. C’est déroutant pour bien des habitudes du passé. C’est pourquoi cela est souvent mal compris ou mal interprété par les militants politiques plus traditionnels. Mais après un peu de pratique, en général, tout le monde est enchanté et finit par trouver ses marques.

La seconde raison qui conduit à écarter fermement tout ce qui se donnerait à voir ou à vivre comme un Congrès, c’est que les militants politiques qui participent à la vie de la « France insoumise » ne doivent pas être mis en porte-à-faux par rapport à leur adhésion à leur parti. Et si des partis ou des groupes politiques sont membres de « l’espace politique » du mouvement, aucun n’a renoncé à son existence propre, ce que le mouvement doit respecter. Il doit le faire de façon d’autant plus scrupuleuse que lui-même attend en retour un respect absolu de son autonomie. Au total, c’est de cette façon que rien ne peut être plus « large » que « La France insoumise », puisque celle-ci n’a pas de bord, n’exclut personne, ne réduit l’autonomie de personne. « La France insoumise » est un label commun, un cadre d’action, un point d’appui et un outil individualisé en vue de gagner l’élection présidentielle de 2017.

Les partis doivent-ils craindre leur extinction dans ce cadre ? Non bien sûr. Le Parti de Gauche dont je suis membre, n’a pas disparu, il ne s’est pas dissout, il n’a pas cessé ses activités. Il s’est au contraire mis « au service de la campagne ». Ses militants, quand ils agissent dans le cadre de la France insoumise, respectent la maison dans laquelle ils s’insèrent. C’est-à-dire qu’ils respectent son autonomie et la volonté de ceux qui s’y trouvent de n’être assimilés à aucun parti. Et bien sûr, il existe des distances et même des désaccords puisque le programme est un texte collectif, que la direction de campagne n’est pas celle du parti et que sais-je encore. Il en va de même pour les socialistes et les communistes qui sont là. Et alors ? Participer à un mouvement collectif, c’est nécessairement accepter des compromis de vie quotidienne. Mes camarades le font naturellement car ils n’ont jamais été dogmatiques. Et nous ne passons pas nos journées à nous demander qui est membre de quoi avant ou après telle date. Le critère d’accueil ce n’est pas « d’où viens-tu ? » mais « que veux-tu faire ? ». Agir ! L’action est tout ici.

Le dernier point concerne le sens de la Convention elle-même. Deux tiers des participants sont tirés au sort. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une « assemblée représentative du mouvement » dans son ensemble et à ce moment précis de sa très jeune histoire. Comme ce n’est pas un parti, on ne peut élire, car cela supposerait l’existence de programme de référence des candidats et la permanence de leur élection. Ici, le programme, c’est celui de la campagne et ses candidatures communes à la présidentielle et aux législatives. Quant au mandat des participants il ne peut être permanent dans un mouvement en pleine naissance. Dans trois mois, dans six mois, le mouvement sera tellement différent !

Comment se fait le tirage au sort ? Tous ceux qui sont tirés au sort sont consultés pour savoir s’ils acceptent. Comme cela prend beaucoup de temps, une pré-sélection a été faite. Tout le monde a été informé de la procédure et invité à faire savoir s’il est intéressé à être dans la liste du tirage au sort. Car tout le monde n’en a pas forcément envie, compte tenu de la base de constitution du mouvement. Le soutien à une candidature et la participation au mouvement, je l’ai dit, est à géométrie variable, libre et strictement personnelle.

Ensuite le tirage au sort se fait sur deux listes distinctes, hommes et femmes pour être certains d’atteindre la parité absolue. On tire au sort aussi longtemps que le chiffre fixé de six cent personnes n’est pas atteint. En effet, dans les tirés au sort, des gens ne sont plus libres à la date dite ou bien ont changé d’avis et ainsi de suite. Cette opération recommencera à chaque convocation de l’assemblée représentative.

Le dernier tiers des participants est composé de deux groupes. Le premier, celui des représentants des mouvements partis ou groupes qui participent à la vie du mouvement. C’est « l’espace politique ». L’autre, c’est celui des acteurs de luttes sociales, écologiques, lanceurs d’alerte et ainsi de suite. C’est « l’espace des luttes ». Rien de tout cela n’est figé. La prochaine assemblée représentative devra tenir compte des évolutions, dans la composition du mouvement, des soutiens qu’il recevra. Mais l’idée est d’innover en dépassant la structure antérieure du type de ce qui était devenu le comité national du Front de Gauche dont la composition et le nombre étaient répartis entre les organisations qui en désignaient les membres sans autre forme de procès.

Dans un prochain post, je ferai connaitre le reste de l’organisation en cours depuis la méthode du programme, les livrets thématiques en préparation et ce qui s’en suivra.

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