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La démocratie est une force, pas un point faible

La semaine passée, l’hebdomadaire « Les Inrocks » m’a proposé une longue interview sur le fond. En plus de journalistes de la rédaction, intervenaient dans l’entretien Aude Lancelin et Les youtubeurs de « Osons causer ». Il y avait donc Ludo, dont j’ai déjà dit combien sa façon d’intervenir à l’écran m’intéresse. À cette occasion, Ludo a voulu éclaircir ma position à propos de la convocation de l’assemblée constituante et de sa place dans le calendrier de la mise en œuvre générale de notre programme. En fait ces questions me sont souvent posées de vive voix dans les conversations avec nos amis. J’ai donc pensé que ma réponse bien pesée pourrait intéresser ceux qui me lisent dans le cas où ils n’auraient pas acheté ce numéro de l’hebdomadaire, (ce qui aura été une erreur de leur part)…

Ludo d’Osons Causer : Votre programme s’ouvre sur la nécessité d’une Constituante, c’est-à-dire l’idée de faire écrire la nouvelle Constitution française par le peuple. Avez-vous une idée des modalités de cette écriture et du calendrier que vous prévoyez ?

Si je suis élu, je sais que cela suscitera des réactions fortes du monde de la finance et de ses médias. C’est comme ça partout dans le monde, tout le temps. Mais leur agressivité, leur violence anticonstitutionnelle et antipopulaire sera aussi un stimulant extraordinaire poussant les gens à l’action pour défendre leur vote. Quoiqu’il en soit les gens ne vivent pas de slogans et de mobilisations politiques. Leur vie quotidienne doit s’améliorer. Mettre fin à la peur, à la précarité, à la santé laissée pour compte etc… Bref : la « sécurité sociale intégrale » c’est un nouveau mode de vie. Quand les gens ont davantage de visibilité sur leur avenir, ils peuvent mieux s’engager et faire de la politique. Changer les conditions d’existence des gens est donc la condition sociale de la réussite de notre stratégie de mobilisation populaire pour constituante.

Le gouvernement et l’Assemblée élue en mai, diront comment on forme la nouvelle assemblée constituante. Je souhaite qu’une partie soit tirée au sort et l’autre élue. On commencera en septembre ou octobre 2017. Une fois finie la mise en place, peut commencer l’écriture collaborative de la nouvelle Constitution. Il faudra sans doute un an demi pour finir. Le texte sera ensuite soumis au peuple par référendum.

Ludo d’Osons Causer : Vous vous êtes engagé à démissionner une fois la nouvelle constitution en vigueur, comment pourrez-vous gouverner alors que votre présidence sera par nature transitoire ?

En attendant la nouvelle Constitution et ma démission, ma présidence sera pleine et entière dans le cadre de la Vème République et de tous ses pouvoirs. Dès le lendemain de mon élection, je commencerai à appliquer notre programme. On démarrera tout et dans toutes les directions. On est bien prêts. Après ? Je n’ai pas peur de nouvelles élections. La conflictualité démocratique est le carburant de la révolution citoyenne. En 13 ans, on a voté 14 fois au Venezuela, et à chaque fois les pleutres disaient à Chavez qu’il perdrait. Pourtant, chaque fois, des millions de gens des quartiers pauvres se pressaient vers les urnes en disant : « Ce que l’on a gagné, on ne le lâchera plus jamais ». J’appartiens à cette tradition de la révolution citoyenne. Je pense qu’à chaque fois qu’on a peur du mouvement populaire, qu’on fait machine arrière devant son énergie, on commet une erreur monstrueuse. Si Dilma Roussef s’était appuyée sur le mouvement des gens dans la rue qui manifestaient par millions pour des services publics plutôt que des stades de foot durant la Coupe du monde de football, elle n’aurait pas été vaincue par les corrompus qui ont pris le pouvoir depuis. La démocratie c’est notre force pas notre point faible.

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