En fin de semaine se tiendra la troisième Convention du Mouvement « La France Insoumise ». Comme les deux précédentes, elle ne prétend pas fixer une forme définitive de l’outil que nous sommes en train de créer. Nous sommes en évolution permanente. Une pression s’exerce sur nous pour nous faire revenir aux formes classiques des organisations politiques traditionnelles. Parfois, elle est aussi relayée ici ou là de la part des gens qui ont hâte de s’approprier le sigle en vue des diverses élections qui auront lieu. Ceux-là sont parfois des militants madrés. Ils savent quoi dire pour se gagner l’intérêt des médias. C’est le mode « Corse insoumise » où dix gros malins s’approprient le sigle au nom d’une « baaaase » préfabriquée pour faire leur tambouille locale dans le plus total mépris des autres insoumis et de tout le mouvement. En général le PCF ou les gauchistes ne sont pas loin pour opérer ce genre de falsifications électoralement juteuses, pensent-ils. Ainsi en Corse où sur dix candidats il y a 7 communistes et, sur les trois restants, trois « anciens communistes » dont l’ancien secrétaire départemental du PCF. Mettons donc de côté le commentaire sur ces petits malins qui jouaient déjà le même jeu trouble dans les élections précédentes sous le timbre « Front de gauche » parfois même avec ma photo. Ne serait-il pas plus honnête que chacun aille de son côté, fasse sa démonstration politique et que le débat s’ouvre sur des bases claires ? Mais ce n’est pas possible. En Corse, le débat utile qui prépare le futur, c’est celui à mener avec les autonomistes. La course aux sièges a tout bloqué, tout empêché. Dont acte. Nous devrons porter cette croix en appelant chaque fois les électeurs à ne pas se laisser berner. Mieux vaut s’abstenir que cautionner de telles pratiques.
Le mouvement « La France insoumise » va franchir quelques étapes murement préparées. On avance lentement et doucement. C’est bien comme ça ! Il y a une raison. On compte presque six cent mille clics de soutien sur la plateforme. Ce nombre comporte des participations acquises à des moments très divers de l’émergence du mouvement. Par exemple il y a eu plus de deux cent mille « adhésions » après la présidentielle, pour aider à l’élection législative. Et actuellement, les « adhésions » continuent d’arriver. Cette diversité de motivations est aussi une diversité d’intensité d’engagement, et une variété tout aussi grande de rapport à l’action politique. Le Mouvement ne peut donc pas lui-même s’approprier ses propres soutiens. Il ne peut les déclarer fondus dans une même entité assez homogène pour se doter d’une « direction politique » qu’ils désigneraient par des votes après débats entre plateformes et ainsi de suite. Le Mouvement est donc une entité qui s’organise par l’action de plusieurs types d’activité et des structures qui rendent ce travail possible. Il est donc « polycentrique ». Il y a plusieurs centres d’action, souvent autonomes les uns des autres. La liberté d’action est la méthode. Le contrôle a posteriori est la règle de fonctionnement dans chaque domaine d’action. Il n’y a donc pas de présidence au Mouvement et il n’y en aura pas. Et pas davantage de « délégué général » à cette étape car le besoin ne s’en constate pas.
On peut imaginer dans l’avenir installer une coordination de tous ces secteurs au plan national mais ce ne sera jamais pour autre chose que pour coordonner leurs actions, mais non pas en décider. Actuellement cette tâche est assumée par un noyau de personnes extrêmement limité. On trouve l’organigramme de cette organisation telle qu’elle est aujourd’hui avec les photos et biographie des personnes concernées sur la plateforme internet du mouvement. Elle reprend très largement la structure qui a conduit les deux campagnes électorales. Depuis leur achèvement et l’installation du groupe parlementaire beaucoup était à refaire. Le plus travail le plus important a consisté à recomposer les équipes qui avaient été démantibulées par la formation du groupe parlementaire et par les aléas des projets de vie et du déroulement des carrières professionnelles de ceux qui animaient le travail jusque-là. Notamment le cœur du réacteur insoumis : l’équipe du programme et des livrets thématiques autour de Charlotte Girard. Il s’agit-il de plus de cent personnes. De même pour les postes opérationnels qui font la vie quotidienne du mouvement. Ils sont considérés comme vitaux et ne peuvent en aucun cas être abandonnés aux hasards des parlotes ni à la dictature bavarde mais inefficiente des professeurs « y a qu’a » qui pullulent et s’agitent bruyamment ailleurs.
Il existe en effet parmi nous une culture perfectionniste de l’action disciplinée qui ne s’accommode pas du jeu des postures, cliques et fractions. Organiser des dizaines de lignes de cars, des centaines de déplacements des orateurs(trices) nationaux, l’expédition de millions de tracts et d’affiches (dix millions depuis début septembre), le contact avec des centaines de groupes d’action chaque semaine, l’accueil et l’écoute au siège et en ligne de centaines de personnes, réformer sans pause tout le système des liaisons internes par internet et ainsi de suite, tout cela ne s’improvise pas. Tout cela ne peut se gérer sans que chacun des animateurs soit pleinement le maitre à bord de son travail et de l’association méthodique de tous ceux qui veulent s’adjoindre à la tâche. C’est la raison pour laquelle il n’y a aucun enjeu de pouvoir au mouvement « La France Insoumise » : toutes les tâches intellectuelles et matérielles restent ouvertes à tout le monde, tout le temps.
On s’interroge dès fois sur mon rôle personnel. Je suis le président du groupe parlementaire. C’est un grand travail. Et une grande joie aussi, je vous le dis ! Je ne suis que cela dans l’organigramme. Mais je suis davantage au plan moral pour beaucoup des nôtres, cela va de soi. J’influence donc. Avec ce blog, avec mes rencontres en tête à tête, mes « Revues de la semaine » et ainsi de suite. Pas davantage. Je ne donne d’ordre à personne. Sauf si on m’en demande. Je ne gère pas le mouvement, ni aucun de ses compartiments. Je ne le veux pas. Mais bien sur je m’implique autant que je peux dans tous les sujets où on m’accueille au hasard du travail quotidien. Je ne saurais mieux dire à mon sujet quand on me pose la question. Mais tout le monde voit bien qu’une équipe a surgit depuis plusieurs mois. On la voit à l’Assemblée et au siège du Mouvement. Les femmes et les hommes qui la composent ont acquis une expérience décisive. Parfois de longue main au fil de nos batailles depuis parfois longtemps même quand les gens semblent bien jeunes. Cette équipe est au top. Le mouvement n’a plus besoin de moi comme aux premiers jours. Et c’est sans doute ce que je considère comme ma plus belle réussite même si je sais que je dois la partager avec celles et ceux qui menaient la barque avec moi ces dernières années.