Cette semaine, j’ai fait de nouveau l’aller-retour à Bruxelles pour la mini-session du Parlement européen. Sous la pluie glacée, la ville paraît plus sale qu’elle ne l’est déjà sous le soleil. Le Parlement est en travaux. Le système ubuesque des entrées dans la soucoupe volante est rendu plus kafkaïen qu’à l’habitude. Mais comme le plafond de l’hémicycle a déjà failli tomber sur nos têtes, je ne discute pas l’opportunité des travaux, cela va de soi. À mon avis, pendant la période où on cherche à rendre non dangereux ce bâtiment, on ferait mieux de ne se réunir qu’à Strasbourg seulement pour éviter la transhumance coutumière entre la bourgade belge et le siège historique de « l’Europe de la paix bla bla…».
En tous cas, Bruxelles est toujours pire que ce qui se voit. Même en dehors de la mascarade européenne. Car la vitrine de l’Union Européenne est bien à l’image de cette institution cruelle et socialement malfaisante. Sur le papier, Bruxelles, c’est une ville très riche. En 2013, le produit intérieur brut de la ville a été de 61 899 euros « par habitant » tandis que la Wallonie francophone ne parvenait qu’à 26 183 euros et que la Flandre, si séparatiste, ne s’octroyait que 35 922 euros. Evidemment il s’agit de données qui n’ont aucun sens réel. Chaque habitant de Bruxelles ne reçoit pas une telle somme (ni d’ailleurs ceux de Wallonie ou de Flandres !). C’est même tout le contraire !
Bruxelles est surtout un petit enfer social. Entre 26,7% et 35,1 % de sa population vit en-dessous du seuil de pauvreté. Un quart des enfants bruxellois de moins de 18 ans vit dans un foyer sans revenu du travail. À cette violence invisible s’ajoute une violence mortelle. En effet, l’espérance de vie diminue avec la fortune des habitants. C’est ce que montre l’étude par quartier réalisée par l’Observatoire de la santé et du social qui publie ce baromètre annuel. En effet, la différence entre les plus pauvres et les plus riches retire aux premiers 2,9 années pour les hommes et 2,5 pour les femmes. Cette ségrégation sociale face aux droits élémentaires de l’existence et devant la mort est une bonne illustration de cette mystification qu’est « l’Europe qui nous protège ». Bruxelles est une capitale qui ressemble à ce qu’était le tiers monde. Je veux dire le tiers monde avant qu’il ne commence à se développer. Car pendant ce temps, l’Europe régressait grâce aux bienfaits de l’euro fort et de la « concurrence libre et non faussée ». La vitrine de l’Europe est bien à son image.