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En Italie aussi…

Tandis que je me trouvais à Barcelone, Gabriel Amard me représentait à un évènement italien que je ne pouvais suivre moi-même. Gabriel est un des dirigeants du combat pour le droit à l’eau en France. Mais il est aussi un des animateurs de « La France insoumise » avec lequel je milite depuis qu’il avait dix-neuf ans, il y a trente ans. Dans la présidentielle de 2012, il dirigeait les « évènements » c’est-à-dire la mise en place de tous les temps forts de masse de cette campagne, marches, meetings et ainsi de suite. Ensuite, en 2017, il assumait le poste stratégique de la collecte des signatures de parrainage que nous menions seuls contre tous. Je donne toutes ces précisions pour que mes lecteurs sachent que c’est un observateur particulièrement aigü qui était nos yeux et nos oreilles dans l’événement italien.

Après la réunion de fondation du mouvement de Zoe Konstantoupoulou à Athènes, c’est la deuxième fois que nous participons à l’émergence d’une force politique nouvelle cousine de notre mouvement « La France insoumise » devenue une des références les plus importantes des mouvements de cette nature dans toute l’Europe. De plus, Gabriel parle l’Italien. De la sorte, il était donc le meilleur truchement pour moi auprès des italiens du nouveau groupe en formation. Je lui ai demandé de m’adresser un court résumé de ce qu’il a vu sur place. Il a intitulé son rapport : « Petite note de voyage en Italie à Rome à la rencontre de « Potere al popolo »». Je la reproduis ici pour vous associer du mieux que je peux à notre aventure commune pour la construction d’une alternative populaire européenne. Une alternative indépendante, sans compromis avec les sociaux-démocrates, la droite, et les débris du vieux monde ou de l’espoir trompé et foulé au pied du genre d’Alexis Tsipras et Syriza. Voici le coup d’œil de Gabriel.

« Cela vaut le coup de faire un voyage en train de 10 heures dans chaque sens de Lons le Saunier à Rome à l’invitation des Assemblées « Potere al popolo ». En effet, les assemblées territoriales adossées à des centres sociaux donnent ici naissance à un mouvement citoyen pour  » donner le pouvoir au peuple » en français. Elles traduisent une disponibilité politique de la jeunesse à s’auto-organiser et entraîner d’autres générations pour refonder quelque chose de populaire en Italie en dehors des partis politiques traditionnels »

J’ajoute au récit de Gabriel : et de la vieille gauche usée jusqu’à la corde dans les compromis pourris. Le plus puissant parti communiste d’Europe occidentale a fini sa décadence jusqu’au point d’être un « parti démocrate » où ses vieux bureaucrates grenouillent avec les survivants de la démocratie chrétienne et du parti socialiste italien. Gabriel continue :

« J’ai entendu ici nombre d’assemblées territoriales parler de solidarités concrètes et d’auto-organisation et aussi de traduction politique des luttes pour « changer le quotidien des exploités « . Je vois bien que des forces politiques ne sont pas très loin et sont disponibles pour soutenir cette démarche. J’espère qu’ils sauront se mettre à disposition sans chercher à récupérer cette énergie et cet enthousiasme naissant. Ce sont près de 90 assemblées territoriales qui se sont tenues ces dernières semaines en Italie et près de 1000 représentant-e-s qui se sont retrouvé-e-s aujourd’hui à Rome. Leur première objectif est de présenter des candidatures aux élections législatives du mois de mars prochains en Italie. Mais ils ont solennellement pris l’engagement de continuer en dehors des élections. Ces assemblées territoriales proposent au peuple d’occuper lui-même la scène politique. Très clairement un vent de dégagisme peut se lever. Il faudra sûrement que toute cette jeunesse issue des centres sociaux italiens se tiennent à distance des organisations politiques traditionnelles.

Mais je veux être fidèle à la pensée des organisateurs ou, en tous cas, de ce que j’ai compris après avoir pris le temps de poser maintes questions à Tania , Giuliano, Viola, Chiara, Eleonora, Fabio. Ce 17 décembre 2017, dans un théâtre bondé à Rome, plus de 1000 personnes, de toutes les régions d’Italie, ont écouté les propositions des assemblées territoriales, la voix des travailleurs en lutte, le récit des citoyens qui se battent pour défendre leur territoire contre des opérations de « spéculation écologiquement criminelles » qui les détruisent, les témoignages de ceux qui, sur le terrain, s’auto-organisent pour récupérer ce qui leur est nié, le droit de vivre une vie digne.

Voilà le message entendu aujourd’hui et que ces assemblées comptent porter pendant la campagne électorale et au-delà : « le monde libéral n’est pas le seul possible, aucune force naturelle ne contraint la jeunesse à émigrer et la majorité de la population à travailler pour 3 euros de l’heure, y compris le dimanche ». Dans ce monde-là, ils préviennent :  » Nous n’avons plus rien à perdre ! La raison est de notre côté et nous avons le nombre, il est temps de reprendre le pouvoir, dont nous sommes les légitimes dépositaires ! » Toutes leurs interventions convergent  : « Nous regardons avec solidarité ceux qui, en Europe comme dans le monde, luttent pour améliorer leur vie quotidienne. Ceux qui se sont battus, en France, contre la Loi Travail et les ordonnances, mais aussi en Grèce, en Espagne, en Catalogne, en Portugal, ceux qui se sont élevés contre la gestion libérale de la crise. C’est ensemble que nous réussirons à briser les chaînes de cette Union Européenne des traités qui répand la misère et fomente la haine et la division du Peuple. « 

Que la vibration de ces mots arrive jusqu’à vous mes chers lecteurs, dans ce temps de pause qu’il faut rendre aussi festives que possible. Nous ne sommes plus seuls. De tous côtés surgissent des énergies et des regroupement à vocation tribunicienne et populaire. Notre patient combat sans concession a augmenté la confiance en soi des insoumis de toutes les peuples. Et nous augmentons notre détermination en les voyant se lever.

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