Le fond de l’air est chaud

Une incise agacée sur les mics macs socialistes et une analyse sur le moment politique. Ma note s’installe sur ce blog entièrement refondu à propos duquel je reçois de bons compliments. Sachez que je les transmets à l’éditeur, un professionnel aguerri et un ami de longue date ! Et maintenant je commence par l’analyse politique. Les mic macs sont à la fin.

Le fond de l’air
Le mois de novembre est frais mais le fond de l’air est chaud. Les mouvements sociaux qui s’engagent donnent une trame particulière aux cours du temps qui vient. Quelle que soit leur issue, ils auront une portée plus longue que pour le seul instant dans lequel ils se produisent. La grève des transports le 14 novembre met en mouvement des gens qui se font voler plusieurs années de retraite et de pouvoir d’achat. On peut penser qu’ils ne l’oublieront pas de sitôt. La grève contre la carte judiciaire ne laissera par définition aucune trace dans la conscience des pauvres qui vont en pâtir, c’est sur. Mais c’est la première fois que vont agir de concert les petites mains des tribunaux et les juges qui s’y trouvent. Toute la bonne société des provinces sera par la force des choses interpellée sur le sens de toute cette inhabituelle agitation. Quand à la mobilisation des étudiants, sans préjuger de ce qu’elle donnera, elle a d’ors et déjà le mérite de faire s’interroger sur le contenu d’un texte de loi adopté dans une démoralisante indifférence au début de la session parlementaire qui a suivi l’élection présidentielle. Je m’aperçois que les argumentaires du gouvernement, ceux qui nous ont été servis pendant le débat parlementaire ont été distribués dans les salles de rédaction. Je ne sais pas si l’UNEF a pensé à envoyer les siens. Je vais donc recommencer à mettre en ligne les miens, sur les points qui me paraissent les plus saillant. Ici je commence par le commencement. C’est-à-dire par le prétendu mauvais classement des universités françaises qui justifierait la nouvelle loi. J’y reviens parce que cet argument tourne en boucle.

LE CLASSEMENT DE SHANGAI

Dans le dossier de presse du projet de loi, la ministre Pécresse évoque « une dégradation sensible de l’attractivité internationale de nos universités et de la visibilité de nos travaux de recherche. ». Elle se réfère pour cela au classement dit de Shangaï : « Paris VI est la 1ère université française mais occupe seulement la 45ème place au niveau mondial selon le dernier classement de Shanghai ». Qu’est ce que ce classement dont vous entendrez tous parler ? L’institut des Études Supérieures de l’université de Shanghai retient quatre critères : la qualité de l’éducation, celle du personnel enseignant, l’impact de la recherche et, enfin, la taille de l’institution évaluée.
Plus précisément, les universités sont notamment classées selon :
1) Le nombre de prix Nobels sortis de l’université-La fréquence des citations des enseignants-chercheurs appartenant à l’université entre 1981 et 1999
2) Le nombre d’articles publiés dans les deux revues le plus cotées au monde : « Science »et « Nature » entre 2000 et 2002.-Le nombre d’articles publiée qui sont répertoriés dans le « Science Citation Index » et le « Social Science Citation Index ».
3) Un indicateur de performance : division des indicateurs précédents par le nombre d’enseignants chercheurs permanents à temps plein.
Hum ! Pour faciliter le travail de contre information de mes lecteurs je présente les arguments critique dans une disposition qui favorise leur reproduction sous forme de fiche…ou de tract.
·Ce classement ne prend pas en compte la sélection faite à l’entrée des universités ni leur mode de financement. Les missions de service public de certaines universités, comme l’obligation d’accueil de tous les étudiants, sont donc évacuées de l’évaluation..

  • Seules les performances en matière de recherche sont évaluées, le taux d’insertion professionnelle des étudiants n’est pas pris en compte. Dans les pays où la recherche est très largement duale (à la fois universitaire et d’Etat via les établissements type CNRS, INRA, INSERM …), cela minore artificiellement les performances des universités.

·Le classement mesure la qualité et l’impact de la recherche en prenant essentiellement en compte le nombre d’articles publiés dans Nature & Science, ce qui favorise le corps universitaire anglophone. Cette orientation sélective transparaît dans le classement lui-même : sur les cinquante premières universités, trente-sept sont américaines, cinq britanniques, deux canadiennes, deux japonaises, une suisse, une néerlandaise, une suédoise et enfin une française. Mais même les universités non anglophones de ce classement, à l’exception de l’université française, délivrent en partie un enseignement en langue anglaise. Les auteurs du classement semblent donc ignorer largement la qualité de travaux de recherches d’universités enseignant dans une langue autre que l’anglais.

  • Enfin l’indexation des travaux de recherches et des publications est sujette à cautionl’Institute of scientific formation, basé à Philadelphie et crée en 1960. Cet institut a été racheté en 1992 par la firme nord-américaine Thomson scientific and Healthcare, dont la maison mère Thomson Corporation est un des leaders mondiaux de l’information financière et économique (elle possède l’agence Reuters) et possède aussi une importante activité d’édition scientifique, médicale et juridique (d’où le conflit d’intérêts avec l’établissement d’un index des publications !!!). Aucun organisme public et international ne discute donc de ces méthodes d’indexation ni ne garantit leur impartialité et leur pertinence scientifique.Ce sera tout pour cette note. Mais bien sur j’y reviens sitôt que j’aurais remis en ordre mes notes du débat parlementaire au Sénat auquel j’ai activement participé.

MIC MAC
Une incise agacée. Je suis obligé de la faire car le site internet du journal du « Monde » rend compte d’un communiqué du courant socialiste « Rassembler à gauche » à l’issue du BN du PS. Il s’étonne de m’en trouver signataire compte tenu du fait que son contenu est moins avancé que ma position sur le sujet du référendum et du vote contre le traité européen. C’est exact. Moi aussi je suis étonné. Et j’ai un gros coup de fatigue au moment d’expliquer que je ne suis pas concerné réellement par ce document. « Rassembler à gauche » est un cartel de six groupes socialistes différents qui ont en commun d’avoir présenté ensemble un texte au congrès du Mans du PS et soutenu la candidature de Laurent Fabius, le tout au nom du « non » au référendum de 2005. En pratique les textes et initiatives sont tous délégués à Claude Bartelone. Dés lors, mon nom et celui des quatre autres membres du groupe « trait d’union » auquel j’appartiens sont automatiquement annexés aux communiqués que diffuse Claude Bartolone. Comme rien n’est jamais relu par personne, il va de soi que l’auteur doit s’arranger pour que le texte représente bien tout le monde. Là, ce n’est pas le cas. Je mets ça sur le compte de la déception de Claude Bartolone qui croyait, dur comme fer, arriver à un accord avec Hollande sur un compromis genre abstention où je ne sais quoi entre la chèvre et le choux, dont j’avais prévenu à temps que je n’en serai pas . Le communiqué ne dit rien de bien important mais il est exact qu’il ne représente pas mon point de vue sur un point. J’ai voté non au traité parce que je le combat et je militerai pour que mon pays ne le ratifie pas. Personnellement je ne suis donc pas du tout déçu par le choix de François Hollande dont je n’attendais rien et avec qui je n’ai rien négocié. Au contraire j’approuve sa franchise et le fait qu’il s’engage par un vote personnel sur son point de vue auquel il a rallié 36 voix (dont peu lui en seront reconnaissantes). La seule chose que je regrette c’est qu’il soit majoritaire au bureau du parti. Mais ce n’est pas un reproche, c’est un constat. Le tout étant dit pour valoir ce que de droit dans les rédactions éventuellement intéressées par cet évènement colossal.

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