Gaza

J’ai vécu l’horreur informatique. Après trois heures de travail dimanche soir à écrire une note pour ce blog tout a été perdu dans l’au-delà de l’éther informatique par une fausse manœuvre. Je me remets donc  à mon clavier, toujours tremblant entre rage et angoisse. Du coup j’enregistre énergiquement ces premières lignes. Donc samedi matin j’étais à la manifestation en défense de la poste, devant la poste du Louvre. On était quarante. Tout bien recompté. Ça ne m’a pas donné le moral. Mais c’est une autre farine qui se mout pour la grève générale du 29 janvier prochain. Une toute autre farine. J’en parle plus loin. Puis, l’après midi de ce samedi j’ai participé à la manifestation pour la paix en Palestine et l’arrêt immédiat du massacre de Gaza. L’absence des socialistes m’a pris à la gorge. Il faut que je me déshabitue de me sentir concerné par leurs fautes. Mais comme ce qui est en cause est l’équivalent intellectuel d’un champ de mines, j’y consacre donc un paragraphe particulier aussi soupesé que possible. Puis, dimanche, il y a eu une hirondelle dans le ciel politique, en plein hiver. A Douarnenez dans le département du Finistère. Le candidat de «l’union de l’autre gauche» est arrivé en tête de toute la gauche….

LE 29 JANVIER SERA CHAUD

Je suppose que tout le monde a présent à l’esprit le commentaire hilare et agité du président de la République ce jour où il avait affirmé que dorénavant quand il y avait une grève dans notre pays personne ne s’en rendait compte. Il a eu semble-t-il l’occasion de constater que ce n’est pas le cas. De plus les circonstances particulières du conflit qui a débouché sur la situation que l’on a pu constater à la gare Saint Lazare ne doivent pas faire perdre de vue que depuis la fin de l’année 2008 l’agitation sociale ne s’est pas interrompue. Dans cet environnement la journée de grève générale du 29 janvier s’annonce plutôt bien mobilisée. Bien sûr, le 29 c’est encore loin et il peut y avoir quelques rebondissements défavorables d’ici là. Mais les appréciations des syndicalistes convergent pour envisager une hypothèse favorable pour le rapport de force social des travailleurs. Si mon modeste blog peut y ajouter j’en serai heureux. Je dis juste, afin que nul n’en ignore, que les membres du Parti de gauche ont la ferme consigne d’être mobilisés le 29 et de travailler activement à mobiliser autour d’eux. Ils seront en grève partout où c’est possible. Et, de toute façon, tous doivent être présents dans les manifestations. J’ajoute, comme responsable politique que ce serait bien si les camarades mettaient leur badge du parti bien visible, et qu’ils organisent des délégations politiques groupées quand ils ne sont pas syndicalistes où des «points fixes» en solidarité avec la grève, selon les contextes. L’idée est que d’autres forces politiques qui désertent les manifestations et se contentent de signer de vagues communiqués aient la honte et que leur militants s’impliquent malgré la nullité de leurs chefs, ne serait ce que pour ne pas nous abandonner le terrain. Si je distingue la grève et la manifestation c’est parce que je sais très bien que certains ne peuvent pas être en grève, pour toutes sortes de raison que je ne veux pas lister ici, à commencer par ce qui se passe dans les entreprises du privé où la répression bat son plein notamment sur ceux qui sont sous statut précaire. Je connais déjà des amis qui ont prévu de poser des RTT pour ce jour là. Je ne me sens pas le droit de leur faire la leçon. Mais je dis que de toute façon la longueur des cortèges sera aussi un indicateur très commenté à propos du succès de cette journée. Il y a donc de nombreux moyens de se rendre utile à la cause sociale ce jour là. Chacun peut et doit s’y impliquer. Ce ne sera pas en vain. Je fais deux remarques à ce sujet. La journée d’action est convoquée par les huit centrales syndicales qui comptent. Ce n’est pas banal. Le texte signé par elle est un vrai document avec un contenu qui forme une vraie plate forme programmatique. Ce n’est pas rien pour l’avenir des discussions à gauche. Enfin les huit centrales ont décidé de se revoir dès le 2 février ce qui est tout à fait sans précédent. Il y aura une suite au 29, on le sait déjà. Donc ça vaut la peine de faire des efforts pour réussir la journée. Tout cela converge pour permettre d’affirmer que les évènements vont du côté d’une affirmation de la lutte plutôt qu’à son contraire. Si l’on met bout à bout: le résultat des élections professionnelles et prud’homales, la création du PG en rupture avec le Ps, la naissance du Front de Gauche avec le PC pour commencer, les dialogues actifs dans l’autre gauche et les regroupements qui s’opèrent en son sein en dépit des commentateurs débiles qui racontent par paresse intellectuelle et ignorance politique le contraire, tout le tableau montre que la pente initiale des Français devant la crise commence par la gauche…Je ne dis pas que cela soit joué et je ne pronostique rien à ce sujet. Mais je fais le constat parce qu’il nous donne des moyens d’agir et nous pousse à conforter le processus ainsi engagé. Là-dessus est arrivée une élection partielle «sans enjeu» comme on dit. Dans le Finistère, à Douarnenez.

L’AUTRE GAUCHE EN TETE DE LA GAUCHE

On mesure mieux que cette élection n’a aucun intérêt quand on constate que le journal «le Monde» qui donne pourtant toujours le résultat des élections partielles n’a pas publié ni commenté celui-là. Il n’y a pas eu non plus d’information donnée par le ministère de l’intérieur. Donc c’est comme si ça n’existait pas. Si je le mentionne c’est donc juste pour la curiosité. Dans ce canton le candidat «d’union de l’autre gauche» a réuni 18% des suffrages. Le socialiste 17%. Ce candidat est un militant communiste. Mais il portait l’étiquette «d’union de l’autre gauche». En effet il était officiellement soutenu par les Alternatifs qui présentaient la suppléante et par notre tout nouveau Parti de Gauche. Pour se faire une idée du coup de tonnerre on saura que le parti socialiste faisait 28 % dans le canton à l’élection précédente et le parti communiste 5 %. Ce qui fait qu’avec les Alternatifs, le PC et le PG sous une bannière qui n’est pas celle d’un seul parti, la dynamique est du côté de l’union de l’autre gauche. C’est en tout cas ce qu’analysent mes amis sur place. Mais aussi la presse, selon les termes du «Télégramme de Brest»: «Mais de cette cantonale partielle, dites sans enjeux, on retiendra surtout la montée en puissance de cette nouvelle union de la gauche qui, avec Hugues Tupin, a mis, hier soir, le PS hors-jeu à Douarnenez.» Les socialistes s’étaient illustrés avant cela par leurs violences bureaucratiques habituelles : refus de toute candidature unitaire, bourrage de section, défilé local de toute la nomenclature départementale, député, premier secrétaire fédéral, président du conseil général, tous en grande pompe, pour soutenir le candidat officiel du grand parti des importants. «Qu’ils s‘en aillent tous» ont dit en quelque sorte la majorité des bulletins de vote de gauche. Reste maintenant à voir si la dynamique du 1er tour se retrouvera au second. C’est-à-dire si les électeurs socialistes (17%) et ceux des autonomistes (4,5%) votent à gauche ou pas. A suivre dimanche prochain. Comme il n’y aura de nouvelles au niveau national qu’en cas de défaite si vous n’entendez parler de rien c’est que c’est bon signe. Dans tous les cas vous pourrez consulter le site du télégramme de Brest.( http://www.letelegramme.com)

POUR LES GAZAOUIS

Samedi j’étais donc à la manifestation pour arrêter le massacre à Gaza. Tout a été dit à ce sujet. Je n’y ajoute que des commentaires annexes. J’ai remarqué une fois de plus que le chemin d’une action honnête sur ce sujet est étroit entre les fanatiques. Pour les uns, toute critique de la politique d’un gouvernement d’Israël est un acte antisémite à peine masqué, quel que soit le sujet et les précautions de la critique. Pour les autres, toute critique de la politique d’un gouvernement d’Israël qui ne comporte pas certaines expressions de flétrissure contre l’existence d’Israël même est un masque du sionisme. Les commentaires qui ont accompagné ma prise de position ont bien illustré ces fanatismes siamois. Je n’en ai cure. Et j’invite chacun à en faire autant. Je ne suis ni israélien ni palestinien mais français. Je défends les valeurs de mon pays qui dans cette circonstance sont celles de l’humanisme universel. J’ai manifesté contre un massacre. Et il est absolument faux que dans le contexte du massacre de Gaza la balance soit égale entre les méthodes des camps en présence. Et aucune diversion ne doit faire perdre de vue que c’est de cela dont nous parlons quand nous essayons de défendre les gazaouis. Nous demandons au gouvernement d’Israël de cesser le massacre. Voila ce que nous demandons. Les penseurs les plus respectés parmi ceux qui ont toujours défendu Israël en font de même. Les vrais antisémites sont ceux qui assimilent à de l’antisémitisme la protestation contre le crime quand celui-ci est commis au prétexte de la cause d’Israël. Les pires ennemis d’Israël sont ceux qui manifestent pour dire qu’il est normal, quand c’est le gouvernement d’Israël qui le fait, de massacrer des populations sans défense. Ceux là ont ruiné des années d’effort pour maintenir la raison dans l’analyse de la situation. Ils ont écarté d’eux, plein de nausée, des milliers d’amis. C’est cela la vérité et le reste des racontars de circonstance débités par des obligés ou des clients. Parmi ceux-ci les socialistes battent des records d’hypocrisie. J’ai croisé un nombre considérable d’amis et de camarades socialistes qui m’ont dit qu’ils avaient «honte» de la position du Parti Socialiste. La «honte» c’est leur mot. Pas le mien. Pour ma part je prends la position du PS pour ce qu’elle est c’est-à-dire une position politique de ce parti qu’il doit assumer. Je la désapprouve totalement. Et j’observe qu’elle est peu et bien mal appliquée. Dans combien de départements les élus locaux socialistes se sont-ils exprimés pour la reprendre à leur compte? A Evry, Manuel Valls, défilait avec les comités Palestine, en dépit des surenchères en sens inverse de ses amis Ségolénistes au bureau national du PS. Il n’était pas le seul en France. Localement la consigne d’abstention et de non participation aux manifestations n’a pas été suivie par de très nombreux élus. Au Sénat j’ai pu le vérifier en parlant avec plusieurs sénateurs socialistes. Le plus frappant est qu’à côté de personnalités aussi engagées et respectées sur ce dossier que la sénatrice socialiste Monique Cerisier-Ben Guiga on trouve dorénavant aussi d’autres élus qui disent eux-mêmes que «jusque là» ils n’allaient pas «à ce genre de manifestation» selon les termes de l’un d’entre eux. Mais je n’en reste pas là, à propos de la position du Parti socialiste. Je veux argumenter sur le prétexte mis en avant par son porte parole pour justifier cette nouvelle faute contre les principes de gauche.

LA POLITIQUE DES PRETEXTES

L’incroyable au PS s’est produit quand sous la pression des amis de Ségolène Royal au bureau national du PS, Vincent Peillon, Malek Boutih, David Assouline, qui surévaluaient à qui mieux mieux le rôle des intégristes antisémites dans la protestation en défense de Gaza, une longue discussion âpre a déchiré les participants. Bariza Khiari, Pouria Amirshahi, Razzy Hammadie n’ont pas laissé se dérouler sans réagir l’embuscade habituelle sur ce sujet. Bien sûr ils n’ont pas eu le dernier mot. Ils ne le pouvaient pas. Mais c’est la première fois qu’une résistance organisée s’est exprimée face à l’habituel terrorisme intellectuel sur ce sujet qui dominait jusque là cette assemblée et que confortaient en toutes circonstances François Hollande, Julien Dray et Pierre Moscovici. Pour finir le porte parole du parti, Benoit Hamon, en accord avec ses convictions intimes, est allé présenter à la presse la décision absurde des socialistes officiels. Vous la connaissez. Comme il y avait le risque de mots d’ordre inacceptables par le PS dans la manifestation du fait des intégristes musulmans, le PS s’est abstenu de défendre les gazaouis autrement que par des communiqués «équilibrés». Commençons par noter que ces communiqués ne sont pas du tout équilibrés. Dire que l’action d’Israël est «disproportionnée» suggère qu’il existerait un niveau «proportionné» qu’on tremble d’entendre décrire. Bien sûr ce ne sont ce ne sont que des paroles destinées à donner le change. Mais on doit cependant pointer que cette absurdité est censée être une position de gauche ! Après tout c’est le PS que ça regarde et les militants qui acceptent ça que ça concerne. Mais du point de vue de la vie de la gauche il ne saurait pas plus être question d’accepter le reste de l’argumentation socialiste. Les participants à une manifestation ne sont engagés que par les mots d’ordre convenus entre les organisateurs. Sinon, par exemple, est-ce que cela signifie que quand les socialistes appellent à une manifestation tout le monde est censé être d’accord avec leur mot d’ordre? Au cas concret la décision socialiste est de surcroît très offensante pour les organisateurs et les participants représentés dans le carré de tête de la manifestation. Le PS et Benoit Hamon pensent-ils que la Ligue des droits de l’homme, l’UNEF, le PCF, la FSU, la représentante de l’autorité Palestinienne en France pour ne rien dire du Parti de gauche ou du MRC sont moins vigilants et moins exigeants que le PS vis-à-vis des dérapages antisémites? Non. Je ne pense pas qu’ils le croient. Mais on a le devoir de leur rappeler qu’ils sont priés de trouver des prétextes à l’inaction qui soient moins infamants pour ceux qui ne veulent pas les suivre. Je dis que leur prise de position est un prétexte. S’ils étaient sincères ils auraient eu une indignation «équilibrée» comme ils disent. Ils auraient craint d’autres assimilations plus embarrassantes que celles avec quelques extrémistes marginaux. Je veux dire qu’il y a pire que d’être dans une manifestation où quelqu’un raconte n’importe quoi et qu’il est toujours possible de faire taire. Il y a bien pire. Par exemple être membre de la même internationale politique que le ministre de la défense qui l’organise, comme c’est le cas du travailliste Ehoud Barak. Bien sûr le PS français n’est pas responsable de l’action de ce dernier. Mais il faut noter que les pudeurs de gazelle du PS et de Benoit Hamon sont à sens unique. Ils ont peur d’être assimilés à des manifestants incontrôlés, ils ne craignent pas d’être assimilés aux organisateurs du massacre.

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