Première carte postale

Ce post fonctionne comme une carte postale politique. Je suis sur les routes, en quelque sorte, et je passe un instant sur mon clavier. Je propose un petit coup d’œil sur quelques évènements récents. Depuis l’Egypte en passant par l’Amérique du sud, avec une pause pour dire son fait à la pitoyable équipe des solfériniens. Elle s’est, en effet, encore distinguée par son atlantisme compulsif dans le dernier épisode de l’affaire Snowden. En fait, il s’agit de bien assimiler à quel point le monde est globalisé et de faire des efforts concrets pour assumer les responsabilités de notre temps.

Merci à «Arrêt sur Images» qui rend accessible à tous la vidéo du débat que le site a organisé entre Jacques Sapir et moi à propos de l'Euro. L'émission est longue, autant vous en prévenir, puisqu'elle dure deux heures. Elle est aussi assez technique nous dit-on. Mais ce fut un bonheur pour moi d'y participer. Je souhaite qu'il en soit de même pour ceux qui auront la patience de s'y intéresser.

Que reste-il de mondial à gauche ?

alter_summit_00Je me trouve bien loin de France. Après tant de pays depuis un an autour de la Méditerranée, me voici de nouveau en Amérique du sud, voyageant vers l’Equateur. Je vais y faire avancer le processus de mise en place du « Forum mondial de la révolution citoyenne ». Une étape prévoit la rédaction commune d’un appel. On se retrouve donc à Quito pour cela. La prochaine session de travail aura lieu en Europe. Comme vous l’avez sans doute noté, mes amis et moi nous avons eu toute l’année une intense activité internationale, en plus de tout le reste. Nous avons une très vive conscience du fait que l’issue de la crise actuelle se joue sur plusieurs continents et, pour ce qui nous concerne le plus directement, ici, dans plusieurs pays européens du sud. Mais cette façon d’agir et de circuler autant n’est pas seulement liée aux circonstances qui ont pu l’exiger comme des élections ou des rencontres de l’autre gauche politique ou sociale. Il s’agit aussi d’un processus concret de construction politique. C’est-à-dire d’actions pour former un courant politique mondialement cohérent. Cela concerne donc à la fois des questions d’organisation et des questions idéologiques. Ainsi il y a quelques jours Martine Billard était à « l’Alter Summit » à Athènes où se tenait aussi la réunion des présidents de parti du Parti de la gauche européenne (PGE). A présent c’est François Delapierre qui s’y trouvait pour suivre le congrès de Syriza. Pendant ce délai, je me suis trouvé à Porto avec Corinne Morel-Darleux, à l’université d’été du PGE où se tenait aussi la commission de préparation du programme européen de notre organisation. Mais avant cela, et encore à cette heure, nous faisons avancer nos positions avec une campagne de présentation de notre manifeste pour l’écosocialisme dans l’ensemble des capitales européennes. Certes nous avons commencé par l’Europe du sud. Mais cela n’a pas empêché Corinne Morel-Darleux d’être mercredi dernier, à peine rentrée de Porto, à Budapest pour faire cette présentation ! C’est un travail obscur encore. Mais si l’on tient compte de l’état de dénuement où nous étions il y a si peu, on voit comme nous avons avancé à pas de géant quand bien même tout reste à faire.

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A mes yeux la diffusion des concepts de « révolution citoyenne » et « d’écosocialisme » est essentielle. Il s’agit non seulement de l’homogénéisation idéologique de nos forces mais davantage encore de l’installation d’un nouveau cadre conceptuel pour notre lutte commune. Il faut regarder cette question dans toute son amplitude et en tenant compte du fait que la dislocation en cours de l’internationale socialiste efface ce qui restait d’apparence d’un mouvement lié à l’histoire du mouvement ouvrier du siècle dernier. Face au capitalisme financier, face à la plus grave crise jamais vue dans ce système, il n’y a aucune force organisée à même échelle… Il n’y a rien, ou presque. Toute la difficulté est de pourvoir sur ce front et de tenir en même temps tous les autres dans nos propres pays. Et surtout le plus difficile est de dégager le temps de la réflexion et de l’élaboration théorique. Car il faut admettre que les évènements en cours dans le monde ne se contentent pas de répéter les traits connus du passé. Cette idée n’est pas mûre dans bien des esprits, me semble-t-il. Combien de commentaires se contentent de décalquer sur le réel les grilles d’analyse qui expliquaient le passé. L’âge des révolutions citoyennes a ses règles originales. Elles sont en train de se découvrir sous nos yeux et leur compréhension est un enjeu. Voyez l’Egypte.

Egypte : brève remarque de prudence

Je vais profiter en effet de ce petit retour sur mon clavier pour dire mon mot à propos de l’Egypte et des évènements qui y ont eu lieu. Ce qui doit nous marquer, c’est la capacité de rebond de la volonté démocratique populaire dans ce pays. Cela nous apprend beaucoup. Les révolutions citoyennes sont des processus politiques nouveaux. Même si elles reproduisent maints traits des révolutions du siècle précédent, nous ne devons pas en évaluer les rebondissements d’après les anciennes grilles d’analyse. La révolution citoyenne est un processus. Pas un « matin du grand soir », à supposer qu’il y en ait jamais eu. Ce qui s’exprime à cette occasion est le produit des réalités nouvelles de notre temps lorsqu’elles conjuguent leurs effets. Une population urbanisée nombreuse et dense, massivement éduquée, comptant une population active féminine nombreuse et confrontée à des problèmes de vie quotidienne, abandonnée, produit une implacable volonté de maitrise du réel. Croire que ces mouvements s’abandonnent à des programmes idéologiques et se contentent d’une issue politique classique et institutionnelle est un contresens. Il fallait en avoir la preuve et je crois qu’elle vient de nous en être donnée.

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Du coup je veux dire amicalement à tous ceux qui ont salué l’action des militaires qu’ils se trompent à mon avis lourdement. En premier lieu parce que c’est mettre le doigt dans un engrenage toujours perdant que de compter sur des coups de force militaire pour faire prévaloir la démocratie ou « la volonté générale ». Faire de l’armée l’arbitre de ce qui est bon ou mauvais et même l’instrument de ce que veut le peuple est une vue de l’esprit très dangereuse. Pour ma part j’y suis absolument et totalement hostile. Je m’empresse de préciser que ma condamnation vaut dans tous les cas. Je veux dire que les « coups d’Etat de gauche », s’il devait y en avoir, ne valent pas mieux à mes yeux que les coups d’Etat de droite. Pour moi le coup d’Etat de l’armée contre le président élu Morsi est un coup d’Etat de droite. Non que Morsi ait été si peu que ce soit de gauche : il était tout le contraire. Mais parce que l’armée, en intervenant, a retiré au peuple la gestion de la victoire qu’il était en train d’emporter par sa seule action. C’est pourquoi on doit s’attendre à de nouveaux rebondissements de l’action populaire. L’armée n’est pas là pour autre chose que pour contrôler la situation que l’action populaire veut contrôler elle aussi. Comme il n’y a pas de sortie de l’impasse sans de profondes et radicales transformations de la société égyptienne, les masses que l’on a vu surgir déjà deux fois ne se contenteront de l’idée d’être débarrassées de l’équipe Morsi. Il va falloir répondre aux exigences de démocratie, et aux demandes sociales qui sont le moteur de l’action populaire. L’idée que l’armée puisse s’en charger est une pure vue de l’esprit et la source de terribles confusions pour le futur. 

Des rebonds de l'affaire Snowden

A cette heure je suis à Lima, capitale du Pérou. De là j’irai en Equateur. Puis au Foro de San Paolo qui cette année se tient, en effet, à San Paolo au Brésil. Aucun moyen d’y aller en train. Ma carte « Fréquence » est inutile. Pas de métro ni de RER non plus. Ma carte Navigo ne me sert alors à rien. J’y vais donc en avion. Et comme chacun le sait dorénavant, je préfère voyager en classe affaire. Je ne suis pas le seul, je le sais bien. L’idée de voyager dans une boite à sardines pendant douze heures de vol me remplit d’horreur. Je préférerai y aller en bateau si j’en avais le temps. J’échappe au supplice, avec la complicité de mes miles accumulés ! Un vrai miracle qui me permet d’acheter un billet éco et de voyager surclassé ! Pour le cas où la rage envieuse des chiens de garde qui me sont dévolus ne serait pas encore assez aiguisée par ces informations décisives, je veux vite compléter le tableau de leur frustration.

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J’ai déjà fait halte pour de bon à Lima dans le passé. Je voyageais en première classe ! Et quelle classe, mes amis ! C’était dans le Concorde. J’étais l’invité de François Mitterrand, alors président de la République. On fit halte l’équivalent d’une nuit à Lima après être passés à Montevidéo et à Buenos Aires où j’ai entendu dans le hall du Congrès chanter, a capella, la plus belle Marseillaise de ma vie. Ce soir là à Lima, il y eut un diner d’Etat à vrai dire crépusculaire. En effet un attentat du « Sentier Lumineux » contre l’alimentation électrique de Lima et la panne d’une partie des groupes électrogènes de la présidence péruvienne ne laissait vivre que quelques pauvres lumignons jaune sale. Dans la pénombre incertaine qui régnait, la moitié de la délégation française dormait lourdement. Le décalage horaire avait fauché jusqu’aux plus braves ! Le président péruvien qui nous recevait était Alan Garcia, un arriviste sans scrupules qui avait gagné les élections à gauche et gouvernait bien sûr à droite. Mais il n’était pas encore le corrompu et meurtrier qu’il est devenu ensuite et que la droite fit même réélire dix ans plus tard. J’observais tout et tout le monde avec l’envie d’apprendre quelque chose que je ne saurais pas, surtout dans de telles circonstances et en un tel lieu, supposant que c’était pour cela que j’étais invité du président. J’écarquillais les yeux et les oreilles, le voyant faire, impérial, sa demie heure de discours impavide. Il était notre pays lui-même. Mais j’ai aussi le souvenir d’une bonne leçon concernant la comédie du pouvoir. Comédie, c’était tous ces personnages de la cour technocratique se battant avec acrimonie pour avancer vers des honneurs dérisoires, comme la taille de la voiture qui les transporterait, s’il y serait seul ou accompagné, la proximité vers la table des chefs. Les jabots gonflés, les plumes bouffantes, les attaché-cases de l’époque claquant d’importance : c’était une agitation de chaque instant. Vains dieux ! Comme ma mauvaise mine de débutant et mon air de provincial les exaspéraient ! On s’enquérait ici et là pour savoir de qui j’étais l’amant ou le protégé pour être parvenu si vite si haut. D’aventure, l’un ou l’autre s’enhardissait jusqu’à m’adresser la parole ayant remarqué les amabilités de notre chef à mon égard et l’air taquin qu’il prenait en s’adressant à moi. Je mettais mon point d’honneur à régaler les faquins d’un peu de catéchisme marxiste dont j’étais alors bon débitant. Rien n’était plus suave que leurs mines consternées. Rien, sinon les sottises post-pubertaires qu’ils se sentaient du coup obligés de me servir pour parler de leur engagement à gauche en 1968. Avec tous les pavés qu’ils m’ont prétendu avoir jetés, croyant me plaire, on referait la grande muraille ! En réalité, la plupart étaient déjà de frénétiques opportunistes prêts à tout pour pantoufler, comme ce fut le cas en effet de plus d’un qui se trouvaient là. Inutile de préciser qu’une foule d’entre eux furent des premiers à maudire ensuite celui dont ils avaient si vigoureusement léché les mains. J’ai appris à reconnaitre cette engeance à sa seule façon de rabattre une mèche ou de prendre son couvert à table. Je les vois pulluler dorénavant à gilet déboutonné. Ce monde-là, c’est le vieux linge qui empoisse toutes les hautes étagères de la société. Et je crois bien qu’ils ont appris à savoir de quoi il retourne avec moi, qui suis d’autant plus dangereux à leurs yeux, comme l’a dit un d’entre eux : « il croit vraiment ce qu’il dit », ce qui ne vous apprend rien sur moi, mais combien sur eux !

J’ai su comme tout le monde qu’il y avait un sommet à Cochabamba en Bolivie qui a réuni les chefs d’Etat de l’Amérique du sud. Il s’agissait pour eux de marquer le caractère collectif de l’offense faite à l’un d’entre eux, Evo Moralès. C’était la réplique à l’odieuse affaire de l’interdiction de survol qui a maintenu à l’arrêt en Autriche, douze heures durant, l’avion du président de la Bolivie. Que la France ait pu refuser le survol de son territoire au motif que Snowden ait pu se trouver à bord de l’avion présidentiel est incroyable ! Comment nos officiels ont-ils pu ensuite prétendre ignorer que Snowden ne s’y trouvait pas ? Cela aggrave leur cas. Car quand bien même y aurait-il été pourquoi s’opposer à sa sortie vers un pays d’asile ? Et comment croire que les Etats-Unis, qui ont ordonné la mesure d’interdiction à leur caniches européens puissent ignorer qui est ou n’est pas dans un tel avion ! J’en déduis que la mesure a été ordonnée pour tester la docilité des européens, d’une part, et pour humilier le gouvernement bolivien, d’autre part. Le message a été reçu sur place et dans toute l’Amérique du sud. Je n’avais pas pris la mesure de l’impact populaire de cette humiliation d’état. Je la découvre ici parmi les gens du commun. Ils sont outrés et très agressifs sur le sujet. Je suis persuadé que parmi les très intelligents qui ont pris cette décision, aucun n’a peut-être idée de ce qu’est ce sentiment d’humiliation aussi bien aux sommets de ces sociétés sud-américaines qu’à la base.

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L’impact est d’autant plus violent qu’Evo Moralès est un indien assumé et vécu comme tel par les populations autochtones. D’où le non-dit du ressentiment. Compte tenu du racisme ambiant des dominants de la zone à l’égard des populations indigènes, ce qui s’est passé en Europe en parait la continuité. Bien sûr, les gens d’ici ne savent pas que pour les dirigeants en Europe, le mépris pour les « latinos » englobe toute la population, quelle que soit son ethnie. J’en ai senti tant de fois l’odeur incommodante dans la caste des puissants, notamment parmi les solfériniens. Parmi eux c’est une attitude de longue date, ancrée dans leur volonté d’apparaitre à tout prix comme éloigné de tout exotisme révolutionnaire et de quelque mise à distance que ce soit des nord-américains. De toute façon les dirigeants européens qui ont intercepté l’avion de Morales ne peuvent pas comprendre ce que veut dire le sentiment de dignité et de fierté d’une nation indépendante. Ils vivent dans un autre monde mental. Ils se sentent « occidentaux », c’est-à-dire d’instinct lié aux nord américains. Ils parlent et rêvent politiquement en anglais. Un grand nombre d’entre eux se sont sentis, à un moment ou un autre de leur vie, assez proches idéologiquement des Etats Unis pour passer par un stage à la « French American Foundation » dont le but officiel consiste à “renforcer les liens entre la France et les Etats-Unis”. La liste des personnes aux « liens renforcés » est accessible et elle permet de mesurer un aspect de l’influence des nord américains sur les élites dirigeantes de notre pays. On y note la présence de l’actuel Président de la République, François Hollande, de son ministre de l’économie Pierre Moscovici, ainsi que plusieurs ministres et d’autres éminences solfériniennes comme, par exemple, le président du groupe à l’assemblée nationale, Bruno Le Roux. C’est même la première fois sous la cinquième République qu’il y en a autant dans un gouvernement. Leur affection pour cette agence ne peut être tenue pour un détail de leur identité politique. De même qu’on ne peut tenir pour rien que des journalistes parmi les plus en vue en aient également été commensaux, comme Laurent Joffrin, par exemple. J’ai mieux compris en découvrant cette liste pourquoi tant d’entre eux me soupçonnaient d’avoir des liens particuliers avec les Chinois ou les Vénézuéliens (sur un plateau de télé on me parla même de « vos amis Chinois »). L’insinuation me paraissait d’autant plus odieuse que je ne comprenais pas pourquoi elle m’était faite. En réalité ces gens pensent que tout le monde subi le même genre de moyen d’influence qu’eux.

Ce rebondissement collatéral en Amérique du sud de la terrible affaire Snowden n’est pas le moindre ! Mais, nous aussi, en Europe nous sommes nombreux qui nous sentons humiliés de voir ainsi nos pays à la botte des nord-Américains. Et nous sommes écœurés de voir comment d’aucuns tentent d’effacer au plus vite jusqu’au souvenir de l’épisode. Cela révèle une telle mentalité de pays dépendant et dominé ! Je ne m’étais pas trompé en vous annonçant que la ligne de défense des nord-Américains serait de banaliser leur espionnage de masse ! Notons encore cette partie de la presse qui s’est déshonorée, une fois de plus, en faisant un rideau de fumée de première grandeur. Leur thème : « ce n’est pas si grave tout le monde en fait autant ». Ils ne nous ont pas habitués à cette mansuétude à l’égard des Chinois, par exemple. « Le Monde », comme d’habitude lorsqu’il s’agit de service à rendre aux USA, a fait du zèle. Sensationnaliste en diable, la « une » du journal n’hésita pas à mettre en cause les services français pour banaliser l’espionnage des nord-Américains ! Avec photo du bâtiment et tout ce qu’il faut pour faire croire à une « révélation ». Le journal, ami de la grande puissance et qui compte tant de « liens renforcés » avec elle, n’hésite pas non plus à dire que les services français ont une activité « illégale » ! A quoi le journal collaborateur des nobles causes oppose ce fait que les Etats-Unis espionneraient « légalement ». On croit rêver ! Mais quel cauchemar.

N’empêche, le refus de laisser Evo Morales survoler le territoire français est au-delà de tous les larbinages déjà observés. Je dois dire que j’ai eu honte. Très honte. Voir François Hollande se coucher devant les nord-Américains comme il l’a fait m’a d’abord estomaqué. Le comble a été  atteint par Manuel Valls déclarant avec cet air plein de la componction affectée des capitulards de tous les âges : « laissons les USA régler ce problème ». Ben voyons ! Pour lui donner un exemple qui lui soit familier je lui demanderai : aurait-il dit à propos de Léon Trotsky qui errait lui aussi sur une planète sans visa « laissons Staline régler ce problème » ? On sait bien comment il le « régla » en effet ! Et c’est sous une forme « légale » comme dirait « Le Monde » que les USA ont l’intention de régler le problème eux aussi, comme ils l’ont fait avec le partenaire nord-Américain d’Assange. Des mois de tortures et de mise au secret avant une condamnation à en subir autant « légalement » jusqu’à la fin de ses jours ! Comment Valls ose-t-il parler de cette façon alors même qu’il sait parfaitement à quoi s’en tenir ! Quelle veulerie ! En fait, ça m’a mis les larmes aux yeux, autant que vous le sachiez. Je ressens comme une humiliation personnelle celle qui est infligée à notre pays par ce type de comportement ! Je suis certain que beaucoup de gens ont dû ressentir le même sentiment que moi. Nous ne sommes pas tous des zombies de la guerre froide.

Robespierre, 29 juillet 1792.

« La source de tous nos maux, c’est l’indépendance absolue où les représentants se sont mis eux-mêmes à l’égard de la nation sans l’avoir consultée. Ils ont reconnu la souveraineté de la nation, et ils l’ont anéantie. Ils n’étaient, de leur aveu même, que les mandataires du peuple, et ils se sont faits souverains, c’est-à-dire despotes, car le despotisme n’est autre chose que l’usurpation du pouvoir souverain.

Quels que soient les noms des fonctionnaires publics et les formes extérieures du gouvernement, dans tout État où le peuple souverain ne conserve aucun moyen de réprimer l’abus que ses délégués font de sa puissance et d’arrêter leurs attentats contre la constitution de l’État, la nation est esclave, puisqu’elle est abandonnée absolument à la merci de ceux qui exercent l’autorité.

Et comme il est dans la nature des choses que les hommes préfèrent leur intérêt personnel à l’intérêt public lorsqu’ils peuvent le faire impunément, il s’ensuit que le peuple est opprimé toutes les fois que ses mandataires sont absolument indépendants de lui.

Si la nation n’a point encore recueilli les fruits de la révolution, si des intrigants ont remplacé d’autres intrigants, si une tyrannie légale semble avoir succédé à l’ancien despotisme, n’en cherchez point ailleurs la cause que dans le privilège que se sont arrogés les mandataires du peuple de se jouer impunément des droits de ceux qu’ils ont caressés bassement pendant les élections. »

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