- Tenir bon face à la force de l'ombre qui avance
- Le PS choisit Schulz ! Quel aveu
- Retour (encore) sur les municipales à Paris
- De l'argent, il y en a ! Le pays n'a jamais été aussi riche !
- Alcatel : plus de dix mois d'avertissements !
- Pour des listes autonomes aux municipales
- «Liberté pour les militants de Greenpeace» – Tribune avec Noël Mamère
- Eloignez Valls, ramenez Leonarda ! – Signez la pétition.
J'ai bouclé ma valise. Je pars de Rodez à Montpellier, en passant par Mende. Avant de partir, je boucle aussi ce post. Il est court, car je dois tout faire en même temps : mon bagage, et que sais-je encore qui concerne ma vie personnelle, même si elle est réduite à fort peu de choses depuis déjà quelques temps. La comédie à Brignoles est achevée. L'élection, pour la seconde fois, d'un conseiller général d'extrême droite dans ce canton, va finir de monopoliser les écrans, les unes de journaux, les heures d'information en continu. Le franchissement qui s'est opéré à cette occasion n'est pas celui qu'on croit. Un processus vient d'aboutir. C'est celui de la banalisation du FN. Elle sera désormais générale. Elle arrive après celle de Mme Le Pen elle-même, puis celle de ses idées. Celles-ci sont dorénavant reprises aussi bien par l'essentiel de l'encadrement UMP du sud du pays que par Manuel Valls, avec l'approbation du chef de l'État. La destruction des campements des Roms, les rafles, l'arrestation des enfants en pleine sortie scolaire, ce n'est pas seulement une digue qui a sauté ! C’est dorénavant un affluent impétueux qui vient nourrir le fleuve principal !
Tenir bon face à la force de l'ombre qui avance
Il ne fait aucun doute pour moi que la « lepénisation des esprits » pousse sur un terreau labouré, engraissé, ensemencé, arrosé, protégé de ses adversaires par la campagne d'information-spectacle donnée en permanence par de grands médias avançant comme une flottille autour du vaisseau amiral constitué par le journal « Le Monde » et l'hebdomadaire « l'Express ». L'un et l'autre mènent d'ailleurs une bataille constante, dans un registre très personnel, pour me diaboliser. Photos abjectes, caricatures infamantes, amalgames insultants : tout y passe et même davantage. Ainsi quand le journal « Le Monde », après m'avoir copieusement insulté du texte et de l'image dans son supplément hebdomadaire mis en vente forcée, décide de me faire un procès pour défendre « l'honneur » de son « journaliste » Paulo Paranagua ! Je n'en ai ni dépit, ni regrets. Dans les fortes saisons de l'histoire, chacun va au bout de sa pente. Tout l'art du combat consiste à ne pas se tromper sur la direction dans laquelle vont les personnages de la scène politique.
Par notre résistance, notre travail d'éducation populaire, nos actions, notre implication électorale, nous construisons un rassemblement humain absolument original, puisqu'il est construit à l'inverse absolu des valeurs que cultive et entretient tout l'espace culturel dominant. C'est une tâche très rude à certains moments, lorsqu'il n'est plus seulement question de politique mais de l'engagement des ressorts profonds de l'être humain. L'égoïsme et le racisme qui sont à l'œuvre dans la haine des Roms, au point de faire oublier la commune humanité qu'ils partagent avec nous, sont davantage qu'une bataille politique au sens traditionnel du terme. Pourtant, si difficile que cela soit, il faut tenir bon. Pour cela, il faut laisser parler à la fois son cœur et sa raison. Mais il faut tenir bon ! Les mauvais jours finiront. La construction humaine et politique que nous avons entreprise, si elle veut avoir une vocation majoritaire, doit être menée avec intransigeance et clarté. Ce n'est qu'à ce prix que l'on peut espérer voir venir, à un moment ou un autre, le grand nombre aujourd'hui perplexe et désemparé. Il ne s'agit donc pas de faire un bon coup de « com’ », mais de construire en profondeur, d'enraciner.
L'effondrement moral du Parti socialiste en parti solférinien, le spectacle du parti de Jaurès pourchassant les pauvres et refusant l'amnistie des ouvriers persécutés, démoralise et désoriente bien du monde. À Brignoles, la victoire du Front national, c'est d'abord et avant tout l'abstention massive des électeurs de gauche face à une mobilisation non moins massive de ceux de la droite qui se sont radicalisés. La remobilisation de la gauche ne peut se faire qu'autour de ses principes fondamentaux et du programme qui s’en déduit directement : égalité et partage. Ces deux idées sont toujours sévèrement mises en cause dans les périodes où la compétition pour l’élémentaire de ce qui importe dans la vie quotidienne est chauffé à blanc entre les individus et entre les peuples. Je ne me cache donc pas la difficulté de notre tâche. Comme d'habitude, elle est embrouillée par d'autres paramètres qui viennent souvent rendre plus obscurs le dessin général. Ainsi en est-il de cette affaire de municipales à Paris. J'y reviens donc. Mais à la fin seulement.
Le PS choisit Schulz ! Quel aveu
Un journal luxembourgeois, citant un communiqué du dirigeant solférinien Alain Fontanel, nous apprend que « sur proposition d'Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste, le bureau national (l'exécutif) a décidé que le PS apporte au sein du PSE son soutien à la candidature de Martin Schulz au poste de président de la Commission européenne ». Quelle nouvelle enthousiasmante ! Mais pourquoi le premier secrétaire Harlem Désir n’a-t-il pas annoncé lui-même cette décision européenne si stimulante ? Pourquoi ce communiqué, cité au Luxembourg, est-il introuvable sur le site internet du PS ? Pourquoi cette discrétion ? Quel a été l’avis du groupe des députés français au Parlement européen ? Le PS français a-t-il honte de son nouveau leader ? Je crois que oui.
En effet, Martin Schulz n’a pas fini d’encombrer le PS. Vous trouverez dans ce blog, au fil des semaines, le récit qui vous permettra de vous faire une idée du personnage. Martin Schulz est l’actuel président du Parlement européen. Il est membre du SPD allemand. Par un accord de cogestion scrupuleusement respecté, Schulz a succédé à mi-mandat au président de droite élu juste après les élections européennes de 2009. Passe-moi le sel, je te passe le poivre ! L’alternance choisie et voulue. Les uns votent pour les autres dans la plus grande confusion des genres et l’unité des votes. Schulz, ainsi élu président du Parlement européen, est le symbole de l'alliance permanente et de la collusion qui interdit tout changement de politique en Europe. Ce système tient l’Union par la peau du dos et, vaille que vaille, quels que soient les votes des peuples, quelles que soient les saisons et les problèmes, ce sont toujours ces deux-là qui se chargent de maintenir le cap libéral dans l’Union.
Mais le ridicule attend peut-être au tournant le PS français. Il se susurre en effet dans les milieux bien informés que Martin Schulz, membre du SPD allemand, préférerait choisir plutôt de devenir ministre des Affaires étrangères d’Angela Merkel dans un gouvernement de grande coalition. En attendant, le président du Parlement européen a commencé sa campagne. Il est allé inviter le pape à venir nous haranguer à Strasbourg pour, parait-il, y « faire passer son message de "solidarité" » ! Quelle hypocrisie. Mieux vaudrait qu’il aille voir la Commission ou le Conseil des gouvernements. Surtout que, si l’on en croit la dépêche AFP, cette invitation a été présentée lors d'un entretien largement consacré au drame de Lampedusa. Le pape comme remède à la persécution de l’immigration, il fallait y penser. Les bigots sont tous les mêmes : le péché d’abord, les pieuses pensées ensuite ; la réparation est toujours reportée dans l’autre monde.
Mais en fait, Schulz n’était pas là pour ça. L’Europe est une construction politique dans la main des démocrates-chrétiens et des sociaux-démocrates depuis l’origine, et la papauté a toujours été présente et active à chaque étape. Schulz a rendu hommage à cette intrusion : « Depuis la naissance de l'Union européenne, l'attitude pro-européenne de l'Eglise catholique a offert non seulement un soutien, mais aussi une analyse critique et sa vision de l'avenir du projet européen », s’est-il félicité. En fait, Schulz est venu faire allégeance. Dans une tribune inédite au quotidien du Vatican, l'Osservatore Romano, Il s’est même senti obligé de rappeler comment « il y a 25 ans exactement, le pape Jean Paul II avait prononcé à Strasbourg un discours inspirant », rappelant aux députés leurs devoirs à l'égard de « l'autre-Europe », l'Europe de l'Est, un an avant la chute du Mur de Berlin. « Son appel a été suivi d'effets et notre continent s'est trouvé réunifié ! Mais la tâche n'est pas achevée », a-t-il conclu servilement.
En se prononçant pour Schulz, le PS fait son « coming-out » européen : il assume le système de l’alliance permanente et généralisée avec la droite en Europe, que ses députés ont toujours fait mine de refuser. Tel est le sens de cette décision. On verra bientôt comment la déclinaison se fera en France. Car si cette collusion parait étrange à un Français qui continue à croire que le PS et l’UMP sont deux formations opposées, en Europe, elle est tout simplement banale ! C’est même la règle dominante ! Les « socialistes » gouvernent dans seize pays de l’Union sur vingt-huit. C’est-à-dire dans une large majorité des cas. Dans cinq de ces pays, ils gouvernent seuls. Dans les onze autres cas, ils gouvernent avec la droite, et même sous la tutelle d’un premier ministre de droite dans six d’entre eux !
La grande coalition qui se dessine en Allemagne sera la cerise sur le gâteau. Alors, que Martin Schulz soit ou pas ministre de madame Merkel, son parti appartiendra donc à la coalition gouvernementale de droite en Allemagne ! Ainsi donc, la proposition du PS français consiste à renforcer le pouvoir du gouvernement allemand en Europe. Elle consiste à proposer le poste clef de l’architecture de l’Union européenne à quelqu’un directement lié à la politique du gouvernement Merkel. Voilà la cause de la discrétion des solfériniens à propos de Martin Schulz ! Les malheureux se figurent que cela ne se verra pas ? Ils espèrent aussi que personne ne fera la liste des allemands placés aux postes de commande des rouages de l’Union européenne, en contravention totale avec l’esprit d’égalité et de partage qui devrait prévaloir entre Français et Allemands. Ce ne sont pas des apprentis sorciers. Juste des ignorants sans conscience claire de l’histoire et des soins qu’il faut y apporter.
Retour (encore) sur les municipales à Paris
Je reviens sur la question de la stratégie pour les élections municipales. Dans la colonne à gauche de cet écran, vous disposez déjà d'un grand nombre d'argumentaires qui abordent, je pense, tous les aspects de cette question. Je forme le vœu qu'ils se diffusent aussi largement que possible, et en particulier auprès de nos camarades communistes de Paris, puisque c'est eux qui, par leur vote, auront la décision. Depuis que tous ces arguments ont été produits, j'ai bien noté le petit jeu qui m'est opposé. Sa première forme consiste à nous mettre en cause parce que nous soulevons le problème ; dès lors, ce serait comme si nous avions nous-mêmes créé la difficulté. Je ne peux pas croire qu'on nous suggère de cette façon un silence complice pour laisser les gens découvrir, lorsqu'il est trop tard, l'ampleur des dégâts.
La difficulté tient exclusivement à ceux qui ont décidé de quitter le Front de Gauche pour aller s'allier avec les socialistes dès le premier tour. Aucune discussion préalable n'a eu lieu sur le sujet, aucune décision n'a été prise, aucun moyen de suivre la discussion et les négociations n'a été donné à l'un quelconque des partenaires du Front de Gauche. C'est dans le journal « Libération », au détour d'une phrase de réponse de Pierre Laurent aux journalistes, que nous avons appris non seulement que cette négociation était en cours, mais qu'un nombre de place était revendiqué par nos camarades communistes. Un point c'est tout ! Contrairement à ce que je lis ici ou là, il n'y a jamais eu de « négociations » avec la direction fédérale communiste de Paris. Il y a eu en tout et pour tout la présentation d'une offre de « partage » des places donnant la totalité des têtes de listes gagnables aux communistes, ainsi que la totalité des places éligibles sauf trois ! C'est tellement énorme que nous en avons immédiatement compris la signification. Il s'agissait de faire durer cette discussion, et même de l’utiliser comme un moyen de pression pendant que la vraie négociation avait lieu avec les socialistes.
Mes camarades ont eu parfaitement raison, à partir de là, de suspendre cette « discussion » qui ne nous grandissait guère ni les uns ni les autres. Ils l'ont interrompue en demandant à leurs partenaires communistes de choisir d'abord quel serait leur stratégie avant de discuter des places à se répartir. La nouveauté est venue du fait que les places et la stratégie ont été conclues en dehors de nous, et qu'elles sont soumises conjointement au vote des communistes. Ils ont bien de la chance car, à nous, on n'a rien demandé ! Faut-il qualifier tout cela de « querelle » ? Faut-il parler à ce sujet de « surenchère » ou de « polémiques » ? Il s'agit d'une question de fond qui concerne notre stratégie générale. Quel genre de dirigeants et de militants politiques serions-nous si nous n'étions pas capables de comprendre quelles sont les conséquences de cette situation ? D'ores et déjà, nous en payons le prix ! Enfin, les socialistes ont trouvé une faille dans notre dispositif : ils peuvent nous opposer les uns aux autres et augmenter la pression sur nous ! Ce n'est pas tout. Dès lors que Paris a été bouclé en faveur des socialistes, bien des discussions qui avaient commencé dans les autres villes du pays ont été mises en impasse par le PS. Dans bien des endroits, les communistes qui comptaient s'allier avec les socialistes sont si maltraités par eux qu'ils reviennent vers le Front de Gauche. Bien sûr, ils ne doivent pas espérer que tout ce qui a été entrepris pendant qu'ils négociaient avec nos concurrents soit défait. Mais ce n'est pas tout, encore une fois : dès que le PS a eu les mains libres sur Paris, les annonces d'agressions contre les municipalités sortantes dirigées par des Front de Gauche se sont répandues comme une traînée de poudre. Sans vergogne, sans honte, sans le plus élémentaire souci de cohérence au moins apparente, les socialistes, qui hurlent à la menace de droite et d'extrême droite et à la nécessité de se rassembler dès le premier tour là où ils sont au pouvoir municipal, se dépêchent de faire exactement le contraire face à des mairies Front de Gauche sortantes. Ainsi à Saint-Denis, Dieppe, la Courneuve, Viry-Châtillon, et combien d'autres ? La signature à Paris équivaut à un désarmement unilatéral. Heureusement que nous sommes là, car c’est nous qui auront les clés de l’élection municipale partout où le PS nous a agressé et voudra se maintenir au deuxième tour, même quand nous serons passés devant, comme il l'a fait à Aubervilliers pour se faire élire avec la droite contre la municipalité de Jack Ralite. Il faut qu'au moment de voter, les communistes parisiens aient aussi ces arguments à l'esprit !
Un argument encore plus baroque consiste à nous interpeller pour nous demander de quel droit nous déciderions qui est membre du Front de Gauche où ne l'est pas. Ceux-là méconnaissent d'abord que le Front de Gauche n'est pas une étiquette mais une stratégie : celle de la rupture avec le capitalisme productiviste et de l'indépendance vis-à-vis du parti solférinien. Mais au-delà, la remarque reste celle d'un argumentaire trop vite rédigé. Car elle se retourne contre ses auteurs. De quel droit un seul parti déciderait que tous les autres n'ont pas le droit de se regrouper derrière la bannière qu'ils ont tenue et présentée aux élections de façon indépendante au cours de toutes les élections précédentes depuis 2009 ? Quel est l'exception stratégique pour les municipales qui justifierait un choix différent de celui qui a été fait aux européennes, aux régionales sous la conduite de Pierre Laurent lui-même, aux présidentielles, aux législatives, dès le premier tour, à Paris ? Il nous est affirmé que c'est la qualité du contenu de l'accord qui le justifierait. Dans ce cas pourquoi n'avons-nous jamais été invités à participer à cette intéressante discussion ? Un seul parti négocie pour tous les autres dorénavant ? Alexis Corbière a très bien analysé le contenu réel de cet accord. Par amitié, nous nous contenterons de dire que nous avons beaucoup de mal à prendre au sérieux un tel argument une fois que nous avons les documents en main comme tout le monde peut le faire !
Oui, nous assumons notre volonté d'indépendance. Nous n'avons pas d'autres moyens de la faire avancer que d'argumenter. Nous le faisons publiquement parce que nous n'avons pas d'autres moyens de le faire. Nous le faisons respectueusement, c'est-à-dire sans aucune de ces petites remarques personnelles sur le ton et le style qui sont dorénavant la marque de fabrique de certaines interventions à mon sujet. J'ajoute qu’elles sont sans effet : je ne me sens pas capable de m'astreindre au devoir de monotonie et de grisaille que l'on me suggère d’imiter pour devenir acceptable. L'accord à Paris nous coûtera très cher dans tout le pays, mais aussi en Europe ! Aux yeux de tous, dans la capitale la plus regardée du vieux continent, le président du Parti de la Gauche européenne propose de faire disparaître notre force au profit d'une alliance avec les socialistes que tous nos camarades de tous les pays, dans toutes les élections, concurrencent dès le premier tour, y compris en Espagne où il n'y a pourtant qu'un seul tour aux élections locales !
Nous n'avons aucune raison de changer une stratégie qui est en train de gagner. Non seulement la quasi-totalité des villes de plus de 20 000 habitants auront une liste Front de Gauche unie au premier tour, mais il y a dorénavant une dizaine de villes dans lesquelles Europe Ecologie-les Verts, rompant les rangs, forme des listes avec les nôtres. Si la bataille pour la majorité alternative a un sens, si ce n'est pas que du verbiage, on voit bien à quel point il est contre-productif de retourner à la maison socialiste au moment où d'autres s'en séparent et cherchent un point d'appui pour leur audace !