De Gucht était-il sur le scooter ?

Vous connaissez De Gucht ? Non, ce n’est pas celui qui a vendu son scooter à Hollande ! Je crains bien qu’il ne soit jamais monté sur un scooter et moins qu’aucun autre, sur celui de Hollande, qui est déjà bien chargé. De Gucht, c’est un Commissaire européen qui vient de lancer une consultation cruciale parmi les gouvernements de « l’Europe qui nous protège » : doit-on abolir l’autorité des justices nationales pour les entreprises transnationales ? Accepte-t-on les tribunaux d’arbitrage en Europe ? Heureusement que je suis là avec mes deux blogs pour vous parler d’Europe au fil de l’année. J’en parle, sinon pas grand monde ne le fait, y compris dans les médias européolâtres. Mais bon, il faut dire qu’il y a du lourd dans l’air pour les médias. Ils doivent se consacrer au devoir d’information et de transparence sur les allées et venues du chef de l’Etat ! Pas bégueules quand il s’agit du devoir sacré du droit de savoir ! Vous croyez que ce n’est pas pénible pour eux de courir après le travail d’un paparazzi et d’un journal qu’ils méprisent ! Comme d’habitude les hypocrites sont légions, mais je ne vous apprends rien.

Donc, cette semaine le paysage des kiosques était monotone : « Julie » partout et sinon rien que les enfumages habituels : le déclin de la France, les musulmans, le Front national. Il y avait aussi les tartines d’applaudissements pour les nouveaux fleuves de cadeaux au grand patronat. Normal : c’est lui qui paye. Je ne fais pas la distribution des prix de la diversion entre les deux pages du « Parisien » à la gloire des « baisses de charges » et le énième publi-reportage du « Monde » sur le Front national avant le énième ragot contre le Front de Gauche. Donc il ne reste que les blogs politiques pour parler des choses compliquées. Je vais donc vous tenir informés de ce qui se passe au comité de négociation sur le grand marché transatlantique. Un nouveau coup tordu de grande portée vient d’être engagé. Evidemment le gouvernement français est d’accord. Mais personne n’est au courant. Dommage que François Hollande ou Dominique Strauss-Kahn n’aient pas de copine en vue dans ce fichu Comité ! On aurait eu une chance d’en entendre parler. Ensuite je vais vous parler de François Hollande et de sa liaison avec le patronat le plus borné du monde sous le nom de pacte de responsabilité, que Pierre Laurent a bien fait de renommer « pacte d’irresponsabilité ».

La semaine passée j’ai vraiment eu beaucoup de tribunes entre deux matinales radios, mes vœux retransmis et l’excellente émission du dimanche midi sur France 3. J’ai donc évité de charger le clavier ici. J’en suis resté aux sujets de l’actualité qui ont du sens dans la durée à mes yeux.

Je ne dis rien de la rencontre au sommet avec le PCF car la suite se discute encore chez nos camarades. Notre délégation est venue à la rencontre avec une batterie de propositions sur tous les points de blocage constatés pour le présent et sur la méthode pour régler ceux qui pourraient survenir au futur. La longue discussion, sérieuse, a montré que sur bien des points, l’accord pouvait se faire avec moins de difficulté qu’on le pensait de part et d’autre. Restait un point en suspend au bout de quatre heures d’échanges sur six thèmes débattus. Il est évoqué dans toute la presse, je ne révèle donc rien. Le PG propose de renoncer à Manifestation à Marseilleexiger la sortie générale du PCF des listes conduite par le PS, contre le fait que le logo du Front de Gauche n’y soit utilisé d’aucune manière. Personne ne pavoise sur cette proposition mais c’est un bon moyen de cesser des combats qui nous épuisent tous. Je ne dis rien de plus à cet instant, de peur qu’un mot serve de prétexte pour relancer les difficultés. Car je vois bien le nombre de ceux qui y ont intérêt et qui sont déjà à la manœuvre. Nous sommes en attente à présent et nous sommes confiants. Notre devoir le commande.

Samedi, j’étais à Marseille. Je voudrais bien que la méthode de résistance sociale des Marseillais se répande dans tout le pays ! N’empêche que j’ai été douché à l’eau glacée comme tout le monde. J’ai pris froid. Six heures de train ce samedi-là m’ont achevé. Je me répare du mieux que je peux. Jeudi je vais à Saint-Malo. Il parait que les bonnets rouges veulent m’empêcher de parler. Je me demande pourquoi. On ne peut plus se critiquer dans ce coin-là ? Samedi je suis à Toulon pour les premières assises du Parti de gauche sur l’économie de la mer. Il y en aura autant d’autres sur ce thème qu’il y aura d’occasion d’en faire. Avis aux amateurs.

Les vies dans la vie ?

Attention ! Je n’ai pas changé d’avis : je suis contre la vie privée en public ! Tout le monde le sait. Du coup tout le monde le respecte puisque je n’y déroge jamais. Le premier qui essaierait de passer outre m’aura sur le dos et je lui taxerai un maximum d’argent du seul fait que j’ai écrit ces lignes et que je n’enfreins jamais la règle de la séparation stricte de mes existences. Ça ne m’empêchera pas d’aller m’exprimer dans Closer. Ou dans Gala (ce journal a publié la plus belles photo de moi que j’ai jamais vue au lieu des saletés manipulatrices de la soit disant « presse sérieuse »). J’irai, par exemple, si on trouve à parler d’un sujet Manifestation à Marseilleléger ou philosophique qui ne concerne pas ma vie privée.

Ne croyez pas que je méprise l’évènement ainsi créé, ni la rigolade générale. La preuve. Je vous propose un nouveau sujet pour le trou normand de dimanche prochain à table, quand les gosses seront partis jouer. Question : qui a donné l’adresse où allait le scooter ? Allez réfléchissez, les nigauds ! Comment vous croyez que ça s’est passé ? Un photographe passait dans la rue, il a vu un scooter avec deux gars dessus qui avaient des casques noirs et il s’est dit : « Bingo ! C’est Hollande ! » Vous croyez ça ? Non, bien sur ! Quelqu’un de très bien informé a balancé l’info : adresse, heure et jour de visite. Hum, je me demande qui ça pourrait bien être. Quelqu’un qui y a intérêt, non ? Un gars qui est capable de connaitre ce genre de choses, ça doit faire peur à tout le gouvernement, non ? Non ! Il n’y a que des petits saints dans ce gouvernement. Pas du genre scooter et tutti quanti. Ça me rappelle les soit disant « colonnes de djihadistes » au Mali qui attaquaient « par surprise » vers Bamako ! Devant la surprise et le danger, François, le futur scootériste-masqué, est monté sur son command-car du 14 juillet. Trop drôle ! Mais pas crédible non plus. Notre pays fait des photos depuis l’espace qui ont une résolution de moins d’un mètre. Sans oublier les Américains qui sont eux aussi installés dans ce coin, et pas qu’un peu ! Comment rassembler « par surprise », en plein désert, 400 pick-up Toyota portant chacun un bidon d’essence et six hommes ? Comment on se cache de tant de regards depuis l’espace ? On ne peut pas. Et qui est assez stupide pour proposer une telle manœuvre ? Quelqu’un qui y a intérêt. Félicitation à nos services, pour ce coup-là. Mais pour la rue du Cirque, les fauves se sont lâchés et des jongleurs ont été dévorés. Les pauvres.

L’Europe qui nous détruit manigance à plein pot

Depuis juillet de l’année dernière, la Commission européenne et les Etats-Unis négocient la mise en place d’un Grand Marché Transatlantique (GMT). Pour notre bien à tous, cela va de soi. En décembre dernier, un nouveau cycle de cette négociation s’est tenu. Dans le plus grand secret. Pour notre bien à tous, évidemment. Ce secret est en réalité le seul pouvoir dont dispose la Commission européenne. Elle s’y accroche ! Elle craint par-dessus tout que nous ne soyons pas capable de comprendre tout le bien qui nous attend avec cet accord. Elle craint une coalition d’ingrats. C’est-à-dire du côté Nord-Américain une « coalition de démocrates anti-GMT » et ici une « exploitation populiste des peurs » contre cet accord. Les élites UMP et PS sont déjà ralliées. Le Front de gauche et EELV sont en opposition. A mon avis, c’est une belle base d’action commune. Pour ma part, j’aimerai qu’elle se concrétise dans les élections aussi. 

Bien sûr, la Commission sait que si elle ne disait rien, quelqu’un dans une rédaction finirait par s’en rendre compte. Donc elle parle (in globich, of course). Un bruit de fond rassurant. Elle distribue aussi des documents (in globich, of course). « Tellement technique, jette un œil coco, mais laisse tomber si c’est pas du lourd » ! La Commission  commente même les tractations au fur et à mesure. En vérité, c’est une magnifique démonstration de l’art de parler pour ne rien dire qui est la grande contribution des organes de l’Union européenne à l’Histoire politique contemporaine. 

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Pourtant, le Parlement européen a mis en place des « groupes de coordination » sur la négociation du grand marché transatlantique. Dans ces réunions secrètes du Parlement européen, la Commission promet systématiquement d’avancer sur la question de la transparence des négociations. « Nous n'avons pas trouvé de solutions pour permettre un meilleur accès du Parlement européen à ces négociations. Ce sont les pratiques américaines ». Mais le négociateur Ignacio Garcia Bercero nous rassure : ils ont pensé à « l’inclusion de la société civile ». Aaaaaah ! Les veinards ! Et pour cela, un groupe de conseil, « Advisory group », aura un accès, certes limité, « très prochainement », à certains de ces documents ! Il pourra même en débattre avec la Commission. Qui sont les représentants de cette « société civile » ? Les groupes de pression, à commencer par ceux du secteur de l’industrie. Les lobbies en général, en tous cas ceux qui ne sont pas déjà directement informés par leurs canaux très spéciaux sans doute. Pour les syndicats, ce sera plus difficile. Quant aux représentants du peuple, ils peuvent aller compter les pâquerettes !

Dans ce cadre, le négociateur en chef de la Commission européenne, Ignacio Garcia Bercero, vient de présenter les dernières « avancées » à l’issue du dernier cycle de négociation avec les Nord-Américains. En réalité, seuls les députés membres de la commission parlementaire du commerce international ainsi que les présidents des différentes commissions peuvent assister à cette présentation. Pourtant, nombre de mes collègues, comme moi, sont intéressés au plus haut point par le sujet. Dois-je rappeler que j’ai commencé à distribuer une brochure sur le sujet en 2009 pour les élections européennes ? Et Manifestation à Marseillede toutes les façons, nous avons le droit de savoir. Mais nous ne savons rien. Les membres de ce comité ne savent pas grand-chose non plus. Vous allez voir pourquoi.

Ces réunions du groupe de coordination se déroulent à huit clos, et sans traduction, dans cet anglais international approximatif qu'on appelle le globich. J’ai d’ailleurs interrogé la Commission européenne sur cette servitude acceptée au nom des exigences de « confidentialité » du gouvernement Etats-unien. En effet les USA nous espionnent ! Et, par-dessus le marché, ils nous imposent en même temps le secret sur ce qu’ils espionnent. Mais le secret pour qui ? Pour nous, les parlementaires, et pour les peuples que nous représentons. Sinon pour qui ?

Peut-être vous dites-vous : il exagère pour nous alerter. Non je n’exagère pas. Il y a un précédent sous nos yeux. Fin octobre, la Commission et le Canada sont parvenus à un accord de marché unique. Pourtant, à cette heure personne n’a pu accéder au texte final de cet accord. Et cette dissimulation continue, malgré nos demandes persistantes à la Commission. Nous n’avons que des bribes d’informations sur certaines des concessions qui ont été faites par l’Europe aux Canadiens et vice versa. Mais le peu que nous savons fait froid dans le dos. Par exemple, nous savons désormais que tous les services qui ne sont pas explicitement exclus dans le texte de l’accord peuvent Manifestation à Marseilleêtre libéralisés. C’est ce qu’ils appellent une « liste négative ». Trouvaille terrible ! Evidemment, les Etats-uniens demandent la mise en œuvre du même procédé de « liste négative » pour le grand marché transatlantique.  

Mais le fin du fin de cet accord avec le Canada c’est d’avoir validé une méthode d’arbitrage « de règlement des différends investisseurs-États » par un organisme particulier plutôt que devant la justice du pays considéré. Ce sont ces fameux « tribunaux d’arbitrage », dont j’ai déjà longuement traité dans ce blog, notamment à propos du cas Chevron. On connaît : des experts privés, constitués en cours de décision, condamnent les États à payer de lourdes amendes pour avoir imposé des législations sociales ou environnementales à des entreprises. Je crois l’avoir bien démontré : un tel mécanisme sonne le glas de la souveraineté populaire, en assurant la supériorité des droits des entreprises sur ceux des citoyens et sur la défense de l’intérêt général. Sur ce point la machine s’est emballée. C’est l’information cruciale.

Le commissaire européen au commerce Karel de Gucht vient de lancer une consultation publique sur ce thème. Il propose de discuter de l'intégration dans l'accord d'un mécanisme de règlement des différends entre Etats et les firmes transnationales. Problème : la France a déjà donné son avis. Son Parlement a dit « non ». En effet, le 29 mai 2013, l'Assemblée nationale a explicitement demandé dans une résolution « que soit exclu du mandat le recours à un mécanisme spécifique de règlement des différends entre les investisseurs et les États pour préserver le droit souverain des États ». De Gucht s’en fiche. Pour lui, ce que dit la France ne compte pas. Il a raison, car la ministre française Nicole Bricq a déjà salué, comme si de rien n’était, « l'initiative de la Commission ». Le gouvernement Hollande, est donc complice d’une forfaiture consistant à passer outre le vote du Parlement. Rien de moins. Cherchez le journal qui en parle. Le prochain cycle de négociation est prévu pour mars. Et, en mai, on vote aux élections européennes !

Hollande, l'ami du MEDEF

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Hollande est le meilleur ami du MEDEF, Hollande est le vrai Père Noël du CAC 40, Hollande laisse même le MEDEF choisir le paquet cadeau ! Dans ses vœux aux "acteurs de l'entreprise et de l'emploi", ce mardi 21 janvier, le scootériste masqué a « donné les clefs du camion » au MEDEF, comme le dit Jean-Claude Mailly. Il s’est donc contenté d’exposer les options qu'il proposait au grand patronat pour récupérer les 30 milliards de cotisations familiales qu’il ne paiera plus. « Nous pouvons envisager d'augmenter le Crédit d'impôt Compétitivité » pour le porter de 20 à 30 milliards d'euros par an, ou le « transformer purement et simplement en baisse de charges » de 30 milliards. Ou encore, il pourrait « être maintenu et complété » par une baisse complémentaire de 15 milliards d'euros des cotisations sociales patronales. Oh que c’est aimable ! Pas de sucre pour moi, s’il vous plait.

Hollande est ainsi devenu une sorte de succursale du MEDEF. Son perroquet. Il répète. Dans sa conférence de presse du 14 janvier, il a énoncé quatre chantiers : la "baisse du coût du travail", "la fiscalité des entreprises", la "simplification" et "les contreparties" au nouveau cadeau. Trois de ces « chantiers » sont directement tirés du discours officiel du MEDEF. Sous couvert de "pacte de responsabilité" avec les Manifestation à Marseilleentreprises, Hollande a, en fait, ratifié le "pacte de confiance" que le MEDEF avait présenté quelques semaines plus tôt. Mais il ne faudrait pas croire que les deux autres exigences du MEDEF ont été oubliées. Sur les prétendus "freins à l'embauche", le MEDEF a déjà bénéficié de l'Accord National Interprofessionnel (ANI) sur l'emploi, signé l'an dernier. Quant à "la dépense publique", Hollande a déjà annoncé qu'il allait amplifier encore sa politique d'austérité. Dans ses vœux aux Français du 31 décembre, il annonçait même que "réduire la dépense publique" était la première "décision forte" qu'il entendait prendre en 2014. Il a même précisé qu'il s'agissait de "faire des économies partout où elles sont possibles" car il prétend avoir "la certitude que nous pouvons faire mieux en dépensant moins". Il a confirmé ce projet mardi 7 janvier et dans sa conférence de presse. Il a déclaré qu'il voulait imposer "cinquante milliards d’économies de plus d’ici à 2017" ! Ce mardi 7 janvier, Hollande s'en était pris aussi violemment à "l’Etat jugé trop lourd, trop lent, trop cher" ! Quelle honte !

Le MEDEF a donc été reçu 5 sur 5. Il a enregistré sa victoire sans détour. C’est le nouveau modèle solférinien : gouverner main dans la main avec le MEDEF. Dès le 4 janvier, dans « Le Monde », le président du MEDEF, Pierre Gattaz, avait chaudement applaudi le discours de François Hollande et l'annonce du "pacte de responsabilité". Pour le président du MEDEF: "c'est ce que nous demandions depuis plusieurs mois. Mi-novembre, nous avions porté sur le bureau du président de la République un pacte de confiance. Nous lui avons dit que nous étions capables de créer un million d'emplois. A la condition qu'on ouvre cinq chantiers : sur le coût du travail, sur la fiscalité, sur la baisse des dépenses publiques, sur la simplification et sur les freins à l'embauche. […] Quand j'entends le président de la République parler d'un « pacte de responsabilité », je suis satisfait. Il a lancé le projet général Manifestation à Marseillede sortir le pays de l'ornière et a montré un cap qui nous va bien. François Hollande a appelé cela « pacte de responsabilité », nous, on a parlé de « pacte de confiance » mais le contenu est très proche. On est prêt à jouer le jeu".

Les salariés devraient-ils danser dans rue de joie à l’annonce de tant de merveilles, de centaines de milliers d’emploi ainsi promis ? Non, ces ingrats font la gueule encore ! « Peut-on faire confiance aux patrons ? »  demande ingénument « Libération ». Bien sûr que oui, les gars, et d’abord au vôtre, pas vrai ? « Le Parisien » a dégotté un économiste zazou. On lui demande « combien d’emploi pourraient être créés grâce à une baisse de charge de 30 milliards d’euros ? » Bonne question. La réponse est grandiose : «  On doit être quelque part entre 750 000 et 1,5 d’emploi créés ou sauvegardés… » Une réponse "quelque part" entre le simple et le double n’a pas l’air d’émouvoir le questionneur. Le martien, de son côté a dû se rendre compte que c’était trop gros. Il précise donc « c’est une fourchette large car le chiffrage est réalisé sans tenir compte les effets négatifs de la mesure ». Ah, le brave professeur Nimbus que voici là ! Pas de chance pour nous le « journaliste » a oublié de lui demander quel pourraient bien être ces effets négatifs. Il ne peut pas y en avoir, cela va de soi. Pourtant, Hollande prétend quand même vouloir des "contreparties" pour ce nouveau Manifestation à Marseillecadeau qu'il accorde aux actionnaires. On croyait pourtant que les bienfaits étaient automatiques. De toute façon, comment le croire ? S'il tient tant à des contreparties, pourquoi le crédit d'impôt pour la compétitivité a-t-il été accordé sans contrepartie et "sans contrôle fiscal" ? La logique voudrait au moins qu'on commence par mettre des contreparties aux cadeaux déjà octroyés au MEDEF avant de lui en faire de nouveaux, non ?

Hollande a d’abord prétendu vouloir des contreparties "claires, précises, mesurables et donc vérifiables". Mais il n’a donné aucun chiffre. Gattaz dit qu'il pourrait créer un million d'emplois. D’accord, il s’est rétracté depuis. Mais au moins il a tenu compte du fait que ces mots devaient être prononcés tant l’énormité de la concession demandée était frappante. Et Hollande ? Rien ! Pas un chiffre ! Hollande fait l'hypocrite en appelant "les partenaires sociaux" à définir ces contreparties au niveau national et dans les branches professionnelles. Pourtant, quand il s'est agi d'annoncer le chiffre de 30 milliards d'euros de cadeau aux actionnaires, il a bien su le dire tout seul ! Et il n'a même pas demandé leur avis aux syndicats de salariés. On se demande bien pourquoi le MEDEF accepterait de négocier des contreparties maintenant qu'il a déjà gagné le cadeau ! Hollande a une nouvelle fois donné la main au MEDEF avant même d'établir un rapport de force.

C'est une stratégie libérale et non social-démocrate. Cela s'appelle une compromission et non un compromis. D'ailleurs Hollande a déjà prévu que les contreparties ne seraient qu'une illusion. Il ne s'est jamais prononcé en faveur du remboursement des aides si les contreparties ne sont pas appliquées. Or, que vaut un contrat si sa violation n'est assortie d'aucune sanction ? Rien. Le Président le sait parfaitement bien. Il a même prévu que ces « contreparties » ne seraient contrôlées ni par les salariés et leurs syndicats dans les entreprises, ni par les parlementaires. Il a seulement promis un "observatoire des contreparties" présidé par le Premier ministre, Ayrault. Quelle farce, tous ces Observatoires ! Et le Parlement ? Pourquoi ne pas confier cette tâche au Parlement ? Et sauf erreur, est-ce qu’il n’existe pas déjà un observatoire de l’application des politiques publiques ? Et quels seront ses moyens d'investigations de ce nouvel observatoire supplémentaire ? Quel sera son indépendance ? Quelle sera, surtout, sa légitimité ? Quels seront ses pouvoirs de sanctions ? Bien sûr, Hollande n'en parle pas. Et pour cause, il n'y en aura pas. D'ailleurs, il l'a avoué en déclarant "il ne peut être question d'indications générales, de critères inadaptés à la diversité des entreprises". Adieu les exigences de la veille. Ni indications générales, ni critères. Comment évaluer le respect des contreparties sans cela ? Cette histoire de contreparties tourne à la farce sous le poids des mots et Manifestation à Marseilledes phrases qui l’entortillent. 

En fait Hollande est volontairement très flou. Les « contreparties » c’est davantage une rhétorique qu’un programme. Dans ses vœux du 31 décembre, Hollande parlait seulement de "plus d'embauches et plus de dialogue social" "en contrepartie". Dans sa conférence de presse du 14 janvier, on a cru un instant à de la fermeté. Car, à ce moment-là, les contreparties "porteront sur des objectifs chiffrés d’embauches, d’insertion des jeunes, de travail des séniors, de qualité de l’emploi, de formation, d’ouvertures de négociations sur les rémunérations et la modernisation du dialogue social". Mais finalement, ce 21 janvier, le dispositif est en baisse Il ne reste plus que trois points : les créations d'emploi "prioritairement pour les jeunes et les seniors", la qualité des emplois et l'investissement. Au passage, "l'ouverture de négociations sur les rémunérations" évoqué le 14 janvier a disparu ! Et Hollande a ajouté que "pour être crédibles et respectées, ces contreparties doivent être peu nombreuses" ! Quelle embrouille ! 

Sur le fond, c’est le contresens qui impressionne ! Hollande reprend à son compte le refrain sur la baisse du "coût du travail" qui ferait baisser le chômage. Je sais bien que je me répète, mais comment faire autrement : la baisse des cotisations sociales n'a jamais créé un emploi. Sinon les 30 milliards d’exonérations déjà en vigueur depuis des années, ou les 20 milliards d'euros de cadeaux décidés pour la compétitivité donné l'an dernier aurait dû faire chuter le chômage. Au lieu de cela, le chômage a continué d'augmenter. Hollande applique les mêmes recettes qui ont échoué depuis 20 ans. Comment en a-t-il l’audace ? Voilà encore 30 milliards de cadeaux aux actionnaires qui s'ajoutent aux 30 milliards d'exonérations déjà existantes. N’a-t-on pas sous les yeux les résultats de cette politique : d'un côté, la part des salaires a réduit de 10 points dans la richesse du pays ; de l’autre, la part des dividendes a été multipliée par 3 en 20 ans. Pas un emploi n'a été ainsi créé et, au contraire, des dizaines de milliers de salariés ont été jetés à la rue. Pourquoi les faits n’ont-ils aucune importance pour ces gens ? Parce que tout cela n’est qu’un prétexte. Leur sujet ce n’est pas le chômage, c’est le taux de profit.

Un membre du MEDEF a vendu la mèche. Son propos est devenu un buzz dans l’autre gauche. C'est le journal « Le Courrier de l'Ouest » qui rapporte l'aveu. La scène s'est déroulée à Angers le 6 janvier. Lors de ses vœux, le président du MEDEF de la région Anjou l'a dit crûment : Hollande "a changé le nom mais c'est bien le pacte de confiance que nous avons proposé. Ne le répétez pas, surtout vous les médias, mais le président Hollande est à la solde du Medef".

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