Discours sur la 6e République
à la fête de l'Humanité
[dailymotion x25yguu?info=0&logo=0&background=b4121d 320 180]
- Manuel Valls arrache la confiance mais pas la majorité
- Des nouvelles du lancement du Mouvement pour la 6e République
- Sous le soleil, la fête de l'Humanité a fait mieux que le plein
- Bientôt la direction communiste donnera sa réponse
- A cette heure, l'urgence est ailleurs
- Répugnante matinée au Parlement européen
- Je signe pour la 6e République !
- 6e République : la souveraineté populaire jusqu'au bout – Tribune publiée dans Le Monde du 19 septembre 2014
Ce post commence par un commentaire du vote de l’Assemblée nationale sur la confiance demandée par le Premier ministre. J’y vois un vote d’affaiblissement de Manuel Valls. Une manœuvre entièrement ratée qui, au lieu de le fortifier, l’aura épuisé.
Ensuite, je donne des informations sur l’état du lancement du « Mouvement pour la sixième République ».
Puis je viens sur la fête de l’Humanité et son message tranquille. Je dis deux mots du Front de gauche.
Et je raconte une séance de guerre froide particulièrement lamentable au Parlement européen.
J’ai volontairement raccourci mon propos dans la mesure où je vous appelle à écouter, si vous le pouvez, mon (trop) long discours à la fête de l’Humanité sur le thème de la sixième République.
Manuel Valls arrache la confiance mais pas la majorité
La confiance est acquise par 269 voix contre 244. D’un moment censé le renforcer, Manuel Valls ressort plus faible encore. C’est bien moins que les 306 voix qu’il avait obtenues il y a seulement cinq mois. Et c’est moins que la majorité absolue des députés. 53 députés se sont abstenus, dont 31 socialistes. EELV et les trois élus du Mouvement républicain et citoyen (MRC) se sont abstenus. S’ils avaient voté « contre », le gouvernement tombait et le dénouement de la crise pouvait commencer. C’est au contraire l’agonie qui va continuer. Celle du gouvernement désormais sévèrement affaibli par un vote fluet et maintenu du seul fait de la bienveillance des opposants internes à sa majorité. Celle de « la gauche » réduite à cette caricature d’attelage branlant, cruel et inefficace. Celle du pays gouverné par des gens qui ont ouvert des vannes d’appétits provocateurs au MEDEF qu’ils ne savent plus contenir. Quel gachis !
Les frondeurs n’ont pas su faire mieux que ce qu’était déjà une fronde sous l’ancien Régime : une révolte sans autre ambition que celle de ses meneurs. Ils ont affaibli Valls sans aucun profit pour le changement qu’il fallait obtenir. Cet épisode était la dernière pompe à énergie avant le désert. Il ne reste plus une goutte du carburant qui a fait le résultat de 2012. Tout dans la prestation du Premier ministre a montré l’épuisement de ce qu’il incarne à cet instant : le ton poussif, les empilements de mesures anciennes citées sans ordre ni hiérarchie, les brutalités sociales cruelles comme le travail le soir et le dimanche emmêlées avec le détail du capharnaüm des changements dans l’organisation territoriale. Le tout amplement ouvert par la récitation de tous les fantasmes sécuritaires tirés du vocabulaire de la droite et de l’extrême-droite. Et pour finir, en état d’asphyxie, un bouquet d’envolées virilistes avec le vieux discours tout aussi usé sur le « courage de dire la vérité » avant de proférer des flots de mensonges et d’approximations. Il ne semblait même pas y croire lui-même. J’ai savouré l’art des assistant et des communicants nous reprenant des bouts de phrases pour mieux tuer les mots en les empilant sans rime ni raison dans la bouche de quelqu’un qui en est la négation. Mais au total on a entendu un discours poussé devant soi, croulant comme sous le poids d’un âne mort.
Jeudi François Hollande nous fera le deuxième service. Et ce numéro durerait encore deux ans et demi ?
Des nouvelles du lancement du Mouvement pour la 6e République
Jeudi soir dernier a été ouverte la page d'accueil de signatures pour ceux qui veulent entrer dans ce réseau citoyen. Dans la minute qui a suivi, la page Internet a immédiatement explosé sous le poids des entrants et il a fallu attendre plusieurs heures pour que le contact puisse être établi. Mais dès le lendemain matin, les signatures arrivaient à jet continu. À l'heure à laquelle j'écris nous en avons recueilli plus de 22 000. De plus, 700 personnes ont proposé leur aide dans les domaines les plus divers. Je crois bien que nous avons d'abord besoin d'aide venant de gens qui aient la qualification pour… organiser cette aide. Dans les prochaines heures sera publiée d'abord une contribution d'intellectuels, puis ce seront des responsables politiques et enfin des syndicalistes. Pour parvenir à formaliser de cette façon les publications et leur donner ainsi toute leur portée il y a un important travail de tri à faire comme chacun le devine. Mais il est essentiel que la collecte des signatures continue. J’ai donc bien besoin que vous soyez nombreux à relayer l’initiative pour qu’elle puisse être très vite opérationnelle, c’est-à-dire assez nombreuse pour être significative et pouvoir prendre des initiatives.
Deux étapes cruciales devront être franchies. La première consistera à constituer un comité d'initiatives qui prendra en charge l'impulsion des étapes suivantes de la vie du « mouvement ». La seconde, ce sera la mise en place d'un site interactif pour accueillir une vie aussi horizontale et coopérative que possible. Ce sont deux moments délicats et je ne dis pas que je suis certain de les voir franchis d'un bond. Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'exposer ici même, une autre difficulté vient du fait que je suis à la fois l'initiateur de la démarche et celui qui doit en transmettre le contrôle aussi vite que possible. Pour moi, l'idée essentielle est que le « mouvement pour la sixième République » n'est pas un parti ni quelque chose qui y ressemble. Il s'agit d'un courant d'opinion aussi large que possible puisant sa motivation aux sources les plus diverses. Une autre difficulté vient de là, d’ailleurs.
On ne peut imaginer de proposer une Constitution clé en main au moment où l'on propose sa rédaction par le peuple lui-même. Cependant, j'ai bien compris que si l'on en reste au simple énoncé de l'objectif, c'est-à-dire la convocation d'une assemblée constituante pour écrire une nouvelle Constitution, beaucoup de personnes pourraient comprendre qu'il s'agit seulement d’une construction institutionnelle. Le contenu démocratique, social, écologique ne se voit pas dans le seul mot « sixième République ». J'ai donc pensé que je pouvais aider à encourager et à rassurer sur ce point en faisant de ce thème l’objet de mon discours à la Fête de l'Humanité samedi dernier. J'admets qu'il est un peu long, mais je n'ai su faire mieux. Ceux qui donc s'inquièteraient en pensant que le changement de Constitution est « un thème abstrait » seront peut-être rassurés en m'écoutant. Je n'ai pas parlé pour autre chose et c'est en faisant comme si tous mes auditeurs ce jour-là étaient de ce point de vue que j'ai argumenté. C'est pourquoi je renvoie à mon propos plutôt que d'en faire aujourd'hui un résumé.
Sous le soleil, la Fête de l’Humanité a fait mieux que le plein
Dès le vendredi, on devinait que ce serait un moment très fort. Car d'habitude, ce jour-là, le soir, à l'heure de l'inauguration des stands, les allées sont très faiblement remplies jusqu'à l'heure du concert. Ce vendredi pourtant, il y avait foule déjà. Le samedi et le dimanche, ce fut un pullulement d'une densité incroyable. Le soleil n’explique pas tout. Et j’en suis le premier surpris. Après l'année désastreuse que nous avons vécue entre les municipales et les élections européennes, sous les coups de l'ultra droitier gouvernement Valls, je m'attendais à une ambiance morose. Ma surprise a été de voir que tel n'était pas le cas. Je suis passé dans assez de stands et j'ai bavardé avec assez d'équipes militantes pour m'être rendu compte qu'un autre état d'esprit régnait. D'abord, il n'y avait aucune acrimonie entre militants. Ni contre moi. J'aurais compris qu'il y en ait partout où les camarades n'ont pas fait le même choix d'autonomie que nous à propos de municipales. J'ai eu le sentiment que ce moment est déjà dépassé. J'en suis réconforté. J'invite tous nos camarades à faire de même. Il faut impérativement passer à la suite. Et pour cela, il faut une fois de plus se regrouper. J’ai senti une grande attention, beaucoup de gravité. Et surtout une soif de comprendre extraordinaire. Au stand du PG, les livres de nos collections de formation partaient comme des petits pains. Mon discours expliquant le mot d’ordre de sixième République a été suivi sous un soleil de plomb dehors et une chaleur étouffante dedans sans un départ en cours de route. Ce sont de tous petits signes mais de très bons signaux. On ne mène jamais un combat gagnant avec des vaincus d’avance. Ce n’est pas cela que je vois dans nos rangs.
Bientôt la direction communiste donnera sa réponse…
concernant la stratégie pour les prochaines élections cantonales de mars 2015. Autonomie ou coalition avec le PS ? Ce sera un moment décisif. Je l'attends avec confiance. Il ne faut rien compliquer par des déclarations ou des attitudes qui crisperaient qui que ce soit. Je me conforme à cet impératif. C'est pourquoi j'ai accepté l'invitation de Pierre Laurent au déjeuner avec des frondeurs et des membres d'EELV. Je n’en suis pas resté à la méfiance que m’inspirent les choix politiques récents de plusieurs d'entre eux. Mon intention était de donner un signal amical à Pierre Laurent et à ses camarades. Pierre m’a personnellement contacté pour m’expliquer son initiative. Je l’ai senti passionné de réussir. Ensuite, Marie-George Buffet a beaucoup insisté pour que je réponde positivement. Je n’avais pas de raison de refuser mon aide, même si je restais sceptique. Mais si j'avais refusé cette invitation, l'événement aurait été dominé et peut-être écrasé médiatiquement par notre divergence. Au lieu de quoi ce fut aux participants socialistes et Verts de devoir s'expliquer ensuite sur la cohérence entre leur présence à cet endroit, en telle compagnie, et leur vote de simple abstention ensuite. Je n'ai donc aucun regret sur le choix qui fut fait. Je pense que l’initiative de Pierre était utile.
Elle montre qu’au Front de gauche, on fait tous les efforts. Et chacun peut juger de la façon dont ils sont suivis d’effet, non de notre fait mais de celui de nos interlocuteurs. Pour ma part, je ne crois pas qu'aucun d'entre eux fasse autre chose que de la figuration ou de la négociation de son pouvoir de nuisance à l'égard des puissants qui gouvernent. J’ai payé pour le savoir. Je voudrais rappeler le temps que j'ai passé à demander le débat public entre août 2011 et la fin de la campagne présidentielle. Puis le nombre de mes déclarations en faveur d'une majorité alternative à l'Assemblée nationale jusqu'au point où j'avais même proposé d'en prendre la tête pour rendre la perspective plus concrète et médiatiquement alléchante. Tout ceci fut fait en vain. Au contraire, un véritable cordon sanitaire a été installé par le PS autour de moi et son franchissement constitue aujourd'hui la ligne jaune du bal des élégances à gauche… Le temps me rendra justice de ce sectarisme. Ceci étant dit, je n'exclus pas que certaines circonstances tout à fait exceptionnelles conduisent ces gens à faire un peu mieux que d'habitude. Si cela est possible, tant mieux. Après le vote sur la confiance à Valls, ce sera une bonne surprise. Nous ne laisserons pas l'occasion passer. Mais d'après moi, il est absolument vain de faire dépendre notre action et notre stratégie de la volonté de tels personnages qui, dans la majorité des cas, en sont absolument dépourvus. Il faut agir par nous-mêmes et chercher les moyens de fédérer le peuple davantage que de vouloir rassembler une gauche aussi indéfinissable. On peut donc marcher des deux côtés en même temps à condition que le « rassemblement de la gauche » ne soit le plus sûr moyen de ne pas arriver à « fédérer le peuple ».
A cette heure, l’urgence est ailleurs
Pour le Front de Gauche, au quotidien, il faut multiplier les occasions d'agir ensemble. Non seulement pour être ensemble, mais surtout parce que c’est nécessaire pour agir efficacement dans le contexte. La priorité est de se placer, partout où l'on se trouve, à la rescousse des luttes, et de ceux qui sont au combat. Donner de la fraternité, de la solidarité et mener des actions de popularisation, c'est entretenir les foyers d'où la flamme va repartir. En toute hypothèse, il est essentiel de ne pas laisser s'effondrer ce qui forme la ligne de pointe de notre mouvement. Je le dis parce que je note que dans divers secteurs, il y a une extension et une intensification des actions de lutte. C'est le cas en particulier dans la santé. La difficulté de ces combats, le caractère odieux des manœuvres et de refus qu'y oppose le gouvernement soulève une indignation et une prise de conscience très profonde parmi tous ceux qui y participent. Nombreux alors sont ceux qui comprennent parfaitement l'ampleur du sujet et sa connexion avec l'idée que l'on se fait de la vie en société en général ; on parle des soins et de l'attention que l'on voudrait voir porter aux malades. Dans ces secteurs, la détestation du pouvoir socialiste est à son comble. Et la volonté d'autodétermination me semble l'emporter de très loin sur tout autre forme de sympathie politique ou syndicale. Je ne cite que ces secteurs dans la mesure où c'est de là que me vient le plus grand nombre de témoignages, actuellement. Mais dans une lutte comme celle qui se mène contre le barrage agricole du Testet dans le Tarn, on voit aussi une forme de conscience citoyenne extrêmement large s'exprimer ou se faire jour dans maints esprits. mon emploi du temps m'empêche d'aller sur place jusqu'à ce jour. Mais comme on me tient informé quasi quotidiennement, je crois que j'arrive à comprendre l'état d'esprit. Comme dans le cas de l'évacuation forcée des enfants cancéreux de l'hôpital de Garches, le sujet de la lutte soulève une lourde houle d'indignation et de dégoût pour ceux qui prennent les décisions ou qui s'en rendent complices.
C'est quelque chose de nouveau de très profond : on identifie dorénavant l'inhumanité de ceux qui décident. C'est-à-dire que la décision semble monstrueuse, hors des normes morales habituelles. Cela vaut aussi bien dans le cas des enfants cancéreux que dans celui du barrage du Testet. La mobilisation prend du coup une densité et une profondeur que l'on ne connaît pas souvent dans les luttes sociales. S'y ajoute le spectacle incompris et inadmissible de violence déployée contre ceux qui s'impliquent dans la lutte. Les vigiles et les CRS ici, CRS et lacrymos là-bas, l'appareil qui fonctionne d'habitude en ville contre les queues de manifestations se découvre dans des secteurs où l'on n'a jamais connu aucune violence de cette nature. Des gens simples et paisibles se voient traiter avec une brutalité qui les stupéfie. Comme dans tous les cas il y a toujours un socialiste quelque part au poste de commande, et en particulier dans les deux luttes que je viens d'évoquer, ce parti est donc considéré à juste titre comme l'auteur de ces violences et de cette inhumanité. Il est tout à fait important de faire connaître ces situations, de publier des photos sur les réseaux sociaux, de façon à exercer la pression la plus forte sur la réputation du PS et provoquer la réaction de ce qui reste d’adhérents de base.
Répugnante matinée au Parlement européen
Il s'agissait d'adopter l'accord de coopération commerciale avec l'Ukraine. Et un codicille concernant la circulation libre des personnes. Deux votes seulement pour prononcer une annexion économique. Mais l'hémicycle était bondé. Auparavant, il y avait eu une « discussion » entre des rangs certes bien plus clairsemés. Elle portait sur cet accord. Elle était sidérante. Un nombre incroyable de va-t-en-guerre se succédaient pour exiger des mesures de représailles contre la Russie. Je pense que, dans de telles circonstances, on ne se contente pas seulement d'être intellectuellement affligé par la pauvreté des vues que de telles déclarations violentes expriment. On prend conscience du danger d'avoir des élites ou supposées telles à ce point aveuglées dans des moments de l'Histoire aussi tendus qu'à présent. Mais ce jour-là, le pire était encore à venir. Soudain, Martin Schultz, le président de l'Assemblée, dans le style habituel de ses aboiements les plus impératifs, nous demande de nous asseoir et de nous taire. Il s’agissait de pouvoir commencer une séance où l'on voterait en même temps, les uns sous les yeux des autres, grâce à la magie audiovisuelle, au Parlement de Kiev et à Strasbourg, l'accord de coopération entre l'Ukraine et l'Union Européenne. On subit d'abord une petite harangue après laquelle toute demande de prise de parole contraire fut interdite. Puis la parole fut donnée au président de l'Ukraine.
C'était trop pour nous. En tout cas pour moi. Je me levais et je quittais la salle aussi bruyamment que je le pus. En même temps que moi sortirent mes collègues portugais et les Espagnols de Podemos ! Ensuite sortirent également les Grecs de Syriza, la gauche de Die Linke et divers autres courageux. C'est peu dire que nous étions fort fâchés. Cette retransmission en duplex était une pression insupportable. Le refus de la parole était odieux, surtout au moment même où le président de séance nous infligeait de si touchantes odes a la démocratie. Et enfin, c’était vraiment trop de devoir supporter d’entendre, sans pouvoir répondre, un oligarque corrompu comme celui qui préside l'Ukraine. A plus forte raison en le voyant parler devant un Parlement d'où les députés communistes ukrainiens ont été exclus ! Toute cette comédie avait commencé sous les applaudissements nourris d'un bord à l'autre de l'hémicycle, la droite, les sociaux-démocrates et même les Verts pétaradants de joie et confis de postures héroïques. Après la harangue de l’oligarque ukrainien, l'enthousiasme était moins vif. Seule la droite applaudissait. Je note cependant que quelques Français se sont abstenus dans les rangs de l'UMP, dont Alain Cadec député breton. « si l’on veut la guerre totale, c’est comme ça qu’il faut continuer » dit-il très amer ! J'ai voté contre cet accord pourri, cela va de soi. Après le résultat du vote, le bel enthousiasme du début reprit ses droits : la droite, les sociaux-démocrates et les Verts, les uns debout les autres assis, applaudissaient l'heureuse conclusion de cette grossière provocation.
L'enthousiasme de tous ces gens ne durera pas. Pour l'instant, seule l'Europe souffre des sanctions économiques que les Nord-Américains lui ont fait adopter. L'Europe et les États-Unis ne peuvent pas gagner avec ce genre de méthode face à la Russie dorénavant plus intimement liée que jamais au bloc des BRICS. Plus les ponts seront coupés avec les Russes, plus ceux-ci étendront leur liaison avec les Chinois et les Indiens. 450 millions de consommateurs de notre côté, 1,4 milliard de Chinois et autant d’Indiens de l’autre ! Déjà cet été, ces deux pays ont décidé de commercer entre eux, notamment dans le domaine crucial de l'énergie, dans leur monnaie nationale et non plus en dollars. Cette décision vient après celle de Fortaleza au Brésil au mois de juillet, où le pays d'accueil, l'Inde, l'Afrique du Sud, la Chine et la Russie sont convenus de créer l'équivalent de la banque mondiale et du FMI. Ainsi commence une ère nouvelle : le temps est fini où seul les Nord-Américains étaient en état de frapper les autres pays. À présent que les voici embarqué de surcroît dans une opération extrêmement hasardeuse en Irak et en Syrie, mon opinion est que le nombre de fronts et d'adversaires qu’ils se sont faits avec toutes leurs récentes gesticulations excèdent leurs moyens d'action. Le caniche européen finira bientôt par se rendre compte combien son intérêt est éloigné de tout cela. Mais ce sera trop tard, bien sûr. En attendant, les aventures ukrainiennes, les sanctions économiques et les autres balivernes vont aggraver la récession. Elles frapperont plus particulièrement l'économie allemande, et par conséquent toutes les autres, et notamment celles de l'Est de l'Europe. La situation est donc extrêmement dangereuse : de tous côtés, sous toutes les formes, s'accumulent les matériaux qui ont l'habitude d'enflammer la vieille Europe.