Invité de
« On n'est pas couché »
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- L’économie allemande s’enfonce
- L’ordre du monde ne colle plus avec Disneyland
- Le banquier Macron, le nouveau vizir qui guette…
- Et maintenant, la soif !
- Cette semaine nous atteindrons les 50 000 signatures
- Ma précédente note de blog
- Toutes les déclarations pour la 6e République
- 6e République : la souveraineté populaire jusqu'au bout – Tribune publiée dans Le Monde du 19 septembre 2014
Je crois que le livre a bien commencé sa vie. Mes amis, les anonymes et les autres sont incroyables. Sans mot d’ordre, sans consignes, juste avec humour et conviction, ils ont multiplié les gestes pour faire connaître et donner envie. Du coup, certains l’ont mis en compétition avec celui de Zemmour. Hum je crois bien qu’il a de sérieuses longueurs d’avance, non ?
Un président de gauche réélu au premier tour contre le PS à 3% et la droite dans les choux. Bravo Evo Moralès ! Vive la Bolivie libérée ! Le petit bonhomme qui t’a empêché de survoler notre territoire parce que la CIA le lui avait demandé devrait méditer comment un homme qui tient ses promesses et pratique une politique de gauche sort son pays de la pauvreté et unit le peuple.
Dans ce post, il est question de l’économie européenne, de la fin à Kobané du Disneyland qu’a été le récit officiel nord-américain pour expliquer les aventures militaires de l’OTAN. Puis je parle du banquier Macron, nouveau vizir qui parle dur mais trop. A la fin, il est question de la campagne sur l’eau que lancent mes amis à qui je veux donner le coup de main de l’écoute de ce blog.
En ce qui concerne la campagne pour la sixième République, tous les signaux sont au vert. Cette semaine nous atteindrons la mi-parcours, je l’espère, avec 50 000 signatures. En fait, je donne des nouvelles sur le sujet plutôt sur ma page officielle sur Facebook car je crains de surcharger mes posts. Mais cette fois-ci encore, je veux parler du sujet.
Une nouveauté. J’illustre ce post avec des dessins de presse que j’ai publiés il y a bien des années quand je galérai, jeune père de famille sans emploi stable qui devait participer à faire bouillir la marmite de ma jeune famille. En effet c’était déjà… la crise. Déjà les jeunes diplômés avaient du mal à trouver du boulot. Pourquoi publier ces dessins ? Le site « Rue 89 » a pensé intéressant de publier certains de ceux que j’ai vendu à cette époque. Je ne sais pas qui ça peut intéresser. Mais ils ont choisi une série. Ce n’est pas ma préférée, loin s’en faut. Dans le même journal, « La Croix » (mais oui !), j’en ai vendu une série de six autres. Parmi eux quelques-uns qui concernaient la presse. Déjà. Je constate à présent que ce jeune homme a eu de la suite dans les idées. Ceux qu’il affrontait aussi.
L’économie allemande s’enfonce
Tout devrait aller beaucoup plus mal partout en Europe. C’est une bonne nouvelle pour ce qui est de rabaisser la morgue de Merkel, de mettre en déconfiture les admirateurs du « modèle allemand » et de ridiculiser ses caniches français au pouvoir ! C’est une nouvelle victoire intellectuelle pour nous qui avons dénoncé, souvent seuls, ce prétendu « modèle ». Une pensée amicale pour Bruno Odent, journaliste à l’Humanité qui tient la chronique de ce refrain de la propagande du système. Son livre « Modèle Allemand, une imposture » aura donc été, comme plus modestement mes textes dans ce blog, un utile vaccin pour les libres penseurs en économie. Mais le désastre social européen va s’approfondir. En France surtout puisque nous sommes la deuxième économie du continent et directement synchrone avec l’Outre-Rhin. Rien n’était davantage prévisible que cet épisode allemand. Une fois les « sanctions économiques » prises contre la Russie, tous les autres clients étant mis en panne par la politique d’austérité imposé par l’Europe Allemande, comment Merkel et son équipe de névrosés de l’équilibre budgétaire pensaient-ils faire tourner l’activité ?
Les prochains mois vont donc être spécialement cruels. Même si Merkel changeait de pied, il faudrait au moins un an pour inverser la pente prise et qu’une politique de relance diffuse ses effets. Mais elle ne changera pas d’attitude. Et ses robots non plus. Ainsi le président de l’Eurogroupe, un androïde néerlandais. Son pays est déjà sous le choc de la récession pour cause d’austérité. Mais comme les autres, ce bonhomme n’a plus de pays : il est européen, c’est-à-dire allemand, c’est-à-dire au service des fonds de pension qui paient les retraites par capitalisation des électeurs de la CDU et de la masse des autres retraités de ce type en Europe. Le monsieur se permet de faire des injonctions au gouvernement français qui jappe misérablement en se cachant de peur sous le canapé. À son coup de sifflet, les dogues des agences de notation montrent les crocs. Tout ça pour aggraver la crise. Car le monsieur demande d’aggraver la cause du mal et de faire davantage d’austérité. C’est à peine croyable, mais c’est comme ça. Le désastre est donc assuré en Europe.
L’ordre du monde ne colle plus avec Disneyland
C’est officiel, la Chine a dépassé les USA sur le plan de la puissance économique. La nouvelle reste aussi confidentielle en France que le reste des informations cet été sur le sujet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Pourtant ceux-là se sont coalisés contre le dollar et représentent les principales économies du monde dorénavant. Vous lirez dans mon livre ce que j’en dis à propos de la pyramide des puissances dans l’ordre géopolitique. Je considère que c’est déjà un signal de notre abaissement au rang de petits suivistes que rien de tout cela ne soit en débat dans notre pays sinon l’export médiatique massif des conflits moyen-orientaux dans lesquels la France fait le supplétif des armées des autres. Cette pièce-là aussi est parvenue en peu de temps au sommet de l’abjection. Massacres répugnant d’un côté arrivant opportunément pour ancrer les convictions, pantalonnades militaires de l’autre.
Les épisodes s’embrouillent en un méli-mélo qui contredit en permanence le récit officiel des amis du Disneyland nord-américain. Donc, ceux qu’on avait armés en Syrie parce qu’ils étaient les gentils, en ont profité pour essayer de conquérir l’Irak et sont devenus les méchants. Les Kurdes, armés pour les affronter, étaient considérés comme des gentils juste avant qu’on les abandonne à la fureur des méchants d’hier pour la raison que les Turcs, qui sont membres de l’OTAN, le camp des gentils, aimeraient mieux que les Kurdes se fassent massacrer par les méchants qui sont une variété violente du gentil parti au pouvoir à Ankara. Il n’est donc plus surprenant d’apprendre que le gouvernement français et celui des USA ont repris contact avec les méchants Syriens pour voir s’ils pouvaient aider à frapper les gentils d’hier qui sont les nouveaux méchants. De tout cela si pitoyable pour mon pays, je ne retiens qu’un motif de satisfaction. Ne plus pouvoir être personnellement repeint par la presse éthique et indépendante en suppôt d’un criminel local vu que je n’en ai soutenu aucun tandis que mes détracteurs les ont tous soutenus à tour de rôle. Je n’en dis pas davantage aujourd’hui. Je forme le vœux que cela guérisse ceux de mes lecteurs qui continueraient de croire que la guerre est une sorte de fessée administrée pour le bien de ceux qui la subissent, que la laïcité doit être ouverte, que l’occident est autre chose qu’un prétexte, que les USA sont des libérateurs universels, et ainsi de suite.
Le banquier Macron, le nouveau vizir qui guette…
La place du grand vizir sous les yeux amusés du calife. Comme Valls veut tomber à droite, la Cour tient déjà son objet de substitution. Cet homme est entièrement dépouillé des oripeaux qui rattachent encore et malgré lui un Manuel Valls à la gauche officielle par l’histoire de son passé sulfureux à l’UNEF et dans les réseaux trotskistes secrets décrits par le livre de Laurent Mauduit, journaliste à Médiapart. Cet Emmanuel Macron n’a strictement rien à voir avec notre histoire, nos mots, notre pensée. Ni de près ni de loin. Il est donc parfait pour ce que Hollande doit faire. Mais d’après moi, sa sortie bestiale contre les indemnités chômage, les allocations familiales et les salaires n’est pas l’essentiel. C’est seulement sa façon de ne pas laisser Valls occuper seul le territoire de la remise en cause des « tabous » pour reprendre le mot qui annonce toujours les grandes remises en cause des acquis sociaux. Quand Manuel Valls partira, il y aura pire sous la main et les marchés n’auront pas besoin de s’inquiéter.
En réalité le banquier Macron fait un aveu. Il dit que le gouvernement a « six mois pour inverser la courbe du doute ». Pourquoi six mois ? Pourquoi pas sept ou huit ou un an ? Parce que dans six mois, le PS va se prendre une nouvelle et démesurée raclée électorale avec les élections cantonales. Donc juste après, il faudra « faire quelque chose ». Surtout que six mois plus tard, avec les régionales, les électeurs voudront mettre la deuxième couche, si rien ne bouge. Que voulez-vous qui bouge sinon en pire ?
Hollande devra donc « agir ». Changer une nouvelle fois de gouvernement et de Premier ministre, l’actuel ayant échoué dans tous les domaines après avoir envoyé dans l’opposition tous les alliés du PS ? Dissoudre l’Assemblée ? Changer de gouvernement ferait remake. Et pour quel résultat ? Mais la droite de retour serait un pur délice pour le grand chef des bras cassés du pouvoir. Car elle aura juste a faire le pire du sale boulot avant 2017. Et les ordres de la Commission Européenne sont les ordres. Resterait à Hollande juste le miel du commentaire perlé et de la zizanie à entretenir partout. Des dizaines de députés frondeurs au tapis, un PS tétanisé, les primaires à l’eau ! Waaaaoooo ! Enfin Hollande aurait un monde à sa mesure, celui des intrigues, des complots, des gens montés les uns contre les autres, des vielles dentelles et jeunes poisons. Je sais bien que c’est de la politique fiction. Mais quoi ! Ce que je vois est hors norme ! Quel pouvoir dans le monde est maintenu quand il ne parvient pas à avoir la majorité des députés pour lui voter la confiance ? Où déclenche-t-on une guerre qui tourne à l’eau de boudin sans vote du Parlement. Où les ministres ont-ils le pouvoir de n’en faire qu’à leur tête et de démentir le chef de l’Etat ailleurs qu’ici ? Et où ailleurs se font-ils rappeler à l’ordre par le chef du parti censé être au pouvoir ? Combien de temps ces gens vont-ils défier les lois de la pesanteur ? Croyez-moi : j’ai vu beaucoup de choses déjà et pas seulement en France. Je vous dis que tout cela ne tient qu’à un fil. Un conseil qui ne doit rien à la superstition : ne passez pas sous les échafaudages : c’est là que tombent les objets du chantier.
Le radeau de la méduse du pouvoir actuel, par anticipation, aimerait désorganiser assez les prochaines élections pour qu’elles ne veuillent rien dire. Ou alors seulement le numéro habituel de glorification du Front National qui permet de préparer le fumeux « Front Républicain », ce pendant du « vote utile » au deuxième tour, pour contraindre les gens à voter PS ou UMP. Pour y parvenir, la dictamolle de François Hollande et Manuel Valls étend son moyen de prédilection : l’étouffement du débat politique. A l'occasion du projet de budget 2016, le gouvernement a donc repris une tentative pourtant avortée lors des élections européennes : supprimer les envois de profession de foi à chaque personne inscrite sur les listes électorales. Il est question cette fois ci des cantonales et des régionales. Et avec quel argument ? La recherche d'une meilleure maîtrise des coûts et… un meilleur impact environnemental. Oui, le gouvernement de Notre-Dame-Des-Landes, de la ferme des mille vaches, du barrage du Testet, des centrales nucléaires, de la fin de l’écotaxe et tutti quanti ose même mettre en avant l’argument du « respect de l’environnement ». ! C’est lourd, non ? Mais ça peut être efficace.
Ceux qui jettent des larmes de crocodiles sur l’abstention font tout en réalité pour l'augmenter. Si la traditionnelle enveloppe avec les professions de foi et le bulletin de vote n'est plus envoyée, que se passera-t-il pour les personnes sans internet ? Et pour celle qui le maîtrisent mal ? Et pour ceux qui n’ouvrent pas leur boîte mail ? Bref, un nombre considérable de personnes ne seront plus sollicitées et elles n’auront plus accès aux programmes des candidats. Ainsi l’espace public, l’agora du débat, se réduit jusqu’au néant. Impossible déjà de distribuer des tracts dans les centres commerciaux, espaces privés. Parfois, il est impossible de vendre des journaux dans la rue. Souvent, il est impossible d’entrer dans les immeubles pour distribuer des tracts dans les boites aux lettres, ni d’aller faire du porte à porte pour cause de digicodes partout. Dans l’espace audio-visuel c’est pire. A chaque élection se confirme l'inégalité de traitement entre partis et candidats par les différents médias, inégalité entérinée par la passivité du CSA. Les manipulations par les sondages sont sans bornes et la commission censée les surveiller ne sort de son hibernation que si le pouvoir en place le lui ordonne.
On sait bien que c’est un effet de système. Quand « une seule politique est possible », à quoi bon dépenser de l’argent et perturber le « temps de cerveau disponible » du client/consommateur à discuter de politique ? Telle est la logique à l’œuvre. Avec l’espoir, chez ces gens-là que le peuple finisse par se lasser de s’occuper de ses affaires. C’est ça la dictamolle. Après quoi dira-t-on que le thème de la reconstruction de la souveraineté du peuple est une question abstraite ? La sixième République est incertaine ? C’est sûr. Il faut donc agir pour convaincre. Car si rien ne change, la dictamolle sera vite une dictature bien plus dure. De fait elle l’est déjà au plan social et économique. La sphère politique est le lieu où elle doit à présent devenir la règle sans faille. Telle est la pente de cette cinquième République que le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral ont aggravé.
Le 13 octobre est paru mon livre: « L'ère du peuple ». Le point de départ du raisonnement présenté consiste à prendre sérieusement en compte les conséquences de l'augmentation foudroyante du nombre des êtres humains sur la planète. L'accélération du processus saute aux yeux : le dernier milliard d'êtres humains, sur les six que comporte l'humanité actuelle, est apparu en moins de dix ans. Mais il avait fallu deux cent mille ans pour atteindre le premier milliard ! Le nombre a ses impératifs. Entre autres choses, il exerce une pression sur l'écosystème sans précédent dans l'Histoire de la planète.
De la dynamique du nombre résultera l'inévitable mise au pied du mur à laquelle nous allons être très vite confrontés. Ici, bien sûr, je laisse de côté ce qui concerne le changement climatique qui pourrait mettre un terme définitif à la civilisation humaine avant que les autres problèmes n’aient atteint leur paroxysme. Mais il faut bien repérer où se trouvent les points de tensions les plus extrêmes. J'y pensais la semaine passée en lisant quelques chiffres qui m'ont impressionné. C’est le patron de Suez environnement qui les donne, ce qui ne fait qu’ajouter à leur intérêt. Je les livre à votre méditation. « La planète commence à avoir soif » dit-il. La quantité d'eau potable disponible est relativement stable. Mais nos besoins sont en expansion. Naturellement, le mode particulier de l'agriculture productiviste d'un côté, les gaspillages de toutes sortes de l'autre et quelque paramètres de plus dont je vous fais grâce aggravent considérablement la pression qui, de toute façon, serait considérable en toute hypothèse.
On est passé de 15 000 m3 disponibles par habitant au début du vingtième siècle à 3 000 aujourd'hui. Cinq fois moins. Lorsqu'on atteint 1 800, on parle de sécheresse et à 1 000 m3, il s'agit de stress hydrique. Ces chiffres sont posés en général. Mais leur réalité n'est pas uniforme sur la planète. Il y a donc une conséquence géopolitique à cette situation. Ainsi, la Chine représente 23 % de la population mondiale mais ne dispose que de 8 % des ressources en eau de la planète. Il est frappant de se souvenir à cet égard du fait que la gestion de l'eau par les paysans chinois est la base du « communisme primitif » que Marx décrivit. La rareté d'un bien commun qui paraissait sans limite et hors de toute discussion est donc imminente.
J'ai eu récemment le privilège d'une discussion plutôt approfondie avec quelqu'un dont j'ignorais qu'il fut un esprit aussi construit, aussi riche en référence, aussi capable d'esprit de système dans le meilleur sens du terme. Il s'agit de Nicolas Hulot. Nous traitions précisément de ce que pour ma part j'appelle les « principes auto-organisateurs », c'est-à-dire ces situations où ces besoins qui impliquent pour les satisfaire le recours à toutes sortes de moyens d'une complexité croissante. Ceux qui s'arrêtent à l'examen de cette complexité ne voient jamais les principes simples qui sont à l'œuvre. C'est une tâche essentielle que d'être capable de ce repérage. Nicolas Hulot était de plain-pied dans cette façon de voir. Selon lui trois nouveautés vont organiser le futur. La contrainte des inégalités rendues insupportables pour tout un chacun par le spectacle, désormais rendu possible par la télévision, du bien-être dont jouissent les autres. La vulnérabilité c'est-à-dire la prise de conscience du fait que ce que nous connaissons finira par s'effondrer, qu'il s'agisse de civilisation où de ce que l'on voudra. Le troisième c'est la rareté que je viens d'évoquer. Une rareté structurelle et non pas provisoire. Une rareté indépassable tout simplement parce que la ressource est limitée. J'abonde évidemment dans son sens. Et on verra dans mon livre comment, avec mes mots, je mets en exergue ces idées et l'articulation des réalités qu'ils désignent les unes avec les autres.
Dans nos rangs, au Parti de Gauche, c'est Gabriel Amard qui a le premier posé le problème de la place particulière de l'eau dans le système des relations humaines. Son livre paru il y a un an, « La Guerre de l'eau », est un précieux outil pour entrer dans le sujet sous son angle le plus politique. Devenu porte-parole de cette campagne pour le PG, il reprend son tour de France sur ce thème. L’objectif immédiat est de lutter contre les coupures d’eau qui sont illégales depuis 2014. L'eau comme bien commun est une campagne qui va se décliner autour de 4 axes de travail. D’abord, faire prendre conscience d’une évidence souvent perdue de vue : l’eau est indispensable à la vie. Personne ne peut vivre plus de trois jours sans eau ! C’est entre l’air que l’on respire et la lumière du jour. Ce ne peut être une marchandise puisque c’est une consommation vitale et contrainte. Dès lors, « l’eau n’a pas de prix ». Il s’agit de mobiliser les usagers. Il s’agit d’agir pour qu’ils rejettent la gestion privée de l’eau. Et d’autre part qu’ils s’organisent pour obtenir la gratuité des compteurs et des premiers m3 pour l’usage de l’eau au domicile principal. Ensuite, il s’agit de donner sens concret à la bataille pour la gestion publique des biens communs. Ici parmi toutes les formes de gestions publiques, la régie publique a notre préférence parce que cette forme d’établissement public est la seule à permettre la cogestion entre les usagers, les élus et les professionnels. C’est là notre modèle de gestion des services publics. Le troisième axe de cette campagne concerne le ralentissement et la sortie du productivisme. La règle verte, qui consiste à ne pas prélever sur la planète davantage qu’elle ne peut renouveler chaque année, s’applique à l’eau. Il s’agit de pousser à réfléchir sur les extractions inutiles pour protéger la ressource en eau et la biodiversité. C’est de là que doit partir l’intérêt pour une agriculture biologique de proximité, l’interdiction des rejets d’eaux polluées dans les mers et les fleuves.
Enfin, de façon très immédiate et concrète, nous voulons lutter pour défendre le droit pour chacun d’accéder à l’eau autant que de besoin et non selon ses moyens. Interdire les coupures d’eau ? La loi le permet depuis 2014. Il s’agit donc de lancer dès maintenant une campagne de rappel à la loi en direction des opérateurs publics et privés. Depuis le 27 février de cette année 2014, en vertu d’un décret d’application, l’article L.115-3 du code de l’action sociale et des familles s’applique : « Les fournisseurs d’eau dans un domicile principal ne peuvent couper l’eau ». Une interdiction valable toute l’année, 12 mois sur 12. Une décision récente d’un tribunal d’instance vient de le rappeler avec force. La compagnie Suez a été condamnée à rétablir l’eau à une famille. Elle a été condamnée à une amende de 8000 euros. Et ce n’est pas tout ! La multinationale est aussi condamnée à une astreinte de 100 euros par jour si elle venait à recommencer chez le même usager.
Cette semaine nous atteindrons les 50 000 signatures
En tous cas, cela semble parti pour ça. Nous serons donc à mi-chemin de l’objectif des cent mille signatures. Il est important de comprendre que l’accroissement du nombre des signatures est le mouvement lui-même. Le mouvement tel qu’il est, c’est-à-dire commençant. Le but est de le rendre majoritaire dans la société, dans les esprits. Collecter des signatures n’est donc pas un à côté ou un prétexte mais l’action elle-même. Certes, ce ne sera pas la seule. Mais chaque étape que nous pouvons envisager doit être franchie, à son rythme, avant de passer à la suivante. Si nous voulons que nos débats sur le contenu de cette République à venir ne soient pas une discussion confidentielle, il faut que la scène que nous mettons en place se voit de loin et qu’elle ait l’autorité du nombre de ses fondateurs. J’entends régulièrement dire que le thème ne serait pas « le plus urgent », ni « le plus simple à comprendre », ni ceci ni cela. Parfois, je suis chagrin de voir que ce sont des amis qui le disent et le répètent avant de sombrer eux-mêmes dans la torpeur d’une inactivité navrée et blasée. Bien sûr, on peut penser tout cela. On n’est pas obligé de briser les reins de ceux qui agissent en étalant comme un troll des objections auxquelles il a déjà été répondues dix fois dans mes vidéos, mes interviews, les prises de paroles des copains et ainsi de suite. On peut penser d’ailleurs la même chose de n’importe quel mot d’ordre ou campagne politique. Pour ma part je fais le pari que tout vient à point quand c’est l’heure. Regardez la campagne sur le GMT (TAFTA), le Grand Marché Transatlantique : tout seul de 2000 à 2009 ! Je pourrais donner d’autres exemples. L’erreur est cependant de croire qu’il existe un mot d’ordre merveilleux qui fait le travail tout seul de conscientisation et d’éducation populaire.
Car c’est de cela dont il est question. Nous ne sommes pas en train de rameuter sur un coup de cœur. Ni de mobiliser sur un objectif ponctuel. Nous sommes en train de former une force civique au service d’un projet de révolution pacifique et démocratique. Un sujet qui a cette vertu particulière de rendre tous les débats politiques possibles et en même temps d’être un objectif commun. Un projet dont la conduite et le but sont une forme de récupération de la citoyenneté personnelle et collective. De nombreux amis l’ont compris. Ils n’attendent donc pas les consignes. Ils sont en campagne sans même se demander à cette étape si celui ou celle qui agit avec lui est pour le tirage au sort ou l’élection, le régime parlementaire ou présidentiel. Ils prennent des initiatives non conventionnelles. Ils s’efforcent de faire connaitre l’idée. Certes, il y a beaucoup de reprises des outils informatiques mis à disposition sur la page de M6R.FR. Mais il y a aussi des foules d’autres idées comme les graffitis (peinture soluble) des amis de la Réunion, les pains marqués, les selfies et ainsi de suite. Je compte aussi beaucoup que cela se répande autour de nous. C’est de cette façon, en rendant visibles nos signaux dans l’espace urbain collectif et sur les réseaux que nous agrègerons. C’est d’ailleurs une des thèses du livre.