« Il faut
un coup de balai »
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- Junker c’est un bon résumé de l’Europe actuelle !
- Hollande évaporé en 48 heures ?
- Les quatre jours de vote pour le referendum révocatoire
- Des socialistes viennent vers nous
- La manif du quinze est un seuil
- La « manifestation en ligne » pour la 6e République
- Tous les signataires de l'appel pour le 15 novembre
- Appel de socialistes pour une 6e République
- La France, puissance maritime qui s’ignore – Publié dans La Revue internationale et stratégique N°95 (IRIS)
- 6 mai 2012 – 6 novembre 2014 : un mi-mandat qui inspire la révocation
Avais-je tort de proposer un « bon coup de balai » cette année-là alors qu’on n'en était qu’à l’affaire Cahuzac ? « Mélenchon veut faire la “Purification éthique” » avait abjectement titré « Libération ». Et combien d’autres premiers prix de bonnes manières et bon langage avaient joué le grand numéro des effarouchés. Des centaines de balais furent pourtant bien brandis dans la rue ! A mesure que le temps passe, de Thévenoud en Jouyet, Balkany et à présent des sénateurs de l’UMP, on mesure combien le pronostic était le bon. La crise morale de l’entre soi et de l’impunité est le cœur de la crise qui finira par jeter à terre tout l’édifice. Raison de plus pour que les chiens de garde médiatiques redoublent d’énergie pour assurer la promotion du refrain « Ca va profiter à madame Le Pen ». L’autre matin, sous prétexte de lutte contre le « tourisme social », expression qui est déjà en soi une ignominie, les médiacrâtes se sont déchainés. Ils ont fait dire à la décision de la Cour de Justice européenne ce qu’elle n’a pas dit sur la « préférence nationale » avant de faire semblant de s’affliger : « voilà qui va servir madame Le Pen ». Jours noirs et sombres d’un automne incertain.
Le 15 nous marchons dans la rue contre le pouvoir de Hollande et Valls et leur politique d’austérité cruelle et sans horizon qui détruit le pays et tous ses liens sociaux. Tout un arc de forces s’est élargi au fil du temps, rassemblant dans un combat commun des syndicats et des organisations et regroupements politiques de l’extrême gauche à l’écologie politique. C’est notre point d’appui. Le futur est en construction. A présent aussi pour la première fois, sur le projet sixième République, des convergences concrètes et militantes se mettent en mouvement. L’arrivée de « socialistes affligés » et d’autres bientôt comme les 65 000 signatures récoltées montrent que ce chemin est le bon, même si c’est un chemin de crête ou peut-être à cause de cela. Le succès de la votation citoyenne pour le référendum révocatoire, puis celui de la manifestation en ligne du mouvement sixième république, tout cela montre que le chemin existe, largement ouvert sur les contenus du niveau le plus élevé.
Ceux qui refusent de couper les ponts avec le PS se condamnaient déjà à devoir non seulement assumer l’ignominie de sa politique au service du MEDEF et des banques. Mais à présent il leur faut encore assumer la honte de l’entre-soi Jouyet/Fillon. Et pire que tout, il leur faut se taire sur l’abjection de l’affaire de la mort de Rémi Fraisse. Car on sait dorénavant ce que valent les protestations de Bernard Cazeneuve et sa façon de se défausser sur les gendarmes en action ce jour-là. Sa démission est le prix à payer pour ramener un peu de dignité à l’exercice du pouvoir par le PS. Bien sûr ils ne veulent pas. Ce refus d’assumer peut ruiner jusqu’au fondement toute autorité publique. Mais que leur importe ? Et Nous ? Le 15 on marche, mes amis. Tant que nous sommes là rien n’est fini, rien n’est perdu. Tout reste possible.
Junker c’est un bon résumé de l’Europe actuelle !
L’affaire Jouyet battait encore son plein quand on apprit par un groupe de « journalistes d’investigation » (!) que Junker avait mis au point un super système d’accords préférentiels et bien discrets pour que les grosses multinationales viennent se gorger au Luxembourg avec l’argent des impôts qu’elles ne paieraient pas dans les États voisins. A vrai dire, ce n’est pas une révélation car nous tous qui avons voté contre l’investiture de Junker, nous avons dit qu’il était le fondateur d’un paradis fiscal. Sur ce blog comme celui où je consigne mon travail de député européen, il en fut de même. Et ceux qui ont voté pour lui le savaient aussi. Et peut-être même est-ce pour ça qu’ils l’ont élu. Car il faut se souvenir de l’ambiance d’alors. Le sujet de la fraude fiscale en Europe tenait le haut du pavé. Il s’agit de deux mille milliards d’euros, tout de même ! D’aucuns ont pu se dire qu’avec un tel personnage, les risques de débordement de l’inquisition fiscale seraient mieux maitrisés… Bref, le Luxembourg et le grand capital se sont empiffrés en volant les États voisins dans le cadre de « l’Europe qui nous protège », cela va de soi ! « Oui, mais c’était légal » pleurniche maintenant Junker. Excellent ! Le discrédit est total.
Car cet homme-là préside la commission européenne avec les votes de la droite et des socialistes. Lesquels prétendent lutter contre la fraude et l’évasion fiscale. Cet écœurant spectacle jouait à guichet fermé cette semaine à Bruxelles à l’occasion de la session. Comme l’ordre du jour et les horaires ont changé sans cesse, et comme Junker a décidé à la dernière minute (midi pour quinze heures) de se présenter devant le Parlement, j’ai raté son discours. Je ne suis pas le seul. Je suis arrivé au pas de course tandis que Moscovici parlait. Ce qu’ils ont dit l’un et l’autre n’a aucune importance, bien sûr. Il s’agissait de sauver les apparences. Junker, mordant, s’est défaussé sur les 22 pays qui pratiquent aussi le dumping fiscal et annoncé un énième plan d’harmonisation des bases fiscales et ainsi de suite. Ce qui sera naturellement sans effet car l’harmonisation fiscale est interdite par les traités européens.
Notre groupe, la GUE, voulait déposer une motion de censure. Hélas nous ne sommes pas assez nombreux. Ni les Verts ni le PS n’ont voulu prendre la main que la présidente de notre groupe leur a tendue. La sociale-libérale Pervenche Berès a donc eu beau jeu d’encenser son camarade Moscovici dans un de ces blablas sirupeux dont elle a le secret. Elle l’a même qualifié « d’oreille gauche » du président de la Commission. Mais oui, ces gens-là sont fiers de Moscovici ! Il nous manquait donc 25 signatures en plus de celles de notre groupe pour atteindre le nombre prévu par le règlement pour pouvoir déposer cette motion de censure. Pas de censure possible dans ces conditions. On voit après cela ce que valent maints bavardages. Une occasion qui se présentait au Parlement de faire autre chose que la chambre d’enregistrement est passée. Reste la chambre d’enregistrement, l’évasion fiscale, le mensonge et les simagrées gesticulatoires. C’est-à-dire l’Europe réelle.
Hollande évaporé en 48 heures ?
C'est à peine croyable. Annoncée pourtant à son de trompe et commenté par avance dans maints éditoriaux, le show du président de la république sur TF1 aura disparu du paysage politique sans laisser de traces en moins de quarante-huit heures. Il est vrai que l'on avait eu droit à un spectacle si pitoyable que la plupart des commentateurs n'avaient ensuite rien à dire puisque rien – ou presque – ne s'était dit. J'ai eu l'occasion de m'exprimer sur le sujet. Mon commentaire a été diffusé sur trois chaînes d'information en continu. Je ne consacrerai donc pas une ligne de plus à un tel non-événement, sommet de la riquiquisation du Hollandisme réel. Je ne sais quel génie de la communication a pu concevoir un numéro aussi pitoyable de conseiller de Pôle Emploi puis de passe plat d’une patronne grossièrement anti-syndicat et aussi apatride que son fric. Alors seul le Medef, tout au fil de la soirée, a été gavé de bonnes nouvelles et de délicieux reculs des acquis sociaux. 150 ans d'Histoire de la gauche pour en arriver là ! Quelques heures ont passé et elles auront suffi à montrer, avec l'affaire Jouyet-Fillon, la profondeur des liens qui unissent les divers secteurs de la droite et l'entourage immédiat du président de la République. Sur cela non plus il n’y a rien à ajouter.
C'est un épisode à l'intérieur d'une séquence qui mène à l'effondrement de tout ce petit monde de l'entre-soi. Le commun des mortels se sera juste souvenu à cette occasion que le numéro un parmi les collaborateurs du président de la République, et son meilleur ami, est un ancien ministre de François Fillon et Nicolas Sarkozy, une figure de la grande bourgeoisie d’alliance. La trahison et le mensonge dans la bonne foi tranquille des dominants s'incarnent dans cet homme. Mais que peut-on lui reprocher que le reste de ces gens-là ne pratique déjà usuellement ! Ce genre d’épisode, les faits de corruption ou de déchéance morale s'ajoutant les uns aux autres de Cahuzac à Thévenoud en passant par Balkany, sont des enchaînements caractéristiques qui conduisent au point de non-retour que j'ai baptisé dans le passé « qu'ils s'en aillent tous », que les Tunisiens appellent « dégage ! », que les Espagnols, les Grecs, les Portugais ont déjà chacun nommés à leur façon. C'est à cette aspiration qu’a voulu répondre l'action du Parti de gauche avec sa votation citoyenne pour le droit de révoquer les élus en cours de mandat.
Les quatre jours de vote pour le referendum révocatoire
Dans les rues et sur les marchés, ils ont été une formidable occasion de prendre le pouls de larges secteurs de la société, au hasard des rencontres. Cinq cent urnes mises en place, des dizaines de milliers de discussions et même des files pour voter sont des signaux importants. Voici ce dont je puis attester à présent, après avoir pris le temps d'écouter ou de lire de nombreux comptes rendus faits par mes camarades. Il est absolument certain que le grand nombre de nos concitoyens comprend l'importance de la règle du jeu et des institutions dans la situation qui nous accable ! L'écho médiatique de cette initiative, le succès tout de même remarquable compte tenu du fait que nous n'étions pas présents partout, la violence des réactions hostiles des élus UMP et FN, la méfiance et parfois même l'hostilité visible des caciques du PS qui ont croisé les groupes de camarades qui organisaient la votation, tout cela a bien prouvé que le doigt été mis sur la plaie ! Le sondage publié par le gratuit « Vingt minutes » a montré qu'une majorité de sondés s'est dite intéressée par le sujet et partisane d'offrir cette possibilité de révoquer les élus. Je crois que le mouvement pour la sixième République devrait reprendre à son compte ce type d'initiative. C’est ce que nous propose Raquel Garrido qui est l’organisatrice et la porte-parole de cette action pour le PG. Et pour ma part, je pense que ce serait vraiment une bonne idée que de se déployer tous sur le terrain pour une action de ce type. En tout cas, la dynamique est là. L'objectif des 100 000 signatures est donc en bonne voie de réalisation. D'autant que cette semaine nous avons eu le plaisir de recevoir des signatures et des engagements de participation venue de la sphère des partis politiques de gauche. Aujourd’hui je ne vais évoquer que les socialistes.
Des socialistes viennent vers nous
Certes, les petits appareils de la gauche du PS, déjà en concurrence entre eux, sont beaucoup trop inhibés et jaloux de tout ce qui détourne l'attention d’eux pour faire quoi que ce soit de mieux que des paroles. Mais cela ne résume pas la situation dans ce parti. A côté des notables frondeurs, préoccupés d’élection ou de réélection aux divers offices du parti, une base bien plus exaspérée hésite entre le départ silencieux du PS et l’action socialiste publique. Je crois que c’est de là que vient l'arrivée au M6R du groupe des « socialistes affligés » avec l’économiste Liêm Hoang Ngoc, toujours membre du bureau national du PS. Ce groupe est significatif. Il est issu du courant Hamon. Pas seulement il est vrai. Mais il me parait important de signaler parmi les signataires de cette équipe la présence de Sylvain Mathieu, premier secrétaire de la fédération de la Nièvre. C’est l’homme qui avait recueilli 32,8% des voix dans le vote qui l’avait opposé à Jean Christophe Cambadelis pour le poste de Premier secrétaire du Parti socialiste.
Un autre point important et tout aussi significatif est l’arrivée aux côtés de ces socialistes de plusieurs membres dirigeants du Mouvement de la Jeunesse Socialiste au niveau national comme départemental. Ils sont ainsi sept membres du BN du MJS et toute une série d’animateurs départementaux du mouvement. Ceux-là ont fait le choix de participer drapeau et musique en tête au Mouvement pour la Sixième République. Ils y sont accueillis à égalité avec tous les autres participants et ils partageront toutes les responsabilités de la décision et de l’action. Aucune négociation ou je ne sais quoi d’approchant n’a eu lieu. Juste s’est manifesté une volonté commune d’agir pour rendre majoritaire une idée dans la population. Ça c’est de la politique à l’état pur. Elle est tournée vers le grand nombre et sa conquête plutôt que sur l’entre-soi. Cela prouve qu’une idée et une bataille concrète fédèrent bien mieux que n’importe quelle cajolerie diplomatique. D’autres groupements politiques seront annoncés après la marche du quinze novembre. Pourquoi après ? Parce que la marche elle-même est une épreuve de vérité politique. Il y a ceux qui sont dans la rue avec l’opposition de gauche et ceux qui sont nulle part.
La manif du quinze est un seuil
Cette marche a été préparée avec soin et méthode. Elle est avant tout un acte collectif et la continuité d’un travail commencé depuis les lendemains de l’élection présidentielle. Nous avons voulu projeter dans la résistance à la politique d’austérité la force acquise dans les votes. La méthode a consisté à construire une coalition de forces sociales sur le terrain. C’est ce que nous appelons le « Front du peuple ». Ce n’est pas simple à faire car chacune des composantes a sa propre raison d’agir et ses propres impératifs. Toutes doivent être autonomes et indépendantes de bout en bout si l’on veut que l’attelage soit viable. Ce n’est pas le plus difficile pour les organisations politiques. C’est moins évident avec les organisations syndicales, certaines excluant, en toute hypothèse, une telle convergence dans l’action soit avec les autres syndicats soit davantage encore avec des forces politiques. En vérité, en partant d’un point de vue purement pratique, la plupart d’entre nous s’attendaient à ce que le mouvement syndical marche en tête de cette résistance aux politiques d’austérité. Les forces politiques de l’opposition de gauche seraient venues en soutien. Mais l’état de l’unité syndicale à cette rentrée ne l’a pas permis. Dès lors, les convergences qui se sont construites dans la préparation des premières marches sont devenues cruciales.
Un nouvel espace s’est construit tranquillement. D’autant que les plus amples mobilisations sociales depuis 2012 ont été à l’initiative de ce comité. La confiance mutuelle et la cohésion forgées au fil du temps ont payé. Le collectif d’organisations a maintenu ses réunions régulières. Il porte avec humour dorénavant un nom : « le collectif triple A ». C’est en partant de là qu’Éric Coquerel, après une tournée de contacts exploratoires positive, s’est adressé au nom du Parti de Gauche à tous les membres du comité pour suggérer l’organisation d’une marche. L’idée était que le trimestre ne reste pas dominé par la droite et ses manifestations, déséquilibrant davantage encore le rapport de force déjà dominée par l’appareil médiatico-lepéniste. La proposition a été bien accueillie et le comité « triple A » l’a prise en charge sous sa propre bannière. D’une marche à l’autre, l’arc des forces politiques impliquées s’était élargi. A présent, côté politique c’est très nettement visible. Cette fois-ci le NPA, le POI, Nouvelle Donne et la gauche des Verts seront là avec « les socialistes affligés » et le Front de Gauche au grand complet. Côté associatif, les participations du passé, comme celle du DAL, se sont confirmées ; de nouvelles se sont engagées. Ainsi d’ACRIMED par exemple, et même Attac, qui a intégré l’appel en dernière limite. Côté syndical, le nombre des unions régionales, départementales et des branches entières de l’industrie va en augmentant. De façon très positive, nous avons vu ces organisations faire voter leurs adhérents ou leurs instances sur la participation à la marche du 15 novembre.
De cette façon la démarche globale s’enracine dans la durée. Et l’autonomie de chaque participant se fortifie positivement. Je veux dire que cela se fait non dans l’exacerbation de ce qui différencie ou l’affirmation des frilosités mais dans la recherche de ce qui peut être fait ensemble. Dans ce processus, j’ai adapté ma participation au dispositif de mobilisation. Selon moi, la maturité dans la durée du collectif prouve qu’il n’y a plus besoin de se jeter dans la mobilisation médiatique comme je l’ai fait dans le passé quand rien n’existait. C’est un soulagement pour moi, je ne le cache pas. La personnalisation des marches orchestrée par nos adversaires jouait contre l’élargissement du collectif, je l’ai bien vu. Car la presse sociale-libérale et sous influence FN jouait beaucoup de cette situation, m’imputant comme ralliement personnel toute participation. Bien sûr, cela n’avait pas empêché la démonstration de force de se faire. Mais cela augmentait aussi les moyens de provocations en concentrant les coups sur moi. Vous savez tous comme je suis las de cette vie sous l’acide du parti médiatique, cette peau de Nessus qui est désormais vissée sur moi par une poignée de tiques papelardes. Deux émissions de radio matinales, une diffusion publique de tract, deux post ici et des publications de panneaux d’appel à la marche sur ma page Facebook ont été ma contribution personnelle à la préparation de la marche. Je crois aussi que nous devrions avoir un bon résultat si j’en juge par les échos reçus du terrain. Mais il ne faut pas être naïf, l’éparpillement régional et parfois même départemental va faciliter les manœuvres de minorisation du ministère de l’Intérieur et de ses relais médiatiques. Raison de plus de donner un démenti par les actes.
La « manifestation en ligne » pour la 6e République
Elle a très bien fonctionné ce 12 novembre. C’est une forme d’action nouvelle : il s’agissait de publier et de partager sur les réseaux sociaux du contenu (texte, images, vidéos, etc.) en utilisant systématiquement le mot-clé #6eRépublique. Comme Sonia Rolland, qui a salué une « démarche citoyenne », j’ai participé à l’exercice sur Facebook et sur Twitter pour donner un coup de pouce. Voici quelques points de repères pour évaluer l’action.
Sur Twitter. Ce sont plus de 500 000 personnes qui ont été touchées par le mot-clé #6eRépublique si l’on s’en tient au nombre total d’abonnés des participants. Et ce mot-clé s’est imprimé en tout plus d’un million de fois sur les fils d’actualité Twitter. Impressionnant ! Près de 5 000 tweets ont été publiés ou échangés avec le mot-clé « #6eRépublique ». C’est plus que le nombre de tweets utilisant les mots-clés « #Valls » ou « #Sarkozy ». En temps normal, le sujet « 6e République » aurait été le plus partagé de France. Mais la sonde Philae nous a ravi la vedette. Et on n’en est pas triste ! On fera sournoisement remarquer qu’il lui a fallu 10 ans pour atterrir et la manifestation en ligne seulement 6 jours pour décoller. Attention, je dis ça pour plaisanter !
Sur Facebook. Il y a eu plus de 2 800 inscrits à l’événement. Pour donner un élément de comparaison, il y avait 2 400 inscrits à l’événement Facebook relatif à la marche du 1er décembre à laquelle 100 000 personnes ont ensuite participé « physiquement ». Et le tout en trois fois moins de temps pour la manifestation en ligne que pour la marche du 1er décembre ! Les publications du mouvement pour la 6e République ont connu des records d’audience et de partage qu’on n’avait pas vu depuis le lancement de la page.
Cette manifestation sur les réseaux sociaux a eu d’autres effets encore. Ainsi, on a dépassé le cap des 65 000 signatures ce 12 novembre grâce au coup de fouet apporté par la mobilisation numérique. Sur deux mois, cela signifie que nous avons marché à la moyenne de plus de 1000 signatures par jour ! Pour l’heure, ce jour-là, ce qui est le plus impressionnant, c’est le foisonnement d’images publiées ou envoyées par mail ! Plusieurs centaines ! Le recensement de toutes ces productions est en train d'être fait dans un album en ligne. On peut y voir toute la créativité de celles et ceux qui ont participé à cette manifestation en ligne : dessinateurs, graphistes, photographes, peintres…
Quelle leçon tirer de tout cela ? Je n’en sais rien à vrai dire. Comme nous innovons, nous n’avons pas de repères pour apprécier la portée de l’action. Nous sommes en train de roder des méthodes nouvelles de combat. Le cyberespace ne se substitue pas à la réalité. Il en est une composante aussi concrète que n’importe quelle autre, quoiqu’il soit en capacité de les impacter toutes. Il ne retire pas au réel, il ajoute a sa complexité. Le cyberespace est une dimension supplémentaire de la réalité concrète. Encore faut-il en maîtriser le fonctionnement. C’est ce que nous apprenons à faire. Après quoi il nous reste un deuxième niveau d’apprentissage à acquérir. Celui qui implique la circulation entre virtuel et concret. Comment une action passe du concret au virtuel, ça, on connaît ! Il suffit de voir comment la moindre situation concrète peut donner lieu à des milliers de retour en photos ou en live-tweets ce qui en amplifie l’attrait, la réputation ou l’impact. Comment on passe du virtuel au concret, c’est un thème plus obscur. Une manif virtuelle pourrait-elle devenir concrète dans la rue ? Si je mets de côté les évènements de Tunisie, les exemples récents connaissables de près ne sont pas si nombreux. C’est en partie ce qui s’est passé avec la manif climat. Je vais avancer dans l’analyse de tout cela et je compte bien que le mouvement sixième République soit totalement en pointe et en maîtrise de toutes ces techniques d’action. Gageons que tout ce qui sera appris à ette occasion ne sera pas perdu pour l’avenir de notre combat commun.