Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir !

L’année tire à sa fin. J’y cours au pas de charge. De tout ce qui m’advient et de ce que j’observe, je fais un tri pour ce blog qui reste mon principal outil de dialogue, quand bien même mon compte Twitter a-t-il trois cent mille abonnés, ma page Facebook cent quatre-vingt-dix sept mille « j'aime » (ça s’appelle des « fans » mais ça ne me concerne pas) et quand bien même mon blog de député européen est bien actif lui aussi. Ce post est consacré aux commentaires argumentés par rapport à deux moments qui ont importé pour moi cette semaine. D’un côté la polémique sur l’arrogance de madame Merkel et de son gouvernement vis-à-vis de la France. De l’autre la suite du débat que j’ai eu avec Eric Zemmour sur RTL ! Je vous fait connaitre une interview dans le Corriere della sera qui va vous laisser aussi pantois que je le fus en la lisant.

Je me suis engagé dans la bataille contre la loi Macron. Je sais très bien que le travail du dimanche n’est pas le seul thème dangereux de ce texte. Mais c’est bien par-là que l’intérêt de tous est capté à juste titre. Je sais que nous pouvons stopper ce gouvernement sur ce texte. Evidemment la bête, déjà bien atteinte, jette du venin et de l’encre de brouillage. « C’est une vraie loi de gauche » clament les faussaires solfériniens. Inutile de dire que ça n’arrange pas la réputation de la gauche dans les milieux populaires. Voilà pour le venin mortel. Quant à l’enfumage c’est du lourd ! De gauche la loi Macron ? Pfft ! S’il fallait une preuve de plus que ce dont témoigne hélas amplement la lecture du texte, la meilleure preuve que ce n’est pas le cas, c’est qu’ils le disent ! Car un gouvernement ne fait des « lois de gauche » que dans les commentaires après coup. Sur la scène publique et dans le moment où il présente son action, il fait des lois d’intérêt général. Les solfériniens sont aux abois. L’un babille pour ridiculiser les divergences : « à cinq dimanche on serait de gauche, mais à douze on serait de droite ! » s’essouffle-t-il. De son côté Jean Christophe Cambadélis en rajoute pour obtenir la capitulation générale de tous devant le PS et sa politique gouvernementale : ceux qui refusent de s’unir aux socialistes seront responsable de l’auto-élimination aux élections départementales ! Il adjure les Communistes et les Verts d’obtempérer. Et sur ces bonnes paroles, le Premier Secrétaire du PS annonce qu’il va procéder à  un recrutement de masse de cinq-cent mille nouveaux adhérents. Le congrès solférinien va avoir une drôle de mine sur ces bases, croyez moi.

Fais-nous mal, Angela ! Fais-nous mal !

(Attention, buzzers précoces ! Il s’agit d’une allusion à la chanson fétiche de Boris Vian).

Les Français plébiscitent Merkel. Si ! Le JDD le prouve par un sondage ! Une sobre présentation préside à cette révélation étalée sur toute la une ! Mais l’événement fondateur c’est moi ! En personne ! Ce qu’il nomme (comme il se doit à propos d’un homme qui ne saurait avoir de cerveau mais seulement des tripes) mon « coup de sang contre Merkel » devient ensuite un « coup de gueule » dans la titraille interne de l’article. Il était urgent de savoir de quel côté penchaient les Français !  Evidemment « les Français » plébiscitent madame Merkel ! Il ne manquerait plus qu’ils me plébiscitent moi ! A quoi servirait le JDD dans ce cas ? Evidemment, si on lit le résultat de cette grande enquête scientifique, on s’aperçoit vite qu’en dépit des questions biaisées jusqu’au ridicule, les sondés, et non « les Français », majoritairement de droite, approuvent plutôt le personnage (qu’ils connaissent bien, comme chacun le sait) davantage que sa politique. Mais quelle différence une fois qu’on a lu le titre et vu la photo ? La collaboration avec Merkel n’est-elle pas la pierre de touche du bon goût ? Chacun sait que je l’ai insultée « grossièrement ». Et même d’une manière « nauséabonde » selon le député De Rugy. « Ferme là » est une insulte quand je le prononce. Quand Cohn Bendit dit « ta gueule » à son compatriote Martin Schultz, c’est une joyeuse facétie post-pubère. Oui mais, attention ! De Rugy admet qu’il faut avoir, si besoin, des « relations fermes » avec le gouvernement allemand. Mais évidemment pas « comme Mélenchon ». Bon. Quelqu’un se rappelle-t-il avoir lu quelque chose de « ferme » du député De Rugy à propos du gouvernement de madame Merkel pour que je puisse m’en servir comme modèle pour la suite ? Non ! Il n’y a rien. Avant que j’en parle et avant qu’il soit sifflé pour remplir sa fonction en me calomniant, De Rugy n’a jamais rien dit sur ce sujet. Rien.

D’une façon générale ce fut un festival d’indignation à la commande. Et autant pour la deuxième couche. Poirette sur RTL, sans aucun rapport avec le sujet du débat avec Zemmour, me demande à l’impromptu si je « regrette d’avoir insulté » madame Merkel. Je lui réponds que je ne l’ai pas insultée mais que je me demande pourquoi je regretterai des propos réfléchis même si j’ai cru que « Maul zu » voulait dire « shut up ! ». Réplique du journaliste « ça aurait pu vous échapper ! » Inouï ! Mais c’est bon pour le buzz ça coco ! Aussitôt « le Lab » titre que « Mélenchon ne regrette pas d’avoir insulté » la madame. Ce qui est une façon de suggérer que je suis d’accord avec l’idée que je l’ai insultée. « Tu verras coco, le mot Mélenchon plus le mot “insulte” va produire des clics supplémentaires ! » Et ainsi de suite. Le régal, ce fut de crucifier ma mauvaise manière pour avoir prétendument utilisé le terme « boche ». La manipulation odieuse qui fut faite alors me révulsa d’abord, moi qui en aie pourtant déjà tant subi. Puis elle m’amusa beaucoup. Car je vis réagir aussitôt une faune d’indignés de service dont j’aime dorénavant les aigreurs et acrimonies comme j’aimais faire aboyer le chien du voisin quand j’étais gamin juste pour embêter son propriétaire. Le plus comique fut ce néo-stalinien qui s’indigna bruyamment  de mon « propos xénophobe » pour l’usage de ce mot. Il exigea une mise au point de Pierre Laurent. Il publia son indignation sur le site des « amis de l’Huma » qui l’afficha sans broncher.

Autant d’ignorants, et oublieux de ces unes de l’Huma de l’été 1944 qui titraient chaque jour, des formules telles que « À chaque Parisien son Boche », ou « frapper plus fort le Boche », « pas un Boche ne doit sortir vivant » j’en passe et des meilleures.  Apparemment, à cette époque, pas de différence entre « boches » et « nazis ». Et les unes de l’Huma ne parlent pas « d’Allemands ». Juste des « boches ». Pas plus que la très officielle et intéressante exposition actuelle du musée Carnavalet sur la Libération de Paris ne nomme « nazie » l’occupation de la capitale mais bel et bien « Allemande ». Je m’empresse de dire que je n’ai rien contre cette exposition. Au contraire. Elle lave les yeux de l’horrible affiche dans la même rue avec le portrait du traitre Pétain qui invite à aller voir l’exposition aux archives de France sur la collaboration. Beuark ! Au Carnavalet au contraire on peut voir des images très intéressantes sur la barbarie de l’armée d’un peuple voisin, que les nôtres ont vaincu et fait défiler les mains sur la tête. J’en profite pour dire qu’il y a plus savoureux encore dans cette magnifique exposition. De façon très primaire, comme l’est toute critique des États-Unis cela va de soi, elle fait son coup de sang pour rappeler que l’armée américaine voulu « blanchir » les troupes entrant dans la ville. Ainsi furent mis de côté, par eux, nos frères sénégalais qui combattaient les nazis avec nous. Cette même exposition pousse aussi un coup de gueule incroyablement grossier ! En effet, elle souligne quel paradoxe était le fait que les USA viennent en France en prétendant combattre un régime raciste alors qu’eux même pratiquaient encore la ségrégation raciale des noirs ! Incroyable, non ? Ce musée Carnavalet, propriété de la ville de Paris, serait- il un nid de mélenchonistes « nauséabonds » « insultant les Américains » et ragnagna ?

N’allez pas croire que je m’appuie sur d’autres pour justifier l’usage du mot « boche » pour désigner les Allemands. Au contraire. Je n’ai jamais été d’accord avec ça. Ça devrait se savoir. Car parmi ceux qui m’entendent parler, nombreux sont ceux qui lisent d’autres choses que des albums à colorier et qui par-dessus le marché comprennent le français écrit. Ceux-là savent à quoi s’en tenir. Quand je dénonce dans cette député allemande présentée sur le plateau de « France 2 » le fait qu’elle « ressemble à une caricature de boche de bande dessinée » il est clair je mets à distance le concept de « boche » pour décrire un Allemand. Mais si les petites cervelles ont besoin de comprendre avec des images ce que parler veut dire et en quoi consiste une « caricature de boche », je les renvoie à ce qu’ils connaissent le mieux et savourent toujours avec le même moignon de cerveau auquel ce spectacle fait appel : une série américaine ! Vous connaissez « Papa Schultz » les petits nenfants ? Allez jeter un œil, si vous avez oublié ! Voulez-vous des citations de films ? Des dessins d’époque et contemporains ? Un petit extrait de la « Grande vadrouille » ?

Ceci posé, je répète mon point de vue sur le fond. Rien ne peut faire oublier que les Allemands ont envahi trois fois notre pays et confisqué à deux reprises des départements français pour les annexer. Cela ne doit pas grand-chose à l’ethnie mais beaucoup à la géographie et aux structures de dominations géopolitiques des époques concernées. Il va de soi que la période contemporaine est bien différente. Je ne dis donc pas qu’ils s’apprêtent à nous envahir. Je ne dis pas qu’ils sont des envahisseurs nés. Et ainsi de suite pour qu’aucun buzzer précoce n’aille se perdre en épectase. Pour autant, connaître l’Histoire, mesurer ses permanences, c’est la meilleure position de départ pour éviter ses répétitions. La nouvelle génération de dirigeants allemands n’est plus retenue ni par le remord des crimes de ses parents, ni par la partition des peuples allemands. Le ton et le style qu’ils adoptent pour imposer à toute l’Europe une politique stupide qui ruine toutes nos sociétés et nous précipitent dans un nouvel accident de la civilisation européenne est insupportable. Aucune des raisons qu’ils affichent pour exiger qu’on leur obéisse n’est fondée en raison. C’est donc une pure brutalisation. Le petit jeu du rayon paralysant pour empêcher toute critique ou toute polémique sur « le couple franco-allemand » est uniquement au service d’un leurre dans une politique internationale de notre pays qui en est déjà si largement farcie avec la prétendue « communauté de valeurs » avec les Etats Unis.

Il est impossible de ne pas connaître mon point de vue argumenté sur ces questions. En effet j’ai publié et maintenu à la «  une » de ce blog, comme en ce moment, durant de longues semaines le recueil des textes sur l’Allemagne que j’ai publié soit sur mon blog, soit dans mes livres soit dans des interviews. Ils représentent un ensemble d’analyses et de prises de positions argumenté que mes détracteurs n’ont jamais mentionné. Mais ce n’était pas le sujet des aboyeurs de la dernière période. Leur sujet est le buzz. Non pas tant « donner de l’information » mais en produire. Je conclus donc cette séquence, où le chien de mon voisin a bien aboyé, par un extrait de mon interview dans le journal « le Monde » paru la semaine passée. Le Monde : «  Pensez-vous réconcilier les citoyens avec la politique en usant de formules à l'emporte-pièce, comme vous l'avez fait dimanche 7 décembre contre Mme Merkel ou le lendemain contre une eurodéputé CDU ? » Réponse : « Mille fois oui ! En parlant comme ça, je défoule la France, j’incarne son humiliation et j’adresse un message aux gouvernants allemands. N’oubliez jamais: c'est sur les vieilles cicatrices que se rouvrent les nouvelles blessures. La condition de la paix c’est la stricte égalité entre Français et Allemands. En laissant libre court à l’arrogance de Merkel, Hollande l’encourage. L’Europe ne doit pas être le nouvel empire des rentiers allemands. L’Allemagne vieillissante, ses pauvres et ses équipements publics en ruine, n’est pas un modèle pour nous. »

Et maintenant voyons comment la vigilance médiatiques sur mes tweets se relâche quand il s’agit des délires d’un confrère. Eric Zemmour n’est pas seulement l’homme qui fournit une doctrine commune et un cadre de références historiques pour l’unification des droites et de l’extrême droite. Il est journaliste. On ne doit jamais l’oublier. Avant de commencer la série de ses ouvrages ethnicistes, il était comme les autres « indépendant, intègre et objectif ». Il est un chroniqueur de RTL. C’est bien son droit et celui de RTL. Deux fois par semaine ! Il n’existe aucune chaine de radio ou de télévision ou l’un des nôtres a ce privilège de parole. Quand on pose la question comment expliquer son succès de vente en librairie, quel journaliste a osé dire que sa présence discourante deux fois par semaine sur une des plus influentes radios du pays est sans doute un puissant appui ? Aucun. La corporation avant tout. Et de fil en aiguille, elle finit par passer à côté de tout. Il peut tout dire. Rien ne lui sera reproché car « il est de la maison ». Imaginez seulement que ce soit Jean-Marie Le Pen qui ait dit qu’il fallait déplacer les musulman de France ! La caste aurait fait le buzz. Mais Zemmour ? Non. Zemmour dit ce qu’il veut. Il est de la corporation.

Zemmour pense que les Musulmans français peuvent être déportés

Peut-être avez-vous suivi mon débat avec Eric Zemmour, sur RTL le 12 décembre dernier. Je ne vais pas le paraphraser. On peut l’écouter si l’on veut en suivant le lien qui y conduit.  Je sais que le ton beaucoup top vif a indisposé à l’écoute. Mais la technique de Zemmour, en bon journaliste, consiste à couper sans cesse la parole ne fût-ce que par des interjections permanentes telles que citer mon nom sans cesse, ou bien répéter pendant que je parle « mais bien sûr…. mais bien sûr » comme un disque rayé, ce qui rend l’élocution pour lui répondre un tantinet pénible. Surtout quand son confrère de la même chaine de radio, « modérateur » du débat, lui passe les plats et s’avère aussi idéologiquement engagé que lui comme en attestent des phrases comme « vous estimez que la République peut laver tout ça » (les immigrés) ou « ces gens-là » pour parler d’eux et ainsi de suite. La phrase qui résume le mieux ma position par rapport à la conception ethniciste de Zemmour sur la France a été relevée par Raquel Garrido qui en a fait un message bien partagé sur Facebook : « Le fait de devenir constituant forme le peuple lui-même. Contrairement à Éric Zemmour, je ne crois pas que le peuple français se constitue dans le ventre des femmes françaises mais à partir de l'école, de la politique et de la République. Et lorsque le peuple devient constituant, il s'approprie collectivement son avenir en définissant les droits qui sont les siens. Il faut donc, par cet acte-là, en quelque sorte, refonder la France elle-même, l'idéal républicain et le mettre en partage dans toute la population. On est plus intelligents à plusieurs qu'à un seul. Il faut une Assemblée constituante et il faut un pouvoir parlementaire et non pas cette grotesque monarchie présidentielle. » Au moment où je dialoguais avec Eric Zemmour il me manquait une information à son sujet que j’ai reçue depuis. Cette information se trouve dans le journal italien le Corriere della Sera.

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Voici donc ces quelques lignes qui sont passées inaperçues en dépit de leur contenu explosif. Comme mon sujet ici n’est pas de polémiquer avec les médias pour leurs étranges cécités, je ne dis rien de plus sur cet oubli si curieux. Je donne exactement mes sources pour qu’elles puissent être reprises, sans obligation de me citer, suivant l’usage en vigueur dans ce petit monde. Je me souviens comment les choses se sont passées après que j’ai déterré pour mon discours de l’université d’été du Parti de Gauche l’engagement pris par François Hollande dans un livre avec Edwy Plenel de se soumettre au suffrage universel à mi-mandat. Ici encore, le travail est fait. Il n’y a plus qu’à se servir. Les recherches sont donc inutiles. Les lignes qui suivent sont extraites de la page 19 de l’édition du 30 octobre 2014 du journal italien : Corriere della Sera. On peut trouver le lien ici.

Et pour être plus simple encore, je reproduits à présent les propos de Eric Zemmour dans la version italienne de l’entretien avant ma propre traduction. Je les regroupe en deux paquets pour faciliter la lecture. (Merci qui, coco ?). Dans la mesure où je ne suis pas un italianiste, il va de soi que ma traduction peut légitimement être améliorée si quelqu’un remet en cause ce que j’écris. [Les modifications de traductions proposées dans les commentaires sont notées entre crochets.] 

Eric Zemmour : « I musulmani hanno un loro codice civile, è il Corano. Vivono tra di loro, nelle periferie. I francesi sono stati costretti ad andarsene».

Question: « Lei allora che cosa suggerisce? Deportare cinque milioni di musulmani francesi? »

Eric Zemmour : « Lo so, è irrealista, ma la storia è sorprendente. Chi avrebbe detto nel 1940 che un milione di pieds-noirs , ventianni dopo, avrebbero lasciato l’Algeria per rientrare in Francia? O che dopo la guerra 5 o 6 milioni di tedeschi avrebbero lasciato l’Europa centro-orientale dove vivevano da secoli?»

Question : « Parla di esodi provocati da tragedie immense ».

Eric Zemmour : « Io penso che stiamo andando verso il caos. Questa situazione di popolo nel popolo, di musulmani dentro i francesi, ci porterà al caos e alla guerra civile. Milioni di persone vivono qui, in Francia, e non vogliono vivere alla francese ».

Eric Zemmour : « Les musulmans ont leur code civil, c'est le Coran. Ils vivent entre eux, dans les périphéries. Les Français ont été obligés de s'en aller. »

Question : « Mais alors que suggérez-vous de faire ? Déporter 5 millions de musulmans français ? »

Eric Zemmour : « Je sais, c'est irréaliste mais l'Histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 que un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d'Algérie pour revenir en France ? Ou bien  qu'après la guerre, 5 ou 6 millions d'Allemands auraient abandonné l'Europe centrale et orientale où ils vivaient depuis des siècles ? »

Question : « [Vous parlez d'exodes provoqués par] des tragédies immenses. »

Eric Zemmour : « Je pense que nous nous dirigeons vers le chaos. Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. Des millions de personnes [vivent ici], en France, [mais] ne veulent vivre à la française. »

(…)

Question : Ma che significa vivere alla francese?

Eric Zemmour : « Significa dare ai figli nomi francesi, essere monogami, vestirsi alla francese, mangiare alla francese, formaggio per esempio. Scherzare nei caffé, fare la corte alle ragazze. Amare la storia di Francia, sentirsi i depositari di questa storia e volerla continuare, sto citando Ernest Renan. »

Question : « Mais que signifie : vivre à la française ? »

Zemmour : « Cela signifie donner à ses enfants des prénoms français, être monogame, s’habiller à la française, manger à la française, du fromage par exemple. [Blaguer] au café, faire la cour aux filles. Aimer l’Histoire de France et se sentir dépositaire de cette Histoire et vouloir la continuer, je cite ici Renan. »

Question : « Lei punta a fare l’ideologo del Front National?»

Eric Zemmour : « No, su certi temi siamo lontani, il Front National per esempio non si è schierato abbastanza contro il matrimonio degli omosessuali, e da un punto di vista sociale ormai è troppo a sinistra. Ma io non mi pongo sul terreno dei partiti, la mia dimensione è quella delle idee. Conduco una guerra culturale, come direbbe Gramsci».

Question : « [Avez-vous] l’intention d’être l’idéologue du Front national ? »

Eric Zemmour : « Non, sur certains thèmes nous sommes éloignés. Le Front national, par exemple, [n'a pas assez clarifié sa position contre] le mariage homosexuels et, d’un point de vue social, il est [désormais] trop à gauche. Mais je ne me situe pas sur le terrain des partis, mon domaine est celui des idées. Je mène une guerre culturelle, comme le dirait Gramsci. »

Les chiffres et les faits. Les délires de Zemmour sur les étrangers

Qu’on en finisse ! Il n’y a pas 5 millions d’étrangers en France et encore moins 12 millions, comme il l’affirme. « En octobre 2012, déclare-t-il, l’Insee a relevé qu’il y avait 5 millions d’étrangers en France et que leurs enfants de moins de 4 ans représentent 7 millions. Soit 12 millions au total ». Un tissu de sottises. D’abord parce qu’il ne saurait y avoir « 7 millions d’enfants d’étrangers de moins de 4 ans » pour la raison qu’il n’y a 3 à 4 millions d’enfants de moins de 4 ans en France, quelle que soit leur nationalité ! Quant au reste, Zemmour confond étrangers et immigrés. Cette confusion contient une logique de guerre civile et c’est bien pourquoi son propos est si dangereux. Il n’y a que 3,7 millions d’étrangers en France. Pour parvenir au chiffre de 5 millions, il faut y additionner 2 millions d’immigrés de toute nationalité devenus Français par naturalisation. Ceux-là sont pour lui des Français de papier comme disait l’extrême droite d’avant-guerre et de nos jours. Pour lui, on ne peut pas « devenir Français ». Le moment venu, il faudra donc trier et retirer des cartes d’identités. C’est que fit en son temps le gouvernement collaborateur de Philippe Pétain. Et le tri devra descendre profond dans la masse des français. Car l’INSEE a compté 6,7 millions de « descendants directs d’immigrés ».

Encore faut-il préciser ce que cette classification veut dire. Ces descendants directs d’immigrés ne sont pas tous « étrangers », loin s’en faut. En effet, il s’agit d’enfants nés en France, donc qui sont Français ou pourront le devenir à leur majorité. Mais il s’agit aussi d’enfants « dont au moins un parent est immigré » mais dont l’autre parent peut être Français. Au demeurant, même le parent immigré peut être devenu Français ! Evidemment, tout ceci demande le temps de l’explication et de la réflexion. Ça s’énonce moins vite qu’une énormité lancée à la cantonade. Ainsi, quand il claironne : « un tiers des mariages en France sont avec des étrangers, 90 000 sur 270 000 » (RMC). Impossible. Il n’y a qu’environ 200 000 mariages par an ! Et seulement 13% de ceux-ci concernent un étranger. Non, le pays n’est pas « envahi » par les étrangers ! Environ 200 000 étrangers entrent en France chaque année avec un titre de séjour. Et environ 100 000 repartent chaque année. Le solde est donc de cent mille par an. Parmi ces entrants, un tiers sont des étudiants. On leur a rendu la vie impossible ! Faut-il chasser ceux qui ont surmonté épreuves et humiliations ? Cela au moment même où chacun s’accorde pour dire que le nombre des étudiants étrangers présent dans un pays est une garantie pour son avenir scientifique et technique ?

Mais revenons à nos 3,7 millions d’étrangers vivant en France en 2011 (INSEE). C’est le même nombre qu’en 1982. Certes, le taux d’immigrés a, lui, augmenté. Mais le classement en immigrés, c’est-à-dire nés étrangers à l’étranger, n’empêche pas qu’une partie soient devenus Français. C’est le cas. Car si le nombre d’immigrés stricto sensu a augmenté de 3 points en un siècle (de 5,7% en 1926 à 8,7% en 2011), le nombre des naturalisations laisse un solde stable d’étranger dans le pays. Environ 100 000 personnes acquièrent la nationalité française chaque année. C’est 0,15% de la population française totale. C’est pourquoi le nombre d’étrangers ne représente toujours que 6% de la population. Le même taux qu’en 1926 ! Comme je l’ai dit il y a 5,4 millions d’immigrés, mais comme il y a eu au moins 1,7 million de naturalisations, il n’y a que 3,7 millions d’étrangers. Non, la France n’est pas « envahie » par des Maghrébins  de religion musulmane. D’abord parce que tous les Maghrébins ne sont pas musulmans et encore moins tous les Africains. Et quand bien même le seraient-ils, qu’il n’y a en toute hypothèse que moins d’un étranger sur trois vivant en France venant du Maghreb. Et de toute façon, parmi les étrangers arrivant chaque année, moins d’un tiers viennent du Maghreb ! En France, il y a autant d’étrangers Européens qu’Africains (40% de chaque) et la première nationalité étrangère représentée l’est par les Portugais. Ils sont 500 000 quand il y 465 000 Algériens. Non, la France n’est pas la 1ère destination des immigrés ! L’Allemagne ou le Royaume-Uni accueillent deux fois plus d’étrangers que la France chaque année. Le pourcentage d’étrangers vivant en France nous place au 80ème rang des pays avec le plus d’étrangers dans le monde. Et au 15ème rang en Europe !

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