« L'affaire Société Générale
est un scandale d'État »
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- Kerviel est innocent ! – Note de blog du 20 juin 2013
- Le début du collège inique
- La bonne nouvelle venue d'Allemagne
- « L'inhumaine déportation des vieux Allemands » (Le Monde)
- 2005-2010 : dix ans de contributions sur l'Allemagne
- Pour une critique de gauche des programmes d'Histoire
- Initiative sur le vin au Parlement européen le 20 mai : infos et inscriptions
- Je signe pour la 6e République
Ce post est écrit pendant la pause du pont férié mais pas chômé. Je traite de la réforme du collège, de la combativité ouvrière en Allemagne et un peu de mon livre. Evidemment, mon sujet essentiel c’est le collège. Ce n’est pas seulement la fin des haricots comme on dit dans le commun. C’est le début d’une nouvelle époque de l’éducation en France. Le marché du savoir est en cours d’organisation sur le projet de mort lente de l’école qui a fait la France moderne. Même pour l’école, le PS n’est plus le parti du peuple. Juste celui de la caste consumériste d’éducation des classes moyennes supérieures. Qui sont pourtant largement déjà partie ailleurs.
Le débat, cependant, manifeste une persistance visible de l’esprit de classe que se disputent le PS et l’UMP. Madame la misère à l’école, celles des jeunes eux-mêmes, est la grande absente des profondes pensées des importants qui se chamaillent sur le latin et l’allemand. Pffff. Le « collège unique » dont je n’appréciais pas la rigidité se fait dans la pire dilution inégalitaire qu’on pouvait imaginer. Chaque établissement disposera de 20 % des horaires à sa guise. Autant d’établissements, autant de parcours. Les jeunes ne sont plus égaux devant l’accès au savoir. Le 19 mai, je souhaite bon succès à la grève des enseignants.
La réforme du collège provoque l’habituelle montée au rideau que toute initiative de cette sorte soulève en France. Tant mieux. Il est bon que tout le monde s’intéresse et se passionne pour le débat sur l’éducation. Evidemment, ce qui se dit n’est pas toujours bien documenté et il faut subir par-dessus le marché l’habituelle marée de poncifs déclinistes qui finissent toujours par fleurir en fin de banquet. Dommage, souvent, compte tenu de leurs auteurs. Ainsi, par exemple, continuer à proférer des âneries du genre « dès la maternelle, les chances de chaque enfants sont jouées » n’est pas vraiment digne d’une ministre ni du sujet à traiter. A ce rythme, on finira par dire que dès le fœtus tout est dit ! Et ce sera aussi vrai, d’ailleurs. Mais alors à quoi bon vivre et penser ?
Petit cours de pensée éducative pour les nuls. Nous naissons libres et égaux en droits mais pas en fait. L’éducation a pour objet… d’éduquer. Cela veut dire évidemment qu’au départ tout le monde n’est pas au même rang, que ce soit du fait des niveaux de développement personnel, des handicaps physiques ou mentaux, du milieu social dont on est issu qui peut vous avoir infligé de graves manques ou de sévères déformations quelle que soit votre origine sociale. Autrement dit, les formules à l’emporte-pièce sur l’âge auquel « tout est joué » n’ont aucun sens sinon de nous révéler le niveau d’arriération de celui ou de celle qui la profère. Ceux-là, en général, "essentialisent" les différences sociales et en déduisent mécaniquement une vision très simpliste de l’être humain. A l’opposé, pour la pensée des Lumières et les progressistes, l’être humain "s’auto constitue", se fabrique lui-même tout au long de son existence. A 80 ans, rien n’est encore joué ! Ce qui est vrai, par contre, c’est qu’on peut dépister très tôt quel enfant va avoir besoin de davantage d’aide qu’un autre. Jusqu’au jour où, le travail ayant été bien fait par les pédagogues, cette aide supplémentaire n’est plus nécessaire. Albert Camus, fils d’une analphabète pauvre et mentalement assez « ailleurs », fut prix Nobel et son œuvre nous anime toujours. Pourtant, son sort aurait pu être considéré comme réglé dès le stade fœtal ! Et à la maternelle, où il allait le ventre creux, peut-être se serait-il trouvé un grand esprit pour l’inonder de commisération au lieu de lui payer la cantine et de s’assurer qu’il était vêtu assez chaudement l’hiver.
Car le premier absent de la réforme du collège, c’est la réponse à la misère de milliers de collégiens qui font des études le ventre creux, sans chaussettes l’hiver, abreuvés de télé-réalité comme modèle comportemental, et qui parfois sont les seuls à la maison à avoir un réveil qui sonne. Qui n’a pas vu des jeunes s’évanouir en classe parce qu’ils n’ont pas mangé depuis la veille, qui ne sait pas qu’avant les jours sans cantine on se gave tant qu’on peut, ne sait pas de quoi le pays est malade à tous les étages, en plus de la stupidité cruelle et de ceux qui parlent en son nom. Oui, j’ai beaucoup de mal à rester zen devant les surenchères actuelles. A voir leurs obsessions et à constater leurs indifférences, je devine trop facilement leurs origines de classe. Certes, je les vois faire du bruit avec leur bouche. Mais j’entends en même temps l’écho du silence vertigineux qui a accompagné le massacre en silence de l’enseignement professionnel depuis 2002 : 184 fermetures de lycées professionnels, dont 36 lycées fermés sous le gouvernement de « gôche »! Et je les vois tenir leurs réunions bidon pour « motiver les jeunes à aller dans l’apprentissage » en faisant de nouveau cadeaux aux patrons comme si, là encore, la politique de l’offre pouvait produire autre chose que du gâchis. Quand ces gens se demanderont ils pourquoi 25 % des jeunes en apprentissage rompent leur contrat au bout de trois mois ? Quand se demanderont-ils ce qu’ils deviennent ensuite ? Et pourquoi leurs propres gosses n’y vont pas puisque c’est si bien et désirables pour ceux des autres ?
Le gouvernement de Valls parle beaucoup d’égalité pour justifier ses mesures. Par antithèse la droite dénonce les horreurs de l’égalitarisme nivelant. Comédie absolue. Dire qu’on supprime le latin parce que tout le monde n’en fait pas est un grossier attrape nigaud. 550 000 jeunes font du latin. Un élève sur cinq ! Ce n’est pas rien. Ni en nombre, ni en changement des formations de base des jeunes en France. J’admets qu’on puisse changer d’avis sur l’importance de cette matière. Mais peut-être pourrait-on en débattre au fond et non sur de prétextes égalité/inégalité. Le PS serait-il devenu maoïste pour décréter que le latin est d’essence inégalitaire comme le piano était un instrument bourgeois dans la révolution culturelle ? La posture de la droite ne vaut pas mieux. Si le latin est indispensable pour tous, pourquoi la droite n’en réclame-t-elle pas l’apprentissage par tous ? A moins qu’elle ne veuille défendre sans le dire les filières secrète « latin-allemand », à l’usage des enfants les mieux normés, que la ministre dit vouloir supprimer ?
L’égalité par le vide, je connais cette musique. En 2001, on supprima la filière technologique en 4ème et 3ème sous le prétexte d’empêcher la formation d’une filière « dévalorisée » vers l’enseignement professionnel. On se garda bien de supprimer les cantonnements de l’élite sociale. Mais des milliers de jeunes furent mis en situation d’échec total alors que l’enseignement professionnel est une voie de réussite avérée indispensable au pays ! Pour avoir protesté à l'époque comme ministre de l'enseignement professionnel, « Libération/Pavlov », qui me haïssait déjà, me traîna dans la boue réservée aux ennemis droitiers du collège unique. Maintenant, le collège unique finit sous leurs yeux et ils roucoulent !
La vérité du plan gouvernemental tient d’abord dans les exigences de court terme : faire les coupes budgétaires nécessaires dans le premier budget du pays. Point final. Ici l’enfumage est total. Une fois de plus, le vol des mots et l’usage des armes de propagande massive font le travail. Hollande peut continuer ses numéros sur la jeunesse et l’école sans que ses passe-plats médiatiques ne le reprennent. Pourtant sur les 60 000 postes promis, moins de 4 000 ont été créés. Exactement 3 856 dont 950 en collèges et lycées ! Il aura été créé moins de 1 000 postes en collèges et lycées ! Le bidouillage des chiffres consiste à mettre en avant les 28 000 postes de stagiaires créés. Mais ces postes ne sont pas définitifs ! Ils ne le deviennent que si un titulaire s’en va ou si un poste supplémentaire est créé. Or, l’essentiel des 28 000 vont être absorbés pour remplacer des départs en retraite. Mais ce doit être trop long à expliquer en format télé et ça ne fait pas le buzz. Emballer la diminution de moyen par élèves dans une cape d’invisibilité grâce à une bonne polémique sur tel ou tel aspect du programme c’est aussi de la communication « opérationnelle ». Bref, c’est une ruse.
Le second objectif de fond est bien plus lourd. Il s’inscrit dans la durée. Le vice est logé dans les 20% des moyens horaires dont l’affectation sera décidée dans chaque collège ! Fin de l’égalité de formation des élèves, fin du collège unique mais par la pire méthode : l’inégalité de la formation initiale, dès le collège. Dans chaque collège commencera donc une incroyable sarabande de compétition entre les enseignants pour savoir quelle discipline aura des heures et quelle autre sera diminuée. Une partie de ces horaires à la carte sont réservés à des enseignements pluridisciplinaires. Pourquoi pas dira-t-on ? Mais l’enseignement pluridisciplinaire est un exercice pédagogique compliqué. Ça s’apprend. Quand et où ? C’est chronophage pour les enseignants car c’est beaucoup de préparation. Pour le même temps de travail ? Pour la même paye ? Allons ! Ce n’est pas sérieux ! Et les élèves ? Quelle garantie a–t-on qu’ils conserveront un accès efficace à l’acquisition des connaissances dont ils ont besoin avec 400 heures de moins d’enseignement dans les diverses disciplines alors qu’on ne sait pas encore à quoi correspond ce type d’enseignement pluridisciplinaire !
Tant de sottises s’expliquent par un objectif qui ne doit rien à l’improvisation. Si chaque collège a sa propre grille horaire et sa propre « dominante » dans telle ou telle discipline, alors tout le monde comprend qu’un marché est ainsi créé. Chaque établissement aura désormais son « caractère propre ». Ainsi sera réalisé le grand projet d’établissements d’enseignements concurrentiels. Viendront les établissements privés en toute quiétude, pas seulement confessionnels mais bel et bien vendeurs de savoirs. Je vous raconte la suite ? Chacun pourra recevoir un chèque éducation et choisir l’établissement de son choix en recevant sa part personnelle du budget de l’État. C'est au programme du Front National. On incitera les « investisseurs » à créer de tels établissements, comme on l’a fait hier pour les cliniques logées dans les hôpitaux publics et on pourra même imaginer un paiement à l’acte pour chacun. Grosse, la ficelle. Après la réforme de l’université et celle du lycée nous voici au collège. Bientôt l’école primaire et la maternelle ! Les planificateurs de Bercy marchent avec des grosses chaussures cloutées. Schaüble et Merkel vont être contents d’eux et ils auront une bonne note de la Commission bientôt. Les clercs ont trahis !
La bonne nouvelle venue d'Allemagne
C’est la bonne nouvelle venue d’Allemagne ! Les salariés allemands multiplient les mouvements de grève depuis plusieurs semaines. C’est d’abord une bonne nouvelle pour eux : ils se battent surtout pour des hausses de salaires. Est-ce une bonne nouvelle pour nous aussi ? Oui. Oui car tout ce qui fait reculer l’exploitation et le dumping social en Europe est bon à prendre. Et si les salaires augmentent durablement, l’économie allemande sera relancée. Bon à prendre pour nous car il s’agit du principal client de l’activité de notre pays. Evidemment, rien de cela ne nous fera sortir du productivisme pour autant. Mais la baisse du chômage relancerait aussi le moral et la combativité dans notre propre pays. Et cette combativité est la condition de base de tout projet pour le futur.
Je salue donc la combativité que manifestent ces salariés allemands. Bien sûr, en France, 6 jours de grève dans les transports en commun, ce n’est pas si exceptionnel. Mais là-bas, c’est un événement historique ! C’est tout simplement la grève la plus longue de l’histoire des chemins de fer allemands ! Je veux bien sûr parler de la grève qui a eu lieu du lundi 5 au dimanche 10 mai à la Deutsche Bahn, l’équivalent allemand de la SNCF. Les deux-tiers des trains grandes lignes ont dû être annulés et un tiers des lignes de proximité. Que réclament les salariés ? Des hausses de salaires de 5%, une réduction du temps de travail de 39h à 37h par semaine. Et aussi que le syndicat des conducteurs puissent représenter les autres personnels de bord alors qu’une loi doit revoir les conditions de représentativité et réduire le pouvoir de négociations salariales au seul syndicat majoritaire.
D’ailleurs, les mouvements de grève se multiplient en Allemagne. Le nombre de jour de grève a atteint en 2014 son niveau le plus haut depuis 2008 et le début de la crise. A chaque fois, c’est la question des salaires qui mobilise. C’est le cas à la Deutsche Post, l’équivalent de la Poste. C’est aussi le cas dans les jardins d’enfants, maigres équivalents de nos crèches. L’Allemagne aurait bien des raisons de développer son accueil des enfants. Le journal allemand Die Welt a ainsi titré avec humour que je proposais l’asile politique aux mères allemandes. Aujourd’hui, la plupart des femmes allemandes sont obligées de s’arrêter longuement de travailler. Ou de ne pas faire d’enfants. Ce manque d’investissement dans l’accueil des enfants est une des causes profondes du déclin démographique programmé de l’Allemagne. Mais les dirigeants allemands font l’inverse : là aussi, c’est l’austérité. Après plusieurs journées de grève pour les salaires, le syndicat des services « Verdi » organise en ce moment un vote de ses adhérents pour décider d’appeler à une grève illimitée. À Noël, ce sont les salariés du distributeur par internet Amazon qui ont multiplié les grèves. Ils sont particulièrement maltraités. Les salariés allemands du groupe exigeaient ainsi… que leur entreprise adhère à une convention collective en Allemagne pour pouvoir profiter de garanties minimales en matière sociale. Rendez-vous compte ! Dans le paradis allemand, les salariés de l’un des principaux groupes de commerce ne sont pas couverts par une convention collective de branche !
Les salariés allemands commencent à relever la tête. Evidemment, c’est encore loin d’être le cas dans tous les secteurs de l’économie et chez tous les salariés. Il faut dire qu’ils ont été très maltraités ces dernières années. L’austérité salariale, la déréglementation du marché du travail et le développement de la précarité ont jeté des millions de salariés dans la pauvreté et la peur du lendemain. Et tous les salaires ont été comprimés. Christophe Blot, économiste à l’OFCE l’explique clairement : « Dans le secteur tertiaire, les conventions collectives salariales sont moins protectives que dans l’industrie et le service public. Depuis le milieu des années 1990, les travailleurs du secteur tertiaire ont consenti à toucher des salaires plus faibles que dans l’industrie et ils estiment qu’il est temps de toucher le fruit de leurs efforts ». Les partisans du « modèle » allemand sont pris à leur propre piège. La démographie déclinante, les menaces contre les chômeurs et les radiations massives permettent d’afficher un taux de chômage bas. Bien sûr, c’est artificiel. Mais puisque c’est ce que disent les autorités allemandes, les salariés ont décidé de les prendre au mot. Si votre système marche aussi bien que vous le dites, alors vous pouvez augmenter les salaires !
Ce qui se joue est important. La hausse des salaires allemands serait un changement de saison politique et sociale pour les salariés allemands. Pour cela, il va falloir que les salariés montent encore d’un cran dans leur mobilisation. Parce qu’en Allemagne plus qu’ailleurs, le capital se défend. Les patrons allemands ont déjà commencé à protester contre ces revendications de hausses de salaires. Le gouvernement allemand dénonce les grévistes. Les supplétifs sont mobilisés. Là-bas comme ici, ce sont donc désormais les sociaux-démocrates qui tirent dans le dos des grévistes. Le président du PS (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD), vice chancelier et ministre de l’Economie de Mme Merkel, le misérable Sigmar Gabriel a montré les dents… aux travailleurs. Il a dénoncé « un abus du droit de grève » par les conducteurs de trains de la Deutsche Bahn. Bravo, le PS ! En libérale de choc, Angela Merkel aussi a dénoncé « ces grèves [qui] représentent un lourd fardeau pour de nombreuses personnes et de nombreuses entreprises ». Bien sûr, elle ne parlait pas du « fardeau » que portent les grévistes qui renoncent à plusieurs journées de salaires. Des deux côtés du Rhin, c’est le même vocabulaire, le même mépris de classe contre les salariés.
Ces hausses de salaires allemands seront aussi une bonne nouvelle pour le reste de l’Europe. Evidemment oui si la dynamique se poursuit et s’amplifie. En effet, un rééquilibrage profond du système économique allemand au profit des salariés et au détriment de la rente serait une bonne chose. Une Allemagne plus soucieuse de bien-être et de consommation populaire chez elle serait un meilleur client pour nos économies. Et un pays peut-être moins focalisé sur la course au dumping sous couvert de « compétitivité ». Mais cela rendra-t-il l’Allemagne moins agressive avec ses voisins ? Ce n’est malheureusement pas si sûr. Pourquoi ? Parce que les bases du système « made in Germany » sont pour une large part hors d’Allemagne. L’annexion des anciens pays de l’Est, puis de tout le reste de l’Europe est la clé de voute du système.
J’explique longuement pourquoi dans mon livre. Pour conserver leurs marges face à des hausses de salaires en Allemagne, il y a fort à parier que les grandes firmes allemandes renforceront la pression sur leurs voisins. Ceux de l’Est d’abord, déjà bien pressurés. Ceux du Sud ensuite, comme le montre l’acharnement du gouvernement allemand contre le gouvernement grec pour obtenir un nouveau durcissement des conditions de départ en retraite et empêcher le rétablissement des conventions collectives. Puis ce sera le tour de la France. C’est le message envoyé par l’odieux ministre Schaüble lorsqu’il dit que la France aimerait qu’on la « force » à se réformer. La prochaine cible, c’est nous. Les macronnades sur le travail du dimanche servent de mises en bouche. Manuel Valls est allé le dire aux patrons allemands en septembre 2014. Quand il a dit « Ich mag die Unternehmen » ce n’était pas seulement pour montrer qu’il savait traduire son « j’aime l’entreprise » grâce à l’outil traduction de Google. C’était un appel lancé aux capitalistes allemand pour leur montrer patte blanche et mériter leurs caresses. La caste n’a pas de frontière. Nous encore moins dès qu’il s’agit de la lutte des salariés et de la solidarité qui s’impose pour améliorer le rapport de force. Cela nous enjoint d’entrer nous aussi en action. Tout point d’appui est bienvenu. Tel est le sens de l’appel à manifester à Guéret pour la défense des services publics.
« L'inhumaine déportation des vieux Allemands » (Le Monde)
La publication de mon livre « Le Hareng de Bismarck » a retenu l’intérêt de nombreux médias dans notre pays. La presse régionale quotidienne s’y est bien intéressée. C’est très important pour le débat car elle est de très loin la plus lue par comparaison aux faibles diffusions, parfois confidentielles, de la presse quotidienne dite « parisienne ». Beaucoup de ces journaux m’ont accordé une page entière d’entretien pour questionner le contenu de mon livre. Ce fut le cas de l’Est Républicain, la Voix du Nord, La Provence, Le Républicain Lorrain, les Dernières Nouvelles d’Alsace, Le Progrès, Le Dauphiné Libéré. Le même intérêt s’est manifesté dans des secteurs de diffusion plus localisés couverts par L'Alsace, Le Bien public, Le journal de Saône et Loire, Vosges-Matin, Vaucluse-Matin. D’autres entretiens de ce type sont encore prévus notamment avec Nice Matin à paraitre le 17 mai. J’ai trouvé aussi des papiers de présentation commentée sur le fond dans « le Parisien » et « Match » mais aussi dans « L’Opinion », « l’Huma », « le Figaro ».
Les hebdos également ont attaché de l’intérêt à mon pamphlet. C’est le cas du journal « Le Point » qui y a consacré cinq pages et organisé un débat dans son édition papier et en ligne. « Marianne » en a fait de même avec beaucoup de précision. « Politis » me fait l’honneur de sa une et de plusieurs pages. Il est encore en vente en kiosque. « L’Huma dimanche » m’a également accueilli largement. Avec mon accord, ces deux entretiens se sont utilement concentrés sur le soupçon de « nationalisme » et de « germanophobie » répandus par les émetteurs médiatiques du PS, de sorte que j’ai pu répondre à toutes les variantes de ces calomnies avec précision. « Politis » m’a même demandé si je n’étais pas « en creux » un « nataliste » compte tenu de ma critique du déclin de la démographie allemande… Et « l’Huma dimanche » a voulu savoir si je ne détournais pas le regard de la culpabilité des autres gouvernements dans la crise actuelle de l’Europe. Après cela on peut dire que chaque pierre du champ a été retournée. Tous ces documents sont disponibles sur ce blog à l’exception de ceux qui sont encore en vente en kiosque.
Cet environnement dans la presse écrite a permis de bons moments de radio et de télé sur le sujet dont un paroxysme aura été l’émission « On n’est pas couché » de Ruquier avec ses trois millions de téléspectateurs au moment de mon passage à 23h45… Je le mentionne avec plaisir car c’est mon record personnel d’audience depuis l’élection présidentielle de 2012. Naturellement, il y a aussi une part d’ombre et de venin, comme c’était prévisible. Comme d’habitude, sans surprise « Le Monde-et-Libé » ont trouvé le temps, entre deux crises internes, de cracher leur haine pavlovienne contre moi. Et comme d’habitude sous la forme traditionnelle de l’indignation contre les mots et au mépris de l’analyse du contenu ou du goût du débat. Après l’épisode où ils m’ont peint en « ami de Poutine », contre toute décence, voici maintenant la pamoison boboïde sur ma « germanophobie ». Pourtant, « Libération » se fait un devoir de glapir : tout ce que je dis, leur journal l’aurait dit avant moi. Alors où est le problème ? Que j’en fasse un sujet politique ? Et de même « Le Monde » qui me trouve « inutilement agressif ». On aura tout vu ! Qu’est-ce qu’un pamphlet « modéré » ? « Modéré » comme ce journal qui a adoré la guerre en Afghanistan, prôné celle du Mali, du Centre Afrique, et de Géorgie, exigé celle de Syrie et d’Iran et rêvé de celle d’Ukraine ? Cette modération a remis les casques lourds trouvés dans ses malles à souvenirs ! Mais comme je suis bon garçon je pardonne ces gesticulations. Mieux : je remercie « le Monde » pour les infos qu’il m’a permis de trouver sur la situation réelle de l’Allemagne. Voyez ça, si vous ne l’avez pas déjà lu sur ma page Facebook.
Le journal « Le Monde » se réjouira de savoir que c’est de ses colonnes que je tire à la fois l’info et le mot « déportation » à propos des vieux allemands. Mais je n’ai pas retenu le qualificatif « déportation inhumaine » que le journalissime utilise car je l’ai trouvé inutilement agressif et teinté de germanophobie subliminale. L’article concerné date de décembre 2012. Il est paru sous le titre, excessif à mes yeux: « Recyclage (sic) – Les Allemands exportent leurs retraités en Europe de l’Est et en Asie ». Le texte manque totalement de modération et je tiens à en prévenir mes lecteurs sensibles. Voyez plutôt : « Des milliers de retraités allemands ont été relogés en Europe de l'Est, faute de pouvoir payer les maisons de retraite en Allemagne. De plus en plus de vieux Allemands malades sont envoyés dans des maisons de retraite et des centres de rééducation à l'étranger en raison de la hausse des prix et de la dégradation de la qualité des traitements en Allemagne. En 2011, environ 7 140 Allemands vivaient dans des maisons de retraite en Hongrie, 3 000 en République tchèque, et un peu plus de 600 en Slovaquie – un flux qualifié de "déportation inhumaine" par les organisations sociales. Et la tendance n'est pas près de diminuer, compte tenu du système de santé allemand, trop cher (entre 2 900 euros et 3 400 euros par mois pour une chambre dans une maison de retraite), et du vieillissement de la population. Pour les experts interrogés par The Guardian, c'est une "bombe à retardement". Alors que pendant des années les migrants d'Europe de l'Est ont pallié la pénurie d'infirmiers en Allemagne, le départ des retraités de Hambourg, Berlin ou Francfort vers la Pologne ou la Hongrie indique que même l'arrivée de travailleurs non qualifiés n'a pas permis de résoudre la crise du secteur. L'Association sociale d'Allemagne (Sozialverband Deutschland – VdK) "tire la sonnette d'alarme" et réclame une intervention des pouvoirs publics. "On ne peut tout simplement pas laisser ces personnes, qui ont construit l'Allemagne telle qu'elle est aujourd'hui, être déportées", a déclaré Ulrike Mascher, présidente du VdK. Selon les statistiques gouvernementales, 400 000 seniors allemands seraient dans l'impossibilité de payer leur maison de retraite – une tendance qui augmente de 5 % par an. The Guardian a rencontré de nombreux retraités allemands partis en Hongrie, en Thaïlande ou en Grèce, ainsi que de nombreux entrepreneurs à l'origine de nouvelles maisons de retraite dédiées à ce marché florissant. »
C’est dit. Et par « Le Monde ». Donc garanti 100% « non excessif » !