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Gabon libre et démocratique !

Ce midi, j’ai déjeuné avec monsieur Jean Ping, le candidat de toute l’opposition Gabonaise. Certes, aujourd’hui, monsieur Ali Bongo est le président de fait du Gabon. Il a été reconnu comme tel par Manuel Valls il y a deux jours à la suite de Nicolas Sarkozy et Le Pen.

Monsieur Jean Ping est une personnalité qui a été ministre de la Justice d’Omar Bongo (le père). Mais il a surtout été président de la session de l’assemblée générale de l’ONU et président de la commission permanente de l’organisation de l’Union africaine. Comme tel, il a été au cœur de nombreuses initiatives diplomatiques sur le continent et notamment dans les circonstances particulières des évènements en Lybie ou en côte d’Ivoire. J’ai donc déjà beaucoup appris de lui sur le déroulement de ces évènements. Je sais qu’ils auraient pu connaître une issue maitrisée et pacifique si la violence armée extérieure n’était pas venu tout interrompre à dessein.

Il est devenu le candidat de toute l’opposition au Gabon. Il est assez frappant de savoir qu’il avait commencé sa campagne en demandant au peuple le pardon pour ses fautes du passé. Quoiqu’il en soit, tous le soutinrent pour ouvrir un commencement à l’alternance démocratique dans leur pays. Le résultat électoral semblait donner monsieur Ping largement en tête de l’élection. Mais par un résultat de vote soudain d’une région à 98% en faveur de monsieur Ali Bongo, le résultat final fut totalement inversé.

Depuis, c’est une suite ininterrompue de violence contre les partisans de monsieur Ping, les représentants de la société civile et les journalistes. De nombreux franco-gabonais sont en prison à cette heure et le gouvernement français ne fait rien pour les tirer d’affaire. Le matin même de notre déjeuner, 25 journalistes gabonais de « l’Écho du nord » étaient arrêtés.

À cette époque de l’Histoire de nos relations avec l’Afrique francophone, il ne peut plus être question pour un Français de dire qui a gagné les élections dans un pays d’Afrique. Et nous ne devons pas davantage juger les résultats d’après nos sympathies partisanes. Ce qui compte ce n’est pas de savoir si je voterai Ping au Gabon ou si Ping voterait pour moi en France. Ce qui compte c’est que les Gabonais ont le droit d’être respectés, que leurs votes doivent l’être et que leur maturité politique ne doit pas être mise en cause par un néocolonialisme paternaliste. Mais quand les parties prenantes vous appellent ou vous prennent à témoin, il ne peut être question non plus de regarder ailleurs.

À la suite des gabonais qui soutiennent monsieur Ping, j’ai soutenu leur demande pour un recomptage des votes. Je me suis prononcé pour une intervention de l’ONU ou de l’Union africaine donnant un mandat s’il le fallait pour la réorganisation des élections sous contrôle international. J’ai voulu marquer mon soutien à monsieur Ping de passage à Paris.

À mes yeux, c’est une lourde erreur de laisser la loi du plus fort et du gros bâton avoir le dernier mot au Gabon. Trop d’armes circulent dans la région, trop de richesses sont en cause, trop de frustrations exsudent d’une société instruite et compétente pour que le pays soit abandonné au fait accompli. Notre intérêt est la paix civile qui seule rend possible les partenariats honnêtes entre nos pays. Notre intérêt est que la démocratie soit enfin la norme dans nos relations. C’est pourquoi le cas du Gabon est exemplaire. Et c’est pourquoi nous devons l’être en nous mettant au service de ceux qui veulent tourner la page de l’ancien monde.

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