Nous observons une montée en puissance des attaques médiatiques depuis plusieurs jours. Un reportage infame dans l’émission d’Yves Calvi. Des injures sans répliques en dépit de leur hallucinante stupidité dans l’émission « On n’est pas couché » où Malek Boutih nous accuse d’être l’antichambre de Daech. J’en passe, du type de cette lettre ouverte de monsieur Christophe Deloire, le successeur de Robert Menard à la tête de « Reporters sans frontière », qui fait de moi le danger pour la démocratie et l’indépendance de la presse en France. Je crois que cela est lié au contexte de mobilisation sociale dans lequel rien n’a pu déboulonner « La France insoumise » de sa pole position ni dans les esprits, ni au Parlement, ni dans la rue, ni dans les luttes.
Le point d’orgue fut à « L’Émission politique ». Le sondage final me plaçant en tête du plus convainquant et du premier opposant fit l’effet d’une bombe sur un plateau où toutes les mines, ou presque, s’allongèrent d’un mètre. Il venait réduire à néant le papotage verbeux qui avait suivi l’émission. On y encensait Wauquiez, dernier espoir des médiacrates liés à l’ancien monde. La commissaire politique de la rédaction, Nathalie Saint-Criq, avait bien cotisé sur le mode « je dis ça je ne dis rien » d’une rare servilité ce soir-là comme l’a bien pointé le magazine Télérama. Elle avait, avant cela, programmé un reportage dans le 20 heures sur les « enfants qui meurent de faim au Venezuela », autant pour pourrir l’émission de sa rivale Léa Salamé que pour tâcher de m’atteindre. On reconnaissait sa dictée personnelle à cette signature caractéristique : l’utilisation une nouvelle fois d’un témoin dont elle oubliait de dire qu’il s’agit d’un responsable de l’opposition d’extrême droite à Maduro.
Je ne fais pas ces lignes pour reprendre un procès qui me semble à présent entendu sur la peur que nous inspirons à ces gens et la grossièreté de leur pilonnage quasi-quotidien. Je le fais pour alerter mes amis. Le franchissement de seuil dans la violence s’est fait en deux ou trois jours de manière trop concomitante pour ne pas y voir un effet de système. Ils marquent une escalade dans la violence verbale et les procès d’intention d’une violence exceptionnelle comme l’a montré la propagande d’Yves Calvi. Ils interviennent au moment où les menaces de toutes sortes et notamment les menaces de mort se multiplient pour moi et nombre de nos amis. L’entartage d’Éric Coquerel par un militant d’extrême droite se vantant de son exploit dans une vidéo a montré que des franchissements physiques impunis sont dorénavant possibles. L’épisode de l’impunité des fascistes paradant dans la montagne avec des hélicoptère pour faire la chasse aux migrants et l’emprisonnement de deux des nôtres a montré la complaisance du pouvoir pour la violence d’extrême droite.
J’avais déjà mis en garde il y a quelques mois contre les incitations à la violence qu’organise la médiacratie. Plusieurs crurent intelligent de retourner cette alerte en la présentant comme son contraire : une menace contre les « journalistes ». Depuis des semaines la même manipulation a lieu prétendant que j’incite à « la haine » des journalistes. Tout cela ne peut avoir qu’une finalité : absoudre d’avance les violences qui pourraient nous frapper en écrivant dès à présent notre épitaphe : « ils l’ont bien cherché ». Aucun de ces gens-là ne veut de ce conseil déontologique des médias qui nous permettrait d’éviter les interminables et coûteuses procédures judiciaires dont relèvent leur propos. La médiacratie se vit en pouvoir qui veut rester sans contre-pouvoir. On peut donc dire qu’il s’agit d’une chronique pour une violence contre l’un ou l’une d’entre nous, non seulement annoncée mais même espérée par le système médiatique.